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Critiques de Doug Moench (63)
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La Planète des singes, tome 2

Deuxième tome de la planète des singes, et une fois de plus c'est le retour des souvenirs d'enfance.



A l'époque où il n'y avait que le magazine, pour rêver...éditer en 1974, je me souviens les avoir lus en 1977, que de souvenirs il va sans dire que je n'avais pas (encore) vu les films. A l'époque pas de VHS, ni de DVD et je ne parle même pas d'internet... et oui je suis vieux, snif!!!!



Il fallait attendre la diffusion sur l'une des trois chaines de télévisions en noir et blanc (en tous les cas chez moi).



Mais tout le plaisir est dans l'attente....Alors depuis qu'il y a ces éditions intégrales j'ai 10 ans.



Ici nous y trouvons l'adaptation des deux premiers films et une histoire originale. En Noir et Blanc magnifique.

Un rêve pour les fans mais pas que....















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La Planète des Singes, tome 1

Voilà un ouvrage remarquable, qui à travers le thème du racisme nous plonge dans la saga mythique de la «planète des singes»

Avec cet ouvrage j'ai 10 ans lorsque (avant de voir les films à la télévision) je découvrais la bd ou le magazine (un ami babéliote pourra m'éclairer?) la planète des singes parus en 1977 (ça je me souviens de la date!!!)

Je suis devenu un grand fan.

Aussi en voyant la parution de ce «terreur sur la planète des singes» je ne pouvais que succomber...

Des dessins de qualité (en noir et blanc) un scénario avec des rebondissements en veux-tu en voilà, ce tome 1 est un incontournable pour les petits et les grands enfants.



Un grand merci à toi Alfaric...
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La Planète des singes, tome 2

Quand la 20th Century Fox offre en 1968 à Franklin Schaffner l'opportunité d'adapter au cinéma "La Planète des Singes", Pierre Boulle rencontre fortune et gloire au-delà de ses rêves les plus fous et son oeuvre change de dimension pour entrer dans l'éternité : plus qu'une franchise très populaire et très lucrative, "La Planète des singes" devient un mythe universel aux nombreux avatars et à la postérité immense ! (et Hollywood prospecta du côté de la SF française dans l'espoir de trouver d'autres pépites, mais les éditeurs franco-français refusèrent de négocier avec eux parce que la SF c'est de la merde et que cela ne marchera jamais au cinéma... quand on voit que Richard Fleisher a réalisé "Le Voyage Fantastique" avec un bout de "Retour à 0" de Stefan Wul parvenu aux États-Unis on peut légitimement se demander si la SF française n'est passé à côté de son destin à cause des bobos et des intellos bien de chez nous)

"Homme parmi les singes" est le 2e volume d'une collection appelée "Les Archives de la Planète des singes", et reprend les épisodes écrits pour Marvel Comics dans les années 1970 qui arrêta brutalement la série pour des raisons que la raison ignore (peut-être un litige juridique avec la Fox sur le partage des royalties ?). le lecteur en a pour son argent, car si c'est pas donné c'est bien rendu : le livre-objet est autant copieux que somptueux avec 370 pages, 19 épisodes, préface et postface du spécialiste Rich Handley et les magnifiques illustrations de couverture toutes en couleurs de l'excellent Bob Larkin. Bref, des heures de bonheur de perspective pour les spécialistes et les nostalgiques mais pas que ! Mais de quoi cela parle en sachant que je pars du point que tout le monde connaît ou doit connaître l'histoire du roman d'origine ou à défaut celle du premier film... (et si vous avez peur de spoilers passez directement au dernier paragraphe ^^)





Cet album commence par l’adaptation en six épisode du film "La Planète des Singes" (1968), et le journaliste Ulysse Merou est donc remplacé par l’astronaute George Taylor dont l’équipe survit à 75 % à un crash interstellaire (ah ça on spoile pas mal en parlant davantage de temps que d’espace ^^)… Le critique Talyor, le curieux Dogde et le pessimiste Landon explorent leur nouvel environnement, et découvre des humains revenus au stade animal avant de découvrir des singes ayant remplacés les humains au sommet de l’évolution. Pris pour des bêtes sauvages tous sont capturés, et Taylor enrage qu’une blessure à la gorge l’empêche de prouver qu’il est « intelligent », mais en fait c’est ce qui lui sauve la vie ! Taylor a la chance d’être transféré au labo du Docteur Zira partisane de la cause animale (avec la société protectrice des hommes et le comité contre la vivisection), et la scientifique chimpanzée alter ego simiesque de Diane Fossey victime des préjugés racistes et sexistes des siens découvre avec stupéfaction qu’elle est aussi victime de ses propres préjugés spécistes. Le passage est excellent car on inverse les situations avec un Homme Blanc qui doit subir tout ce qu’il a infligé à ceux qu’il jugeait inférieurs, hommes ou animaux : on est dans le choc des civilisations et la satyre du spécisme, du racialisme, du fondamentalisme et du suprématisme sont féroces, et seraient aujourd’hui impossibles aux USA avec le poids des lobbys christianistes et impérialistes ! Alors que la découverte zoologique de Zira vient confirmer les théories archéologiques de son Cornélius, les deux amants et Taylor sont convoqués au tribunal orang-outang de Zaius à la fois ministre de la science et ministre de la foi pour être jugés pour « hérésie ». Le passage judiciaire n’est pas sans rappeler la Controverse de Valladolid IRL : la raison ne peut convaincre la religion, et la tolérance ne convaincre la haine (très intéressante cette case qui reprend les trois singes de la tradition asiatique : celui qui ne veut pas voir, celui qui ne veut pas entendre, et celui qui ne veut pas parler)… Mais la Team Taylor finit par s’échapper pour se rendre dans la Zone Interdite pour faire éclater la vérité. L’intérêt est décuplé par le fait que Zaius n’est pas un politicard suffisant et haineux qui ne défend que son pouvoir et ses privilèges (suivez mon regard), mais être tourmenté qui connaît déjà la plus grande partie de la vérité et qui essaye de défendre son peuple de lui-même, de l’humanité et des erreurs du passé : « Mon Dieu… C’est pas vrai… Ils l’ont fait ! ILS L’ONT FAIT ! Ces maudits FOUS ! »

Le tout est illustré par Herb Trimpe et George Tuska influencés par Jack Kirby et Roy Thomas : c’est parfois naïf mais toujours expressif, bref ds bons dessins des années 1970 !



Cet album continue par l’adaptation en six épisode du film "Le Secret de la Planète des singes" (1970)... Et on ne va se mentir malgré quelques bonnes idées et une fin choc, c’est beaucoup moins bien ! Alors qu’est-ce qui ne va pas ?

- le comic suit fidèlement le film, jusque dans ses aspects les plus ratés car il n’y avait nul besoin ici de remplacer George Taylor par John C. Brent (le papier ne devant pas pâtir des impératifs de production cinématographiques IRL)… Le deuxième recherche le premier, mais comment peut-il savoir que ce dernier est le seul survivant de son expédition ? Nous sommes dans la grosse incohérence des familles, mais en plus on squeeze le choc des civilisations car le nouveau venu ne s’étonne guère de la culture simiesque et les représentants de la culture simiesque s’étonnent beaucoup moins de Brent que de Taylor...

- OK on a remplacé l’action man aux cheveux bruns par un action man aux cheveux blonds, mais en ne mettant en scène Taylor qu’au début et à la fin du récit on jette à la poubelle toute l’évolution psychologique de Taylor qui était très intéressante… Désespéré de l’humanité, il espérait trouver quelque chose de mieux qu’elle parmi les étoiles mais il trouvait quelque chose de pire qu’elle car née et inspirée par elle… Et il trouvait l’espoir avant qu’on ne lui retire :

- auparavant Zaius était celui qui ne voulait surtout pas qu’on déterre les secrets du passé, parce qu’il ne sait que trop bien où ceux-ci on mené, ici Zaius chevauche en tête et est celui qui déterre les secrets du passé pour arriver à la nouvel apocalypse tant redoutée

- on entre dans un schéma récurrent au sein de la sage avec un chef militaire gorille qui veut destituer le chef politique orang-outang… alors je sais bien qu’on veut dénoncer le fascisme des années 1930 militariste et nationaliste et le néo-fascisme des années 1970 militariste et nationaliste mais c’est complètement incohérent : les humains étaient considérés comme des animaux au pire nuisible aux récoltes, mais ici ils sont considérés comme l’Ennemi qu’il faut abattre pour assurer la Destinée Manifeste du peuple simiesque (à la fois immigrés qu’il faut chasser et étrangers dont il faut s’emparer des terres pour augmenter son espace vital, et bien évidemment les pacifistes qui ne sont pas d’accord avec cela sont une 5e colonne qu’il faut éliminer)

- le concept des mutants psioniques, monstrueux survivants du cataclysme, qui en parallèle des singes fondamentalistes ont développé ont une civilisation intégriste adorant comme divinités les bombes qui ont fait d’eux ce qu’ils sont devenues est très cool, et on va encore plus loin dans l’opposition Élohims / Morlocks de "La Machine à voyager dans le temps"… mais je n’ai pas compris comment le bastion centenaire pour ne pas dire millénaire des surhommes s’effondre comme un château de cartes avec autant de suicidaires en puissance !

Le pire, c’est que tout cela est illustré par les dessins magnifiques d’Alfredo Alcala artiste de la réduite mais prestigieuse école philippine, et au sein des années 1970 en plein revival dixneuvièmiste il nous fait du Arthur Rackham mais en mieux avec des graphismes fins et clairs, précis et détaillés ! (il faut absolument que je lise ses épisodes de Conan le Barbare ^^)



Cet album se termine par 3 épisodes d’une série inédite intitulée "Le Royaume de l’Île des Singes" et on utilise le décor de la saga pour développer des récits très Sword & Planet à la "Flash Gordon" : décidément Doug Moench est un gros geek et il s’amuse comme un petit fou quand on le laisse jouer avec la SFFF et la culture populaire… On passe à la narration à la première personne avec la bonne volonté, le deuxième degré mais aussi la naïveté de Derek Zane, un Géo Trouvetou geek qui pour entrer à la NASA invente une machine à voyager dans le temps pour retrouve les 4 astronautes du film. On est carrément dans le pastiche de "La Machine à voyager dans le temps", et l’auteur comme le narrateur l’assume parfaitement ! ^^

Alors avec un Roi Arthur orang-outang, un Gauvain gorille et un Robin des Bois chimpanzé on pioche chez H.G. Wells, Mark Twain, Walter Scott, JRR Tolkien et grosso modo on voulait aller vers la Quête du Héros aux mille et un visages avec un jeune homme qui réalise ses rêves d’adolescent mais qui doit devenir adulte pour affronter les responsabilités de la réalité : on commence comme dans "Un Yankee à la cour du Roi Arthur" et on voulait aller vers "John Carter", mais Marvel a tout laissé tomber au milieu du gué… C’est bien dommage, d’autant plus que des dessins de Rico Rival qui collent bien au ton du récit sont de bons graphismes des années 1970 !





Indispensable pour les fans : j'attends le tome 3 avec autant de curiosité pour les épisodes inédits que d'impatience pour les épisodes classiques !
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La Planète des Singes, tome 1

Quand la 20th Century Fox offre en 1968 à Franklin Schaffner l'opportunité d'adapter au cinéma "La Planète des Singes", Pierre Boulle rencontre fortune et gloire au-delà de ses rêves les plus fous et son oeuvre change de dimension pour entrer dans l'éternité : plus qu'une franchise très populaire et très lucrative, "La Planète des singes" devient un mythe universel aux nombreux avatars et à la postérité immense ! (et Hollywood prospecta du côté de la SF française dans l'espoir de trouver d'autres pépites, mais les éditeurs franco-français refusèrent de négocier avec eux parce que la SF c'est de la merde et que cela ne marchera jamais au cinéma... quand on voit que Richard Fleisher a réalisé "Le Voyage Fantastique" avec un bout de "Retour à 0" de Stefan Wul parvenu aux États-Unis on peut légitimement se demander si la SF française n'est passé à côté de son destin à cause des bobos et des intellos bien de chez nous)

"Terreur sur la Planète des singes" est le 1er volume d'une collection appelée "Les Archives de la Planète des singes", et reprend les épisodes écrits pour Marvel Comics dans les années 1970 qui arrêta brutalement la série pour des raisons que la raison ignore (peut-être un litige juridique avec la Fox sur le partage des royalties ?). le lecteur en a pour son argent, car si c'est pas donné c'est bien rendu : le livre-objet est autant copieux que somptueux avec 370 pages, 19 épisodes, préface et postface du spécialiste Rich Handley et les magnifiques illustrations de couverture toutes en couleurs de l'excellent Bob Larkin. Bref, des heures de bonheur de perspective pour les spécialistes et les nostalgiques mais pas que ! Mais de quoi cela parle en sachant que je pars du point que tout le monde connaît ou doit connaître l'histoire du roman d'origine ou à défaut celle du premier film... (et si vous avez peur de spoilers passez directement au dernier paragraphe ^^)





Dans la Cité cohabitent singes et humains sous la direction du Donneur de Lois orang-outang respecté pour ses idéaux pacifiques et progressistes (en bref, un Martin Luther King post-apo). Sauf que Brutus le Ministre le Paix gorille attise la haine dans son dos en propageant des idées radicalement racistes. Dès que le Donneur de Lois passe la main au timorée Frère Xavier pour réaliser une mystérieuse quête, les terroristes cagoulés de Brutus passent à l'action : les parents de Jason sont tués, et dans une parodie de justice Jason est accusée du meurtre de la femme de Brutus qu'il a lui-même tué pour éviter d'être dénoncé aux autorités... Jason en cavale n'a d'autre choix que de retrouver le Donneur de Lois et de le ramener à la Cité avec Alex son ami d'enfance chimpanzé avant que Brutus ne réalise son coup d'État et le pogrom qui va avec...

