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Critiques de D.W. Wilson (7)
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Balistique

Il y a tellement de non-dits dans cette histoire qu'on se demande comment l'auteur a pu écrire autant de pages, mais - vous le savez certainement - il y a des silences qui en disent long, il y a des mots qui se bousculent au fond de la gorge sans parvenir à en sortir mais qu'on entend quand même.

David William Wilson a l'oreille si fine qu'il a su entendre ces voix, et - chose plus difficile encore - il a su raconter ces gens, ces vies, avec des mots choisis et percutants, des mots qui partent comme des balles de fusil. le titre, un peu déroutant de prime abord, est donc très pertinent. Pour rappel : Balistique, n. fem. - Sciences qui étudie les mouvements des projectiles, essentiellement d'armes à feu, dans l'espace.

Et c'est ce qui se passe ici : le lecteur est conduit dans le sillage d'un projectile qui traverse l'espace et le temps et ricoche sur les personnages, les reliant entre eux par un fil invisible certe mais aussi attachant qu'une paire de menottes. Ce projectile, c'est la balle de fusil que Jack tire dans le mollet d'Archer au début du roman. Aucun des protagonistes ne le sait encore à ce moment là, mais à mon sens c'est là que tout commence, cette balle - dont la trajectoire semble pourtant clairement limitée à cet instant T - n'en finira pas de s'élancer vers sa cible finale qu'on voit se dessiner petit à petit au fil des pages. Mais attention, tout n'est pas si simple, tout n'est pas si droit, cette trajectoire - défiant toutes les lois de la balistique mais aussi de la physique - est pleine de courbes, de rebonds, voire de demi-tours, un peu comme un boomerang. La balle ne va épargner personne. Dommages collatéraux ? Coup du destin ? Nous ne le saurons pas. Il y a d'ailleurs plein de choses que nous ne saurons pas dans cette histoire, il faut s'en faire une raison. Oui, si vous aimez les romans linéaires, avec un début et une fin identifiés, cette lecture va vous dérouter. En effet, la construction est plutôt enchevêtrée, on se mélange un peu les pinceaux entre les époques, le récit passe du road trip d'Alan parti à la recherche de son père au milieu de paysages incendiés à l'évocation des souvenirs d'Archer depuis sa rencontre avec Cécil et Jack jusqu'au moment où tout explose - amour, amitié, famille - ce moment étant le noeud de l'histoire, là où tout s'emmêle, là où les gens se séparent tout en restant liés à jamais par ce fameux fil invisible. Même en se concentrant, il est impossible de ne pas perdre pied à un moment où à un autre, c'est le petit bémol de ce livre mais pour ma part j'ai tout pardonné car j'ai été aspirée dans cette histoire dès les premières lignes.

Il est question ici de la complexité des relations humaines, d'amitiés viriles, d'amours contrariés, de fierté mal placée, de blessures anciennes et de la difficulté à communiquer même (et surtout) avec ceux qui nous sont proches. le décor est en accord avec les personnalités fortes qu'on y croise, un bout de Colombie-Britannique perdu au milieu des montagnes et ravagé par les flammes, sauvage, grandiose et étouffant à la fois. Tout est là pour nous faire voyager : les grands espaces, la route à perte de vue, l'odeur du whisky et le chien à l'arrière du pick-up. Franchement, n'hésitez pas à vous laisser embarquer, ça vaut vraiment le coup...
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La souplesse des os

Les douze nouvelles de La souplesse des os ont en commun Invermere, au coeur de la vallée de la Kootenay, en Colombie britannique (la province à l’ouest du Canada). Une petite ville reculée située au bord d’un lac, avec le massif des Purcell au loin. Elles partagent aussi quelques personnages, qui vont, viennent et évoluent entre les textes, faisant parfois ressembler l’ensemble à un roman choral. Ash Cooper et son frère Mitch, Will Crease et son père flic, un certain Duncan…



La souplesse des os sent la testostérone, on y mesure sa force et sa tristesse. Les amitiés sont viriles, les relations père-fils houleuses mais essentielles, on prend de mauvaises décisions, des balles et des raclées. On tente de tracer son chemin dans la vie ou bien de la reprendre en main, on s’accroche, les femmes ont des cheveux « couleur huile de moteur » et puis les coeurs n’en finissent pas de se briser. On croise des taiseux, des amochés, un prof de maths et des bouseux, des durs à cuire, des ouvriers et des flics de la police montée.



