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Citations de Denis Drummond (54)


Au nom des cris de là-bas, fidèle à l’œuvre d'Enguerrand, Jeanne refusait que le silence soit anéanti par le bruit. Elle savait qu'il ne voulait pas ça. Il ne l'aurait pas laissé faire. Le monde, perdu pour le silence, n'était pas prêt à l'entendre.
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Le silence les insupportait, car il tuerait la fréquentation. Ils réclamaient du haut débit et de la réalité augmentée. La bande passante du projet n'était pas assez "high level" pour répondre aux nouveaux standards d'une expérience visiteur.
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Ils voulaient la guerre, pas son silence.
Ils ne voulaient pas le beauté car ils l'avaient déjà.
Ils voulaient du bruit et de la fureur, version colorisée du choc et de l'effroi, des corps démembrés, des enfants en cadavre, du napalm et des agents de couleur, de la guerre tonnante et déchiquetante, avec un peu de droits de l'homme et un geste pour la planète.
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Cette folle présence qui se dégageait de lui faisait penser à Jean Moulin, T.E. Lawrence ou André Malraux. Gilles se disait que la fraternité d'âme des chercheurs d'absolu leur donnait comme un air de famille.
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La notice indiquait que ce trois-mâts charpenté en Hollande avait débarqué le 25 mai 1720 à Marseille avec une cargaison de coton et de soierie pour la foire de Beaucaire toute proche. À son bord, six membres d’équipage manquaient à l'appel. Un certificat de complaisance établi peu avant à Gênes attestait un empoisonnement alimentaire, ce qui permit au navire de quitter son mouillage de quarantaine pour accoster les quais de Marseille afin d'y décharger sa cargaison. Six mois plus tard, la peste dont les six marins étaient morts aurait fait cinquante mille morts à Marseille et dans sa proche région.
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La machine de guerre tournait à plein régime, engouffrant des quantités impressionnantes de matériels, de munitions, d'essence, d'eau et de nourriture, d'alcool, de sulfamides, de pâte dentifrice, de crème solaire et de papier toilette, tandis que, derrière l'avant-garde de la destruction des ponts et des mondes, se préparait toute une armée de l'après, une armée de conseillers, d'instructeurs, de juristes et d'ingénieurs chargés de la nation building, de la democracy building, et du building tout court.
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Au-dessus de nous, une muraille de fumée couvre la moitié du ciel. Les torches paraissent plus hautes que des tours en flamme. Le pétrole jaillit des puits à une vitesse incroyable. Il fuse et s'enflamme d'un coup avant d'être noyé par de nouvelles gerbes qui prennent feu à leur tour, ventilées par l'explosion de poches de gaz qui vaporisent dans l'air une pluie d'hydrocarbure et de flammèches huileuses.
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De nombreux talibans ont été faits prisonniers. Je les ai vus, entassés dans des camions sans bâche, prendre la route de Kunduz qui longe la ligne où la grande steppe vient mourir.
Je me demande combien de temps cette terre à bout de souffle cessera de souffrir de la folie des fous, de ceux qui voulurent l'enfermer sous un dôme rouge sang, dans une mosquée-monde vidée de toute image, refusant l'existence de l'autre, de la femme, du rire et de la musique, ainsi que de toute représentation, des hommes comme de Dieu, pour colorer leur toute-puissance d'une humilité pieuse, dévoyée, tragique.
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Backo était un enfant. Il est devenu un monstre. Un monstre, c'est un enfant qui tue. Il le retrouve la nuit lorsqu'il serre l'enfant mort dans ses bras. Alors il pleure. La guerre crée d'abord des monstres.
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Les jumeaux me disaient qu'ils devraient mourir et que, si la guerre les épargnait, ce seraient leurs enfants qui devraient mourir à leur place. Ils me disaient que Dieu les avait abandonnés, et que survivre était une grâce du diable.
Où est Dieu dans tout ça ? Est-ce le diable qui a explosé les têtes d'enfants sur les murs de Munazi ?
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J’entends l’océan tout proche. Il s’accroche aux vents d’ouest pour mieux se faire entendre. Je veux le laisser me parler, écrire ce qu’il me raconte pour qu’un jour, peut-être, Tom entendant ces mots, se mette à voir autrement qu’avec ses yeux, sans angoisse. J’aimerais qu’il puisse accueillir cette musique pure, apaisante, pleine d’images et de sons, se laisser saisir par elle avec la promesse qu’elle déliera ses peurs et lui permettra de goûter enfin à la beauté du monde.
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Dans l'exaltation qui a suivi la conférence de presse, j'ai mis vingt-quatre heures à retrouver mon journal, pour réaliser que je n'y avais presque rien consigné depuis des mois point
Cela m'a attristée. J'étais comme prise en défaut, accabler tout à coup par un sentiment de culpabilité vis-à-vis de Tom, de Marc et peut-être de moi-même, l'écrasante tâche d’Atsuma m’ayant détournée de mon devoir bien au-delà de ce que j'avais imaginé.
Il m'a fallu un peu de temps pour accepter les choses telles qu'elles étaient, reconnaître ma négligence et régler la question de manière utile : je ferai un résumé des éléments les plus marquants de cette première année, en prenant la distance dont, la frénésie des derniers moments passés j'avais tellement besoin. p.123
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Pendant ces quatre jours, nous avons vécu dans la guerre. En suivant Enguerrand, nous avons traqué son regard, vu ses horreurs, ses atrocités, trouvé beau ce qui ne peut l’être, et donné un sens à ce qui ne peut en avoir.
(p. 220, Chapitre 2 de l’épilogue).
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Les attentats devenaient quotidiens. Sur les marchés, dans les gares routières, une nouvelle peur s’installait, une autre réplique de l’enfer, qui abîmait l’espoir d’une vie tranquille occupée à travailler, aimer, fonder une famille, élever des enfants, rêver, comme si ce simple désir de vivre devenait une espérance de paradis.
(p. 195, Chapitre 6, Partie 3, “Troisième jour. Fumigations – Afghanistan (septembre-novembre 2001”).
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