La narration et les dialogues sont un peut naïfs au début mais à l'époque où les néo-nazis font la chasse aux gens de couleurs et aux hippies un peu partout en Amérique, on s'aperçoit rapidement que le fil conducteur du récit c'est la haine que répand le suprématiste Brutus et son Ku Klux Klan à peine déguisé : c'est assez rare de voire aborder le thème abordé de manière si frontale et si peu manichéenne dans les univers comics, d'autant plus qu'à l'époque le sujet était d'une brûlante actualité (car ici les idées haineuses finissent finissent par abolir la frontière entre bourreaux et victimes). Mais nous sommes d'abord et avant tout dans un pulp post-apo et on emprunte tous les ingrédients du Sword & Planet de "John Carter", "Buck Rogers" et "Flash Gordon" (les connaisseurs se souviendront du "Guerrier de Mars" de Michael Moorcock, et force est de constater que certaines situations et péripéties sont similaires ^^) : c'est l'histoire d'un aller et d'une retour puisque que les deux amis pénètrent dans la Zone Interdite pour découvrir que Brutus est de mèche avec les Héritiers et leurs hordes de cyborgs-mutants (des homines crevarices ayant obtenu l'immortalité en échange de leur humanité, et qui trompe leur ennui dans des games of thrones sadiques, et qui ont d'étranges sauts de niveau de langage dans leurs dialogues : tiens, on dirait Black Ghost dans le "Cyborg 009" de Shôtarô Ishinomori), sauf qu'ils comptent diviser pour régner en utilisant les singes pour tuer les humains avant de tuer les singes à leur tour... Jason et Alex parviennent à s'échapper en compagnie du Donneur de Loi et de l'esclave muet dénommé Carpette, et ils sont recueillis par l'équipage du Simian qui les amène à la Cité bien que toujours poursuivis par les gorilles cagoulés de Brutus équipés des armes des Héritiers. C'est une phase presque vancienne dans le récit avec Julius Gunpowder le Davy Crockett simiesque, son ami Dan d'Acier aux poings d'acoer, le voyageur Sarabande, l'acrobate Trippo ou la gitane Malaguena... Après plusieurs morts tragiques, le Donneur de Lois revient à a Cité pour faire face à Brutus alors que les deux communautés sont prêtes à s'entre-tuer : c'est là qu'on invoque les mânes de William Shakespeare et d'Alfred Hitchcock ^^



Dans une deuxième partie, aveuglé par la haine Jason tourne le dos à ses amis et à la Cité pour accomplir sa vengeance sur Brutus qui a été banni et non exécuté, et ce dernier compte bien revenir assouvir ses fantasmes génocidaires à l'aide d'armes de destruction massive. C'est encore l'histoire d'un aller et d'une retour puisque l'humain et le singe se poursuivent l'un l'autre à travers un monde dévasté...

Cela aurait pu très sombre avec un Jason qui victime de la peur et l'ignore devient Colère, bascule du Côté Obscur et multiplie les prises de postions racistes et sexistes... Mais c'est contre-balancé par le Luminurgiste, un personnage génial à mi-chemin entre Gandalf le Gris et Grateful Dead, qui durant les scènes d'action ressemble à Chuck Norris dans "Delta Force" ! On voyage à travers les États-Unis avec le Luminurgiste, Gilbert le gibbon muet qui est à la fois son assistant, son apprenti et son ami, Jason le tourmenté, ainsi qu'Alex et Malaguena qui finir par les rejoindre après moult péripéties : j'ai adoré les épisodes 13 et 14 dans lesquels le Gandlaf post-apo explique à ses nouveaux compagnons le monde d'avant le cataclysme alors qu'il ne faut pas toujours mouche dans ses interprétations (ah le fer à repasser et la télévision ^^)... le hasard fait que la quête du Luminurgiste qui souhaite retrouver le psychédrome et la quête de Brutus qui souhaite retrouver un ancien arsenal nucléaire se croisent au même endroit quelque part dans les Montagnes Rocheuses... et là ça part un peu dans tous les sens sur le fond comme sur la forme !

Il y a comme ultérieurement chez l'américain Stephen King et l'anglais Mark Lawrence un détournement du "Magicien d'Oz" de Frank Baum (un livre jeunesse anticapitaliste censuré par deux fois par establishment américain : on ne se refait pas et les chiens ne font pas des chats) avec le Kansas, la route de briques jaunes, le palais d'émeraude, des singes ailés et des sorciers. Il y a le chemin de croix du Luminurgiste qui en pensant découvrir l'ultime temple de la connaissance découvrir dans sa chaire et dans son âme que science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Il y a les délires suprématistes délirants de Brutus : plus il se rapproche du pouvoir ultime, plus il réduit ses critères de pureté génétique, et décidant qu'il est au-dessus de tout le monde se met à tuer tout le monde. Et il y a Jason qui après un trip chamanique dans un village pueblo arrosé de peyotl se met à redouter de devenir l'équivalent humain de Brutus... Car le psychédrome est en fait une Arche de Noé alien : leurs origines, leurs motivations, et leur rôle dans l'histoire humaine et le grand cataclysme ne sont pas assez explicitées, mais après moult péripétie impliquant les massacres de Brutus et la trahison des Héritiers la Team Jason s'enfuit avec l'un d'entre eux dénommé Globy (et il ressemble à... Ningauble aux Sept-Yeux, le mentor magicien complètement barré du "Cycle des Épées" ! ^^)

Les derniers épisodes sont plus posés sans forcément gagner en qualité :

Dans "Le Grand Nord" (épisode 26), on s'amuse avec des singes vikings ayant un cocotier comme emblème (soupirs) le temps de régler le cas du Luminurgiste qui passe tragiquement de Gandalf le Gris à Gandalf le Blanc, et l'ultra-civilisé Globy qui devient son propre oracle parmi les barbares alors que depuis des décennies voire de siècles il reconditionne de pauvres bougres pour jouer les oracles...

Dans "Les Singes de Fer" et "La Révolte des Gorilloïdes" (épisodes 27 & 28), Brutus change de stratégie et rallie à sa cause les soldats cyborgs des Créateurs (mutants agoraphobes de la Zone Interdite qui veulent asservir et/ou détruire le reste du monde) avant de les équiper des machines et des armes de guerre volées aux Héritiers (cerveaux hypertrophiés de la Zone Interdite qui veulent asservir et/ou détruire le reste du monde). On suit en parallèle la quête du petit Thaddeus parti à la recherche d'un remède pour sauver le Donneur de Lois gravement malade, le siège de la Cité défendue par la Moravius le nouveau Ministre de la Paix et la Team Jason, ainsi que les renforts amenés par le Simian de Julius Gunpowder et Dan d'Acier... (l'aventure aurait du continuer, la Team Jason étant confronté au racisme des humains après voir combattu le racisme des singes mais je vous laisse découvrir tout cela dans la postface)





J'ai toujours été sous le charme des comics vintage de King Features Syndicate, qui affichaient d'autres ambitions que de faire ad vitam eternam des gags cartoonesques. Ils furent balayés par le maccarthysme, les croisade anti-comics du docteur Fredric Wertham, et cette saloperie de censure appelée Comics Authority Code... Et il fallut attendre la révolution culturelle pour voir réapparaître des comics racontant autre chose que des récits édulcorés de super-slips, sauf qu'entre-temps la violence s'est invitée dans la culture populaire et que la rupture est donc assez brutale pour les lecteurs. Marvel Comics a ainsi lancé dans les années 1970 des titres pour un lectorat plus mature avec des séries consacrées à Bruce Lee, Dracula, Conan et "La Planète des Singes" : après avoir posé les bases Gerry Conway confie les scénarios à Doug Moench un routard du milieu qui connaîtra son heure de gloire lors de son passage sur la franchise Batman dans les années 1990, et les dessins ont été assurées par Mike Ploog, Tom Sutton et Herb Trimpe... J'aurais dû mettre 5 étoiles pour le good trip mais il y a plein de petits trucs qui ont fait perdre des points :

- au niveau graphique c'est cool d'oublier les règles castratrices du cahier des charges propre à l'industrie des comics, mais au-delà de la succession des artistes (3 dessinateurs et 6 encreurs) en moins de 3 ans la série évolue graphiquement beaucoup trop graphiquement... On passe de graphismes très fins presque en niveaux de gris, avant de développer un noir et blanc pur et dur très chargé, puis de retourner vers quelque chose de plus simple et de plus efficace. Les dessins de Mike Ploog sont excellents mais j'ai eu l'impression qu'il ne savait pas trop s'il fallait suivre la voie de Barry Windor Smith, celle John Buscema ou celle de Jack Kirby : résultat des courses Jason change d'apparence tout au long de la série (cheveux, visage, âge)... Avec Tom Sutton les dessins sont très chargés et très sombres pour rester poli, et s'il est très bon pour les décors et les monstres le charadesign lui peut faire mal aux yeux car à part Brutus les personnages sont méconnaissables à commencer par Jason avec ses cheveux blonds et bouclés et son visage tout en angles ou Malaguena qui ressemble à une Betty Boop à long cheveux (attention aux fautes de raccord aussi : Gilbert qui se transforme en nain acrobate brandissant une clé à molette plus grande, ou le train souterrain qui change de forme entre 2 planches !)… Herb Trimpe propose des graphismes assez intéressants plus clairs et plus légers, mais il n'est pas aidé par Jason transformé en action man WASP et des gorilloïdes tout droit soit d'une Série Z ^^

- au niveau scénaristique Doug Moench est aux manettes de tous le épisodes et il a de bonnes idées.. pas toujours bien exploitées ! Comme je l'ai dit au début c'est assez naïf, mais ce trait disparaît progressivement voire rapidement. Et comme beaucoup d'auteurs il hésite sur le monde de narration puisque les informations sont données alternativement au conjointement par des dialogues ou un narrateur omniscient : du coup il y a pas mal de phylactères à lire, et je suis persuadé qu'il y avait moyen d'épurer un peu tout cela (et on aurait pu se passe de quelque gags cartoonesques dignes de Popeye qui déboulent de nulle entre deux de massacres : c'est n'importe Alex qui joue à cache-cache avec un singe viking à casque à cornes qui coupe un tronc d'arbre d'une seul coup d'épée. Sur la caractérisation c'est bien vu d'avoir fait de Jason un antihéros plutôt qu'un héros, il est plus lunaire que solaire et on évite quasiment le tarzanide tout en muscle ou l'action man WASP du coup son pessimisme est contre-balancé par l'optimisme d'Alex et du Luminurgiste, qui vont connaître à leur tour leur propres tourments et s'appuyer sur Jason. Il y a un petit souci avec Malaguena qui au départ love interest et demoiselle en détresse se transforme en cruche cartoonesque totalement inutile avant de rétropédaler et de se muer en strong independant woman à la Red Sonja. Les autres personnages sont intéressants cools mais insuffisant exploités alors qu'il y avait matière à réaliser une véritable comédie humaine / tragédie inhumaine : il y a beaucoup trop d'individus et/ou de communautés qui font un petit tour et puis s'en vont (mention spéciale au village du chamane dont les habitant se font ensevelir dans la plus parfaite indifférence de tout le monde, y compris les auteurs). Vu qu'il est seul au manette j'aurai espéré un worldbuilding maîtrisé, mais ce n'est pas le cas : on rajoute sans cesse de nouvelles espèces de mutants ou d'hybrides dont les territoires ne sont séparés que quelques lieues (alors que cela aurait été génial de voir singes et humains victimes de leurs guerres pour les ressources et le pouvoir), les aliens finalement n'auront servi à rien (alors que cela aurait été génial de voir singes et humains devoir faire face à des factions aliens aux points du vue et aux objectifs différents voire divergents), et puis tant qu'à faire ajoutons au Gandalf post-apo un Saroumane et un Sauron post-apo (ce n'est pas comme si les candidats aux postes manquaient hein ^^)... Sinon, si j'ai bien compris la Cité c'est l'Arizona et la Zone Interdite c'est la Californie : OK. Jason s'enfuit et après avoir rencontré le Luminurgiste on traverse le Kansas pour aller au Dakota du Sud : OK. On va ensuite chez les pueblos, ça commence à faire des beaucoup de bornes en peu de temps alors que presque tout le monde est à pied, mais quand on précise qu'on a parcouru 13 kilomètres et qu'on passe du désert de sable au froid polaire je dis STOP ! Ah les connaissances géographiques appoximative des yankees et leur fameuse gestion des distances élastiques selon qu'on soit un héros ou un vilain : peut-être que je cherche la petite bête, car d'après la postface l'auteur avait plein de projets pour étendre et approfondir l'univers ^^



Indispensable pour les fans : j'attends le tome 2 avec autant de curiosité que d'impatience !
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Essential Iron Fist

A l’approche de la sortie de la série TV consacrée à Iron Fist, j’ai eu envie de me replonger dans son histoire et ses péripéties. Quoi de mieux pour cela que l’Essential qui regroupe toutes ses aventures originelles, depuis sa naissance jusqu’à son association à Luke Cage en temps qu’héros à louer. Remontons donc aux années 1974 à 1978.



