AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cyrille Javary (114)


A l’inverse de toute voyance, prophétie ou magie, le Yi Jing ne prédit pas le futur, il sait seulement analyser le présent. Son usage ne permet pas de faire des pronostics, mais des diagnostics. 
Commenter  J’apprécie          30
Quasiment sans s’en apercevoir, les devins Shang ont inventé l’écriture chinoise. Après avoir été brûlées, les pièces divinatoires étaient soigneusement conservées pour permettre une comparaison ultérieure entre ce qui avait été pronostiqué et ce qui était arrivé. Mais cette sage habitude a fini par poser de graves problèmes d’archivage et de mémorisation. Les devins ont donc pris l’habitude de graver sur les pièces mêmes des signes mnémotechniques résumant leurs commentaires divinatoires.
Ces signes sont des idéogrammes, les premiers idéogrammes chinois, les ancêtres directs des caractères actuels dont ils ont déjà toutes les caractéristiques. 
Commenter  J’apprécie          30
Il faut donc s’imaginer le trait yang comme s’étendant vers l’extérieur, s’allongeant à l’infini, grandissant tellement qu’il finit par se rompre en son milieu, par s’ouvrir comme une porte. Le mouvement yang d’élongation a provoqué de lui-même sa mutation en yin. Il va aussitôt alors s’animer d’un mouvement yin de contraction vers l’intérieur qui se poursuivra jusqu’au moment où les deux moitiés se toucheront. A cet instant, l’autre point de retournement sera atteint, la porte sera fermée et la tendance se renversera à nouveau. 
Commenter  J’apprécie          30
Regardons d’abord le yang. La partie droite du caractère ressemble beaucoup au yi de Yi Jing. En fait, elle ne s’en distingue que par un trait horizontal. Alors que le mot yi évoque les changements de temps en général, la « facilité » avec laquelle soleil et pluie alternent dans le ciel ; yang, lui, insiste sur un des aspects de ce changement. Le trait horizontal différencie nettement le soleil de la pluie qui tombe. Cette partie de l’idéogramme dessine la fin d’un orage, quand le soleil prend le pas sur les nuages, quand il s’en distingue de plus en plus nettement. Yang est ce moment particulier où les nuages diminuent, où le soleil se dévoile, l’air se réchauffe et devient plus lumineux, le ciel monte, les nuages s’effilochent et disparaissent. 
Yin se compose dans sa partie droite de deux signes. Le premier exprime une idée de présence latente, et le second est le caractère : nuage(s). Il y est décrit le mouvement complémentaire du yang, les nuages de pluie s’amassent, le soleil se voile, le ciel descend, l’air devient plus sombre et plus froid.
On mesure la distance entre ce qui est évoqué par les idéogrammes chinois et les traductions qu’on nous en propose habituellement. Commençons par les pires : yang = masculin et yin = féminin. Peut-on imaginer réduction plus radicale d’un système qui vise à représenter le changement ? […]
En tant que verbe copulatif reliant l’attribut et le sujet, le verbe être n’existe pas en chinois. Un Chinois ne peut pas dire que le yin est sombre, froid ou bas. Il ne peut donc pas penser que sombre, froid, etc., sont des attributs du yin, mais seulement des résultats sensibles de son action. Yin n’est pas sombre, c’est un mouvement d’assombrissement ; il n’est pas froid, mais tendance au rafraîchissement ; il n’est ni intérieur ni repos, mais rentrée et freinage. De même, yang n’est pas clair, mais mouvement d’éclairement ; il n’est pas chaud, extérieur ou action, mais réchauffement, ascension ou mise en action.
Commenter  J’apprécie          30
Yi. Le sens de ce mot se comprend en regardant l’idéogramme. Il est divisé en deux parties. En haut, le soleil et en bas l’évocation de liquide en train de tomber : le soleil et la pluie. Le premier sens de Yi se rapporte aux changements de temps, aux passages du soleil à la pluie et de la pluie au soleil. De là vient son sens général de : changements, transformation. Mais il a aussi deux autres sens dérivés. Le premier est : facile, simple, naturel. Aux yeux des Chinois, la qualité essentielle du changement c’est d’être la fluctuation même de la vie. Le second sens dérivé est : stable, fixe, règle. Que le même idéogramme signifie à la fois changement et stabilité paraît assez paradoxal. L’explication est fournie par le Yi Jing lui-même. Il y est dit que la seule chose durable, c’est que tout change toujours tout le temps
Commenter  J’apprécie          30
Jadis la Chine était au bout du monde, maintenant elle est au centre de nos préoccupations. Pourtant, plus elle prend place dans notre quotidien, plus elle reste lointaine, mystérieuse et incompréhensible. Il y a beaucoup de raisons à cela, dont l'une des plus évidentes est la plus méconnue : les Chinois n'écrivent pas comme nous. Ils n'utilisent pas des mots mais des idéogrammes, des signes formés, à l'origine, de dessins schématiques. Or les mots avec lesquels on écrit sont les outils avec lesquels on pense.
Commenter  J’apprécie          30
L' Elan réceptif représente un souffle puissant de matérialisation qui se manifeste dans une propension à répartir la force et à nourit les processus..
Commenter  J’apprécie          30
Les mots sont les outils avec lesquels on pense.
Commenter  J’apprécie          30
Vieux a deux sens en chinois. Le premier souligne ce qui est sur le point de se transformer radicalement, le second en fait un équivalent de « vénérable », et qualifie toute personne qui doit être écoutée.
Commenter  J’apprécie          30
Regardons d’abord le yang. La partie droite du caractère ressemble beaucoup au yi de Yi Jing. En fait, elle ne s’en distingue que par un trait horizontal. Alors que le mot yi évoque les changements de temps en général, la « facilité » avec laquelle soleil et pluie alternent dans le ciel ; yang, lui, insiste sur un des aspects de ce changement. Le trait horizontal différencie nettement le soleil de la pluie qui tombe. Cette partie de l’idéogramme dessine la fin d’un orage, quand le soleil prend le pas sur les nuages, quand il s’en distingue de plus en plus nettement. Yang est ce moment particulier où les nuages diminuent, où le soleil se dévoile, l’air se réchauffe et devient plus lumineux, le ciel monte, les nuages s’effilochent et disparaissent.
Yin se compose dans sa partie droite de deux signes. Le premier exprime une idée de présence latente, et le second est le caractère : nuage(s). Il y est décrit le mouvement complémentaire du yang, les nuages de pluie s’amassent, le soleil se voile, le ciel descend, l’air devient plus sombre et plus froid.
On mesure la distance entre ce qui est évoqué par les idéogrammes chinois et les traductions qu’on nous en propose habituellement. Commençons par les pires : yang = masculin et yin = féminin. Peut-on imaginer réduction plus radicale d’un système qui vise à représenter le changement ? […]
En tant que verbe copulatif reliant l’attribut et le sujet, le verbe être n’existe pas en chinois. Un Chinois ne peut pas dire que le yin est sombre, froid ou bas. Il ne peut donc pas penser que sombre, froid, etc., sont des attributs du yin, mais seulement des résultats sensibles de son action. Yin n’est pas sombre, c’est un mouvement d’assombrissement ; il n’est pas froid, mais tendance au rafraîchissement ; il n’est ni intérieur ni repos, mais rentrée et freinage. De même, yang n’est pas clair, mais mouvement d’éclairement ; il n’est pas chaud, extérieur ou action, mais réchauffement, ascension ou mise en action.
Commenter  J’apprécie          30
Messagers du Ciel, les oiseaux, dont le vol paraît exempt de toute contrainte, sont effectivement, de toutes les créatures vivantes, celles qui sont le moins soumises aux contingences terrestres.
Commenter  J’apprécie          30
La seule chose qui ne changera jamais est que tout change toujours tout le temps.

