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Critiques de Dominique Fernandez (255)
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Transsibérien

En moins de 300 pages, tant de densité pour accrocher le lecteur aux wagons du Transsibérien! Dominique Fernandez accomplit cette traversée mythique de 9288 kilomètres en compagnie d'une douzaine d'écrivains et de deux photographes et nous livre bien plus que des impressions de voyage.



C'est une véritable aventure, littéraire, artistique, humaine et nature dans laquelle nous pouvons suivre le train, découvrir les villes étapes, nous pénétrer des paysages immobiles de la taïga, tout en feuilletant Tolstoï, Tchekov, Tourgueniev, Soljenitsyne, Makine et bien d'autres.



La littérature est au coeur de cet essai avec de nombreuses citations des différents auteurs qui donnent envie d'aller découvrir leur oeuvres si on ne les connaît déjà.



L'histoire est également au rendez-vous de chaque lieu visité, plus ou moins chargé du passé, tasriste, communiste, esclavagiste ou tout simplement russe avec les magnifiques nuances posées en touches éparses sur ce peuple colossal chez lequel l'abnégation côtoie la révolte, la violence s'efface devant la poésie, la musique et la danse adoucissent les rigueurs naturelles et humaines.



Des rencontres nombreuses sont évoquées par l'auteur, des plus simples aux plus prestigieuses, souvent génératrices d'interrogations voire de perplexité, mais toujours empreintes d'admiration pour les richesses de ces relations humaines, des tragédies évoquées, des épopées historiques, des révolutions et évolutions de ce pays gigantesque.



Enfin, la nature est sans cesse célébrée tant au travers des citations des auteurs russes ou non que des descriptions des paysages admirés depuis le train ou lors des étapes. Immensité, gigantisme du lac Baïkal, puissance des fleuves Ienissei ou Amour, monotonie envoûtante de la taïga, mystères des pistes qui la pénètrent.



Un superbe récit pour tous les amateurs de voyages, de culture, de nature et bien sûr de la Russie.

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Tribunal d'honneur

« Tout, à Saint-Pétersbourg, est cher à mon coeur et sans elle ma vie serait impossible. »

Tchaïkovski – lettre de jeunesse à sa soeur.



Tchaïkovski et Bach ont imprégné mon enfance depuis mon plus jeune âge, la ville de Pierre le Grand m'a éblouie durablement dès lors que j'ai eu la chance de parcourir ses rues, quant à l'homme de lettres qu'est Dominique Fernandez, c'est toujours un plaisir renouvelé que de le lire. Il ne m'en fallait pas plus pour entreprendre la lecture de ce « Tribunal d'Honneur ».

Je mentirais si je vous disais que cette lecture m'a été aisée. L'écriture est très belle mais exigeante, elle demande une grande concentration. Ce récit m'a rappelé la biographie sur Romain Gary de Myriam Anissimov. J'y ai retrouvé la même étude extrêmement fouillée, détaillée sur cinq cents pages, à la typographie ramassée et aux petits caractères, ce qui, avec mes yeux, ne pouvait que me rendre la lecture incommode.



Néanmoins, l'écriture de Dominique Fernandez est restée fidèle à mes attentes. Dès les premières pages, j'ai retrouvé cette merveilleuse sensation que j'éprouve dès que je me glisse dans un livre de Tolstoï. Je retrouve une terre connue.

Ce roman est un régal d'érudition. Les phrases baignent dans une écriture à la musicalité enchanteresse. Mélomane, esthète, fin connaisseur de la Russie et de Saint-Pétersbourg en particulier, l'auteur dépeint avec finesse, maîtrise et réalisme, cette fin du 19ème siècle pétersbourgeois.



Nous sommes en 1893, Piotr Ilitch Tchaïkovski est au sommet de la gloire. de retour à Saint-Pétersbourg après une tournée triomphale, il décède le 6 novembre 1893 dans l'appartement de son frère Modeste. Que s'est-il réellement passé ? La fin de Piotr Ilitch est entourée de mystère. Serait-il vraiment décédé du choléra pour avoir bu de l'eau impropre à la consommation ou bien serait-ce un suicide, le génie ne supportant plus de vivre son homosexualité dans le plus grand secret. Son décès intervient neuf jours après la création de sa sixième symphonie « Pathétique ». Des funérailles nationales lui sont consacrées. Dominique Fernandez se saisit de cette mort suspecte et nous élabore un récit romanesque qui nous projette dans cette fin du 19ème siècle où l'homosexualité est réprimée, cachée, avec à la clef la mort ou la déportation.

Basile de Sainte-Foy (Vassili pour les russes, Vassia pour les intimes) débarque de Moscou à la gare de Saint-Pétersbourg. D'origine française, il est issu d'une famille dont certains membres furent guillotinés au moment de la Révolution. Son aïeul, Raoul y échappa par miracle, grâce à sa nourrice. Rejoint en Allemagne par sa mère, ils décidèrent de migrer en Russie. Basile voyage entre Paris et Moscou en sa qualité de représentant de la société Perm, Orenbourg et Cie. Cette société métallurgique française est installée dans l'Oural. Il vient dans la capitale afin de négocier un contrat pour la construction d'un pont métallique (Pont de la Trinité construit par la SPIE Batignolles) qui faciliterait le passage de la Néva – en quelque sorte, ce pont serait le pendant du magnifique pont Alexandre III de Paris (1896 première pierre), commémorant ainsi l'entente entre les deux pays. Son séjour va durer d'avril à octobre 1893 et c'est durant cette période que Basile va assister à un crime qu'il juge particulièrement odieux bien qu'au départ, ses préjugés l'eussent plutôt porté à appuyer la sentence. Ce sont tous ces évènements qu'il nous relate dans les pages de ce livre.



C'est en se rendant à la forteresse Pierre et Paul pour y rencontrer le gouverneur, le Général Sosthène Mikhaïlovitch Apraxine, qu'il va découvrir l'existence d'un tribunal occulte qui serait chargé de juger Piotr Ilitch Tchaïkovsky, accusé d'avoir séduit un jeune homme de 17 ans. Sur ordre d'Alexandre III et dénoncé par le Comte Stenbock, l'affaire est confiée à un tribunal d'honneur dont les membres sont sept anciens élèves de l'Ecole du Droit, eux-mêmes, anciens condisciples de Piotr Ilitch; il leur appartient, à huis clos, de juger si le comportement de Tchaïkovsky est une atteinte à l'honneur de leur Ecole.