Véritable artiste des arts martiaux, possesseur du Poing de Fer arraché au dragon Shou-Lao, Danny Rand a appris son art dans la cité légendaire de K’un-Lun, située sur un plan parallèle et donc l’accès n’est possible depuis la terre qu’une fois tous les dix ans depuis les hauts sommets de l’Himalaya. La vengeance l’obsède ; il lui faut abattre celui qui a tué ses parents.



Au début le personnage est à part dans le monde Marvel. Tout tourne autour de cette vengeance qu’il mènera à bien. Cela aurait pu s’arrêter là mais, le succès en kiosque aidant, Marvel décide de l’intégrer petit à petit dans sa galaxie.

C’est le fameux tandem des années 1970 Chris Claremont / John Byrne qui s’en charge, avec brio comme toujours. Iron Fist se découvre une âme de super-héros, affronte des vilains connus comme les Démolisseurs, rencontre d’autres héros comme Iron Man et Captain America. Claremont et Byrne l’intègrent plus spécifiquement dans la petite famille dont ils ont la charge. C’est ainsi que l’amie de Danny, Misty Knight, se trouvera être la colocataire d’une certaine Jean Grey des X-Men et qu’un certain Peter Parker alias Spider-Man sera amené à l’aider lors du combat de sa vie – une autre histoire de vengeance dont il est, cette fois, la victime.



Mais le comics Iron Fist ne semble pas trouver son public et s’arrête. L’idée émerge alors dans l’esprit de notre tandem de créateurs, d’associer le héros à ce personnage emblématique du Harlem noir des années 1970 : Luke Cage alias PowerMan. Les deux hommes vont désormais jouer les « héros à louer », sorte de super détectives qui intervient moyennant finances.



J’ai éprouvé un certain plaisir à relire ces aventures. Cependant, il faut bien avouer que les arts martiaux, comme la danse, sont bien moins spectaculaires en BD qu’au cinéma. Ils ont besoin de mouvement, de chorégraphie, choses que ne peut apporter le dessin figé. C’est probablement l’une des raisons de l’arrêt de la série, cela et un manque de charisme du personnage de Danny Rand, une fois celui-ci libéré de sa haine vengeresse.

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Batman - Knightfall, Tome 1 : La chute

Premier tome d’une assez longue saga paru dans les années 90 et qui fut l’une des plus marquante pour notre chevalier noir préféré. Ici on découvre Bane, qui mets au point un plan très machiavélique en libérant la totalité des patients d’Arkham. Autant dire que Batman aura fort à faire pour coffrer Le Joker, Poison Ivy, Le sphinx etc…



Ce qui marque surtout dans ce premier tome c’est de voir à quel point Batman dépérit peu à peu tout au long du tome, pour finir par être totalement brisé par Bane. C’est palpitant, superbement bien narré et dessiné et l’on ne s’ennuie pas une seule seconde. Lorsque le premier tome se termine, on se demande vraiment comment Batman va redresser la situation et comment il va tenir la distance sachant qu’il reste 4 tomes aussi imposants que celui-ci.
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Thor Epic Collection : A Kingdom Lost

Après avoir épuisé tous les « Essential Thor » qui m’avaient agréablement ramené aux premières années de ce personnage mythologique sauce Marvel, j’attaque les « Epic Collection » qui proposent des séries d’épisodes successifs sélectionnées n’importe quand entre les années 1960 et aujourd’hui.

Ce volume regroupe des épisodes et annuals parus en 1981 et 1982. Je suis donc en terre totalement inconnue.



Inconnue ? Pas tout à fait. Cette période de Thor partage avec de nombreux autres comics l’intérêt marqué du milieu pour les problèmes sociaux qui malmènent l’Amérique. Si c’était assez facile à faire pour les héros urbains en contact avec le public, c’est beaucoup plus surprenant dans une série mythologico-cosmique telle que Thor.

Les auteurs – Mark Gruenwald, Ralph Macchio et Doug Moench au scénario et surtout Keith Pollard au dessin – s’appuient sur la personnalité humaine du dieu du Tonnerre : le docteur chirurgien Don Blake, qui est énormément développée. Atterrissant dans un petit hôpital de quartier, il est confronté aux drogués, aux malheureux expulsés par un propriétaire malhonnête ou aux relations conflictuelles entre la population des « bas quartiers » avec la police. A chaque fois Thor vient mettre de l’ordre – un éléphant dans un magasin de porcelaine – et parfois échoue ; il semble parfois plus facile de neutraliser un délinquant cosmique que de sauver une SDF de New York.



Mais les auteurs n’en oublient pas pour autant l’univers de la légendaire Asgard. Dans les cinq ans pendant lesquels j’ai laissé ce comics, il s’en est passé des choses : Odin a perdu un œil, sacrifié paraît-il pour sauver l’univers de Ragnarok, et Marvel a enfin décidé d’enrichir le panthéon : l’épouse d’Odin, Frigg, et celle de Loki, Sigyn, font leur apparition, de même que le dieu de la guerre germanique Tyr. On retrouve trolls, norns et autres serpents avec plaisir.



Cependant j’ai été plus que moyennement intéressé par le virage social pris par la série. J’ai vraiment l’impression qu’à cette époque tous les comics sans exception se devaient de s’intéresser aux problèmes sérieux, quitte à faire passer le divertissement au second plan. Cela correspondait-il à une demande du lectorat ? Je ne sais…

Une lecture en demi-teinte donc.

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Moon Knight, vengeur de l'ombre

moon Knight le vengeur de l, ombre traque les criminels pour racheter ses erreurs.sous trois identités différentes.

en temps que marc spector ex mercenaire il est laissé pour mort par

bushman, mais il va revenir a la vie avec

l, aide de khonshu le dieu égyptien de la lune. et en temps que jake lockley chauffeur de taxi 🚕, ou Steve grant millionnaire. il est aidé par Marlène, et de

frenchie un ex légionnaire, pilote d, hélicoptère et tireur d, élite.comme barman, moon Knight n'a pas de super pouvoir, mais même si c'est plutôt un solitaire, il va faire parfois équipe avec Spiderman ou le punisheur . même si il tue pas c'est quand même une bd plutôt violente. une bd plutôt pour adultes.
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Six From Sirius

Libérer l'ambassadrice, éviter l'escalade jusqu'à la guerre

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Ce tome contient la première saison d'une histoire indépendante de toute, saison qui se suffit à elle-même. Les auteurs en ont réalisé une deuxième en 1985. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1984, écrits par Doug Moench, dessinés, encrés et mis en couleurs par Paul Gulacy, avec un lettrage de Gaspar Saladino. Il comprend une page d'introduction rédigée par le scénariste pour la présente édition, présentant le contexte de sa carrière de l'époque : le passage de l'éditeur Marvel à l'éditeur DC, ainsi que sa relation professionnelle avec l'artiste.



Dans un lointain futur où les voyages spatiaux sont monnaie courante, Phaedra, une jeune femme, est assise en tailleur, en train de méditer. D'un seul coup, elle rouvre les yeux car elle vient d'avoir la vision de six personnes. À bord de leur vaisseau spatial, les six de Sirius s'apprêtent à prendre connaissance des paramètres de la phase Un de leur mission : Jakosa Lone, LeMasque, Grod, Starn, Zematin-Lar, Skreed, chacun étant expert dans un domaine différent. Ils sont des agents du gouvernement interplanétaire de Sirius. L'objectif est de libérer l'ambassadrice Phaedra, originaire de la planète Balsamo, et ambassadrice sur la lune Heavenstone qui orbite autour de la planète Axellon. Elle est détenue à l'intérieur de la station prison Roundwall, dans une zone déserte en plein espace. Il y a un plan pour accéder à cette prison réputée inviolable. Elle dispose de trois niveaux de défense : des capteurs sophistiqués détectent tout objet approchant de la station, la coque de la station est bardée de capteurs piégés assurant une détection instantanée de tout individu essayant de pénétrer à l'intérieur, et enfin des robots Fax-Men patrouillent les couloirs de la station. Les membres de l'équipe proposent des moyens pour franchir la coque et se déplacer à l'intérieur de la station en se repérant pour atteindre leur objectif. Ils estiment pouvoir faire face aux gardes robots. En revanche, ils ne voient pas comment s'approcher de la station prison sans être détectés. Lone leur indique qu'ils vont mettre en œuvre le principe de mouvement invisible.



Peu de temps après, les Fax-Men sont sur le qui-vive car les capteurs ont détecté la présence d'énormément d'objets en approche de la station prison. En regardant par les baies vitrées, ils constatent qu'il 'agit d'une nuée d'astéroïdes qui passent à proximité. Ils sont de taille trop petite pour constituer une réelle menace, et si la trajectoire de certains les amène en collision avec la station, les canons automatiques se chargeront de les pulvériser. Le commando se sert de cette nuée comme de couverture pour s'approcher de la coque de la station, cachés dans un astéroïde évidé. Starn et Jakosa Lone sortent de leur cachette et s'arriment à a coque. Le premier utilise sa torche laser pour découper une ouverture et prendre la main sur le système d'ouverture d'un sas.



En 1982, l'éditeur Marvel Comics décide de créer une branche adulte qu'il appelle Epic Comics, et commence par publier un magazine Anthologique Epic Illustrated, cherchant visiblement à imiter le magazine Heavy Metal, pendant américain de Métal Hurlant. En fin d'année 1982, ils lancent le premier projet de série : Dreadstar de Jim Starlin. Puis la branche Epic Comics publient des histoires adultes diverses et variées, avec des chefs d'œuvre comme Moonshadow de JM DeMatteis & Jon J. Muth. Parmi les premières productions de Epic, arrive donc cette minisérie de science-fiction avec une fibre opéra de l'espace. Les deux auteurs sont des piliers des comics Marvel, ayant déjà travaillé ensemble sur la série Master of Kung Fu. Toutefois, le lecteur remarque dès la première page qu'ils ont adapté leurs caractéristiques narratives pour s'adresser à un public plus âgé, en profitant de la liberté qui leur est allouée. Cette première page comprend 5 cases de la largeur de la page, et s'ouvre comme l'apparition du titre dans un film, avec la mystérieuse femme qui ouvre les yeux. Cette influence était déjà présente dans les épisodes de Master of Kung Fu, et elle donne lieu à de magnifiques cases en format large et quelques superbes séquences cinématiques. L'artiste est dans une optique descriptive, amenant à présenter les personnes et les lieux de manière claire et détaillée au lecteur, avec des cadrages focalisant son attention sur le principal. Ce mode narratif peut parfois sembler un peu trop factuel, avec une forme de rigidité. D'un autre côté, le dessinateur ne triche pas. Par exemple, il représente le décor dans toutes les cases ce qui donne une consistance remarquable à chaque lieu, et une réalité tangible à ces environnements de science-fiction.



Le lecteur éprouve effectivement la sensation de regarder un film. L'artiste a investi du temps pour concevoir des tenues spatiales et des tenues civiles particulières, parfois un peu kitsch, mais jamais simplistes ou génériques. Certes une partie des vêtements sont très près de la peau, mais sans donner l'impression d'être un costume de superhéros, plutôt des tenues d'agents de terrain. La technologie de science-fiction représentée ne fait pas sens sur le plan scientifique, mais plus sur le plan de l'imagination et sur le plan esthétique. En fonction de sa culture cinématographique, le lecteur peut déceler une ou deux influences. En outre, Gulacy aime bien les éléments structurants géométriques, ce qui donne une saveur particulière à certains décors, tout en étant logique si l'on considère que tout cela a été conçu par des ingénieurs. Le lecteur accompagne donc bien volontiers les six de Sirius dans leur vaisseau, dans la station prison, dans un autre vaisseau spatial, en regardant à droite et à gauche pour profiter du spectacle. Il se rend compte que le cinéma a également fortement influencé l'artiste pour les ambiances lumineuses, chose pas si courante que ça à l'époque de la parution de ces épisodes, à nouveau logique en considérant qu'il s'agit d'éclairages artificiels. Le contraste est bien sûr total quand les événements amènent l'équipe dans une forêt luxuriante, ou dans une grotte profonde, ou même dans une ville à ciel ouvert, là encore avec une mise en couleurs soutenue et riche.