(P95)
Commenter  J’apprécie          30
L’expression Tai Ji est difficile à rendre en français. Tai contient l’idée de grand à son extrême, et Ji, celle de culmination. A l’intérieur d’une pensée dialectique, toute culmination opère un renversement et se transforme en son contraire ; on devrait donc s’approcher un peu du sens de cette expression en la rendant par « Grand Retournement » […]. 
Commenter  J’apprécie          20
Les Chinois ont compris que "rien d'immobile n'échappe aux dents affamées des âges." Aussi choisissent-ils de fléchir devant l'impact du temps pour mieux le neutraliser. La réflexion de Segalen part d'une observation concrète : l'architecture chinoise emploie des matériaux périssables, elle se dégrade rapidement et requiert de fréquentes reconstructions. De cette constatation technique, il tire une conclusion philosophique : les Chinois ont transféré le problème. L'éternité ne doit pas habiter l'architecture, elle doit habiter l'architecte. La nature transitoire du bâtiment est une offrande faite à la "voracité du temps, et c'est au prix de ce sacrifice que le constructeur assure la permanence de son dessein spirituel".
Cette impression de continuité qui s'enracine dans la nuit des temps procure à l'esprit chinois une sorte de sentiment d'éternité, qui lui est d'une grande aide aux moments de misère et une grande tentation aux moments de succès. On peut en mesurer l'aune en le comparant à celui qui assaille Paul Valéry au lendemain de la première guerre mondiale : "Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles."
La grande majorité des Chinois vivent leur culture comme une réalité insubmersible, même si, à l'instar du cycle des années, elle peut avoir ses mortes saisons - mais qui sont toujours, comme aujourd'hui, suivies de somptueuses renaissances printanières.
Les iconoclastes de la Révolution culturelle ont finalement provoqué un choc en retour. Leurs excès ont amené les Chinois à prendre la mesure de leur patrimoine culturel.
Commenter  J’apprécie          21
La Cité Pourpre enracine sa splendide cohérence dans la volonté de son commanditaire comme dans la mentalité de ses concepteurs : démontrer en trois dimensions l’importance que tient, à la croisée du politique et du symbolique, la fonction d’harmonisation dévolue au souverain. Plus qu’un palais, la Cité Interdite est une idée, une construction de l’esprit vaste comme une ville.
Commenter  J’apprécie          20
Que les Chinois aient utilisé l'imprimerie à caractères mobiles quatre siècle avant que Gutenberg ne la mette au point en Europe, est aujourd'hui un fait admis même s'il n(est pas toujours reconnu.
Commenter  J’apprécie          20
Il ne faut pas voir dans la bienveillance Confucéenne une sorte d'amour universel qui s'appliquerait sans discernement. Il s'agit plutôt d'un sentiment fort et parfois héroïque : "Seul quelqu'un de plein d'humanité sait bien aimer et bien haïr."
Quand on est pénétré du sens de l'humain, on aime ce qu'il y a de bon chez les gens et on déteste ce qu'ils ont de mauvais.

