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Citations de Daphné Du Maurier (1122)


J’essayais de trouver encore quelque chose à donner. Elle avait le domaine, l’argent, les bijoux. Elle avait ma pensée, mon corps, mon coeur. Il ne restait que mon nom et elle le portait déjà. Il n’y avait plus rien. Plus rien que la peur.
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"Il ne m'appartenait absolument pas, il appartenait à Rebecca. Il pensait encore à Rebecca. Il ne m'aimerait jamais à cause de Rebecca. Elle était toujours dans la maison, comme l'avait dit Mme Danvers, elle était dans cette chambre de l'aile ouest, elle était dans la bibliothèque, dans le boudoir, dans la galerie au-dessous du vestibule. Même dans le petit local aux fleurs, où pendait encore son imperméable. Et dans le jardin, et dans les bois, et là-bas dans le cottage en pierre sur la plage. Ses pas raisonnaient dans les couloirs, son parfum subsistait dans l'escalier. Les domestiques obéissaient encore à ses ordres, les plats que nous mangions étaient ceux qu'elle aimait. Ses fleurs préférées emplissaient les pièces. Ses vêtements étaient dans les armoires de sa chambre, ses brosses sur la coiffeuse, ses mules sous le fauteuil, sa chemise de nuit sur son lit. Rebecca était toujours la maîtresse de Manderley. Rebecca était toujours Mme de Winter."

Rebecca, Daphné du Maurier, chapitre 18
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J'ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley.
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Plus que jamais encore, je mesurai en cet instant tout ce qu'avait de fantastique, et même de macabre, ma présence parmi eux. Invisible, pas encore né, monstrueux jouet du temps, j'étais témoin d'événements qui s'étaient passés plusieurs siècles auparavant et dont il n'avait été conservé aucune trace. Je me demandai pour quelle raison tandis que j'étais là dans l'escalier, invisible mais présent, je me sentais tellement concerné et troublé par ces amours et ces morts.
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Nul être humain ne pouvait vivre dans cette région dévastée et rester semblable aux autres. Les enfants mêmes devaient naître aussi tordus que les touffes de genêts, ployés par la force d’un vent qui ne cessait jamais de souffler. Leur esprit, lui aussi, devait être contourné, leurs pensées mauvaises, à force de vivre au milieu des marécages et du granit, de l’âpre lande et des pierres effritées.
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Si seulement lorsqu'on est en proie au doute, qu'on a peur, qu'on est malheureux, quand tout va mal, on était assuré que quelqu'un saurait infailliblement vous dire ce qu'il faut faire.
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Heureusement qu’elle ne peut survenir deux fois, cette fièvre du premier amour. Car c’est bien une fièvre, et aussi un fardeau, quoiqu’en disent les poètes. On manque de bravoure, quand on a vingt et un ans. les jours sont remplis de petites lâchetés, de petites craintes sans fondement, et on est si facilement blessé, si rapidement meurtri, qu’on s’écroule à la moindre remarque un peu acérée. Aujourd’hui que je suis protégée par l’armure de la maturité approchante, les infimes piqûres quotidiennes ne m’effleurent qu’à peine et son vite oubliées, mais à cette époque, la moindre parole insouciante m’atteignait au plus profond de ma chair, devenant un stigmate enflammé, et le plus bref coup d’oeil par dessus mon épaule s’imprimait en moi telle une marque au fer rouge... une dénégation préfigurait le triple chant du coq, et un faux fuyant s’apparentait au baiser de Judas. L’adulte peut mentir avec une conscience paisible et une facade joyeuse, mais au temps de la jeunesse, une tromperie, même minime, écorche la langue de celui qui l’énonce, le condamnant pour ainsi dire au supplice du fouet.
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Je crois que je sus en cet instant tout ce qu'Ambroise avait su, lui aussi. Je sus ce qu'il voyait en elle et désirait et n'avait point obtenu. Je sus le tourment, le chagrin, et l'abîme entre eux sans cesse élargi. [...] Ambroise était près de moi dans l'ombre et sous la lueur vacillante de la bougie. Nous considérions cette femme, torturés, sans espoir, tandis que son regard nous accusait.
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Je suis contente qu’on ne puisse l’avoir deux fois, la fièvre du premier amour. Car c’est une maladie et c’est un fardeau, quoi qu’en puissent dire les poètes. Ils ne sont pas gais, les jours de la vingt et unième année. Ils sont remplis de petites lâchetés, de petites craintes sans fondement, et l’on est si facilement brisé, si vite blessé, on tombe sur les premiers barbelés. Aujourd’hui, revêtu de la facile armure de la proche maturité, les minuscules piqûres quotidiennes vous effleurent superficiellement et sont vite oubliées, mais quel poids avait à cette époque une parole insouciante, et comme elle s’imprimait avec des lettres de feu, et comme un regard par-dessus l’épaule s’incrustait en vous pour l’éternité ! Un refus annonçait le triple chant du coq, un mensonge ressemblait au baiser de Judas. L’âme adulte peut mentir avec une conscience tranquille et un air joyeux, mais en ce temps-là, une ruse minime écorchait la langue.
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Ses yeux n'étaient pas les yeux de l'homme que j'aimais, de l'homme que je connaissais. Ils me regardaient sans me voir, froids, dépourvus d'expression, fixés sur un lieu de souffrance et de supplice auquel je n'avais pas accès, une sorte d'enfer privé que je ne pouvais partager.