Le scénariste a conscience de raconter un récit dans un média visuel, et il prend soin de varier les environnements, et de maintenir ses personnages en mouvement la plupart du temps. Lors des séquences d'exposition ou de dialogue un peu plus longues, le lecteur peut remarquer que le dessinateur aime bien les gros plans sur les visages, exprimant un degré de sérieux peu commun. À plusieurs reprises, le lecteur sent qu'il prend le temps de se repaître d'un dessin plus spectaculaire, ou d'une situation particulièrement bien rendue : le passage de la nuée d'astéroïdes, le groupe de patrouille de Fax-Men dans un couloir trapézoïdal à l'éclaire jaune, Phaedra très détendue assise sur une peau de bête, le dos appuyé contre la paroi de sa cellule donnant l'impression d'être sous l'effet d'une substance psychotrope, le survol de la planète Axellon composée d'îles entièrement recouvertes par des villes, la multitude de chauve-souris lézards dans la caverne, le crash de la navette spatial dans la jungle, l'étonnante plateforme métallique gigantesque sur laquelle se tiennent les échanges diplomatiques, etc. Tout cela est servi par le réalisme des dessins qui rend tous ces éléments concrets et tangibles.



Doug Moench a conçu un récit de mission impossible, réalisée par un commando d'experts. Elle se déroule en plusieurs temps : délivrer l'ambassadrice, se rendre au sommet diplomatique pour empêcher le massacre, et éviter le déclenchement d'une guerre, car tout le monde ne joue pas franc jeu. L'exfiltration de Phaedra constitue un morceau de bravoure et bien sûr ne se déroule pas comme prévu. Le récit repose sur les éléments de science-fiction et ne serait pas le même dans une autre époque. Le scénariste augmente progressivement la profondeur de champ de l'intrigue, à la fois sur le plan géopolitique, sur l'histoire des relations entre les trois mondes, et dans les relations entre deux personnages. Il délivre de nombreuses informations au cours des dialogues et de quelques exposés de Jakosa Lone, d'autres du Collateur Jaquandor, et d'un ou deux autres. D'un côté, ces passages ralentissent la lecture de manière significative ; de l'autre côté, cela donne une histoire dense et copieuse. Les auteurs n'évitent pas quelques clichés visuels et narratifs, tout en racontant une mission complexe, avec des paramètres adultes, et des agents qui refusent d'être de simples pions.



Bien sûr, cette histoire porte la marque de l'époque à laquelle elle a été produite. Sous réserve de ne pas y être allergique, le lecteur plonge dans une histoire de science-fiction bien troussée, avec une mission impossible à la mécanique bien huilée, et des grains de sable mémorables. La narration visuelle se situe dans un registre réaliste qui donne une impression cinématographique très immersive. Le tout laisse rêveur quant au potentiel des comics de l'époque, encore engoncé dans le carcan de l'hégémonie des comics de superhéros.
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Deathlok - Intégrale, tome 1 : 1974-1983

Ce tome contient les épisodes 25 à 28 et 30 à 36 d'Astonishing Tales (1974 à 1976), Marvel team-up 46 (1976), Marvel Spotlight 33 (1977), Marvel two-in-one 27 (1977) et 54 (1979), et Captain America 286 à 288 (1983/1984). La parution de ces épisodes débute en 1974, et s'achève en 1984. Cette série commence dans un futur post-apocalyptique et est au départ le fruit de l'imagination de Rich Buckler (scénario et dessins) aidé par Doug Moench pour les dialogues. À partir d'Astonishing Tales 32, Bill Mantlo remplace Moench aux dialogues et aide à fluidifier la narration. Pour les illustrations, Buckler se fait aider par Keith Pollard et Klaus Janson. À partir de Marvel Team-up, Buckler abandonne Deathlok, et le personnage passe par les mains de Bill Mantlo (sans Buckler), David Anthony Kraft et Marv Wolfman, avant que JM DeMatteis n'apporte une résolution à l'histoire dans les pages de Captain America, 7 ans plus tard.



Astonishing Tales 25 à 28 & 30 à 36 (scénario & dessins de Rich Buckler, dialogues de Doug Moench, puis Bill Mantlo pour 32 à 35, encrage de Pablo Marcos, puis Klaus Janson à partir de 31) - Dans un futur proche (1990, à l'époque où paraissent ces épisodes), Deathlok est un cyborg fabriqué à partir du corps de Luther Manning. Dans ce futur dystopique où New York est en ruines et peuplée de cannibales, Deathlok effectue des missions d'exécution pour le compte de l'armée américaine dirigée par Simon Ryker. Mais Deathlok n'est pas la parfaite machine à tuer sans état d'âme, car dans le corps du cyborg cohabitent une intelligence artificielle et l'esprit de Manning. Ce dernier va se révolter contre sa programmation et lutter contre Riker.



Dans l'introduction (4 pages), Rich Buckler s'amuse à lister en quoi cette série était innovante à l'époque de sa parution, par rapport aux comics de l'époque. À la lecture aujourd'hui, elle reste remarquable. Pour être honnête, ce qui frappe d'abord, ce sont les maladresses spécifiques aux années 1970 : bulles de pensées explicatives, décors pas toujours présents ou assez réalistes, structure du récit un peu gauche par endroit, voire laborieuse. En effet Buckler avait créé un environnement assez développé et une direction générale claire, mais épisode par épisode, certaines scènes se suivent sans transition de manière heurtée. de la même manière la responsabilité des illustrations devient un peu lourde au fur et à mesure des épisodes, et le lecteur constate que la qualité fluctue en fonction du temps dont dispose Buckler pour boucler son épisode. Par contre avec l'arrivée de Klaus Janson, les illustrations acquièrent une substance étonnante renforcée par la mise en couleurs nuancée, également effectuée par Janson.



À condition de ne pas être allergique à ces défauts, le lecteur découvre une histoire qui sort du moule habituel des comics. Pour commencer, cette histoire ne se déroule pas dans l'univers partagé Marvel (616), ni même dans le futur d'une de ses réalités alternatives. Ensuite, Deathlok n'est ni un bon, ni un méchant. Il a une motivation claire : récupérer un corps biologique, et tous les moyens sont bons pour y arriver, y compris tuer des adversaires. Ensuite Buckler imagine des années avant tout le monde la cohabitation d'un esprit humain dans un corps de machine développée comme un supersoldat. Même à l'ère d'internet et des smartphones, il est saisissant de constater à quel point Buckler (avec l'aide de Moench) a su anticiper la perception de la réalité augmentée par l'accès immédiat à une intelligence artificielle. 40 ans plus tard, le combat dans le cyberespace entre Deathlok et Ryker tient encore la route, alors que depuis de nombreux scénaristes se sont rendus ridicules en essayant de faire la même chose.



Le personnage de Luther Manning devient vite attachant car sa motivation est originale et crédible, et il se comporte en adulte. Les dialogues internes entre Manning et l'intelligence artificielle (en abrégé IA) sont un peu parfois un peu gauche, mais plus souvent intelligent. Petit défaut : Buckler use plusieurs lettreurs avant d'en trouver un capable de dessiner une fonte convaincante pour les phrases de l'IA (c'était une époque où les ordinateurs n'existaient pas encore). Moench a une idée de génie : il rajoute une troisième voie à l'intérieur de Deathlok qui est écrite en flux de pensées poétiques. Cette voix est expliquée par la suite et elle introduit une variable non maîtrisée et irrésistible dans le personnage. Elle symbolise la possibilité d'une intégration entre homme et IA, une évolution de la conscience du personnage, et une vision d'avenir d'une société numérique.



Au fur et à mesure des épisodes, Buckler a des fulgurances pour la mise en page, ce qui aboutit à des scènes d'action visuellement inoubliables. du début à la fin, il prend grand soin de dessiner Deathlok sous un jour inhumain, avec des chairs à la limite de la putréfaction (dégénérescence renforcée par le choix des couleurs de Janson). Sa vision d'un New York ravagé et dangereux est assez convaincante pour que le lecteur puisse s'immerger dans cet environnement désolé.



Cette histoire mérite 4 étoiles grâce à son approche adulte de la narration et à ses intuitions d'anticipation, malgré les défauts liés à son époque et à la rapidité de son exécution. Et puis tout s'arrête avec l'épisode 36. Deathlok est venu à bout de Simon Ryker, mais une nouvelle menace est apparue (Hellinger), ainsi que Godwulf, un nouveau personnage aussi mystérieux que charismatique.



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*** Marvel Team-Up 46 (scénario de Bill Mantlo, dessins de Sal Buscema, encrage de Mike Esposito), Marvel Spotlight 33 (scénario de David Anthony Kraft, dessins de Buckler, Mike Nasser, Arvell Jones et Klaus Janson), Marvel Two in One 27 (scénario de Marv Wolfman, dessins de Ron Wilson, encrage de Pablo Marcos) - La série Astonishing Tales a été supprimée et Deathlok rencontre Spider-Man déplacé dans le temps, puis Demon Slayer (Eric Simon Payne, créé par David Kraft dans Essential Defenders 3) dans la continuité Marvel de l'époque. Puis il est manipulé par Fixer pour assassiner le président Jimmy Carter.



Dans ces 3 épisodes de transition, Deathlok se retrouve face à Spider-Man, puis à l'époque actuelle (celle de 1977) de l'univers partagé 616. Il apparaît comme une pièce rapporté avec un caractère trop affirmé pour bien s'intégrer à ce nouvel environnement. Au point que dans le dernier épisode, il ne subsiste plus qu'un robot sans âme, manipulé par le supercriminel du jour (la personnalité de Manning ayant été submergée par l'IA). Vraisemblablement Marvel souhaitait préserver le personnage, peut être le temps de trouver une solution pour lui donner une nouvelle série (ou pas, Buckler ne donne aucune information sur les raisons de l'arrêt de la série). 1 étoile.



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*** Marvel Two in One (scénario de Mark Guenwald et Ralph Macchio, dessins de John Byrne, encrage de Joe Sinnott) - Deathlok refait une apparition, toujours manipulé, cette fois pour saboter le projet Pegasus. Cet épisode a également été réédité dans The Thing - Project Pegasus. Gruenwald se souvient de ce personnage atypique et s'en sert comme de chair à canon dans sa narration au long cours du Projet Pegasus. Byrne se trompe sur l'apparence de son visage. À nouveau Deathlok n'est plus qu'un dispositif narratif sans âme. 3 étoiles pour une aventure sympahique de Ben Grimm.



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*** Captain America 286 à 288 (scénario de JM DeMatteis, dessins de Mike Zeck, encrage de John Beatty) - Deathlok est à nouveau manipulé et lâché dans la nature, alors que Godwulf a envoyé un clone de Luther Manning à sa recherche. Captain America se retrouve sur leur chemin et accepte d'aller aider la rébellion en 1991, contre Hellinger, dans le monde de Deathlok



7 ans plus tard, JM DeMatteis apporte une conclusion satisfaisante à l'histoire laissée en suspens dans Astonishing Tales 36. Ces épisodes se lisent avec grand plaisir car DeMatteis a bien fait ses devoirs: la personnalité abrasive et adulte de Luther Manning ressort intacte. À nouveau il n'hésite pas à tuer ses adversaires et à manipuler Captain America pour ne pas lui laisser le choix. Évidemment il s'agit de la série de Captain America, mais DeMatteis consacre un bon tiers des pages à Deathlok. Il joue admirablement bien sur le contraste entre les 2 personnages, mais aussi sur les points communs et la conclusion est acceptable pour les fans de Deathlok, bien qu'un peu rapide. Les illustrations de Zeck et Beatty sont très agréables à lire car elles sont dynamiques et vont à l'essentiel, sans transformer Deathlok en un superhéros de plus. Par contre la dimension d'anticipation a disparu. 4 étoiles.



Le tome s'achève avec une histoire courte (6 pages) écrites par David Anthony Kraft et illustrée par Michael Golden (initialement parue dans Marvel Fanfare 4 en 1982) mettant en scène Deathlok lors de sa programmation par l'équipe de Ryker. Il y a encore une interview de Moench et Buckler (1,5 pages) des crayonnés de Buckler (4 pages), et une parodie en 2 pages dessinées par George Perez et Mike Esposito.
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James Bond 007, tome 1 : La dent du serpent

une adaptation plutôt réussi,il y a tout l,action,

le suspense,les jolies femmes. les gadgets ,et le méchant.
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Batman : Hong Kong

Je dois bien avouer que j’ai grandement apprécié le graphisme de ce Batman qui est sans doute le meilleur que j’ai pu voir jusqu’ici. Le dessin est véritablement bien soigné avec un souci constant du détail. Les couleurs sont en parfaite harmonie avec l’univers de l’homme chauve-souris. C’était pour une fois un vrai plaisir pour les yeux. J’ai été un peu surpris par la cape qui donne un aspect assez étrange mais réussi. Les scènes d’action sont à couper le souffle dans leur retranscription graphique.