Cultiver la bienveillance et le devoir d'humanité, ce n'est pas aimer tout le monde ; il y a dans la vie des choses et des gens qui sont détestables et que l'on doit détester.

Un Confucéen n'est pas un bisounours. Il ne porte pas sur le monde un regard éthéré et aseptisé. Comme tout un chacun, un Confucéen est sujet à des réactions spontanées de compassion comme de hérissement.

Un jour que Zigong, son disciple raisonneur, lui demandait ingunément : "Un Confucéen accompli peut-il haïr ?", Confucius lui a vertement répondu : "Mais bien sûr qu'un être accompli peut haïr. Il déteste tous ceux qui débinent les défauts des autres. Il déteste les inférieurs qui calomnies leurs supérieurs ; il abhorre ceux qui sont impulsifs et entêtés ainsi que ceux dont le courage n'est pas modéré par des mœurs civilisées, les plagiaires qui se font passer pour savants, les insolents qui se font passer pour courageux, les délateurs qui se font passer pour des gens vertueux".
Commenter  J’apprécie          20
Ne pas saisir l'occasion de l'erreur commise pour en prendre conscience, s'en désoler ou s'en culpabiliser, au lieu d'en profiter pour avancer, voilà la véritable faute.
La seule faute que l'on doit se reprocher n'est pas d'avoir commis une faute, mais de ne pas en avoir profité pour s'améliorer.
Commenter  J’apprécie          20
L'une est la discontinuité : un nombre est un quantum délimité et séparé. Cette discontinuité répétitive des nombres, que nous retrouverons au chapitre suivant, abstraitement symbolisée par la graphie des trais Yin des figures du Yi JIng est une des caractéristiques du Yin. L'autre est la fécondité, cette disposition particulière qu'on les nombre de s'engendrer les uns les autres, principalement en se multipliant, comme les idéogrammes dans les caractères composés, plutôt qu'en s'additionnant l'un l'autre comme des lettres dans les mots que nous lisons.
Commenter  J’apprécie          20
La raison est, comme nous le verrons tout au long de cet ouvrage, que ces chiffres n'ont pas valeur de nombre, mais d'emblèmes renseignant sur les qualités propres de l'ensemble qu'il caractérise. Cette coutume est si ancrée dans l'esprit chinois, qu'on l'a voit intervenir même dans les domaines où elle parait incongrue.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Cyrille Javary (229)Voir plus

Quiz Voir plus

L'écume des jours (de Cécile )

Qui a écrit : "L'écume des jours" ?

Boris Vian
Emile Zola
Guy de Maupassant

20 questions
522 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}