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Citations de Danièle Laufer (62)


La fin d’une vie professionnelle, on l’imagine
comme un nirvana. Finis le réveil qui sonne et les
contraintes, enfin du temps pour soi, pour lire,
écrire, se divertir, créer, voyager, se promener, aimer.
Satisfaire enfin ses aspirations les plus profondes.
S’engager dans le bénévolat, militer, se mettre à la
peinture, à la photo, à la guitare. Ou buller.
Sauf que rien ne se passe jamais comme on l’avait
imaginé.
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Pour grandir, les enfants ont besoin que l'on projette sur eux des désirs, conscients et inconscients, ce qui est une façon de les investir. Encore faut-il ensuite pouvoir accepter qu'ils fassent leur propre sauce à partir de ces désirs divers et ne pas leur reprocher de devenir différents de ce que l'on attendait. Les parents mettent leurs ingrédients, mais l'enfant reste le cuisinier en chef et c'est lui qui confectionne son gâteau personnel, même si, en général, il cherche à faire un peu plaisir à tout le monde.

P.37
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Tous les enfants ne sombrent pas quand leur mère est déprimée ou traverse un passage difficile, car ils mettent en place des mécanismes de défense qui leur permettent de résister. Encore faut-il que l'entourage aide et prenne en charge cette maman en souffrance. Trop de mères en difficulté s'imaginent qu'elles hypothèquent systématiquement l'avenir de leurs enfants parce qu'elles ne vont pas bien. C'est faux ! Mais pour qu'un enfant puisse se protéger, il faut lui signifier clairement que sa mère est en difficulté, ne pas tenter de le lui dissimuler car, de toute façon, il le sentirait. Il faut aussi que son père, sa grand-mère ou une nourrice prennent le relais pour s'occuper de lui. Si personne ne le fait, il risque de s'identifier à la dépression maternelle et de souffrir, en se repliant sur lui-même. Ou, au contraire, il peut essayer de surcompenser en devenant hyper-stimulant et en se conduisant comme un chenapan pour provoquer un "électrochoc", au prix d'une dépense d'énergie préjudiciable. C'est exactement ce qui se passe pour les enfants étiquetés "hyperactifs". Le plus souvent, ils réagissent à des dépressions maternelles non apparentes : leur maman semble fonctionner physiquement mais de manière un peu automatique parce que, à l'intérieur, elle éprouve un grand vide et une grande tristesse. Certaines dépressions maternelles passent inaperçues aux yeux de tous, sauf de l'enfant qui y réagit par de l'hyperactivité et un trouble de l'attention qui ne sont rien d'autre qu'un état d'hypervigilance. A partir du moment où elles sont reconnues, expliquées et compensées, les difficultés maternelles ne sont pas toxiques. Il ne faudrait pas que la mère déprimée se sente coupable de surcroît. Le plus important pour un enfant est que sa mère soit elle-même, déprimée ou pas. On ne peut pas tricher avec ce que l'on est, faire semblant d'aller bien quand on va mal, cela ne trompe pas nos enfants. Ils nous perçoivent telles que nous sommes et c'est parce qu'ils ont "compris" qui nous sommes qu'ils peuvent s'adapter à nous. En revanche, ils ont besoin de cohérence et sont déstabilisés quand on exprime quelque chose avec lequel on n'est pas en accord ou que l'on ne ressent pas, de crainte de leur faire du mal.
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On n'est pas vieux parce qu'on est à la retraite, on le devient le jour où on n'a plus de projets. Quand on ne porte plus un regard gourmand sur la vie et sur les autres, quand on n'a plus de désirs ni d'envies. Quand on a perdu l'énergie et le goût de faire et que l'on n'est plus acteur mais spectateur un peu passif et attristé de sa propre vie.
