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Citations de David Hennebelle (17)


David Hennebelle
Il vit dans le vent sucré des iles nacrées.
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les averses n'étaient pas tristes, les danses et les chants beaucoup plus naturels, les enfants dormaient parfois sur des nattes. L'ile ne suscitant chez eux aucun effroi rien n'y était abimé.A Brel, elle rappela les gravures de Gustave Doré qui illustraient l'ile mystérieuse.
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"Pourquoi n'était il pas musulman? Frère Christian ne se lassait pas d'explications. Il répondait à leurs questions. Leurs mystères n'étaient qu'apparence, comme les nappes de brume au matin. Il suffisait d'y mettre du temps, de la chaleur, pensait il."
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Il y avait tant de personnes qui ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir qu’il était loin déjà. Et qu’il avait le dos tourné. C’était peut-être la seule chose qui ne mentait pas sur la photo. Il n’avait pas imaginé, depuis qu’il avait annoncé son retrait de la scène, qu’on le presserait autant dans l’espoir de lui arracher des regrets. Il fallait vraiment ne pas le connaître pour se le figurer déjà nostalgique ou incertain de son choix.
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– Croyez-vous possible de regagner la confiance de ceux que l’on a trahis? lui demanda Paliki.
– On peut l'espérer, lui répondit-il. Il en va de la photographie comme de la musique. Ils ont aimé Mozart mais se méfiaient des appareils qui le faisaient entendre.
Prendre l’image des hommes signifiait aussi retenir celle des esprits, les empêchant de cheminer librement, pour venir à leur rencontre. En ces photographies, les Yanomami craignaient de voir l'âme des morts à tout jamais emprisonnée.
Les explorateurs l'avaient ignoré. Paliki ne se le pardonnait pas. Elle pleurait. Elle revoyait l'éclat de ses flashs: ils avaient désordonné l'univers tout entier, sa merveilleuse immobilité. Elle pensait qu’il n’y aurait plus d’abandon: celui, heureux, que les siècles avaient préservé. p. 34
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Je t'écris sur le pont,à la lueur d'une lampe à pétrole. Il fait doux. La terre bruisse et respire. Un moment rare et merveilleux, trop formidable pour un homme seul. Envie de t'écrire. Acte rare et important pour moi. J'ai tant d'amitié et de respect pour toi que les mots me semblent insolents et que, de toujours, j'ai préféré le silence. Mais me reste l'envie de dire aux hommes que j'aime, que je les aime. Et je t'aime.
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Peu après leur arrivée, un enfant avait abordé Brel pour lui dire qu’il l’avait rencontré dans un livre. La nouvelle s’était vite répandue parmi les Marquisiens qu’un chanteur célèbre était venu jusque dans leur île. Ses chansons leur étaient parfaitement inconnues ; ils écoutaient plus volontiers du tamouré, des danses tahitiennes que des musiques venues d’ailleurs, à l’exception notable de Tino Rossi.
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L’Église elle-même ne croyait pas en eux.
Ces religieux étaient comme des rameaux morts. On ne verrait jamais sur cette ardente terre d’islam un monastère en mesure de faire rayonner Dieu selon l’idéal cistercien.
Les avis étaient tranchés, les prédictions assassines. Il convenait de rappeler les moines, de suspendre cette fondation inutile.
Mais la décision fut ajournée. La guerre avait tout alourdi
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Notre-Dame de l’Atlas était une abbaye trappiste d’Algérie ; elle s’accotait aux flancs généreux d’une montagne de jardins et de vergers. C’était une ancienne ferme viticole de couleur ocre, bâtie par des colons anglais. Au commencement de 1938, des moines étaient venus en faire leur monastère. Il s’y trouvait tout ce qu’ils espéraient : l’eau dont on ne vient jamais à manquer, la terre et le silence qui aident à chercher Dieu. Ils étaient désireux d’y enfouir leur prière. Les fleurs étaient partout, dans les arbres et par terre. Les amandiers, surtout, émerveillaient.
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Il existe en Algérie, sur le Djebel Nador, dépassant légèrement des rochers et des chênes-lièges, une grande statue de la Vierge Marie.
Couronnée d’étoiles, entièrement blanche, elle porte son regard aimant, très doux, sur l’Afrique étendue devant, par-delà la barrière fermée des montagnes. Ses bras enlacent tout ce que, plus bas, les hommes ont bâti.