Le récit se laisse lire agréablement. Le scénario réserve quelques surprises mais il manque quelques liens pour renforcer la cohérence de l’histoire. L’alliance des triades avec les autorités de police ne semble pas très crédible par exemple. On pardonnera facilement ces facilités scénaristiques au vu de la qualité de l’ensemble.



Au final, Batman Hong Kong est intéressant pour découvrir un univers loin de Gotham City dans un style purement asiatique. Cependant, Hong-Kong ressemble à s’y méprendre à ces grandes mégalopoles qui finalement restent assez impersonnelles.
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Master of Kung Fu : Fight Without Pity

Ce tome fait suite à Master of Kung Fu Epic Collection: Weapon of the Soul qui contient les épisodes 15 & 16 de Special Marvel Edition, 17 à 28 de Master of Kung-Fu, Giant-Size Master of Kung-Fu 1 à 4, Giant Size Spider-Man 2. Il vaut mieux l'avoir lu avant pour comprendre qui sont les principaux personnages. Il comprend les épisodes 29 à 52, et le numéro annuel 1 initialement parus en 1975-1977, écrits par Doug Moench, coécrits par Paul Gulacy pour les épisodes 39, 42, 43, 48. Paul Gulacy a dessiné les épisodes 39 à 31, 33 à 35; 38 à 40, 42 à 50, soit 18 épisodes sur un total de 23 (en comptant l'annuel). Il a été encré par lui-même (é29), Dan Adkins (é30, 31, 33 à 35, 38 à 40), Tom Sutton (é42), Jack Abel (é43, é44, é48), Pablo Marcos (é45 à é49), Mike Esposito (é50). Les autres épisodes ont été dessinés par Sal Buscema (é32, encré par Mike Esposito), Keith Pollard (é36, é37 encré par Sal Trapani, é52 et annuel 1 encrés par Pollard), Jim Craig (é51 encré par Pablo Marcos).



Denis Wayland Smith a convoqué ses agents chez lui à Londres pour leur présenter leur nouvelle mission. Le docteur James Petrie, Clive Reston, Jack Tarr et Shang-Chi écoutent ce qu'il a à dire : il s'agit de neutraliser le trafiquant Carlton Velcro, d'arrêter une vente massive d'héroïne destinée au marché britannique et américain. Reston va se rendre sur l'île privée de Velcro situé dans le golfe de Lion au sud de la France, comme acheteur potentiel. Smith continue son exposé en évoquant les individus détruits par la drogue et la route d'acheminement de la drogue. Dans sa luxueuse demeure, Velcro accueille Reston et lui présente Razo-Fist (William Young), un homme de main, avec deux grandes lames à la place des mains. Pendant ce temps-là, Shang-Chi et Black Jack Tarr ont été parachutés sur l'île. Chi va devoir faire face à Razor-Fist, mais aussi à Pavane. Après cette mission, Shang-Chi, Nayland Smith et Black Jack Tarr prennent place à bord d'un paquebot pour découvrir qui est l'agent sur place qui dispose de documents compromettants. Tarr, Smith, Reston et Chi sont de retour de Marseille, à Londres. Ils sont attaqués en pleine rue par un robot tueur. Tarr, Reston et Smith reconnaissent immédiatement l'un des robots de Mordillo. Ils se séparent, et Preston emmène Chi visiter l'appartement que Smith a loué pour lui : un immense appartement en plein cœur de Londres. Lorsqu'ils en font le tour, ils découvrent qu'il y a déjà quelqu'un en train de profiter de la baignoire : Leiko Wu, une autre agente du MI-6. Mordillo réussit à enlever Leiko Wu : Clive Reston & Shang-Chi partent pour l'île privée de Mordillo afin de le confronter. Ils doivent aussi se battre contre Brynocki.



Mission suivante : Shang-Chi aide un vieil homme appelé Moon Sun et les six individus qu'il exhibe dans un cirque itinérant avec leur accord (Satyr, Wulff, Angel-Hawk, Seamid, Unitaur, Serpent) contre les Seigneurs de la Toile, un groupe de ninjas. Puis, Shang-Chi et sollicité par Daniel Rand (Iron Fist) pour retrouver Colleen Wing. Leur enquête les amène à rencontrer Quan St'ar qui a besoin de leur aide dans la cité de S'ahra-Sharn, la cité jumelle de K'un Lun. Pour sa mission suivante, Shang-Chi se retrouve à Hong-Kong pour aider Juliette, une espionne infiltrée du MI-6, engagée dans une relation romantique avec Cat (Shen Kuei). Puis Leiko Wu est enlevée, et Black Jack Tarr va recruter, avec Shang-Chi, un ancien agent mis sur la touche : James Larner. La suite des aventures culmine avec une mission en Arctique pour infiltrer la base des Si-Fans et de Fu Manchu, afin de l'empêcher de mener à bien son plan de destruction massive.



Le premier tome présentait un héros Marvel des années 1970 qui sort de l'ordinaire, qui doit une partie de son originalité à ses racines dans une série de romans de Sax Rohmer, et une autre partie à l'influence des films de Kung-Fu. À partir de l'épisode 21, Doug Moench devient le scénariste attitré, et il le restera jusqu'à l'épisode 122 (à l'exception de 2 numéros 64 et 121), soit de 1974 à 1983. Le lecteur retrouve immédiatement les caractéristiques intrinsèques de la série. Le scénariste amalgame les conventions narratives de deux genres : les films de James Bond, et les films de Bruce Lee. Il les utilise avec largesse : le service secret anglais MI-6, les missions d'infiltration et de neutralisation, les agents spéciaux avec le permis de tuer et des capacités de combat impressionnantes, les femmes fatales, les bases secrètes démentes de par leur dimension et leur aménagement (les jouets mortels de Mordillo, ou la décoration orientale de Fu Manchu), le héros asiatique taiseux et porté sur la discipline et l'introspection, et bien sûr des combats d'arts martiaux avec nunchakus et sabres. Il a trouvé en la personne de Paul Gulacy un artiste maîtrisant les mêmes influences filmiques et ajoutant quelques touches très ciblées : Juliette ressemble à Marlene Dietrich, James Larner à Marlon Brando, Clive Reston à Basil Rathbone & Sean Connery, Ward Sarsfield à David Niven. Ils se tiennent à l'écart de l'univers partagé Marvel. Tout d'abord, les personnages travaillent pour les services secrets britanniques et sont basés à Londres, et pas à New York, ni même aux États-Unis. Ensuite, il n'y a pas de superhéros, Iron Fist ne faisant que passer à l'occasion de l'épisode annuel 1. Il n'y a quasiment pas de supercriminels, à l'exception de Shockwave (Lancaster Sneed) qui porte un costume voyant avec des pouvoirs électriques qui tirent son apparence vers les comics de superhéros.



Au fur et mesure des épisodes, le lecteur assiste en direct à la progression de Paul Gulacy. Les 8 épisodes encrés par Dan Adkins sont très impressionnants car il apporte une épaisseur et une fluidité remarquable aux traits encrés et aux aplats de noir. Les personnages deviennent ainsi plus adultes et plus intenses dans leurs postures et dans leurs émotions. Pablo Marcos revient vers un encrage moins appuyé ce qui fait un peu baisser le degré de drame. L'artiste découpe chaque planche en fonction de la nature de la séquence, adaptant le nombre de cases, pouvant passer de pages avec 3 cases, à une planche avec 16 cases. Il peut consacrer une demi-page à un plan établissant un décor, à une suite de 6 cases très étroites sur une même bande pour montrer un mouvement. Il devient vite évident qu'il compose avec l'obligation que le personnage principal porte un costume (de superhéros) et qu'il se débarrasse de sa veste avec le symbole Ying & Yang dès qu'il peut, puis qu'il essaye de lui faire porter des vêtements paramilitaires plus adaptés. Effectivement de temps à autre, il donne l'impression de reprendre un plan de film : par exemple Shang-Chi faisant tournoyer ses nunchakus comme Bruce Lee, ou Juliette prenant les poses de Marlene Dietrich. Il s'investit dans la création des décors, en particulier des bases secrètes, de leur architecture, et leurs aménagements (avec un effet très décalé pour les jouets enfantins en grande taille de l'île de Mordillo). De temps à autre, le lecteur peut apercevoir l'influence de Jim Steranko dans les postures de certains personnages, ou dans la façon de représenter une partie de décors, sans que cela ne devienne du recopiage. Parfois au détour d'une case, le lecteur peut être surpris par une approche infantile d'un élément ou d'une posture, mais cela reste très rare.



L'apport de Gulacy à la narration devient évident quand il prend une pause et qu'il est remplacé par un autre artiste, ou que le responsable éditorial est bon pour sortir un épisode bouche-trou de son tiroir, préparé à l'avance en cas de retard de l'artiste (inventory issue). Le premier à venir à la rescousse est Sal Buscema, et ses dessins sont dans un registre superhéros standard de l'époque, mettant en évidence par comparaison le degré de réalisme supérieur de Gulacy. Ensuite, c'est au tour de Keith Pollard de réaliser 3 épisodes rustine : il fait mieux que Buscema essayant de s'adresser à un lectorat un peu plus âgé, mais il est très loin de l'aspect cinématographique et adulte de Gulacy. Par la suite, C'est Jim Craig qui s'installe le temps de quelques épisodes (dans le recueil suivant), avant de laisser la place à Mike Zeck, puis à Gene Day, pour une narration visuelle plus personnelle.



Avec les épisodes de ce tome, Doug Moench s'installe pour le long terme. Il connaît bien les codes du récit d'espionnage mâtiné d'action, même si le principe de l'attaque de la place forte de l'ennemi revient un peu régulièrement. À plusieurs reprises, très conscient des forces de Gulacy, il allège un peu les cartouches de texte pour laisser les dessins parler d'eux-mêmes, mais pas très souvent. Comme il était de coutume à l'époque, il a tendance à écrire une partie de ce que montre l'image. Il n'y a quasiment pas de bulles de pensée, le scénariste préférant l'usage de cartouche pour écrire le flux de pensée d'un personnage, parfois de deux, reconnaissables grâce à une couleur de fond différente en fonction du personnage. Il donne sciemment une personnalité renfermée à Shang-Chi, et sait montrer que ce n'est pas qu'un bon soldat. Il lui donne des motivations propres, avec un mélange de candeur (ou d'inexpérience) et de détermination sur la base de valeurs morales bien claires, sans être naïves. Du coup, en fonction de l'inspiration du moment, les épisodes oscillent entre une histoire d'aventures émaillées de quelques facilités, et un bon roman, avec un personnage principal qui ne peut pas être réduit à son costume et ses capacités en art martial. Dans ces moments-là, Moench devient un véritable auteur évoquant l'impossibilité de rester dans son monde, la nécessité de compromettre ses idéaux à l'épreuve du monde réel, mais sans les abandonner pour autant. À d'autres moments, il est visible qu'il fait du remplissage en étirant les combats, ou en ne s'appuyant que sur les rebondissements mécaniques de l'intrigue.



Avec ce deuxième tome se constitue le duo Moench & Gulacy qui apportent une saveur adulte inédite dans les comics Marvel, en s'inspirant de films d'espionnage et de kung-fu, pour un équilibre savoureux. Ces deux créateurs sont en phase et s'abreuvent aux mêmes sources. Quand ils sont en forme, les aventures de Shang-Chi deviennent des épisodes d'auteurs mettant à profit les conventions de genre pour évoquer l'engagement d'un individu dans une mission qu'il n'approuve pas entièrement.
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Batman Vampire

Quand je dis que les différents Batman que je lis se suivent et ne se ressemblent pas, c'est réellement vrai. J'étais assez curieux de voir la rencontre entre deux chauves-souris célèbres. Le chevalier noir contre le Prince des vampires : il n'y a pas de place pour deux à Gotham City !



C'est sanguinolent à souhait. Normal quand même pour une histoire de vampire ! J'ai été très surpris par la direction qu'allait prendre cette histoire. Pour une fois, cela se termine quand même assez mal. J'ai l'impression qu'on utilise Batman pour en faire ce qu'on en veut. C'est véritablement un récit totalement indépendant du reste de la série même si on retrouve le Joker ou encore Catwoman.



L'héritage de Dracula, le second volume, pose une problématique assez intéressante : Batman est devenu lui-même son pire ennemi ! Va-t-il conserver son âme en résistant à l'appel du sang ? J'ai adoré cette thématique horrifique.



Le trait du dessinateur colle à merveille à l'atmosphère résolument gothique de Gotham. Il y a des jeux d'ombre et de lumière parfaitement réussi. Je crois que les amateurs d'histoire de vampires et autre fan club de Requiem, Chevalier Vampire vont aimer...
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Batman Vampire

Ce tome regroupe Red Rain, Bloodstorm et Crimson Mist. Ces histoires se déroulent en dehors de la continuité habituelle de Batman dans un monde imaginaire (enfin encore plus imaginaire que d'habitude, enfin je me comprends).