Poussé par la curiosité, Basile ayant été lui-même élève de cette Ecole, il va chercher à en savoir plus sur ce tribunal, ses participants, leurs personnalités, leurs aspirations profondes, leurs intérêts, leurs opinions ouvertes comme leurs opinions dissimulées. Dans cette société où se reflètent toutes les facettes d'un corps social de fin de siècle en pleine mutation, quelle est la sanction que risque le grand musicien? Au cours de toutes ces entrevues, l'une d'elle est essentielle, Basile se lie d'amitié avec l'accusé. Il devient alors le confident de Piotr Ilitch. Basile met toute sa bienveillance au service de la défense de Piotr Ilitch afin de convaincre ses juges de lui accorder leur absolution. Il rend visite au directeur des théâtres impériaux, au gouverneur de Saint-Pétersbourg, au responsable du Musée de l'Ermitage, au gardien du patrimoine architectural de la ville, à l'inspecteur général de la santé, à un conseiller d'Etat et enfin, à l'évêque coadjuteur de la capitale.



Dominique Fernandez fait preuve ici d'un grand talent de conteur mais aussi de sociologue dans ce récit. Dans la capitale du tsar, l'auteur, plus qu'inspiré, nous entraîne dans les coulisses de Saint-Pétersbourg où l'on sent poindre le militantisme socialiste. La beauté de la ville s'étale sous nos yeux mais les premiers signes de la fin de son éclat se font sentir. Toutes ces visites ne sont que des prétextes pour dresser le portrait de la société pétersbourgeoise : l'armée, l'Eglise, l'aristocratie, la finance, la police politique et, diffus, en arrière plan, le petit peuple ignorant, dans la misère, hébété par l'alcool et la malnutrition.



Tous les sens doivent rester en éveil afin de pouvoir savourer ces moments où Piotr Ilitch est en pleine création, où l'on découvre l'origine de ses oeuvres, leur motivation, où Piotr Ilitch nous fait part de ses positions. Je garderai pour toujours, gravées en moi, les pages qui décrivent la visite de Basile au Musée de l'Ermitage. Visiter l'Ermitage avec l'oeil expérimenté de l'auteur, doit être un souvenir inoubliable d'une qualité à nulle autre pareille !



« Ma première symphonie, écrite quand j'étais encore ici, porte, en, hommage au paysage de neige et de glace qui transforme pendant quatre mois la ville en palais boréal, le titre de Songes d'hiver. J'ai mis dans cet essai de jeunesse les réminiscences de nos promenades par moins trente : courses en traîneau sur la Néva, randonnées à travers l'immensité de la plaine vierge, haltes transies devant les péristyles enneigés, glissades sur la banquise dans le golfe de Finlande. Rien ne me destinait encore au métier de compositeur. Mes amis étaient juristes comme moi. Nous sortions de l'école qui s'appelait alors, non de Droit comme aujourd'hui, mais des Droits au pluriel. Ecole Impériale des Droits, tu te souviens mon cher Fiodor ? Je ne sais pas si c'est un bon signe que les Droits variés, multiples, concrets, se soient réduits à l'abstraction d'un seul Droit, rigide, universel."





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La course à l'abîme

Michelangelo Merisi, né à Caravaggio dans le duché de Lombardie, le 29 septembre, jour des saints Michel, Gabriel et des saints Anges, mort le 18 juillet à trente-huit ans sur la plage de Porto Ercole en Toscane dans des circonstances non élucidées.

Paulo Quinto Pontifice Maximo





Quelle passion, quel feu intérieur brûle à la fois Michelangelo Merisi dit « Le Caravage », et son créateur littéraire « Dominique Fernandez » pour que les deux puissent entrer en résonance au point de nous entraîner dans une course à l’abîme fascinante. La projection de l’auteur sur le peintre mêle leurs deux intimités, c’est impossible autrement de pouvoir donner autant d’épaisseur, de réalisme, au récit inspiré par les tableaux du Caravage d’autant plus que cet artiste n’a rien laissé derrière lui ou pas grand-chose si ce n’est son trésor artistique.



Michelangelo Merisi est né en Lombardie. On sait qu’il aime les garçons, qu’il a séjourné à Rome, Naples, Malte pour finir assassiné sur une plage. Il n’en fallait pas plus pour laisser l’imaginaire de Dominique Fernandez combler, avec aisance, ce vide et nous emporter dans un tourbillon d’une érudition folle, où suinte son amour de l’Italie, sa connaissance du Baroque italien et son militantisme mais surtout son génie. Cette manière de s’approprier les épisodes inconnus d’une existence pour en compléter la trame, on la retrouve avec Le Tribunal d’Honneur sur Tchaïkovsky du même auteur. Académicien, à l’œil averti, il sait nous parler du beau. Véritable esthète, il est un guide à nul autre pareil. Son écriture exprime le moindre détail et nourrit, ainsi, notre représentation de l’histoire. Elle est empathique, tout en arrondi, sans heurt malgré les évènements parfois rapportés, malgré des passages crus, elle est comme une eau de source qui s’écoule, claire, en dépit des remous du récit, elle nous emporte bien au-delà du tangible, là où elle veut nous raconter la Rome baroque et ses joyaux.



Michelangelo est un peintre encore inconnu lorsqu’il arrive à Rome. Il suscite l’intérêt du Cardinal Francesco Maria Del Monte qui va devenir son plus important commanditaire. Le Prélat décèle-t-il chez Le Caravage les qualités recherchées pour révolutionner la peinture, apporter un nouveau souffle à cet art, d’autant plus que c’est la période de la Contre-Réforme, l’Eglise met tout en œuvre pour lutter, rivaliser, effacer le protestantisme. Ce renouveau donne naissance au Baroque, mouvement de grande ampleur qui va permettre aux plus grands artistes italiens de l’époque d’exprimer tous leurs talents, leurs émotions, leurs approches de la réalité en jouant avec les contrastes de la lumière tel le « clair-obscur » qu’utilise le Caravage dans de telles proportions que nait le « ténébrisme ». Cette période est une véritable explosion artistique. Ce renouveau n’épargnera pas le domaine musical, allant jusqu’à modifier la conception du concert de musique.



Le Caravage, ce peintre rebelle, anticonformiste, ce tourmenté qui ne peut s’accorder trop longtemps le bonheur, ce génie provocateur joue avec le feu sachant que l’Inquisition le surveille de près mais il ruse et tient à son indépendance artistique. L’auteur nous créé des échanges entre les prélats, des débats scolastiques sur des points de symbolique chrétienne, relevés dans la peinture du Caravage, d’un réalisme à couper le souffle. On tremble à l’idée que soient découverts certains détails provocateurs voire païens !