« Quand on a un sobriquet comme Winsy on se rase les aisselles et on mate des films d’art et d’essai, fatalement. Le fils de Conner méritait un nom plus couillu. Dick ou Tim, mettons, ou moins compliqué encore, avec un r ; Ray, ou Ern – un prénom qui suggérait le type capable de se prendre des pommes de pin sur la tronche, de maitriser une clef à molette. »



Dès les premières pages, on est emportés par la puissance de l’écriture de DW Wilson (jeune auteur canadien découvert au festival Amerinca l’an dernier), un très grand écrivain en devenir. Son roman Balistique (pour lire ma chronique c’est par ici), que j’ai adoré, a été traduit avant en français, mais ce recueil-ci a en fait paru en premier en VO. Ce format de nouvelles réussit magnifiquement à D. W. Wilson. Il nous mène au coeur des vies, des gens et des non-dits en seulement quelques coups de pinceau. Pas vraiment de chute fracassante, dans ces nouvelles, mais plutôt les moments clés d’une vie, un choix ou son absence, un moment marquant, son devenir.



Je ne sais pas quelle nouvelle j’ai préféré. La plus longue, L’écho au fond de la vallée (une cinquantaine de pages), la plus courte, Départ de flammes (quelques pages) ou la dernière, Tu te bousilles un doigt une fois. Énormément aimé aussi Persévérer, Les routes mortes et C’te sale crevure de vache. Des personnages extrêmement attachants derrière leurs failles et leurs regrets. Un coup de coeur.



« On s’accroche et on s’accroche encore – il connaissait cela par cœur. On s’accroche et les choses tournent bien, ou mal, mais on ne lâche rien, on tente encore le coup parce qu’on n’a pas le choix. »
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Balistique

Balistique est le premier roman du jeune canadien DW Wilson. Il fait partie de mon butin du festival America, pour prolonger le plaisir de la conférence à laquelle il participait avec Lise Tremblay et Emma Hooper. J'en ai terminé la lecture il y a quelques semaines, et j'y pense encore ; souvent.



« Une balle s'esquive bien plus aisément qu'un coeur brisé. »



Colombie Britannique, été 2003. Les Rocheuses brûlent. Alan a vingt-neuf ans. Sa thèse de philo piétine, la relation avec sa petite amie Darby part à vau-l'eau. Il décide de passer quelque temps à Invermere, chez son grand-père qui l'a élevé. Lorsque « Granp‘ » fait un infarctus et lui demande de partir à la recherche de son fils Jack – le père d'Alan – pour le ramener, la vie du jeune homme prend un tournant imprévu ; bascule ?



Alan entame un périple mouvementé, entre ombres et lumière, fait de rencontres et de réminiscences. Les contrées traversées ne sont pas toutes indiquées sur la carte. Un road-trip avec pick-up, bières tièdes sous le siège et mastiff à l'arrière, un voyage dans le passé aussi, son passé et celui de ses ascendants, une excursion dans l'âme humaine.



Parce que voilà. Dès le départ il y a un mystère. Des secrets, peut-être un drame. Pourquoi Alan s'est-il retrouvé à vivre tout seul avec son grand-père ? DW Wilson excelle à distiller par étapes truffées de non-dits riches de sens les parcours de chacun, dans une narration pas forcément linéaire, mais pas trop difficile à suivre non plus. Juste se laisser embarquer et s'accrocher au siège. Une écriture mouvante, riche, puissante, flamboyante même parfois, un genre de rugueux délicat sauvagement poétique.



« A cet instant les montagnes étaient des silhouettes en papier gris ardoise soulignées d'orange – les Enfers vus par un enfant -, et les arbres sur leurs pentes s'étaient desséchés au point de prendre les couleurs de l'acier rouillé. Rien ne distinguait les nuages chargés de pluie de la fumée des incendies et le ciel se couvrait d'écume, sombre et obstiné, comme ces vagues qui lèchent et polissent le littoral. »



Une histoire d'humanité brute et de personnalités complexes. La beauté des gueules cassées et des coeurs meurtris. « L'erreur est humaine, a rétorqué Nora. On est des gens bien. » Avec le recul de quelques semaines, je pense que l'essence du livre est dans ces mots-là.