Red rain - Dans un Gotham réimaginé, Bruce Wayne est confronté à des vampires menés par Dracula en personne. Doug Moench profite de sa popularité de l'époque (ce tome date de 1991) pour s'offrir une variation très gothique sur Batman. Ne cherchez pas de révélations sur Dracula, il figure bien dans le titre, mais il occupe juste un rôle de chef de vampires sans aucune originalité.



Bloodstorm - La menace de Dracula est écartée, mais il reste encore des vampires dans Gotham. Il les traque la nuit pour leur enfoncer un pieu dans le caeur et les décapiter ensuite pour éviter qu'ils ne reviennent. Mais ces vampires changent petit à petit de mode opératoire, comme s'ils s'organisaient. Et Batman (devenu lui même vampire) a de plus en plus de mal à résister à la soif de sang. Selina Kyle a également été la victime d'un suceur de sang mais les conséquences ne sont pas celles attendues.



Ce tome est la suite logique du premier dans le sens où Batman s'éloigne de plus en plus de l'être humain qu'il fut pour devenir un vrai vampire. Doug Moench a l'intelligence de ne pas se contenter de refaire la même chose, mais de décrire les stades de la transformation psychologique qui emmène le héros vers une animalité dérangeante. Il laisse derrière lui Gordon et Alfred dans le monde des humains pour se retrouver plus seul que jamais dans le monde de la nuit.



Crimson mist - Batman est un vampire qui a goûté au sang. Alfred Pennyworth lui ont fiché un pieu dans le cœur et il repose, ni vivant, ni mort, dans une cave. Malheureusement les horreurs s'abattant sur Gotham n'ont pas pris fin avec le Joker. Depuis la retraite forcée de Batman, plusieurs monstres ont fait leur apparition : Killer Croc, Scarecrow, Riddler, Two-Face, Poison Ivy. Après bien des hésitations, Alfred finit par retirer le pieu qui maintenait Batman dans une vie sans mouvement. Le vampire est lâché et les monstres n'ont qu'à bien se tenir. Ce plan s'avère tellement efficace qu'Alfred et Gordon doivent vite trouver un moyen d'arrêter Bruce Wayne.



Dans la première histoire, Kelley Jones mêle savamment les à-plats de noir denses avec une exagération des dessins qui tirent vers le cartoon de la vieille école de chez Warner. Le résultat est irrésistible. Il fait bien sûr penser à cet autre maître qu'est Bernie Wrightson, l'un des 2 créateurs du Swamp Thing. Kelley Jones réussit à faire revenir à la mode la cagoule aux oreilles démesurément pointues qui avait été bannie après The Dark Knight Returns de Frank Miller. Les dessins sont outrageusement exagérés ce qui leur confère une dimension poétique inattendue.



Dans la deuxième, il a conservé la même esthétique héritée de Bernie Wrightson que dans le premier tome ; mais il maîtrise beaucoup mieux ses effets d'abstraction. Au fur et à mesure que Batman perd le contrôle de sa bestialité, Kelley Jones fait prendre à son visage des stigmates d'animaux. On peut ne pas apprécier les libertés qu'il prend avec une anatomie rigoureuse. Cependant sa technique est à rapprocher de celle d'un Mike Mignola sur Hellboy : ils s'autorisent l'un comme l'autre des formes incorrectes pour faire apparaître les sentiments et les forces qui habitent les personnages. Et là, Batman n'est jamais autant apparu comme une créature de la nuit, Catwoman devient mi-femme mi-bête, et l'exagération des postures et de ses formes lui confère une aura d'animalité réelle.



Dans la troisième histoire, il pousse jusqu'au bout la logique de cadavre vampirique. Il avait déjà utilisé cette approche sur 2 miniséries de Deadman (sur des scénarios de Mike Baron dans Deadman : Lost Souls). Le principe est simple : Batman est un cadavre, dessinons son personnage comme s'il s'agissait vraiment d'un squelette sous le costume, avec ses plis qui suivent le contour des os. À l'unisson du scénario qui fait de Batman une créature surnaturelle n'appartenant plus au monde des humains, Kelley Jones fait de son corps un sac d'os qui n'a plus qu'un lointain rapport avec la morphologie humaine. Par exemple, les os de sa colonne vertébrale ressortent de 10 à 15 centimètres de manière protubérante dans son dos. Kelley Jones utilise les dessins comme des concepts et non plus comme des éléments figuratifs. Les effets de cape continuent d'utiliser des dizaines de mètres de tissu, sans aucun souci de réalisme. Cette exagération outrancière retranscrit parfaitement la bestialité de l'âme du personnage principal. Il ya très peu de rôles féminins : une infirmière et Pamela Isley. Ces 2 dames sont dotées d'une poitrine fort opulente qui ne défie pas les lois de la gravité. Cette représentation insiste sur l'inéluctabilité de la mort, du vieillissement de la chair. De la même manière, les exagérations physiques des musculatures (celle de Killer Croc en particulier) attirent l'attention du lecteur sur leur impossibilité, sur leur caractère de déformation physiologique, de perversion de l'ordre naturel du corps humain.



Ce voyage dans un Gotham gothique entraîne le lecteur dans une transformation bestiale et contre nature de Bruce Wayne. Cette dégénérescence s'appuie sur une écriture fleurie parfois un peu pesante et sur des dessins exagérés très dérangeants. "Red Rain" est un peu hésitant et lourdaud. "Bloodstorm" est parfait. "Crimson mist" est une conclusion satisfaisante qui aurait mérité un peu plus de soin et d'attention des 2 créateurs dans les finitions.
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Batman Cataclysme

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant la lecture de Cataclysme, mais on m’en avait dit du bien, et c’était la première fois que je lisais un crossover. En version papier du moins et j’ai bien aimé. Même si on se rend compte de certaines incohérences quand on passe d’un point de vue à un autre. Si je me souviens bien, le niveau du tremblement de terre sur l’échelle de Richter n’est pas toujours le même. Mais bon, il ne s’agit que de broutilles.



Au début de ma lecture, j’ai trouvé le récit assez lent, comme s’il avait du mal à démarrer. Il me semblait que la narration était assez différente des Batman que j’avais pu rencontrer précédemment. Et puis, j’ai réalisé que ça faisait sens. Dans Cataclysme, Batman et tous les autres (super)héros n’ont pas vraiment d’ennemis à vaincre, pas de mystère à résoudre, rien de ce qui fait les histoires qu’on a l’habitude de lire. Mais c’est là tout l’enjeu : on ne peut pas vaincre un tremblement de terre à coup de batarang ou avec un esprit de détective acéré. On peut seulement faire de son mieux pour venir en aide aux victimes. Ce sentiment d’impuissance revient assez souvent dans cet arc, de la part des différents personnages. Parfois, cela se transforme en désespoir et certains sont à deux doigts d’abandonner, avant de réaliser qu’ils peuvent encore aider Gotham. Même si elle ne sera plus la même.

J’ai particulièrement apprécié le fait de voir quelques brigands, qui décident finalement d’aider leurs prochains.



Ce que j’aime beaucoup dans le crossover c’est le fait de pouvoir découvrir différents coups de crayons, et tous sont très beaux ici, bien sûr, j’ai préféré certains à d’autres.



Par contre, il est question à un moment donné de savoir si le tremblement de terre était naturel ou provoqué par un malfaiteur. Attention spoiler : le malfaiteur en question, bien qu’on ne sache pas de qui il s’agit avant la fin, demande une rançon et s’il ne reçoit pas cette dernière, il déclenchera une autre secousse. Je n’y ai pas cru une seule seconde. C’était assez évident, me semble-t-il, qu’il s’agissait d’un escroc qui tentait de profiter de la situation. Ce qui est un bon élément de narration en soi, mais je trouve dommage qu’on n’ait pas essayé de nous mettre plus dans le doute. Cet élément arrive trop tard dans la narration, un peu comme un cheveu sur la soupe et je pense que c’est pour ça qu’on a du mal à y croire… Fin du spoiler !



Enfin, globalement j’ai beaucoup aimé Cataclysme, sans trouver l’histoire transcendante.
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La proie d'Hugo Strange

Ce tome regroupe 2 histoires : Proie (épisodes 11 à 15 de "Legends of the Dark Knight", 1990) et Terreur (épisodes 137 à 141 de la même série, 2001). Les 2 histoires ont été écrites par Doug Moench et dessinées par Paul Gulacy. La première a été encrée par Terry Austin, et la deuxième par Jimmy Palmiotti.



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- Proie -



Les habitants de Gotham ne sont pas encore bien sûr que Batman soit plus qu'une légende urbaine. Toutefois les équipes de police commencent à le voir intervenir lors de certaines opérations. C'est ainsi que le sergent Max Cort assiste impuissant à l'intervention de Batman lors de l'appréhension d'un dealer. Cort perçoit l'existence de Batman comme une insulte et une menace pour la police de Gotham : il ridiculise les forces de l'ordre en les faisant apparaître comme inefficace. Les habitants de Gotham découvrent l'existence d'Hugo Strange, un psychologue qui dissèque les motivations de l'individu qui se cache sous la cagoule de Batman, pendant des émissions de télévision. Ses observations déstabilisent Bruce Wayne par leur pertinence et ce qu'elles sous-entendent sur ses motivations refoulées. Le maire de Gotham décide de charger James Gordon de constituer une équipe spéciale dédiée à la capture de Batman, Hugo Strange est engagé comme consultant. De son coté, Bruce Wayne travaille dans sa Batcave pour peaufiner un nouveau mode de déplacement. Catwoman continue de piocher parmi les bijoux des riches pour agrandir sa collection personnelle.



Après Crisis on infinite earths, les superhéros de l'univers partagé DC Comics redémarre à zéro. En 1986, Frank Miller et David Mazzucchelli proposent une nouvelle version des origines de Batman dans Batman année un. Le succès de cette histoire ouvre les yeux des éditeurs de DC qui se rendent compte qu'ils peuvent créer une série spécialement dédiée à raconter les exploits des premières années de Batman : "Legends of the Dark Knight". Cette série accueille des récits complets comprenant de 1 à 5 épisodes.



Doug Moench profite de l'occasion pour re-raconter la première apparition d'Hugo Strange, apparu pour la première fois dans le numéro 36 de "Detective Comics" en février 1940 ; il fut le premier criminel récurrent à se battre contre Batman.



Dès le début Moench tisse un récit qui présente plusieurs aspects de Batman : ses réelles difficultés face à une police qui ne lui fait pas confiance, les limites liées à sa volonté de ne sortir que la nuit, la relation fragile établie avec James Gordon, son rayon d'action limité, le doute s'insinuant dans son esprit du fait du portrait psychologique dressé par Hugo Strange (Batman n'est pas encore pétri de certitudes), la relation pas toujours efficace entre Alfred Pennyworth et lui, etc. Doug Moench intègre parfaitement au récit les conséquences du manque d'expérience de Batman.



La relecture d'Hugo Strange introduit une tension incroyable entre Bruce Wayne qui doute de lui, et Strange qui semble le manipuler à distance comme s'il lisait en lui comme dans une livre ouvert. Doug Moench dépeint, d'une manière magistrale, un individu plus intelligent et plus perspicace que Batman.



Ce récit doit également beaucoup aux illustrations. Paul Gulacy utilise un style très réaliste qui donne une incroyable densité à chaque scène. Ses dessins sont rehaussés par l'encrage de Terry Austin qui peaufine chaque case, en rajoutant de ci de là des précisions technologiques (le support du batsignal, par exemple). La densité des détails, les décors variés et réalistes, les décorations d'intérieur plausibles, tout concourt à apporter de la crédibilité à chaque action décrite et à immerger le lecteur dans les recoins de Gotham. Il est toujours possible de détecter l'influence de Steranko dans certaines postures des personnages, ou dans quelques ombrages.



Doug Moench et Paul Gulacy entraînent le lecteur dans un thriller intelligent qui mêle les éléments spécifiques des premières années d'existence de Batman, avec un criminel qui le bat sans recourir à la violence physique.



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- Terreur -



Dans un manoir au bord de l'océan, un homme déguisé en chauve-souris plante un poignard à l'emblème du même animal dans le coeur d'un vieil homme : Hugo Strange est de retour et il a préparé sa vengeance contre Batman. Au port de Gotham, Batman intervient à bord d'un bateau hight-tech à ses couleurs pour interrompre un trafic d'armes, avec un résultat un peu trop destructif à son goût. Il est appelé par James Gordon à se rendre sur les lieux du premier crime pour constater l'implication d'Hugo Strange. Pendant le même temps, des vols de bijoux se poursuivent dans les quartiers huppés de la ville, et la voleuse laisse toujours une trace de griffure. À l'asile d'Arkham, un nouveau psychiatre a été choisi pour s'occuper des résidents à vie, et de Jonathan Crane (Scarecrow) en particulier.



