Don Winslow

Polly Paget était un cliché ambulant et parlant – surtout parlant. Sa tignasse rousse était crêpée, brushée et déployée en un halo flamboyant qui faisait penser à un coucher de soleil sur une raffinerie de pétrole. Elle avait un visage ovale et beau, barré d’une bouche énorme ornée de deux longues incisives qui lui donnaient un vague air de prédateur. Elle avait un nez fin et légèrement aquilin. Neal fut bien forcé d’admettre qu’elle avait un regard hyper sexy. Surmontés de sourcils roux joliment arqués, ses yeux verts en amande étincelaient sous plusieurs couches de mascara, eye-liner et faux-cils. Tout chez elle hurlait pétasse.
De plus, Polly Paget était grande – un bon mètre soixante-quinze. Elle avait la jambe longue, le sein menu et l’épaule large. Elle ressemblait « vochtement » plus au loup qu’à l’agneau.

Certains mecs hésitent à tuer une femme. C’est une attitude sexiste. Si elles ont le droit de jouer, alors elles ont le droit de perdre. C’est le revers de la médaille de l’émancipation ; l’ultime amendement en faveur de l’égalité des sexes.

Parfois, on ne sort de l’eau que pour mieux boire la tasse.
Mais peut-être faut-il risquer de se noyer avant de savoir nager. Et parfois, on se rend compte qu’on est tellement brisé qu’on est incapable de nager.
Mais on le fait tout de même.
Quand on se noie dans le désert, il suffit de se laisser porter.

On ne peut pas élever une vache ou couper un arbre sans avoir eu une autorisation de dix-sept bureaucrates.

Rien de pire que se faire prendre en flagrant délit de mensonge pour un truc qu’on n’était pas obligé de cacher. Réserver les mensonges pour les choses importantes.

Quand j’étais jeune, lors de ma première chasse à l’affût, mon père m’a appris de toujours, toujours, vérifier les cartouches. Si le plomb est trop gros, vous bousillez l’oiseau. Trop fin, vous ne faites que le blesser. Et, bien sûr, avec une cartouche de gros sel… l’oiseau s’envole.

Le corps est rancunier. Il veut ce qu’il veut, et quand il ne peut l’obtenir, il invente mille vengeances : nez qui coule, yeux qui pleurent, douleurs articulaires, crampes musculaires. Il te donne la chair de poule et des nerfs à fleur de peau. Il te fait trembler, tomber, rouler. T’as froid, tu gèles, puis t’as encore plus froid et t’as l’impression que tu vas t’effriter tellement tu trembles. Bientôt, ta respiration n’est plus qu’un sifflement nasal et tu expires en longs soupirs gémissants. Parfois, le sol se met à s’incliner comme le pont d’un navire par gros temps et alors t’as juste envie de t’allonger et de te raccrocher à tes genoux parce qu’ils te font si mal. Et si au moins tu pouvais avoir plus chaud, rien qu’un peu plus chaud…

Les incendies d’origine criminelle répondent en gros à trois grandes catégories de mobiles : la démence, la vengeance, l’argent.La plus importante est la dernière – l’argent.

Il y a deux types d’amour : celui qui passe et celui qui dure. D’un côté, l’amour qui satisfait le corps et le cœur, l’amour qui passe ; de l’autre, l’amour qui nourrit l’âme, l’amour qui dure.

La physique ne ment pas...Pas un avocat de la défense, pas un juge ne peut passer outre aux lois de la nature. Tu lances une balle en l’air, elle retombe. Tu prends une vague par-dessous, elle te roule sur le fond. Un feu qui part brûle vers le haut, sauf s’il a une bonne raison physique de brûler en sens contraire.

Je suis médecin légiste, je ne me prononce pas sur les agissements des vivants.

L’électricité, est une forme d’énergie soumise aux lois de la physique et aux conséquences qui en découlent. C’est la braise qui couve à l’étape initiale, dans l’attente du baiser qui va l’enflammer.

Décrire les flammes n’est pas sorcier – elles sont rouges, jaunes, orange, et parfois bleues ; les définir, en revanche, c’est une autre paire de manches. Après avoir laissé la classe mijoter une minute, Fuller pose une question plutôt gonflée pour un prof : « Vous voudriez me faire croire que jamais un petit voyou parmi vous n’a approché une flamme d’un pet ? »

Ça a beau être cruel, à choisir, cela paraît plus doux que de mourir sur un bûcher.

- [...] Aussi, votre gouvernement aura beau faire officiellement la fine bouche et dédaigner le Vatican, les institutions financières ont de nous une bien meilleure opinion. Je crois que, dans leur jargon, on appelle ça le "Triple A".

Machiavel n'aurait pu être qu'italien, se dit Parada.

L'avocat de Art Keller se penche pour lancer dans le micro :
- Maître, si vous cherchez simplement à partir à la pêche, puis-je vous suggérer de louer un bateau ?


(En raison des nombreuses questions posées au pif à Art Keller)

- Ben vl'à maintenant qu'y z'arrivent plus à le trouver, leur putain d'avion, dit-il à Petites P^ches en grimpant dans le camion.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Y'a des mots que t’aurais pas compris, bordel ?

Doc se tourne vers John, hausse les épaules pour lui signifier :"Tu as vu ? j'aurai essayé" et dit :
- tu as peut-être raison. Peut-être qu'il n'est pas de toi, ce gamin.
- Si, il l'est, répond John.
Qui sort le pistolet et abat Doc d'une balle en plein front.

Il y a donc les soldats et les barbouzes, puis les mecs de l'ambassade - qui peuvent n'appartenir à aucune des deux catégories précédentes. Ils sont diplomates et agents consulaires officiels, et s'occupent des petits problèmes du quotidien: visas, passeports égarés, jeunes rétro-hippies arrêtés pour vagabondage et / ou usage de drogues. Puis viennent les attachés culturels, les secrétaires, les dactylos; puis les attachés militaires, qui ressemblent trait pour trait aux conseillers du même nom, sauf qu'ils sont mieux habillés. Puis les employés de l'ambassade, chargés de fonctions imaginaires transparentes comme de la gaze - des barbouzes, en réalité.

Détail important . Dans le Nébraska, on discerne très vite le milieu social d'un individu selon qu'il est méthodiste, luthérien ou épiscopalien. En gros, les méthodistes travaillent dans les fermes que possèdent les luthériens dont les épiscopaliens détiennent les hypothèques.