Dominique Fernandez a observé qu’un même visage de garçon se retrouvait à plusieurs reprises dans la peinture du Caravagio. De cette observation, lui est venue l’idée géniale d’imaginer l’histoire qui pouvait relier ce garçon au Caravage. Il utilise les modèles pour alimenter la fiction. Chaque tableau devient prétexte à la création d’un récit à la fois instructif sur les comportements de l’époque mais aussi d’une inventivité dans laquelle, on s’immerge avec enthousiasme. Son italophilie nous immerge dans l’histoire de la Rome baroque, dans les méandres du pouvoir temporel du Vatican et de sa diplomatie. L’Italie est divisée entre le camp des Espagnols et celui des Français. Nous retrouvons les négociations qui ont abouti au mariage d’Henri IV et de Marie de Médicis.



Après une lecture d’une telle finesse, d’une telle densité, le regard se modifie, il devient impossible d’admirer les œuvres du Caravage sans le filtre de Dominique Fernandez.



Que d’horreurs commises au nom de Dieu mais que de splendeurs réalisées à sa Gloire.

Si Dieu a inspiré son Requiem à Mozart, il a inspiré Le Caravage à son corps défendant, lui qui s’est toujours comporté en peintre rebelle.



J’ai refermé ce livre avec des étoiles plein les yeux. Merci Xavier @Aquilon62 de m’avoir incité à lire ce livre sans tarder alors qu’il dormait sur mes étagères depuis quelques temps et ravie aussi de partager nos ressentis avec Bruno @Pancrace.



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Un jeune homme simple

« Votre roman n'est pas sans de sérieuses qualités. Seulement, l'époque est l'époque, vous ne pouvez rien contre l'évidence. » ● Arthur Dolnic, un jeune homme originaire du Cantal, se retrouve dans une maison de passe à Paris, où il est « monté » pour faire des études de droit. Effrayé par ce qu'il y voit, il s'enfuit sans demander son reste. Il retrouve ensuite Kevin, un « pays » ayant migré à Paris depuis plus longtemps que lui. C'est Kevin qui avait donné l'adresse de la maison close à Arthur. Ils discutent notamment de leurs romans respectifs, puisqu'ils ont tous deux des ambitions littéraires. le plan d'Arthur est de se déniaiser avant de se marier, puisqu'il rêve bourgeoisement de trouver la « femme idéale » ; à cet effet, le bordel n'ayant pas marché, il rencontre d'abord Vanessa… ● J'ai trouvé ce roman absolument pathétique. Dominique Fernandez, 94 ans, académicien, pense sans doute être actuel en abordant pêle-mêle les sujets de société du moment : cancel culture, wokisme, véganisme, migrants, féminisme, l'affaire Matzneff, me too… ● Il entonne aussi, encore une fois, sa marotte de l'embourgeoisement et de la normalisation de l'homosexualité, qui perd de son intérêt à mesure qu'elle est tolérée et même « à la mode », regrettant le temps où elle était prohibée... ● Mais il oublie qu'un roman c'est avant tout une histoire à raconter, et non un empilement de réflexions vaseuses déguisées en anecdotes bancales ou en concours d'éloquence ratés. ● Et surtout, il est pathétique quand il essaie de nous décrire l'univers des jeunes ou – encore pire – de les faire parler. On se croirait dans les années cinquante : « À l'occasion de la rentrée des cours, l'Amicale des étudiants de l'École de commerce offrait au Quartier latin une soirée dansante, dont l'entrée et le buffet étaient gratuits. […] Arthur approuva le directeur de l'École de rabrouer un élève qui dansait torse nu et dut remettre sa chemise. Il fut soudain surpris et charmé d'entendre une valse de Chopin, lente, immatérielle, pénétrée de langueur mélancolique, interrompre par son legato élégiaque la série trépidante des rythmes américains. » ● La jeune Vanessa est habillée d'une « jaquette framboise ». le jeune Arthur se plaint de ce que la « pension » que lui fait son père, professeur des écoles, n'est que de 1500 euros par mois… ● Voici, par exemple, ce que les jeunes de Dominique Fernandez disent : « Une demi-heure ! fit-elle [Vanessa], mais c'est bien assez pour essayer quelque autre de ces excellentes pâtisseries. […] Tu es bonne, Vanessa [au sens de : tu es gentille]. […] C'est chic de ta part. […] Arthur, dit-il, Arthur, mon cher, tu me plais assez. […] Oh non, m'sieur [dit un jeune de banlieue à Arthur]. Moi et mes copains, on crèche après le périf. […] J'vous file le mien, en échange, pour le cas où ça vous kifferait d'nous voir à l'entraînement. » ● Bref, tout sonne faux dans ce roman, c'est un naufrage.
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Ramon

« Voilà les seuls souvenirs que j’ai de mon père. Je n’ai jamais eu l’occasion de lui exprimer combien je l’aimais, ni même le soulagement de pleurer quand il est mort. Amoureux de mon père, je l’ai toujours été, je le reste. Ma mère, je l’ai admirée, je l’ai crainte, je ne l’ai pas aimée. Lui c’était l’absent et c’était le failli, l’homme perdu sans honneur. C’était le paria.

Jamais d’occasion directe devrais-je ajouter. Les personnages des romans que je me suis mis à écrire plus tard – héros fourvoyés, partagés entre la célébrité professionnelle et la flétrissure sociale – sont à l’image de la première idée que je me suis formée de mon père. Tous ils adressent, en quelque sorte, un message de solidarité à mon père. »





Tout est dit en quelques lignes. C’est avec émotion que j’ai parcouru l’enquête intime de Dominique Fernandez par laquelle, il tente de comprendre ce qui a amené son père, un grand critique littéraire, d’abord d'une sensibilité humaniste, à glisser doucement vers le fascisme. Pas évident pour Dominique Fernandez de reconstituer le parcours de Ramon ,de s’approcher au plus près de la vérité. Ramon dont le sang qui coule dans ses veines, est le même que le sien. Est-ce que cela s’attrape Docteur ?



Alors Dominique raconte ses rendez-vous manqués avec son père, le divorce de ses parents, un père qui ne s’est pas occupé de lui, une mère dont le regard lui interdit d’aimer son père, une absence terriblement cruelle.



