Citations de Djaïli Amadou Amal (502)
Patience, munyal, Hindou ! On te l'a déjà dit. Une peule ne pleure pas quand elle accouche. Elle ne se plaint pas. N'oublie pas. A chaque instant de ta vie, tu dois te maîtriser et tout contrôler. Ne pleure pas, ne crie pas, ne parle même pas ! Si tu pleures à ton premier accouchement, tu pleureras à tous les autres. Si tu cries, ta dignité sera bafouée. Il y a aura toujours quelqu'un pour raconter au quartier que tu es une poltronne. On serre les dents mais on ne se mord pas les lèvres. Si tu mords les lèvres, tu pourras les transpercer au plus fort de la douleur et sans même t'en rendre compte. C'est la volonté d'Allah d'enfanter dans la douleur mais un enfant n'a pas de prix. Patience ! C'est à cause de cette douleur qu'on dit que l'accouchement est le jihad des femmes. C'est grâce à lui qu'on va directement au Paradis si on y laisse la vie. C'est à cause de lui qu'un enfant sera toujours redevable à sa mère.
Attendre! S’il y a un mot qui peut résumer à lui seul sa vie, c’est attendre. Elle a passé sa vie à attendre. Attendre de grandir, attendre de se marier, attendre son tour pour voir son mari, attendre pour rétorquer, attendre qu’il change, attendre d’atteindre ses limites, attendre que ses filles grandissent, attendre pour partir, attendre pour vivre, attendre de mourir.
" Le chemin le plus court pour aller d'un point à un autre n'est pas la ligne droite, mais le rêve."
Proverbe malien
page 239
Il est difficile, le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d'insouciance. Nous n'avons pas de jeunesse. Nous ne connaissons que très peu de joies. Nous ne trouvons le bonheur que là où nous le cultivons. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C'est ce que j'ai fait, moi, durant toutes ces années. J'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs.
« C’est souvent lorsqu’elle est la plus désagréable à entendre qu’une vérité est la plus utile à dire » .
ANDRÉ GIDE .
La patience est un arbre dont la racine est amère mais les fruits très doux.
Évidemment que si ! Regarde autour de toi. Tous ceux qui ont embrassé l’islam ont abandonné le village, les traditions et leur famille. Ils ont même abandonné leur nom.
« Prise de stupeur, je n’ai rien dit. Que pouvais-je dire ? Le mariage, oui, bien sûr, c’était la seule perspective pour une fille. Il était hors de question de contredire ses parents, comme le dit le proverbe peul : « Ce qu’une personne âgée aperçoit assise, l’enfant, même s’il se lève, ne le verra pas ! » (p.119)
Et si au moins tout cela finissait demain ! Mais le mariage ne se réduit pas à la cérémonie, il dure toute une vie.
Elle est vêtue d’un pagne décoloré par le temps et les lavages successifs, ainsi que d’un tee-shirt froissé à l’effigie de son président, qui est à peine reconnaissable – on en distribue gratuitement à l’occasion des campagnes électorales et ils font souvent office de vêtements pour les villageois.
- L'amour n'existe pas avant le mariage, Ramla. Il est temps que tu redescendes sur terre. On n'est pas chez les Blancs ici. Ni chez les Hindous.
Tout problème a une solution. Seule la mort est sans issue.
p 241
« Oseras-tu me défier, fille de rien ? Oseras-tu humilier mon frère pour sa magnanimité de t’avoir trouvé un homme qu’au fond tu ne mérites pas ? fit-il, en haussant la voix, très en colère. Voilà le résultat de laisser des filles trop longtemps sur les bancs de l’école. Elles se sentent pousser des ailes et se mêlent de tout. Le mariage n’est pas qu’une question de sentiment. Au contraire. C’est d’abord, et avant tout, l’alliance de deux familles. […]» (p.50)
On sait que le pire des péchés pour un père est la fornication de sa fille. Un vrai croyant doit s'épargner la colère d'Allah. Sa fille se mariera le plus tôt possible afin d'éviter les pires tourments à son père.
La concession d’oncle Moussa est l’exemple même d’une polygamie chaotique. Depuis toujours, on entend toute sorte de scandales. Les coépouses, rivales acharnées, qui en viennent aux mains, les adolescents frustrés qui se querellent à armes blanches entre frères, des filles répudiées ou remariées, des accusations de maraboutage, de sorcellerie, de drogue ou d’alcool.
Il ne faut pas pleurer car les yeux trahissent toujours les faiblesses du cœur, même les plus voilées.
Les conseils d’usage, qu’un père donne à sa fille au moment du mariage et, par ricochet, à toutes les femmes présentes, on les connaissait déjà par cœur. Ils ne se résumaient qu’à une seule et unique recommandation : soyez soumises !
Quand il se rapproche de moi, je tremble tellement que, pour la seconde fois de la soirée, je fais sur moi. Le liquide tiède mouille le pagne déjà humide, dégouline le long de mes jambes et laisse une trace sur le sol poussiéreux. Un vide s'installe dans mon esprit. Tout mon corps se contracte de peur des coups. Je suis terrorisée.
J'ai grandi dans une maison peule, semblable à toutes les autres concessions aisées de Maroua, au nord du Cameroun. Mon père, Alhadji Boubakari, fait partie de la génération des peuls sédentarisés qui ont quitté leur village natal et se sont installés en ville, diversifiant ainsi leur activité. C'est aujourd'hui un homme d'affaires comme le sont ses frères. Cependant, il a conservé à Danki, son village d'origine, un cheptel de boeufs qu'il a confiés à des bergers encore attachés à la tradition de la transhumance. Car le boeuf fait le peul. Et ma famille ne déroge pas à la règle. (p. 27)
On sait que le pire des péchés pour un père est la fornication de sa fille. Un vrai croyant doit s'épargner la colère d'Allah. Sa fille se mariera le plus tôt possible afin d'éviter les pires tourments de son père.
p 88