Pour la première histoire, "Proie", Doug Moench avait choisi un mode narratif très premier degré, pétri de sérieux, avec un Batman intense et faillible, sans être obsessionnel, encore dans une phase de tâtonnement pour déterminer les méthodes d'intervention les plus efficaces. Ici il introduit une note de second degré relayée par Paul Gulacy. Cela commende dès la première page avec la vision de ce manoir perché sur éperon rocheux qui évoque irrésistiblement les films d'horreur des années 1950 et même le Motel Bates de Psychose. Ce second degré visuel se retrouve dans le bateau en forme de chauve-souris de Batman, dans le déguisement d'opérette d'Hugo Strange pour pénétrer à Arkham, etc.



Et de fait, Doug Moench écrit un récit moins intense que "Proie". Hugo Strange n'a finalement pas de plan sophistiqué pour prouver sa supériorité intellectuelle sur celui qu'il soupçonne d'être Bruce Wayne. D'un coté, Moench refuse de refaire "Proie" en moins bien ; de l'autre il se repose sur les caractéristiques les plus basiques de Catwoman (Selina Kyle) et Scarecrow. Le lecteur n'a donc le droit qu'à une bonne histoire de Batman avec des criminels bien partis dans leur monde, une Catwoman avec un comportement légèrement déviant (sa fascination pour le mâle absolu qu'est Batman), un Alfred légèrement en retrait et James Gordon qui fait de la figuration intelligente. Cette ambivalence dans le scénario devient apparente dans la manière de dépeindre Jonathan Crane. D'un coté, les effets de son gaz et de ses produits hallucinogènes manquent d'originalité ; de l'autre Moench rappelle sa genèse, et détaille ses motivations et son profil psychologique au-delà d'un simple figurant. Mais dans ses motivations même, le lecteur retrouve une trace de dérision qui désamorce l'impact de la peur générée par le personnage.



Pour autant la combinaison entre Moench et Gulacy aboutit à un récit d'action et d'affrontements d'égo entre les personnages, dans des endroits plein de caractère. Comme à son habitude, Paul Gulacy apporte un soin remarquable à chaque décor pour le personnaliser. Il y a donc le manoir de la première scène dont chaque pièce est aménagée de manière différente, mais aussi les intérieurs des appartements visités par Catwoman, les murs en pierre d'Arkham, le pavage improbable de Crime Alley, etc.



Paul Gulacy apporte également sa vision artistique aux personnages. Il a choisi de donner un masque un peu rigide à Batman, certainement en relation avec les films Batman de Tim Burton. Sa Catwoman est à la fois pulpeuse et légèrement musculeuse, et elle porte son premier costume, celui avec la queue ridicule et les moustaches sur le masque. Sa mise en page est assez dense avec une moyenne de 6 à 7 cases par page. Même s'il accentue de temps à autre une particularité pour insérer un léger décalage ironique, il conserve son style très réaliste qui confère une grande force de conviction aux images, facilitant l'immersion pour le lecteur. L'encrage de Palmiotti est moins sec que celui de Terry Austin sur Proie. Il accentue légèrement les surfaces noires, sans perdre de détails.



"Terreur" constitue une bonne histoire de Batman située dans ses premières années activités. Il est possible de la lire sans avoir lu "Proie". Doug Moench développe la psychologie des personnages au-delà des comics de superhéros traditionnels et le lecteur assiste à l'évolution de Bruce Wayne de plus en plus concentré sur son seul objectif de combattre le crime. Paul Gulacy est toujours aussi minutieux dans son réalisme, mais il se met également au diapason du scénario qui introduit une légère touche d'ironie. Le résultat est divertissant, avec un beau Batman ténébreux, toujours susceptible de commettre des erreurs, et une belle Catwoman sous le charme de cet étranger cagoulé, sans en devenir une midinette pour autant.
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La proie d'Hugo Strange

Un bilan [...] mitigé pour La Proie d’Hugo Strange : un premier récit de qualité à tous les niveaux, avec un vilain oscillant de façon étonnante entre le génie manipulateur et l’envieux lamentable, et un second qui semble avoir été bâclé. Dommage.
Lien : http://www.actuabd.com/La-Pr..
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Tales of the Batman: Gene Colan Vol. 2

Ce tome fait suite à Tales of the Batman - Gene Colan Vol. 1 (Batman 340, 343 à 345, 348 à 351, Detective Comics 517, 520, 523, 528, 529) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 373 de la série Batman, 530 à 538 et 540 à 543 de la série Detective Comics, ainsi que 297 & 299 de la série World's finest Comics, initialement parus en 1983/1984, tous dessinés par Gene Colan. Ces épisodes ont été écrits par Doug Moench, à l'exception des 2 épisodes de World's finest Comics écrits par David Anthony Kraft. L'encrage est réalisé par Dick Giordano (Detective Comics 530), Alfredo Alcala (Dectective Comics 531, 534, 543, World's finest 297, Batman 373) Bob Smith (Dectective Comics 532, 533, 535 à 538540 à 542), Steve Mitchell (World's finest 299).



Le principe de ces anthologies est de réunir des épisodes dessinés (ou écrits) par un même artiste, sans se soucier d'avoir des histoires complètes. Au gré de ces 16 épisodes, Batman (Bruce Wayne) et Robin (Jason Todd) sont confrontés à différentes menaces. Jason Todd a décidé de s'enfuir du manoir Wayne, se sentant regardé avec condescendance, pendant que Jason Knight passe au tribunal et que Nocturna (Natalia Knight) continue de dérober des bijoux. Jason a rejoint le cirque alors qu'y opère un criminel qui se fait appeler Chimera. Joker a décidé de fonder son propre pays dans la jungle du Guatemala et il a réussi à capturer Vicki Vale. Batman vole à son secours. Un gang de 4 cambrioleurs s'est introduit dans l'hôpital où se trouve alité James Gordon suite à de graves blessures : Barbara Gordon s'y trouve aussi. Batman et Superman doivent lutter contre des envahisseurs venant d'une autre dimension. Poison Ivy a réussi à créer des hommes plantes dotés de conscience et entièrement à ses ordres.



Crazy Quilt a réussi à blesser Robin, et Batman est bien décidé à l'arrêter pendant que Alfred Pennyworth accueille Julia Remaque (sa fille) au manoir Wayne. À Montréal, Batman se heurte à une cellule terroriste et à Deadshot (Floyd Lawton), pendant que Julia Remarque se lance à la recherche de celui qui l'a élevée. À Gotham, Batman suit Sixto dans les égouts pour retrouver un cadavre. Dans la prison de Gotham, Collins se rend compte que Thomas Blake est en liberté et qu'il va s'emparer du butin de son dernier casse ; il décide de s'évader et de revêtir le costume de Catman. Scarecrow (Jonathan Crane) a construit un nouvel appareil pour instiller la peur ; il compte bien s'en servir pour assassiner Joker dans sa prison. Batman et Robin vont devoir affronter leurs peurs. Penguin (Oswald Cobblepot) a réussi à dérober les plans d'une arme secrète de l'armée américaine qu'il compte revendre aux russes : Batman le poursuit jusqu'en Antarctique. Amanda Croscz est une assistante sociale et elle a conclu des signalements du collège que Jason Todd doit être retiré de la responsabilité de Bruce Wayne. Un contrat a été passé sur la tête d'Harvey Bullock. Vicki Vale ne sait plus trop où elle en est dans ses sentiments pour Bruce Wayne. Nightshade (Sturges Hellstrom) a pris la place de Jason Knight auprès de Nocturna, et a décidé d'organiser un vol à une soirée dans une maison hantée.



En commençant ce tome, le lecteur sait qu'il ne doit pas s'attendre à des récits complets, puisque les épisodes sont piochés dans chaque série sur le critère qu'ils sont dessinés par Gene Colan. Ils sont présentés par ordre chronologique de parution et il finit par se dessiner un tableau de la continuité de Batman à cette époque. Il est possible de mettre de côté les 2 épisodes de World's Finest, les seuls à ne pas être écrits par Doug Moench. Ils s'intègrent dans une histoire plus longue, qui se conclut dans l'épisode suivant (numéro 300) de la série. Le scénariste a imaginé une intrigue qui fonctionne bien, et les très brefs rappels en début d'épisode suffisent pour comprendre la situation de départ et les enjeux. Le lecteur apprécie le naturel avec lequel Kraft sait faire en sorte que Batman apporte de l'aide à Superman, malgré le différentiel de pouvoirs entre les 2. Il se laisse prendre au jeu jusqu'à connaître la résolution, même si les cartouches de texte et les bulles de pensée ont tendance à être un peu trop explicatifs. Le reste est donc écrit par Doug Moench, ce qui assure une forme de cohérence à la situation générale. Le lecteur retrouve plusieurs personnages habituels de la série.



Au début du tome, James Gordon est dans le coma, sur son lit d'hôpital, à la suite d'une grave blessure. À la fin du tome, il a retrouvé un état de santé normal. Harvey Bullock apparaît dans quelques épisodes, à la fin, victime d'un contrat passé sur sa tête, mais sans beaucoup de réelle personnalité. Alfred Pennyworth a été rejoint par sa fille qu'il avait abandonnée pour être élevée par un autre homme. Ils se conduisent en adulte, Julia faisant contre mauvaise fortune bon cœur et acceptant de voir les qualités dans son père biologique. Vicki Vale joue le rôle de demoiselle en détresse au début, puis de jeune femme ne sachant plus trop que penser de Bruce Wayne sur le plan affectif. Sans surprise, ce sont donc Bruce Wayne et Jason Todd qui bénéficient de plus de place pour exister. Wayne est surtout cantonné à son rôle de superhéros. Il n'y a que lorsque la garde de Jason lui est retiré qu'il a une réaction émotionnelle plus vive. Au début du tome, Jason est encore novice dans le rôle de Robin et il éprouve des difficultés à se positionner par rapport à la tutelle de Wayne, sa réticence à le mettre en danger, son cadrage assez directif dans ses activités. Par la suite, il se coule dans le moule de la fonction de Robin sans faire montre de beaucoup de personnalité.



Du fait de la nature de l'anthologie, il arrive que le lecteur n'ait pas la fin de l'histoire, mais ça reste assez rare, car il n'y a finalement que l'histoire de World's Finest qui reste sans clôture. En revanche, il arrive régulièrement qu'un fil narratif secondaire sur la relation entre 2 personnages aboutissent dans un épisode non contenu dans ce tome. En fonction de sa familiarité avec les personnages secondaires des séries Batman, le lecteur peut se trouver décontenancé s'il y en a un qu'il n'a jamais croisé. Parmi tous les personnages, il n'y a que Bill Modell qui arrive comme un cheveu sur la soupe et pour lequel l'épisode correspondant (Detective Comics 541) ne contient pas assez d'information pour comprendre pleinement ce dont il retourne. Pour le reste, Doug Moench écrit essentiellement des histoires policières avec leur quota d'action fixé pour chaque épisode de superhéros, avec souvent un combat final pour dénouer les fils de l'intrigue et amener une résolution définitive. Lui aussi inclut de copieuses explications pour être sûr que les lecteurs les plus jeunes comprennent tout. En fonction de son état d'esprit, le lecteur peut être sensible à l'inventivité de certaines histoires : Joker fondant son propre pays, l'histoire personnelle de Sixto, l'ange gardien de Collins qui s'est habillé en Catman, le décalage d'une aventure de Batman au pôle Sud, le retrait de la garde de Jason.



Bien évidemment, le lecteur est plus venu pour les dessins de Gene Colan, que pour une éventuelle histoire extraordinaire. Il apprécie de pouvoir découvrir à quoi ressemblait les histoires de Batman peu de temps avant Crisis on infinite Earths (1985, par Marv Wolfman & George Perez), mais il est surtout intéressé par Batman mis en image par le maître du mouvement qui a marqué à tout jamais le personnage de Dracula avec la série écrite par Marv Wolfman : Tomb of Dracula. Il observe que l'encrage n'est pas réalisé par Tom Palmer, mais Bob Smith et Steve Mitchell sont les encreurs attitrés de Colan pour les récits DC. Ils encrent de manière un peu sèche ses dessins, sans magnifier les aplats de noir comme pouvait le faire Palmer, sans leur donner la même fluidité. Les dessins de Colan prennent tout de suite beaucoup plus d'épaisseur quand ils sont encrés par Alfred Alcala, le roi de la texture, dont l'encrage complémente bien les dessins de Colan. S'il a découvert Gene Colan avec la série Tomb of Dacula, le lecteur espère une même interprétation teintée de gothique pour Batman qui est également un personnage de la nuit. Il découvre ou se rappelle que la mise en couleurs de l'époque utilisait des teintes encore assez vives pour les comics mensuels de superhéros, ce qui va à l'encontre d'une interprétation d'une créature de la nuit.