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Madame Ellis était d'un naturel ordonné et soigneux. Elle détestait tout ce qui était en désordre. Dans cette catégorie, elle comprenait les lettres restées sans réponse, les factures impayées, le fouillis d'un secrétaire mal rangé.
Ce jour-là, plus que d'habitude encore, elle était dans ce que feu son époux appelait "son humeur de rangement".
Déjà, en se réveillant, elle s'était sentie dans cette disposition, qui subsista durant le petit déjeuner et ne fit que s'accentuer tout au long de la matinée.
(Une seconde d'éternité)
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Il y avait trois ans qu'elle était morte, lorsqu'il remarqua le pommier pour la première fois. Certes, il savait qu'il était là, au milieu des autres, sur la pelouse qui, devant la maison, montait vers les champs. Mais, jamais auparavant, il n'avait accordé d'attention particulière à cet arbre que rien ne distinguait de ses compagnons, si ce n'est qu'il était le troisième de la rangée en partant de la gauche, très légèrement à l'écart des autres, et plus incliné vers la terrasse.
(Le pommier)
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Le trois décembre, le vent changea pendant la nuit et ce fut l'hiver. Jusque-là, l'automne avait été mol et doux. Les feuilles s'attardaient sur les arbres, rousses et dorées, et les haies restaient vertes. La terre labourée était grasse.
Nat Hocken, ancien combattant et blessé de guerre, recevait une pension du gouvernement, et ne donnait pas tout son temps à la ferme. Il y passait trois jours par semaine et on lui réservait les besognes les moins dures : tailler les haies, couper le chaume, réparer les bâtiments.
Bien que marié et père de famille, c'était plutôt un solitaire ; il aimait à travailler de son côté.
(Les oiseaux)
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I love you so much, he whispered. So much.
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Il existe des femmes, Philip, déclara-t-il, de bonnes femmes peut-être, qui, sans qu’il y ait de leur faute, attirent le malheur. Tout ce qu’elles touchent se tourne en malheur. Je ne sais pourquoi je te dis cela, mais il me semble que c’est mon devoir.
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— Peut-être pourriez-vous faire mettre un canot à la mer et envoyer Pierre Blanc chercher ma robe sur La Mouette.
— Il dort, en ce moment, répondit-il. Ils dorment tous. Ne savez-vous pas que les Français aiment faire la sieste après le repas ?
— Non, dit-elle. Je l'ignorais.
Croisant les bras derrière la tête, elle ferma les yeux.
— En Angleterre, dit-elle, les gens ne dorment jamais l'après-midi. Ça doit être une coutume de chez vous. Alors, jusqu'à ce que mes habits soient secs, qu'allons-nous faire ?
Il la considéra, un vague sourire aux lèvres.
— En France, on vous répondrait que nous n'avons qu'une seule chose à faire, dit-il. Mais, peut-être, est-ce aussi une coutume de chez nous ?
Elle ne répondit pas. Se penchant vers elle, avec une extrême délicatesse, il se mit à détacher le rubis de son oreille gauche.
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Je ne connaissais que trop cette mélancolie inséparable des derniers jours de vacances, mais j'éprouvais cette fois plus que jamais l'angoisse du temps trop vite enfui, non parce que trop rempli mais parce que je n'y avais rien accompli.
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Ici, me dis-je, nous avons vécu, nous avons été heureux. Ce lieu nous a appartenu, si brièvement que ce soit. Même après seulement deux nuits sous un toit, nous laissons sur place quelque chose de nous. Rien de matériel, pas une épingle à cheveux sur une coiffeuse, un flacon d'aspirine vide ou un mouchoir sous un oreiller, non, mais quelque chose d'indéfinissable, un moment de notre vie, une pensée, une humeur.
Cette maison nous a abrités, nous avons parlé, nous avons aimé entre ces murs. C'était hier. Aujourd'hui nous passons notre chemin, nous ne la voyons plus et nous sommes différents, changés de manière imperceptible. Nous ne pourrons plus jamais être tout à fait les mêmes. Même quand nous nous arrêtons déjeuner dans une auberge au bord de route, et que je vais me laver les mains dans une pièce sombre qui n'a rien de familier, avec sa poignée de porte inconnue, son papier peint qui se décolle par bandes et son drôle de petit miroir fêlé au-dessus du lavabo, l'espace de cet instant-là, les lieux sont à moi, ils m'appartiennent. Nous nous connaissons. Cet instant-là est le présent. Le passé et l'avenir n'existent plus. Je me lave les mains et le miroir fêlé me montre telle que je suis, suspendue dans le temps, pour ainsi dire. Cette image, c'est moi, cet instant ne s'envolera pas.
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- On ne trouve pas la paix dans le vagabondage. L'existence elle-même est un assez long voyage sans ajouter à ce fardeau. Il viendra un temps, Jem, où vous aurez le désir d'un petit coin de terre, de quatre murs et d'un toit où vous puissiez reposer votre pauvre corps fatigué.
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Tout à coup elle se tourna vers moi le visage pâle, les yeux étrangement brillants. Elle me dit : « Est-il possible d’aimer quelqu’un tellement que cela vous donne du plaisir, un incommensurable plaisir de le faire souffrir ? De le faire souffrir par jalousie, je veux dire, tout en se faisant souffrir soi-même ? Plaisir et douleur, un mélange égal de plaisir et de douleur, une expérience, rien de plus, une sensation insolite ? »
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