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Citations de Dominique Barbéris (164)


Madeleine est mince, avec des épaules presque maigres, un décolleté discret, des cheveux blonds ondulés par une mise en plis. C’est son allure, surtout, qui frappe, soignée, tenue un peu raide avec cette taille plate et sanglée, si foncièrement anachronique. Inimitable – c’est le mot qui me vient. Je ne sais pas à quoi tient cette allure : la démarche, le port de tête, une manière de se découper sur le ciel. Elle avait, paraît-il, à l’époque, « quelque chose de Michèle Morgan » dans la blondeur et le maintien. On le disait dans la famille.
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Incipit :
En faisant la vaisselle, ma mère chantait souvent « Le vie conjugale » :
Les histoires sages
finissent souvent
par un beau mariage
Et beaucoup d’enfants.
Guy Béart. On avait le disque à la maison, un 45 tours. Les disques, à cette époque, c’était fragile. Il fallait les manipuler avec précaution en les sortant de leur pochette pour ne pas laisser de traces de doigt. On les essuyait avec une petite brosse de velours bleu électrostatique. Malgré tout, il restait toujours de la poussière sur la piste, l’invisible poussière du temps. Je me souviens de l’odeur du plastique.
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Peut-être qu'elle se disait que le silence efface les choses, qu'il les annule. Vois-tu, c'est une question que je me pose aujourd'hui : si on ne parle pas, s'il ne reste aucune trace, est-ce qu'on ne peut pas douter de ce qu'on a vécu ?
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Elle a confié un jour à Sophie : « Tu vois, je crois que maintenant je n’aimerais pas être jeune, ça ne m’intéresserait plus. » Et comme Sophie s’en étonnait : « Je ne sais pas. C’était autre chose. Et puis, j’ai eu ma part. Maintenant, je me sens étrangère. »
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Quand il est mort, Madeleine a sorti la photo de son ordination à Saint-Louis. Elle parlait de lui souvent ; elle disait : « C’était un solitaire, un rêveur. Il a sacrifié sa vie. » (Mais je me le demande, moi, ce soir, en écrivant, qu’est-ce que c’est : sacrifier sa vie ? Sauver sa vie?)
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On marchait en silence, m’a dit Sophie. Maman n’a jamais parlé beaucoup. Ces promenades en silence le long de la mer, c’est un de mes souvenirs. Peut-être que le silence est une façon d’aimer – c’est une phrase que j’ai lue, ou que j’ai entendue. Je ne sais plus.
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Et après, peu à peu, comme pour tous les mariages, dans ces vies provinciales, régulières, qui tenaient encore au siècle d’avant, comme toutes les fêtes carillonnées – les enterrements, les communions et les baptêmes –, le mariage de Guy et Madeleine est devenu un repère à partir duquel on comptait dans la famille, un repère neutre du temps ; on disait : le soir du mariage de Madeleine, l’année du mariage de Madeleine, deux ans après le mariage de Madeleine – un mariage, c’est comme la mort : on ne peut pas en parler puisqu’on le voit toujours de l’extérieur. Personne n’en connaît le secret.
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On marchait en silence, m’a dit Sophie. Maman n’a jamais parlé beaucoup. Ces promenades en silence le long de la mer, c’est un de mes souvenirs. Peut-être que le silence est une façon d’aimer - c’est une phrase que j’ai lue, ou que j’ai entendue. Je ne sais plus.
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Vous savez, Madeleine, j’ai beaucoup pensé à vous ces derniers temps ; j’ai beaucoup… d’affection pour vous. C’est drôle. Je suppose que vous vous en apercevez. Je suppose même que vous la partagez, cette affection. Je me trompe dans mes suppositions ? Je suppose aussi que c’est difficile pour vous.
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Il ne parlait pas ; elle non plus ne trouvait rien à dire ; ils traversèrent le square Nachtigal, et elle entendait tout ce soir-là avec une extrême acuité, tout ce qui était semblable aux « premières fois » : les bruits d’eau, de voix dispersées venues de la plage, le concert des oiseaux, la musique qui montait par moments du bar du Parallèle 4, une de ces chansons tendres et désinvoltes. Et pendant qu’elle marchait à côté de lui, passive, démunie, inquiète, ne sachant comment sortir du silence, tête baissée, il fredonnait distraitement : Whatever be true
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Peut-être qu’elle se disait que le silence efface les choses, qu’il les annule. Vois-tu, c’est une question que je me pose aujourd’hui : si on ne parle pas, s’il ne reste aucune trace, est-ce qu’on ne peut pas douter de ce qu’on a vécu ?
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Une histoire sage, une vie retirée et discrète traversée d’un bref coup de folie, une romance secrète. Difficile de savoir ce qui arrive à une femme.
 
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Dominique Barbéris
Peut-être que le silence est une façon d'aimer - c'est une phrase que j'ai lue, ou que j'ai entendue.
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Dominique Barbéris
un mariage, c'est comme la mort : on ne peut pas en parler puisqu'on le voit toujours de l'extérieur
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Au fond, il faudrait repartir de là, de cette photo posée sur le buffet de grand-mère où ma tante marche dans une rue de Douala en tenant la main de Sophie
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Les bulletins météorologiques annonçaient tempête après tempête : toutes les rues en pente étaient verglacées et les bus peinaient dans les côtes, notamment dans les quartiers neufs dont les constructions s’étagent sur les hauteurs. Les saleuses passaient dès trois heures, bien avant le lever du jour. Les trains avaient du retard, le trafic ferroviaire avait du mal à se rétablir. L’hypermarché était en rupture de lainages et de radiateurs d’appoint, je me souviens qu’on l’avait dit.
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Les enfants sentent la solitude des adultes. Elle les touche parce qu'elle les rend plus proches. J'étais venue près de mon oncle; il avait posé sa main sur ma tête: "C'est toi, ma grande ? Regarde les nuages; il va faire beau demain." Après, je n'avais plus osé bouger; nous étions restés un moment, moi, avec sa main sur ma tête, fière et émue (j'avais six ou sept ans), et lui fumant sa cigarette; il ne fumait que quand il était énervé, des Craven A, je revois encore le paquet rouge, avec une tête de chat noir. Leur odeur âcre est restée pour moi celle de l'Afrique.
(p.20)
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En reposant la photo, j'ai fait tomber le négatif. Les valeurs y sont inversées : les deux visages, le gros et le petit, sont noirs et translucides, les cheveux, fins, blancs et mousseux, comme faits d'une fumée. J'ai ri : Vous avez l'air de deux Africaines, toutes les deux. Mais je me sentais mal à l'aise. les négatifs ressemblent à ces radios où on voit, en blanc, au milieu de la sombre fumée qui paraît nous remplir, ce qui restera de nous plus tard : les ossements des mâchoires ou de la colonne vertébrale. Et là, me suis-je dit, sur le négatif, ma tante Madeleine s'avançait vers nous comme une morte sortie de l'ombre.
(pp.37-38)
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La fourgonnette a démarré et il m'a fait un geste de la main avant de tourner en direction de la gendarmerie. Massonneau était un brave type, mais c'était difficile de savoir ce qu'il avait exactement dans la tête.

p.185
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En réalité, sur certains points, Claire Marie me fait penser à ces canards qui ont l’air de glisser sur l’eau (un glissement d’objets immobiles) mais leurs pattes remuent sous la surface à toute allure. Il y a quelque chose en eux d’un trompe-l’œil.
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