Il ne cherche pas à dédouaner son père, loin de lui cette idée. Comment un homme, de la renommée de Ramon qui a fréquenté Proust, Aragon, Roger Martin du Gard, a pu, tout doucement écrire des articles qui encensaient Doriot. Collaborer avec l’occupant ? Qu’est ce qui peut justifier une telle dérive. Alors Dominique, il épluche tout avec frénésie!



C’est aussi une photographie pas toujours très reluisante des milieux intellectuels français de l’époque et de leur responsabilité.



J’ai bien noté parcouru. J’ai sauté certaines pages. C’est un gros pavé de 800 pages, tout est analysé, y compris les agendas de sa mère, les écrits des uns et des autres, les journaux, les correspondances, les témoignages. Dominique remonte jusqu’à ses origines mexicaines, ses investigations se veulent honnêtes.



Pourtant, j’ai ressenti à chaque page lue, l’espoir de Dominique de trouver, enfin, une once de justification.



Aujourd’hui, les écrits de Ramon sont ensevelis avec son passé.

Vous êtes oublié Monsieur Ramon Fernandez sauf pour votre fils et je lui souhaite d’avoir été quelque peu apaisé par cette enquête.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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La société du mystère

Ce roman m'a été offert, et au vu de son synopsis, il était la promesse d'une brillante expérience, à la découverte d'un auteur siégeant à l'Académie française et dont l'une des spécialités est l'histoire de l'art italien, un domaine qui m'est également cher.



En effet, aimant passionnément l'Italie et ses 1001 merveilles, je m'attendais en toute légitimité à un beau et grand voyage dans la Florence des Médicis, sauf que... si voyage il y a eu, il ne m'a malheureusement pas dépaysée, et si découverte il y a eue, ce fut celle d'un style que je suis au regret de qualifier de nombriliste et d'approximatif.



Dominique Fernandez n'est hélas pas le premier académicien à faire naître en moi l'impression désagréable que l'auteur "se regarde écrire" comme d'autres s'écoutent parler. Sa maîtrise indéniable de la période (Renaissance italienne), sa réelle érudition sur les thèmes de la peinture florentine et plus généralement de l'art italien, ne suffisent pas à occulter une certaine suffisance, et son insistance à placer non pas l'art mais l'homosexualité au coeur de son roman a rapidement freiné mon enthousiasme.



En toute justice, c'était annoncé d'emblée puisque le titre, "La Société des mystères" ne fait pas référence à une assemblée d'artistes comme j'ai eu la naïveté de le croire en débutant ma lecture, mais à la communauté homosexuelle de l'Italie du XVIème siècle, période où il ne faisait certes pas bon se proclamer émule de Ganymède. Or, même si j'ai trouvé intéressants les développements sur ce thème, je me suis vite lassée en constatant qu'ils étaient en réalité le but ultime de l'auteur. Dominique Fernandez étant lui-même homosexuel, étant également le premier écrivain homosexuel élu par les Immortels (il assume tellement bien son homosexualité qu'il a fait sculpter Ganymède sur son épée), il me donne l'impression de faire de son homosexualité un statut à part entière. Or personnellement, j'ai un problème avec les personnes qui se définissent (ou semblent se définir) d'abord par leur sexualité, quelle qu'elle soit, comme si la sexualité influait sur le talent ou était une sorte de marque de distinction.



Partant de là, j'ai rapidement eu tendance à m'agacer au fil de ma lecture, et j'ai eu maintes occasions de regretter que cette obsession pour le sexe mâle nuise au style à proprement dire, truffé d'expressions qui m'ont semblé incongrues sous la plume d'un narrateur de la première moitié du XVIème siècle, telles que "pots de peintures", "paquets de cellulite" (terme apparu au XIXème siècle), "Il me gonflait de cette rengaine", des seins comparés à "des gants de toilette" (sic), un croquis jeté "à la corbeille" et des "boîtes à chaussures" qui s'empilent chez le cordonnier...



Ceci mis à part, dans les rares intervalles où il n'est question ni de queues ni de double-sens salaces dissimulés dans des tableaux ou des poèmes, et pendant lesquels l'auteur parvient à se détacher de la question des moeurs, on apprend avec plaisir une foule de détails sur la vie des artistes à la Renaissance, sur la politique des cités italiennes, sur la peinture et les arts, sur les artisans et commerçants, bref sur cette Florence que j'aime passionnément.



Je conclus par un conseil : roman à lire avec les reproductions des oeuvres décrites à portée de main, merci Google.





Challenge MULTI-DÉFIS 2018

Challenge PAVES 2018

Challenge ABC 2017 - 2018
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La course à l'abîme

Quelle richesse que ce livre ! On a tous les sens en éveil en découvrant la complexité de ce peintre.

Dominique Fernandez décrit avec une telle précision et le talent qu’on lui connait, les tableaux, les rues mais aussi les tourments du Caravage que l’on lit autant que l’on voit ou encore que l’on ressent.

Dire que j’ai appris est un euphémisme. Moi qui étais, je l’avoue hermétique aux tableaux du Caravage, je n’ai qu’une hâte maintenant c’est d’aller les admirer et je sais que j’en ressortirai bouleversée !

Dominique Fernandez nous aide à comprendre la subtilité des tableaux, à saisir certaines techniques comme le clair-obscur, à sentir l’atmosphère qui règne dans cette Rome du XVIIème.

La proximité avec internet est incontestablement un plus. Je n’ai cessai d’aller visualiser, les œuvres mais aussi les rues, les places, les fontaines que nous dépeint D. Fernandez.

Je sais que les 800 pages « effraient » certains lecteurs, mais n’ayez aucune crainte, ce roman se lit très très vite et 200 pages de plus n’auraient pas été de trop !



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Transsibérien

J’avoue, j’ai un faible pour Dominique Fernandez, son Tolstoï m’a beaucoup plu et j’ai craqué pour son dernier livre : Transsibérien.

Il faut dire qu’en le feuilletant en librairie que suis tombée sur cette phrase « Ce récit, je m’en excuse, sera farci de lectures et relectures » ce qui fut une incitation très forte.

En 2010 Dominique Fernandez a participé à un voyage dans le cadre de l’Année Franco-Russe, un voyage mythique en Transsibérien.

Avec une pléiade d’autres auteurs et journalistes, à bord de wagons aux couleurs des deux pays.



« Le Transsibérien quitte chaque jour Moscou, gare de Iaroslavl, à 16H50 » le bout du voyage est sur la quai de Vladivostok quelques 9000 km plus tard.