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Comme un écho à une injustice sociale ou une enfance difficile que la vie a permis de rattraper, le travail a permis à beaucoup de gens de se construire et de trouver une identité et une légitimité qui ne leur étaient pas données. Artisans de leur propre vie, ils n'ont jamais démérité, puisant leur plaisir dans leur liberté de penser, de créer, de transmettre. (...) Ce n'est pas seulement d'une quête de reconnaissance sociale dont il est question mais d'une confirmation de leur droit d'exister.
(p. 90)
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Cette crise de la retraite constitue le prélude d'une renaissance. A l'instar du phénix, il leur faut mourir symboliquement pour renaître de leurs cendres. Ce travail de deuil douloureux est donc une promesse d'avenir. (p. 102)
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Il faut que ça bouge, surtout.Sans projets, on est mort. Encore faut-il accepter de passer par un sas de décompression. (p. 110)
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Ceux qui refusent le statut de retraité ont intériorisé les stéréotypes. Ils ne veulent pas être au rencart de la société. Ils ont besoin de temps pour décompresser et trouver des raisons de vivre qui ne soient pas de simples passe-temps. Ils traversent forcément un moment de désarroi; comme s'ils se retrouvaient désormais au chômage à perpétuité. (...) Vivre libre n'est pas aussi facile qu'on l'imagine. (p. 115)
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"Vieillir, ce n'est pas être vieux", dit le philosophe Pierre-Henri Tavoillot (...)
"Le vieillissement est aujourd'hui extrêmement relatif: si l'on vieillit en pleine forme, avec plein de projets et d'activités, ce n'est pas un problème. Mais si ce vieillissement s'accompagne d'une étroitesse d'esprit, d'un repli, il peut poser problème. Ces deux options sont possibles, et c'est là le grand défi de notre société " (p. 180)
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"Jusqu'à ce que la mort nous sépare", la voilà, la grande peur dont personne ne parle mais qui se rapproche et rôde. C'est à cela qu'ils sont tous confrontés au moment du passage à la retraite. Après avoir quitté le monde du travail, ils redoutent que la prochaine grande étape soit celle qui les effacera du monde tout court. (p. 165)
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Les conflits de valeurs ont des effets ravageurs.
"Quand le "bien faire" devient superflu ou méprisé, il n'y a plus de bien-être possible. Se battre pour travailler correctement, coûte que coûte, n'a qu'un temps.
Vient le temps du renoncement, et celui du ressentiment, ou encore celui de la dérision qui n'arrange rien.
Alors, "on en fait une maladie" pas toujours, certes, mais de plus en plus souvent." explique Yves Clot, titulaire de la chaire Psychologie du travail au CNAM.
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On préfère me considérer comme une victime que m'écouter. Or, je ne veux pas endosser ce statut.
Je ne veux pas de compassion.
Je ne veux pas que l'on porte ce regard-là sur moi.
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Solitude.
Celle dans laquelle on se retrouve parfois plongé au cœur même de l'entreprise est très lourde à porter.
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Heureusement, il n'y a pas que le travail dans la vie.
Dès que je suis chez moi ou dehors, je revis.
Pépites, l'amour de mon mari, ma fille qui s'épanouit, les amis que j'ai réunis chez moi samedi soir, tout ce qui me fait chaud au cœur et nourrit ses battements.
Le week-end, l'amitié, l'énergie retrouvée.
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Le temps des projets n'est pas celui du travail. Il faut apprendre à patienter, accepter qu'on peut vivre dans une autre temporalité sans passer pour autant pour un "vieux" (...)