Au fil des épisodes, le lecteur retrouve les postures de personnage propres à Gene Colan, souvent dans le mouvement, avec le pli des vêtements accentuant chaque geste. Il retrouve son utilisation des cases biseautés ou un petit peu de travers pour également accompagner un mouvement. Il apprécie sa capacité à intégrer quelques accessoires pour donner vie à un bureau ou à un aménagement intérieur. Les scènes en civil sont remarquables de vie, avec un art du placement des personnages sur la scène et de d'angle de prise de vue pour donner largement à voir au lecteur. Il retrouve quelques cases composées d'images juxtaposées ans bordure entre elles pour transcrire un état d'esprit. Les prises de vue des affrontements physiques sont conçues de manière à montre l'enchaînement des coups. Il est visible également que Gene Colan se coule dans le moule pour respecter les conventions visuelles des comics de superhéros. Il ne s'agit pas d'un comics d'horreur comme celui de Dracula, et l'attendu du lecteur est différent. Du coup, il a mis la pédale douce sur les éléments horrifiques à commencer par la dimension gothique, au profit de poses plus superhéroïques, avec parfois des postures pouvant évoquer Jack Kirby (le choc des coups portés), Neal Adams pour les angles de vue, ou Jim Aparo. Le lecteur éprouve la sensation que Gene Colan met un point d'honneur à réaliser des planches répondant aux critères attendus pour les comics de superhéros, évitant sciemment de reproduire les effets de Tomb of Dracula.



Ce recueil tient les promesses de son titre : que des épisodes de Batman dessinés par Gene Colan. La presque totalité des épisodes étant écrite par Doug Moench (sauf 2), leur lecture donne une impression de cohérence globale, même si certains fils narratifs secondaires se perdent en route. Le lecteur peut donc se faire une idée des histoires de Batman peu de temps avant la grande remise à zéro de l'univers partagé DC en 1984. S'il connaît bien les planches de Gene Colan, le lecteur regrette au moins un peu qu'il se soit montré trop professionnel, se conformant aux conventions des superhéros, au point de perdre un peu de saveur dans sa personnalité graphique. 3 étoiles pour un lecteur de passage, 4 étoiles pour un lecteur qui avait besoin de sa dose de Gene Colan car le travail de reprographie est d'excellente qualité. Pour DC Comics, Gene Colan a également réalisé les 14 épisodes de la série Night Force by Marv Wolfman and Gene Colan: The Complete Series écrits par Marv Wolfaman, reformant ainsi le duo créatif de la série Tomb of Dracula.
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Master of Kung Fu Epic Collection: Weapon o..

Ce tome réédite la première apparition de Shang-Chi et ses premières aventures. Il contient les épisodes 15 & 16 de Special Marvel Edition, 17 à 28 de Master of Kung-Fu, Giant-Size Master of Kung-Fu 1 à 4, Giant Size Spider-Man 2, initialement parus en 1973-1975. Les épisodes 15 à 19 ont été écrits par Steve Englehart, le 20 par Gerry Conway, et les suivants par Doug Moench, à l'exception de Giant Size Spider-Man 2 écrit par Len Wein (dessins de Ross Andru). Les dessinateurs sont les suivants : Jim Starlin (cocréateur, épisodes 15 à 17, 24, encré par Al Milgtom), Paul Gulacy (épisodes 18 à 20, 22, 25, Giant-size 1, 2, 3, encré par Al Milgrom, Dan Akins, Sal Trapani, Vince Coletta), Ron Wilson (épisodes 21, 28), Ross Andru (Giant Size Spider-Man 2), Al Milgrom & Klaus Janson (épisode 23), Keith Pollard (épisode 26, Giant-size 4), John Buscema (épisode 27).



À New York, Shang-Chi est de retour dans la forteresse de son père Fu-Manchu pour avoir une franche explication avec lui. Il neutralise homme de main après homme de main, dans des combats à main nue. Il se souvient de son éducation auprès de son père qu'il a toujours vénéré comme un bienfaiteur de l'humanité. Il se rappelle que suite à sa demande, il a assassiné le docteur Petrie à Londres et il s'est retrouvé face à Denis Nayland Smith, ce qui a provoqué sa prise de conscience sur la nature véritable de son père. Il a alors décidé de le confronter pour en avoir le cœur net et lui annoncer que dorénavant il se battrait contre lui. Passé ce tête-à-tête, il se retrouve seul à New York, en essayant de dormir à Central Park, mais Fu-Manchu a envoyé Midnight (M'Nai, ami d'enfance de Shang-Chi) pour l'assassiner. Shang-Chi décide encore de retourner voir Sir Denis Nayland Smith pour s'expliquer de son acte. À cette occasion, il fait la connaissance de Black Jack Tarr.



S'étant ainsi positionné contre son père, Shang-Chi est amené à déjouer plusieurs tentatives d'assassinat perpétrées contre lui, par des Si-Fans, des assassins membres d'une société secrète vouant un culte à Fu Manchu, ou par des Phansigar, autre société secrète dévouée à Fu-Manchu. Il est recruté à plusieurs reprises par Nayland Smith, soit directement, soit par l'intermédiaire de Black Jack Tarr pour déjouer des plans machiavéliques fomentés par Fu Manchu et mis en pratique par les Si-Fans, allant du vol de matières fissiles à la destruction du Mont Rushmore, en passant par la récupération d'un sérum d'immortalité. Il va aussi retrouver sa demi-sœur Fah Lo Suee et d'autres ennemis comme Shadow Stalker. Au cours de ses aventures, Shang-Chi se rend dans différentes régions du monde, de la Chine à l'Amérique du Sud. Il fait quelques rencontres inattendues comme Man-Thing (Ted Sallis), Spider-Man (Peter Parker) et un individu étant le sosie tout craché de Groucho Marx.



Ces épisodes sont longtemps restés sans être réédités car plusieurs personnages proviennent de l'œuvre d'une série de roman et il y avait des questions de droit d'auteur à régler : Le mystérieux docteur Fu Manchu (1913) créé par Sax Rohmer (Arthur Henry Sarsfield Ward, 1883-1959). Au départ les responsables éditoriaux souhaitaient réaliser un comics sur la base de la série Kung Fu (1972-1975, 3 saisons, avec David Carradine), mais ils n'en obtinrent pas les droits. Shang-Chi est un personnage complètement nouveau, inventé pour la série, alors que Sax Rohmer, Sir Nayland Smith, le docteur Petrie et Fah Lo Suee sont rapatriés des romans de Sax Rohmer. La série de comics s'est arrêtée en 1983, avec l'épisode 125. Le lecteur découvre donc un personnage dérivatif des films de kung-fu en vogue à l'époque, adapté à la sauce Marvel, dans la mesure où il porte un costume identique à tous les épisodes (une sorte de kimono rouge cramoisi, des bracelets métalliques, et un ruban rouge pour tenir ses cheveux), les artistes hésitant pendant quelques épisodes à lui donner des chaussons assortis, et abandonnant rapidement l'idée. Dans ces premiers épisodes, il rencontre uniquement 2 superhéros (Spider-Man, Man-Thing), sans rien d'autres qui le rattache à l'univers partagé Marvel.



Steve Englehart (avec un peu d'aide de la part de Starlin) installe efficacement la dynamique du récit : Shang-Chi se libère de la tutelle de son père et comprend que celui qu'il a idolâtré est en fait un criminel à l'échelle mondiale. Shang-Chi peut alors devenir le grain de sable providentiel dans les machinations de son père pour les faire échouer. Il peut aussi bien agir seul qu'accepter d'aider Nayland Smith qui a lutté contre Fu Manchu au cours de sa jeunesse (il semble être âgé d'une cinquantaine d'années, peut-être une soixantaine). De temps à autre, ses capacités physiques de combattant lui servent à venir en aide à un innocent, comme lorsqu'il aide un jeune enfant qui devait être sacrifié. Le lecteur comprend rapidement que Shang-Chi ne parviendra jamais à neutraliser définitivement son père. Englehart et Moench (à sa suite) combinent des affrontements physiques entre Shang-Chi et des gugusses plus ou moins crédibles, avec un zeste d'espionnage et de thriller, sur la base de ce schéma pour faire capoter un plan machiavélique après l'autre.



Malgré la répétitivité du schéma des intrigues, cette série se démarque rapidement de l'ordinaire des superhéros. Pour commencer, il n'y a pas de superpouvoirs à proprement parler, à l'exception de l'apparition de Spider-Man dans un épisode. Ensuite, Englehart et Moench reprennent le principe du péril jaune en l'état. Fu Manchu a pour objectif d'accroître son pouvoir pour une domination mondiale, à l'aide de sectes d'assassins à sa solde, pouvant frapper à n'importe quel moment, avec des techniques silencieuses et sournoises. De ce point de vue, les scénaristes ont bien repris les éléments des romans, faisant de Fu Manchu, une menace omniprésente et invisible, avec des hommes de main utilisant des techniques aussi bien indiennes que chinoises. Les coloristes jouent avec les couleurs de peau, d'orangé foncé à jaune vif, dans des tons purement comics, déconnectés de la réalité des couleurs de peau des personnes d'origine asiatique. Pour un lecteur contemporain, il est difficile de voir du racisme dans ce péril jaune de pacotille, avec un méchant d'opérette aux moyens quasi illimité et avec un immeuble aménagé comme un château médiéval.



Le lecteur observe également que les aventures de Shang-Chi laissent un nombre de morts impressionnant sur le pavé, ce qui dénote par rapport aux aventures des superhéros traditionnels de l'époque. En cas d'échec, les Si-Fans ont tendance à se suicider, et il y en a beaucoup qui font des chutes fatales, ou même que Shang-Chi est amené à tuer pour pouvoir s'en débarrasser. Les 2 scénaristes écrivent également son monologue intérieur (dans des cellules à fond jaune), proscrivant les bulles de pensée. En fonction des épisodes, ils hésitent entre insister sur le fait que Shang-Chi se retrouve comme un étranger dans un monde qu'il ne connait pas, ou plutôt à insister sur l'esprit rigoureux et entraîné de Shang-Chi en tant que maître des arts martiaux. Le lecteur finit par observer que Doug Moench aime bien s'écouter écrire, et qu'il semble être payé au nombre de mots, pour des commentaires parfois très descriptifs (ce que montre déjà l'image) ou assez creux. À quelques reprises, ce monologue intérieur apporte une information sur l'état d'esprit du personnage ou sur sa façon d'envisager une situation.



L'apparence de ce nouveau personnage est donc conçue par Jim Starlinn solidement épaulé par Al Milgrom, avec qui il a régulièrement collaboré, au point de signer Gemini, un pseudonyme choisi pour regrouper leur 2 noms. Il est possible de reconnaitre quelques mises en pages et mises en scène chères à Starlin dans le premier épisode, mais pour les suivants sa personnalité graphique disparaît pour une narration avant tout fonctionnelle. Avec le quatrième épisode, le lecteur découvre un jeune artiste nommé Paul Gulacy. Le premier épisode qu'il réalise montre un dessinateur fortement influencé par Jim Steranko, avec une bonne maîtrise de la gestuelle des films de Kung-Fu et une capacité à faire passer l'intensité de la concentration dans le regard des personnages. Il illustre 8 épisodes, avec une inspiration variable de l'un à l'autre, parfois sous forte influence de Steranko, parfois dans un mode plus fonctionnel. En fonction des encreurs, ses dessins se rapprochent du moule Marvel (avec Trapani et Colletta), ou au contraire conservent leur intensité et leur bizarrerie, en particulier avec Dan Akins. Gulacy fait déjà preuve d'inventivité avec une page construite comme un labyrinthe. Mais il faudra attendre les épisodes suivant pour Moench et Gulacy atteignent un niveau de collaboration plus intégré, pour des planches plus cinématographiques. Ils continueront à travailler ensemble sur des séries indépendantes (comme Six of Sirius, pour Epic Comics) ou des superhéros (l'excellent Batman: Prey). Parmi les autres dessinateurs, le lecteur retrouve John Buscema en mode très vite fait, des pages où il retrouve toutes les poses privilégiées par ce dessinateur. Ross Andru effectue un très bon travail sur le numéro de Spider-Man avec une réelle implication pour imaginer des postures originales pour Spider-Man, et pour les angles de prise de vue.



Ce premier tome consacré à Shang-Chi permet au lecteur de découvrir un héros Marvel des années 1970 qui sort de l'ordinaire, qui doit une partie de son originalité à ses racines dans une série de romans, et une autre partie à l'influence des films de Kung-Fu. Steve Englehart pose des bases solides pour la dynamique de la série, et Doug Moench apprivoise progressivement le personnage. Jim Starlin réalise des planches personnelles pour le premier épisode, mais semble pris par le temps pour les suivants. L'originalité des planches de Paul Gulacy transparaît dans ces premiers épisodes, mais elles présentent une qualité fluctuante. 3 étoiles pour une lecteur de passage, 4 étoiles pour un lecteur curieux des séries Marvel sortant de l'ordinaire dans les années 1970.
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