L’auteur se fixe quelques règles pour ce journal de voyage : pas question d’être « aveugle et bêtement enthousiaste » mais rester vigilant, observer, s’interroger, critiquer si nécessaire mais à la manière d’un amoureux de la Russie.



L’auteur a prévenu, les références littéraires seront nombreuses, l’occasion pour le lecteur de se plonger dans un bain de littérature russe de Tchekhov en route pour Sakhaline, Dostoïevski en route pour la Maison des morts, en passant par Tolstoï et ses récits du Caucase ou Gorki, celui des récits d’enfance, avant qu’il encense la construction du Belomorkanal.

C’est aussi le voyage vers le Goulag de Chalamov ou Soljenitsyne car « Très rare sont les ouvrages qui parlent d’une autre Sibérie que celle des prisons, des camp, des travaux forcés ».

Mais la Sibérie c’est aussi l’aventure, la toundra glacée, l’impétuosité de l’Ienisseï, le « silence du Baïkal » ou le fleuve Amour.

Les étapes du voyage sont une litanie de noms qui font rêver : Nijni-­Novgorod, Ekaterinbourg, Omsk, Novossibirsk, Irkoustk, Krasnoïarsk.........



A chaque étape, voyage officiel oblige, c’est une succession de réceptions en fanfare, de dîners, de rencontres plus ou moins contraintes avec des russes, de spectacles, de visites, de conférences.

Les conditions matérielles sont très bonnes comparativement au voyageur lambda, une provodnitsa à leur service exclusif pour assurer la vie à bord, cette employée est chef du samovar qui trône en tête de wagon toujours prête à délivrer les verres, le thé, le sucre et faire abaisser les marches du wagon à chaque arrêt.

La traversée occasionnelle du wagon de troisième classe remet les pendules à l’heure russe, l’inconfort réservé au « prolétariat d’esclaves » soulève l’indignation de Dominique Fernandez.



Au gré des étapes et visites organisées on passe d’un conservatoire de musique à une représentation du Barbier de Séville à l’Opéra d’Ekaterinbourg, on apprend que Rudolf Noureev est né dans un wagon du Transsibérien. Parfois les visites sont décevantes et les rencontres ou les échanges avortés. Mais il y a aussi des moments de grâce comme cette rencontre avec des lycéens qui se livrent à un jeu littéraire franco-russe à faire pâlir d’envie n’importe quel enseignant.

Moment d’émotion que celui où Irina une des accompagnatrices russes lui propose « d’aller déposer des fleurs au pied du monument élevé à la mémoire du poète Ossip Mandelstam » c’est la dernière image qu’emporte Dominique Fernandez, la statue de celui qui écrivait

« Fourre-moi plutôt, comme un bonnet, dans la manche de la chaude pelisse des steppes sibériennes ».

j’ai aimé ce voyage mais je n’ai pas tout à fait tout dit. Si la littérature russe est largement présente la française ne l’est pas moins et de Théophile Gautier à Balzac , d’Alstophe de Custine à Alexandre Dumas, nombreux sont les français qui ont écrit sur cette Sibérie. Il invite aussi à la lecture d’Andréï Makine le sibérien le plus français qui soit.

En vrai amoureux de la Russie l’auteur rend le voyage passionnant, deux carnets de photos accompagnent parfaitement le texte.




Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Avec Tolstoï

Le Salon du Livre de Paris met à l’honneur, cette année, la Russie, Ce qui m’a donné envie de relire les auteurs russes et surtout de me replonger dans les œuvres de Tolstoï. En fouinant à la médiathèque, j’ai aperçu « Avec Tolstoï » de Dominique Fernandez. Je me suis donc empressée de me saisir de ce livre avec l’espoir de me pénétrer de l’intimité de cet auteur qui a illuminé mon adolescence.



Dominique Fernandez est un fin connaisseur de Tolstoï. Ce livre n’est pas une biographie mais plutôt une analyse de son œuvre. Dominique Fernandez « trace quelques avenues » entre la vie de l’écrivain, son évolution intellectuelle, politique, métaphysique et son œuvre ainsi que les messages qui y sont associés. Il procède par allers-retours entre les périodes de sa vie et ses romans. Il explore les grands ouvrages comme les nouvelles, il effectue certaines comparaisons entre le style de Balzac, de Stendhal et bien sur, il n’oublie pas de consacrer un chapitre à Dostoïevski.

Dominique Fernandez met des mots sur mes ressentis de lecture. Tolstoï est un « Œil », il n’y a qu’à regarder son portrait. Son génie tient à la minutie de ses descriptions, à ses développements puissants, ses personnages prennent vie sous nos yeux sans besoin d’y ajouter une lecture au deuxième degré, c’est beau, c’est simple, c’est à l’image de l’immensité de la Russie, il y souffle le vent des steppes. Tolstoï écrira « Il faut écrire au brouillon, sans réfléchir longuement à la place et à la justesse d’expression des idées. Réécrire une deuxième fois en supprimant tout ce qui est de trop et en donnant leur vraie place aux idées. Réécrire une troisième fois en travaillant la justesse de l’expression » (journal 10 janvier 1854).



Quel bonheur aussi de visiter avec Dominique Fernandez « IasnaÏa Poliana ». La vie du Grand Homme peut se résumer ainsi (page 10)

« Une période poétique, merveilleuse, innocente, radieuse – Une période de grossier libertinage, au service de l’ambition, de la vanité et surtout du vice – une période où il se range, du point de vue du monde on pourrait qualifier de morale : c’est là que pendant dix huit ans Tolstoï écrira Anna Karénine et Guerre et Paix – une période dite « spirituelle » où il sera entouré de la secte des tolstoiens » : à mes yeux période tourmentée, radicale!

J’ai eu quelques divergences de vue avec Dominique Fernandez sans grande importance. Nous ne sommes pas de la même génération ce qui peut justifier cette différence. Il assène comme une vérité que jeune homme, sa génération préférait Dostoïevski à Tolstoï : Dostoïevski ne peignant que des états extrêmes. Personnellement, j’ai découvert Tolstoï à l’âge de 14 ans. J’ai ensuite tenté Dostoïevski avec « Le Joueur ». J’en garde un mauvais souvenir. Je n’ai pas aimé la noirceur, la désespérance qui suinte de chaque mot. De même, il trouve qu’à la lecture d’Anna Karénine, la passion d’Anna n’est pas suffisamment décrite. J’ai relu cet été « Anna Karénine » et à 50 ans d’écart, rien ne m’a échappée de cette passion qui dévastera Anna.