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Les mois passèrent. Rien n'y faisait. Sa faiblesse était grande. Il se renfermait, reccroquevillé dans une vaine solitude. Aurait-il jamais sa place sur cette montagne escarpée ? Il se sentait affreusement lâche. Il pleurait ; il étouffait ses cris. Dieu ne lui parlait pas. Il voyait uen ombre immense s'étendre sur lui. Frère Christian lui apporta son soutien. Il l'écoutait ; il craignait que la richesse intérieure qu'il entrevoyait ne se perde. Le renoncement s'imposait. Il en allait de sa vie. Il devait d'abord assurer sa vocation. Un jour peut-être, l'Atlas serait pour lui.
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Un matin, on la retrouva entièrement mutilée : ses avant-bras étaient brisés, les étoiles de sa couronne pilées, son ventre, où s’esquissait une grossesse, creusé au burin. La douleur avait été sans fond, impossible à dire.
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David Hennebelle
les averses n'étaient pas tristes, les danses et les chants beaucoup plus naturels, les enfants dormaient parfois sur des nattes. L'ile ne suscitant chez eux aucun effroi rien n'y était abimé.
A Brel elle rappela les gravures de Gustave Doré qui illustraient l'ile mystérieuse.
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Paliki ne croyait pas à un quelconque dieu, seulement à la force d'esprit des hommes.
Elle n'avait recueilli que des bribes de cette mythologie. Un matin de pluie, elle échangea un moment avec le jeune chaman qui parlait portugais.
- Comment allez-vous? demanda-t-elle.
- Vous le voyez comment je vais.
Le visage de Paliki s'empourpra. Le chaman comprit son embarras. Il dit:
- Les Yanomami ne posent jamais cette question. Ils se saluent en demandant: à quoi rêves-tu? C'est le plus important.
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(Les premières pages du livre)
Les Yanomami sont des semi-nomades, chasseurs-collecteurs et agriculteurs sur brûlis, vivant en communautés dispersées, dans la forêt tropicale humide d'Amérique du Sud. Le territoire qu’ils occupent depuis mille ans s'étend entre le Venezuela et le Brésil, de part et d'autre de la sierra Parima, la chaîne de montagnes qui sépare le bassin de l'Orénoque, au nord, de celui de l'Amazone au sud. La forêt englobe tout ce qui est nécessaire à leur existence; elle abrite les esprits et les rites, elle est le théâtre luxuriant de leurs rêves. Les «Blancs» se sont introduits sur la terre des Yanomami dans les premières décennies du XXe siècle.

La traversée
La vie de Paliki avait commencé par les abandons soudains, les peurs infernales. L'année 1962, elle avait fait l'acquisition d’un boîtier photographique. Elle cherchait un moyen de se relier aux autres. Sa vie s'écoulait lentement, rongée par une solitude invariable. Rien, n'avait réussi à l'en arracher. Elle n'en parlait à personne et personne ne s'en souciait.
Seule, elle parcourut le Pérou, la Colombie, le Brésil surtout. On lui confia des reportages; des rédacteurs de magazines en vogue retenaient ses clichés. D’autres prenaient congé d'elle en peu de mots, arguant de la faiblesse irrémédiable de son sexe. Elle photographiait des familles de pêcheurs, des planteurs de café, des prostituées et des homosexuels rejetés des mégapoles, des paysans désespérés du Nordeste, honteux de leur misère.
Le magazine Realidade avait commandé un reportage long et coûteux, dans l’État de Pará.
Elle rencontra les Indiens Kayapo. Elle aima leur joie pure. Elle ne savait pas leur langue: elle usa de sourires. Elle apprenait dans les regards. Elle fit d’eux des portraits doux et insouciants qui s'étalaient en pleine page, en quadrichromie.
Les nuits, elle rêvait à des projets de longue haleine pour documenter et comprendre leurs cérémoniaux. Un ethnologue brésilien lui avait parlé d’une expédition qui se montait pour traverser la sierra Parima depuis le Venezuela.
Elle obtint d'y participer. Tout devenait possible pour son art. Elle se sentait poussée à s'y aventurer, à ne jamais prendre de repos avec lui.
Elle était jeune encore. Il fallait oublier.
Elle découvrait que le hasard et la photographie pouvaient disposer du cours entier d'une existence.
Dans les derniers jours de mars 1969, elle partit loin au nord.
Dans le bassin du fleuve Orénoque.

Les pirogues se trouvèrent lancées au milieu du fleuve. Un dédale d’îlots les dissémina; le courant était fort. Des Indiens grands et musculeux se relevèrent, enfonçant profondément dans les flots de longues perches de bois clair. Le signal du départ avait été donné sous une timide éclaircie. Les nuages étaient chassés au loin. Ils allaient s'empiler en tas sombres, au pied de la Cordillère orientale.
Les jours d'avant, Puerto Ayacucho avait bruissé de conversations intriguées, de fébriles préparatifs.