Quand est-ce que tout a vraiment commencé, avant de basculer ? Une balle tirée dans un mollet, un premier baiser échangé ? le titre est extrêmement bien trouvé. « Balistique : adj. Relatif aux projectiles, à leur tir, leur trajectoire, leur portée. » Ce qui s'est joué avant la naissance d'Alan n'en finit pas de se nouer, même brisé, de plus en plus serré. Serait-il, trente ans plus tard lui, le projectile nécessaire au dénouement de la pelote ? Aller, retour, ami, amour, devoir, nécessité. Esprit aiguisé, coeur déchiré.



Mes seuls bémols, je pense, sont que les personnages féminins manquent de netteté. Je les ai trouvées un peu ternes, quand même, les miss, comparées à leurs hommes (à ce propos, je me suis très fortement attachée à Archer). Et pourtant elles sont fortes et ne s'en laissent pas compter.



Balistique a été pour moi une découverte de premier ordre. Je vous laisse le découvrir.



« J'ai trop de cals sur les mains pour flatter des égos. »
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La souplesse des os

Je découvre enfin D.W. Wilson avec son recueil de nouvelles La Souplesse des os (qui est paru en VO avant Balistique). Après la lecture de ce recueil je me suis précipitée au Festival America pour acheter et faire dédicacer Balistique (que j'ai lu et adoré depuis) !



Dès la première nouvelle on aime la prose de cet auteur, on sait que l'on est en présence d'un très grand auteur, un écrivain à suivre qui a encore beaucoup à offrir au lecteur et qui a de nombreuses histoires à nous conter.



Dans ce recueil, le lecteur va entrer dans l'intimité des personnages. Nous découvrons la relation tumultueuse et complexe entre un père et son fils, l'histoire d'un homme qui essaye de se reconstruire mais qui n'arrive pas à oublier son passé, d'une amitié qui n'a pas pu durer, le rappel d'un été et d'autres intrigues émouvantes et fascinantes...



Des histoires qui se croisent et s'entrecroisent, un recueil qui possède un fil conducteur permanent et qui permet autant à l'adepte de ce genre littéraire qu'à un novice du genre de se régaler en compagnie des différents protagonistes.



La Souplesse des os met en lumière le destin de personnages perdus, brisés. Des êtres qui essayent de s'en sortir, d'exprimer leurs sentiments, de se trouver ou de se retrouver, de comprendre le monde qui les entoure ou alors qui décident de se perdre...



En définitive, un excellent recueil de nouvelles que je recommande vivement !
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La souplesse des os

Quelques très bonnes nouvelles venues, non pas des étoiles mais presque : de la Kootenay Valley en Colombie-Britannique, l’ouest pluvieux et montagneux du Canada, près de Vancouver.

Avec La souplesse des os, voici de très courtes tranches de vie, des instants volés au temps qui passe où l’on croise des fils, des pères, souffrants de fêlures et de cassures : on ignore tout de leur passé, on ne découvrira qu’à peine leur devenir mais on aura l’impression de n’avoir qu’à tendre la main pour les toucher tellement Dave W. Wilson sait nous les rendre vivants et attachants.

C’est vraiment de la belle ouvrage et les nouvelles baignent dans une unité de ton et de lieu (Invermere est une toute petite bourgade) unité qui fait qu’on rencontre les mêmes personnages d’un épisode à l’autre, qu’on croise les mêmes objets (les T-shirts, les mugs, ...) : c’est qu’on est drôlement bien en compagnie de la famille et des potes de l’ami Wilson.

Pour celles et ceux qui aiment les relations père/fils.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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La souplesse des os

DW Wilson nous distille une série d'histoires d'hommes dans un climat d'une grande rudesse. Là où les mots ont parfois du mal à exprimer les sentiments, les regards et les poings finissent par cracher cette frustration.

Les relations humaines semblent souvent arpenter des chemins tortueux et caillouteux, dans lesquels le moindre faux pas se termine par le délitement des liens, un nez ou des os brissés, comme les couples se brisent et se défient.

Dans ce monde violent, on aimerait bien un peu de tendresse.
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Balistique

Entamé dans le cadre d’un cours en écriture créative, le premier roman de D. W. Wilson est un vrai régal de lecture.
Lien : http://www.journaldequebec.c..
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