La question que je me pose après cette lecture fort enrichissante « doit-on lire ce livre avant d’avoir une bonne connaissance de l’œuvre de Tolstoï ? ». J’ai beaucoup aimé les chapitres sur « Anna Karénine, Les Cosaques, Guerre et Paix » mais n’ayant pas lu « Résurrection » et certaines nouvelles, cela m’a été fastidieux !

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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La course à l'abîme

C'est le Caravage lui même qui nous raconte sa vie sous l'exellente plume et érudition de Dominique Fernandez.Il va s'expliquer sur son parcours et donner sens à la toute dernière scène de son existence: sa mise à mort.L'originalité de cette parole post mortem offre le recul constructif d'un regard analytique et matûre sur l'engrenage des événements, sur les raisons profondes qui ont motivé ses choix, son oeuvre, ses amours.

Si le faisceau lumineux est orienté sur la vie privée du peintre, la toile de fond historique est loin d'en être négligée.Les rouages politiques, les intrigues du Vatican, les obsessions du Saint Office, les luttes de pouvoir etc...sont dépeints avec autant de minutie et d'intelligence que les oeuvres picturales.

Nous découvrons un homme dont le conflit intérieur ne s'est jamais apaisé et qui lui est crûment affirmé par un Cardinal:"..je vais te dire ce qui cloche sous ton crâne.Ne m'en veuille pas de ma franchise.Tu voudrais occuper toutes les places:celle du Favori et celle du Maudit.Te sentir l'Elu et l'Exclu..."

Dualité et tourments qui sont le moteur de sa créativité et qui ne sont selon lui " que des moyens de compenser un manque originel , ce vide de père en moi...". Il n'a de quête que d'être reconnu,adulé mais se morfond lorsqu'il obtient cette approbation puisque pour lui l'Art ne peut éxister que dans la remise en question de la norme.Il veut rompre avec la beauté classique,choquer pour être rassuré sur l'esprit novateur de son art.Il n'existe que dans la passion et le danger.Le confort et la sécurité le mortifient,pas question de de se conformer à un modèle imposé.Cette vérité dans la création l'est aussi pour sa vie amoureuse "...le seul amour qui compte est celui qu'il faut mériter,qui est remis tous les jours en question,qui peut manquer d'un moment à l'autre..."

Jamais encore je n'ai lu de roman sur un peintre qui m'ait donné autant de clés de compréhension pour décrypter un tableau,sur la double lecture qui est parfois indispensable pour y accéder .Le plaisir qu'il y a à repérer les symboles, les messages cachés,les allusions destinées à certains à l'insu d'autres..Ce n'est pas un livre à ne lire qu'une fois car la 800ème page terminée, le désir d'une seconde lecture s'impose avec l'arrière pensée d'en extraire la substantifique moëlle afin d'aller ensuite contempler tous ces tableaux avec émotion,spontanéité mais aussi avec les codes pour en apprécier tous les aspects! Paraléllement à tous ces bonheurs que Dominique Fernandez offre au lecteur, s'ajoute celui de sa passion pour l'Italie qu'il nous fait partager par des promenades dans rome et Naples qui ravivent moult souvenirs pour qui a eu la chance de s'y ballader.On perçoit l'amoureux de l'Italie, l'amoureux de l'Art mais aussi l'amoureux de l'Amour...à chaque page de son roman.
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Le banquet des anges : L'Europe baroque de ..

Un livre qui a été mieux qu'un guide lors de mes voyages en Italie et surtout lors de ma première visite en Tchécoslovaquie: un véritable sésame-ouvre-toi, une carte de course au trésor..



Je voudrais surtout raconter la Tchécoslovaquie..



Les Russes venaient de quitter Prague, peu après la révolution de velours, on vendait leurs bottes, leurs chapkas, et leurs posters de propagande sur le pont Charles. Prague était en fête, les Stones donnaient le premier concert rock dans le parc près du Hradcany ..mais la merveilleuse ville baroque était masquée sous des échafaudages, les visites étaient encore compliquées, une sorte de parcours du combattant...



Le livre de Fernandez sous le bras, nous avons suivi son fléchage amoureux...et découvert :Kuks, une ville d'eau où des sculptures magnifiques de Mathias Braun -des vices et des vertus pleines de malice et de symboles- attendaient le curiste...qui n'est jamais venu,s'étant arrêté à Marienbad ou à Karlovy vary . Après, autour de Kuks,le livre nous a menés dans la forêt de Bethléem, sculptée par un Braun mourant de la maladie des sculpteurs, les poumons obstrués, où les rochers , les grottes prenaient soudain les formes d'ermites chevelus et barbus qui semblaient fuir d'effroi à notre approche...Je dois à Fernandez un détour dans la ville de Litomysl pour aller voir un des derniers théâtres baroques -avec décors et costumes-...mais on ne nous a pas ouvert..et nous nous sommes contentés d'un extraordinaire musée de la musique, perdu au milieu de nulle part.



A Prague même, le jeu de piste de Fernandez nous a permis de rentrer dans des cours fermées au public -vous prenez la rue truc, entrez au numéro x , montez un étage, et débouchez sur un merveilleux hôtel baroque avec sa cour pleine de statues... Des fresques oubliées, des "sgraffites" d'une incroyable finesse...Oui, une course au trésor, riche et pleine d'imprévus, dans une ville qui n'était pas encore une grande destination touristique.



Je devais à Fernandez et à son photographe favori, Ferrante Ferranti, cette critique pour les remercier d'avoir été les découvreurs, les défricheurs de merveilles de cette Prague baroque maintenant rendue à sa splendeur première...et au tourisme de masse..



Je garde un souvenir ravi et joyeux de ce voyage, comme d'une escapade, d'une virée interdite , une échappée belle de gamins en maraude...guidés et aiguillés par un livre magique, qui nous délivrait généreusement tous ses secrets..

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Transsibérien

Ce livre traînait dans ma pal depuis 5 ans... voilà une bonne chose de faite.



Il s'agit du compte-rendu d'un voyage sur le mythique Transsibérien de Moscou jusque Vladivostok , terminus du Transsibérien après 9288 kilomètres passés sur les rails.



De tous les participants à ce voyage je ne connais que deux écrivains : Jean Echenoz (14) et Danièle Sallenave (Le don des morts). Mais ils n'ont pas vraiment la parole dans ce livre qui est centré sur les impressions de son auteur, Dominique Fernandez.