La pluie battait les lourdes caisses de matériel et de pacotille. L'excitation grandissait. Un attroupement s'était formé sur la berge. Dans l’eau, des enfants riaient, tout en nageant contre le courant. Ils étaient nombreux; ils voulaient voir et comprendre. Après les provisions de café, de riz et de viande séchée, on avait embarqué les moustiquaires et les hamacs, le grand fût d'essence, un groupe électrogène. Paliki avait profité de ces journées d'attente pour lire d'anciens récits d'exploration.
La sierra Parima fascinait mais son évocation n'était jamais empreinte de quiétude. Sur ses sommets, les conquistadors de jadis y avaient situé la mythique cité d’Eldorado. Dans les causeries du soir, on dépeignait des forêts inextricables, des pluies insensées, les fleuves emportés en chutes vertigineuses. Chacun se demandait avec anxiété comment il échapperait au venin des animaux, aux tribus inhumaines.
Les pirogues étaient comme des balançoires. Des vagues noires se dressaient, puis déferlaient à contre-courant. On pagaya énergiquement pour éviter de grands tourbillons. Au loin, on entrevit une barrière d’écume d’un blanc aveuglant: un seuil rocheux empêchait le passage. Il fallait débarquer. Le portage se fit sous une lourde averse, puis la navigation reprit devant une grande île. Une brume humide l'enveloppait de reflets argentés. L'eau redevint profonde et calme; le courant ne se voyait plus. Le silence se fit.
Déjà, le fleuve commençait à s’élargir. Dans son téléobjectif, Paliki observait les rares fondations qui étaient posées sur les rives herbeuses: quelques fragiles cases de chaume et de pisé. Leurs habitants en semblaient partis. Dans la lumière irisée du matin, elle voyait seulement paraître la robe blanche d’une chèvre ou l'encolure d’un cheval.
La végétation se serra et s’éleva. De temps à autre, le cri d’un singe hurleur retentissait. La forêt ne forma bientôt plus que l’unique paysage. Les pirogues longeaient de petites îles toutes rondes, d’un vert impénétrable et bleuté.
La lumière baissa: il restait une heure avant la nuit. On installa le bivouac sur une plage boueuse. Des tortues couleur de terre s’y tenaient. La lampe à huile et le feu qu'on alluma attirèrent immédiatement une myriade de papillons blancs et bleus. Chacun s’allongea dans son hamac, laissant le temps au cuisinier de confectionner le repas. On oublia le fleuve pour ne plus songer qu'à la forêt qui les enveloppait de ses frôlements étranges. Ils mangèrent du riz déposé sur des feuilles de bananier. Le chef d’expédition était enthousiaste. Il narrait d'anciennes aventures. Il exagérait mais Paliki l'écoutait, le sourire aux lèvres. Elle se trouvait faite pour une vie aventureuse.
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Tous les oiseaux des poteaux prirent leur envol.
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Quand l’Askoy s’éloigna des quais du port d’Anvers, le temps n’était pas clair, les eaux épaisses de l’Escaut n’étaient pas calmes, juillet ne tenait pas les promesses d’un bel été.
Il avait décidé qu’il fallait faire des choses dangereuses, des choses qui effraient la plupart des gens, des choses qu’on ne sait pas encore faire. Pour les ressentir, ces choses, il s’était embarqué dans un tour du monde.
C’était un mercredi de 1974, sur les six heures. Alexandre Soljenitsyne était expulsé d’URSS parce qu’il avait publié L’Archipel du Goulag, Emmanuelle et Les Valseuses projetaient le sexe partout où il était inconvenant de le pratiquer tandis que le vent de l’Histoire emportait Nixon et les colonels grecs.
Il avait quarante-cinq ans.
Il partait.
À la vérité, il avait tout précipité, sitôt sorti du tournage de L’Emmerdeur. L’année précédente, il avait loué un voilier et un skipper pour un tour de Corse avec ses trois filles avant de s’embarquer sur le Korrig, un bateau-école, pour la grande traversée de la mer océane.
« Il faut savoir retourner à l’école », avait-il dit.
Il s’était laissé tout expliquer des manœuvres d’entrée et de sortie dans les ports, des marées, des phares, des cordages, des voiles, des instruments de navigation. Sous la lune et le vent, il avait voulu écrire ce bonheur si nouveau à Lino Ventura. À son retour, pour se perfectionner et obtenir son brevet de capitaine au grand cabotage, il avait continué à prendre des cours à l’École royale de la marine d’Ostende. Puis il avait parcouru les côtes de la Manche et de la mer du Nord à la recherche du bateau qui le porterait, lui et ses rêves. Si nombreux. Insondables.
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