Après la retraite, on est seul. Les objectifs à remplir, on doit se les fixer à soi-même et les atteindre sans collaborateurs. On doit donner du sens à sa vie, pas se contenter de la remplir pour fuir le temps qui passe. (p. 109)
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Boulimie d'art, de culture et de savoir

L'esprit désencombré de tout ce qui les a occupés huit heures par jour pendant des années, les rescapés du monde du travail sont enfin libres d'étancher leur soif de connaissances et de culture. Plus rien ne les retient. En proie à une véritable boulimie de savoir, ils investissent les bibliothèques, les musées, conférences, cafés philo, bancs des écoles et des Universités Tous Ages pour suivre des cours d'histoire de l'art et des religions, de philosophie, littérature, sciences et langues, souvent dans le but de voyager. Délivrés de l'obligation de gagner leur vie, ils se tournent vers les nourritures artistiques, intellectuelles et spirituelles, contribuant au passage à financer la vie culturelle et intellectuelle. (p. 127)
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On sait aujourd'hui que beaucoup de rescapés ont voulu raconter, mais ne se sont pas sentis écoutés. Certains se sont clivés pour survivre et ce clivage les a protégés pendant la déportation et dans leur vie d'après. Ne pas en parler pour tenter d'oublier. Faire comme si ça n'était pas arrivé. Pourquoi se sont-ils tus ? Pour nous protéger, nous qui redonnions du sens à leur existence ? Pour faire comme si tout cela n'avait été qu'un abominable cauchemar ? Parce qu'ils n'arrivaient même pas eux-mêmes à croire à la réalité de ce qui leur était arrivé ? Parce qu'ils ne voulaient plus y penser ? Parce qu'ils ne pouvaient plus y penser ? Parce qu'ils espéraient qu'en n'en parlant pas, cela finirait par s'effacer, par disparaître de leur conscience, de leur vie, de leurs souvenirs ? Parce que c'était indicible, impartageable ? Parce que même si on les avait écoutés, ils n'en seraient pas moins restés seuls dans l'horreur ce qu'ils avaient vécu ? Parce que les mots ne sont que des mots que chacun entend avec sa propre subjectivité et que personne n'aurait été capable de les consoler de ces familles disparues dans les chambres à gaz, de ces errances, de cette culpabilité suprême d'être en vie quand tous les autres, six millions d'autres, étaient morts sans sépulture sur laquelle se recueillir ? Comment parler de ça à des enfants ? Et comment grandir de ce silence quand on a été l'enfant d'un de ces rescapés qui n'ont pas su, qui n'ont pas pu parle ?
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Nous sommes nés après un maelstrom d'atrocités qui ne nous a pas réduits au silence. Nous ne demandons de comptes à personne, nous ne réclamons pas vengeance, nous voulons juste continuer à porter haut et fort la voix de ceux que les nazis ont voulu réduire au silence éternel, nos parents, afin qu'on n'oublie pas. Non, nous ne voulons pas qu'on oublie la souffrance de nos parents. Nous ne voulons pas que l'histoire se répète. Nous ne voulons pas -je ne veux pas- qu'on nous haïsse juste parce que nous sommes juifs, sans même savoir ce que nous sommes juifs, sans même savoir ce que cela signifie pour nous. Je ne veux pas.
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L'obsession pour la nourriture est assez communément répandue chez ces parents venus d'ailleurs et revenus décharnés des camps où ils avaient crevé de faim. Murielle Aronowicz-Fellous se souvient de ces petites phrases que beaucoup d'entre nous ont entendues pendant leur enfance : " Si je laissais un morceau dans mon assiette, il devenait fou ' Tu ne te rends pas compte, ce morceau que tu laisses, c'est la ration qu'on avait pour une semaine." Si je laissais un morceau de pain, pareil. J'ai eu des petites phrases comme ça. Il me demandait aussi toujours : " Qu'est-ce que tu as mangé à midi ?"
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Le sociologue Vincent de Gaulejac explique, notamment, dans "Travail : les raisons de la colère", comment les nouvelles formes de management conduisent à une intériorisation des conflits liés au travail.
Les salariés sont devenus "divisés de l'intérieur" : une partie d'eux-mêmes adhère à l'organisation et à ses objectifs, l'autre partie prend ses distances pour échapper à la pression du travail. "Le symptôme majeur de ce mal-être est lié au sentiment d'être pris dans des injonctions paradoxales", écrit-il.
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