Voilà un voyage qui à l'air tout aussi attirant que rebutant. Attirant pour la découverte des fabuleux paysages de la Sibérie (dont l'incontournable lac Baïkal) et rebutant pour les conditions de voyage qui sont loin d'être confortables (sans parler de la nourriture).



Dominique Fernandez agrémente son récit avec des anecdotes historiques et des références littéraires (de quoi alimenter mon pense-bête de quelques titres) comme :



- Le maître d'armes d'Alexandre Dumas

- Rêves de Russie de Yasushi Inoué

- Pastorale transsibérienne d'Oleg Ermakov

- Voyage à l'île Sakhaline de Tchekov



Un voyage qui me fait quand même un peu rêver même si je sais que je n'aurai pas l'audace de l'entreprendre ^^





Challenge multi-défis 2017 (1)
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La course à l'abîme

Dominique Fernandez a mis son imagination au service d’une biographie romancée de Michelangelo Merisi dit le Caravage ( 1571-1610) avec un tel réalisme et une prouesse de reconstitution historique qui permettent de dévorer ce gros pavé de 700 pages comme un livre d’aventures.



Aventurier, le Caravage l’était surement par le tempérament belliqueux, le gout des excès, des bagarres et des débauches qui ont accompagné sa vie d’artiste. Cette existence dissolue l’entrainera pour le pire et le meilleur sur les chemins de Rome, de la Sicile et de Naples, dans l’Italie du 17ème siècle.



L’auteur met vraiment ses pas dans les chausses du peintre, en écrivant à la première personne, lui donnant une réalité romanesque, imaginant son parcours d’apprentissage, les années de galère et de doutes avant de devenir la coqueluche des princes de l’église. Un portrait d’ange maudit s’autodétruisant avec application pour sans doute mieux sortir le meilleur de ses tripes.



J’ai dévoré ce livre bourré d’anecdotes, érudit picturalement, incitant à la découverte minutieuse des œuvres évoquées pour mieux en apprécier le contexte de création et l’analyse. C’est un excellent livre de vulgarisation artistique, visuel, tonitruant. L’inventivité de l’auteur se mêle sans incohérente avec l’histoire du siècle et l’œuvre du maître du clair-obscur.

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La course à l'abîme

Faut il connaître la vie d'un artiste pour connaître son oeuvre ? Comme en peinture..il y a plusieurs écoles. Cela dépend-il du peintre ? cela dépend-il de son l'époque ? Comment comprendre les œuvres de Caravage si on ignore leur contexte historique ? Comment comprendre le 17e siècle sans Le Carvage ? Comment comprendre Rome ? La papauté ? Comment comprendre Raphaël, Michel-Ange, où placer Rubens ? Ceux qui l'ont précédé , ceux qui l'on suivi ?

De Milan, à Rome, de Malte en Sicile, pour son dernier regard en Toscane.

Roman de fiction, soit, roman à la gloire d'un génie.

A la fois maudit et reconnu, torturé et provocant. Michelangelo Merisi aimait la lumière naturelle. Il aimer sa flamme et s'amuser follement de ses feux.

Toujours au devant de la mort jusqu'à en perdre la vie.

Il était inventif, impulsif, amoureux. Il était étonnant, irritant et déroutant. La vérité des corps, la vérité des âmes, de leurs passions, des leurs extases, de leurs douleurs, de leurs damnations.

Le roman de Domminique Fernandez vos fera découvrir les mille et un mystère de l'oeuvre du Caravage. Garçon avec un panier de fruits , David et Goliath, Méduse, L'Amour victorieux, Saint Matthieu et l'Ange et de tant d'autres.

Chaque œuvre a sa propre histoire, son sens, sa détermination, sa vérité, à la lumière des ses heures.

Brûlant, incandescent. Si il n'a pas inventé le clair obscur, puisque celui ci était connu depuis l'Antiquité, il s'en est rendu Maître et a changé l'histoire européenne de la peinture.

Brisant la tradition, le maniérisme, les demis teintes, les demi tons, chassant incandescence des fausses pudeurs, il a su toujours éviter le bûcher. Mais toujours de si peu...

Marqué à l'épaule au fer rouge d'une fleur de chardon, il n'aura jamais oublié, jamais pardonné.

Il a rusé, s'est échappé, caché, sachant réapparaître pour mieux incendier.

Personnage hors du commun, peintre exceptionnel.

Oui il faut connaître ou imaginer la vie d'un artiste pour connaître son œuvre. Savoir s'interroger.

Marque moi de ton fer

entre l’oeil et la lèvre.

Dépose et force ta lettre d’or

Que l’odeur du vivre me revienne,

Et que rouge dans ma peau il soit écrit

enfin qui je suis.



Astrid Shriqui Garain



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Transsibérien

Ce livre m'a permis de revivre le très beau voyage que j'avais fait avec ma fille en 2006 en Sibérie, depuis Moscou jusqu'à la frontière mongole près de Oulan Oude.

Dominique Fernandez, académicien, a réalisé un périple de 3 semaines à bord du célèbre train Transsibérien, en compagnie de 15 écrivains français, voyage réalisé et organisé dans le cadre de l'année de la Russie en France, en mai 2010.

Dominique Fernandez reconnaît lui-même qu'il avait des idées fausses sur la Sibérie avant de participer à ce voyage: il imaginait un pays misérable, des villages abandonnés..

Il a pu voir que cette représentation ne correspondait pas du tout à la réalité.

Ainsi son étonnement lors de la visite de la ville de Novossibirsk, aujourd'hui 3ème ville de Russie avec un million et demi d'habitants.

On se laisse bercer par ce récit de voyage qui adopte un rythme régulier comparable à celui de ce célébrissime train Transsibérien.

Des anecdotes de voyage, des digressions, des réflexions sur l'art, la peinture, la poésie, l'Histoire...

C'est un véritable voyage culturel qui nous est offert ici par Dominique Fernandez.

Comme lui j'avais été éblouie par l'immensité et l'infini: les régions du monde où l'on peut parcourir 1 000 km d'affilée sans rencontrer aucune trace humaine ne sont pas légion.

J'ai trouvé particulièrement réussie l'évocation des déportés décembristes, (les officiers qui se sont révoltés contre le tsar Nicolas 1er au début du 19ème siècle) lors de la visite de la ville d'Irkoutsk; ville pleine de souvenirs et de références littéraires avec le passage du légendaire Michel Strogoff dans cette ville.

Un merveilleux voyage, à lire et à relire, avant de découvrir ce magnifique pays.

A préciser enfin, comme le fait d'ailleurs Dominique Fernandez, que beaucoup de Russes de la partie occidentale de la Russie ne sont jamais allés en Sibérie.

Un livre que je conseille donc aussi à ma grande amie russe Irina...
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La société du mystère

Le portrait d'Eléonore de Tolède et de son fils Giovanni par Bronzino, que l'on peut voir en ligne en tapant ces premiers mots, est époustouflant de réalisme jusque dans le plus infime détail. Il est caractéristique de ce que la renaissance italienne pouvait produire de figuratif. Style de peinture qui se suffit à lui-même pour prévaloir du talent de son auteur, lorsque celui de notre époque qui se prévaut quant à lui de l'abstrait doit avoir recours à des promoteurs pour investir ses productions improbables en chefs d'oeuvre.



Dominique Fernandez a choisi d'aborder cette période de faste de l'art avec un artiste devenu peintre officiel de la famille Médicis, Agnolo Bronzino. Protégé du dénuement donc par les maîtres de Florence, mais pas seulement, de l'Eglise aussi qui veillait sur les consciences mais surtout sur ses propres prérogatives, protégé encore des jaloux cette fois et de tout ce que la société florentine du 16ème siècle pouvait comporter de soudards impécunieux, inconséquents de priver la postérité d'un de ses virtuoses.



Dominique Fernandez a choisi ai-je dit, mais peut-être cette fresque de la société florentine qu'il nous dresse du temps de Cosme de Médicis s'est-elle imposée à lui à la découverte chez un antiquaire de la ville d'un ouvrage attribué à Bronzino lui-même. Ce dernier y relate sa vie, son apprentissage, ses débuts dans la peinture auprès de son maître Jacopo de Pontormo. Et Dominique Fernandez de nous prévenir en préambule avoir dû édulcorer le langage du 16ème siècle tant il eut pu sembler cru à l'édition de nos jours. Ce qu'il nous en rapporte est d'ailleurs déjà suffisamment évocateur quand on apprend que le maître ne l'était pas que dans le domaine artistique, que son élève, donc Bronzino, lui a emboité le pas dans ce penchant, et perpétué cette « tradition » avec son propre élève Sandro Allori par la suite. A croire que le talent faisait fi des lois de la nature pour se perpétuer.



Il faut dire que cette description des moeurs de l'époque que nous dresse Dominique Fernandez doit rester en accord avec les oeuvres figuratives de ce temps où la représentation des corps dans leur nudité, leur enchevêtrement, leurs poses lascives qui, si elles faisaient éclater le talent de leurs auteurs, ne laissaient pas de place non plus au doute quant à leurs penchants. Encore devaient-ils se réfréner et avoir recours au pouvoir de leur protecteur pour ne pas subir la censure ecclésiale laquelle veillait au grain afin de ne pas exposer aux yeux de tous ce qui ne la choquait nullement dans l'intimité de l'alcôve. La nudité dans les oeuvres avait quant à l'esthétique une prédilection pour le corps masculin, le corps féminin étant cantonné à faire référence à la fécondité, la maternité, voire la rigueur morale quand l'école espagnole pénétrait les familles. Aussi fallait-il parfois jeter un voile pudique sur les attributs du genre, souvent a posteriori. Les oeuvres qui décorent les murs et plafonds des chapelles, basiliques et autres palais foisonnent de ces corps dénudés sur lesquels le voile ne s'accroche que par le miracle de la brosse de l'artiste.



Et pour se dédouaner d'une censure prétextant de pudeur et respect des saintes écritures, une conversation rapportée par Bronzino lui-même avec Don Agostino Lupini, parlant au nom de l'Eglise, tentait de lui faire admettre que le talent a besoin de la contrainte pour produire ses chefs-d'oeuvre, lesquels resteraient dénués d'âme dans la permissivité. Un bel exemple de ces prédispositions suggestives est le portrait de Guidobaldo della Rovere par Bronzino, accessible aussi en ligne, lequel sujet voulait afficher sa puissance et dont l'observateur occasionnel comprendra aisément qu'elle n'était en l'occurrence ni militaire ni politique.



Cet ouvrage de Dominique Fernandez, très accessible au profane, a en outre le grand avantage de pouvoir être éclairé par la vision de toutes les oeuvres mentionnées que l'on trouve facilement sur le net. Il faut rendre aux technologies modernes justice de leurs avantages quand elles sont souvent décriées pour l'usage qui en est fait, méprisant le culturel. Par la retranscription d'un témoignage contemporain des faits rapportés, dont Dominique Fernandez s'est convaincu de l'authenticité, il favorise l'immersion dans une province et une époque bénie des arts, sous la tutelle d'une famille qui a présidé à une large part de l'histoire florentine, et française puisque Catherine puis Marie ont marqué notre histoire de leur sévérité. Superbe ouvrage à la documentation et l'écriture dignes d'un immortel, puisque locataire de la coupole.

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Ramon

Dominique Fernandez cherche à comprendre la conduite de son père, collaborateur durant la guerre.

Comment cet homme doué, qui commença à être de gauche a-t-il pu en arriver là ?

L'auteur nous livre un ouvrage fouillé, une brique de près de 800 pages, que je compare à un dossier de juge d'instruction, qui cherche tant les éléments à charge qu'à décharge.

Document très intéressant sur la situation familiale de Ramon Fernandez, sur les milieux littéraires et politiques de l'époque.

J'avoue avoir eu plusieurs fois la tentation, surtout vers la fin, de sauter des pages tant l'analyse est poussée mais je dois reconnaître que ce livre ne m'a pas laissé indifférent. On sent un véritable essai de comprendre, qui n'est en rien une volonté d'excuser, l'auteur pouvant avoir des mots très durs pour condamner certains agissements de son père.

J'ai beaucoup appris, je ne connaissais pas Ramon Fernandez, mais je ne soupçonnais pas non plus l'attitude de certains grands noms de la littérature française durant ces années troubles.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s’est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos cœurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…



C’est avec une certaine émotion que j’ai lu ses textes, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c’est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d’autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d’émotions fortes et vibrantes. Personne n’a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.



J’ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j’ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l’humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu’il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu’eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n’ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c’est certain!



En plus, d’être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n’en serions pas surement là aujourd’hui, à prôner haut et fort la Liberté d’expression.



Je voulais donc remercier les éditions Le livre de poche pour cette belle initiative.


Lien : https://fairystelphique.word..
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