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Citations de Earl Thompson (111)


Au bout du compte, quelque part dans le monde, dès qu’y’a une transaction sur le maïs à Chicago ou sur l’or à Wall Street, ça veut dire qu’y’a un gamin qui crève de faim, ou une femme qui vend son cul pour une poignée de café et une croûte de pain, ou un homme qui se fait descendre à la mitraillette parce qu’il s’est plaint des conditions. C’est comme ça qu’ça marche. Et c’est comme ça qu’ça va marcher jusqu’à c’que le monde ressemble à une flopée de rats dans le ventre d’une vache morte, ou alors qu’on soit suffisamment nombreux pour dire stop. On partage tout à parts égales !
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Souvent Jacky fantasmait : il se voyait sculpter une superbe statue de marbre, parfaitement lisse, et lui inventer une sorte de cramouille en caoutchouc pour pouvoir la baiser en vrai. Et on pourrait même lui coller des poils, non ? se disait-il. Le garçonnet se mit à tomber amoureux de chaque statue qu’il croisait, qui s’animait dans ses rêves pour devenir son esclave consentante. Elles le remerciaient pour la moindre de ses cruautés, se sacrifiaient pour satisfaire chacune de ses tocades.
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"C'est quoi, une pute, de toute façon ? S'interrogea-t-elle. Toutes ces petites pucelles qui se figurent que leur cul vaut de l'or et se marient, c'est juste des putes avec la bague au doigt, au fond. Elles se vendent pour une alliance et des promesses rose bonbon."
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Earl Thompson
Je fais partie de ces gens sur qui j’écris et ne ferai jamais vraiment partie des autres.

Je fais partie de ceux qui ont été effrayés si jeunes
par la violence que le simple fait de ne pas
être mort est pour nous une victoire.
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Y 'a jamais eu qui qu'ce soit qu'a jamais fait pousser trop de choses. Si ce putain de système peut pas absorber c'que les fermiers font pousser quant y' a tant de gens qui crèvent la dalle sous les yeux des politicards alors c'est le système qu'y faut enterrer. p55
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Le visage de Madame Miller n'était pas tant une caricature de la féminité qu'une insulte à son essence même. Une toute petite bouche écarlate peinte sur une surface qui n'était pas sans évoquer la pâte à pain, et qui semblait, vision obscène, s'ouvrir vers l'intérieur quand elle parlait, comme si la femme allait se dévorer elle-même.
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Même avec ses chaussures trempées, Jack courait vite. C'est dire à quel point Opal, la cinquantaine, un cul large comme une moissonneuse-batteuse et des jambes comme des piliers d'église, avait dû galoper tel un zèbre !
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Son imbécillité fondamentale, c’était sa foi inébranlable (et ceci en dépit de l’accumulation de preuves du contraire) en ce principe cardinal du rêve américain : pour peu que l’on soit honnête, respectueux de la loi et disposé à travailler à hauteur exacte du salaire offert, alors le succès est garanti.
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Où s'en vont-ils mourir, les êtres comme ça ? Dans des chambres sordides, aussi inélégamment et misérablement qu'ils ont vécu. Un fils dans les Marines. Une fille qui ne parle pas, c'est comme ça. Où et comment les inhume-t-on ? Aucun plaisir plus grand dans leur existence que de mordre dans un chocolat au cœur de caramel, et aucun rêve plus noble que d'aller s'installer à Miami un jour ; il semblerait plus approprié de les dessécher sur pied que de les enterrer. Ils veulent jouer dans la cour des grands mais, trop idiots ou trop peureux pour y faire autre chose que des pâtés de sable,
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Et à compter de ce jour, la seule attente d'une apparition de Stella faisait naître en lui le sentiment du temps dans toute sa cruelle durée et sa brièveté redoutable : elle tardait trop à apparaître et disparaissait bien trop vite.
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Le visage de Madame Miller n'était pas tant une caricature de la féminité qu'une insulte à son essence même. Une toute petite bouche écarlate peinte sur une surface qui n'était pas sans évoquer la pâte à pain, et qui semblait, vision obscène, s'ouvrir vers l'intérieur quand elle parlait, comme si la femme allait se dévorer elle-même. Une expression ingrate, incapable de la moindre émotion sauf la cruauté, la cupidité et la peur, le genre que l'on voit si communément derrière les caisses enregistreuses de bouis-bouis infâmes portant des noms comme Dew Drob Inn avec sa spécialité d'escalope panée, ou encore de bouges où seule la levée de coudes des momies silencieuses au zinc vient ponctuer lugubrement les heures qui passent. Et le fait qu'elle utilise des produits cosmétiques et porte de la lingerie semblait être la pire des perversions. Elle avait le cheveu rare et terne, bien que teint en noir de jais au point que même son cuir chevelu en était comme maculé. Quant à ses sourcils, ils se réduisaient à deux fines lignes maladroitement tracées au crayon. Un visage digne d'un Brueghel, d'un Hogarth ou d'un Grosz. Et, selon les canons américains, I'opposé polaire d'une Eleanor Roosevelt. Un furoncle humain.

p.136
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Vous aimez les jardins de sable bien ratissés ? Alors vous allez adorer le Kansas. Côté relief, c'est plat, plat, plat. Ciel immense, océans de blé, William Inge, bars privés, cambuses de bord de route (bière Falstaff ou High Life, chili et énorme juke-box), John Brown, Wild Bill Hickok, Carry A. Nation, Wyatt Earp le tordu, Pretty Boy Floyd et les ombres nombreuses de ces Indiens oubliés. Tous là dans la plaine, au milieu de cet océan de blé, sur ces prairies à bisons sous lesquelles, loin, très loin, les missiles intercontinentaux sont enfouis dans le schiste et le sel d'une mer préhistorique où rôdaient jadis les puissants mosasaures sous des cieux qui n'étaient pas perpétuellement nuageux.

incipit
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On peut toujours battre des ailes contre les barreaux de sa cage, se cogner la tête au mur invisible de sa prison, se débattre à l'aveugle, de toutes ses forces, jusqu'à être couvert de sang, jusqu'à ce que chacune de vos armes soit brisée, ou bien on peut livrer sa bataille calmement et méthodiquement, en choisissant son chemin.
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Il y a une phrase dans l'autobiographie de Woody Guthrie, En Route vers la gloire, qui dit à peu près: « Où que je sois, j'ai toujours l'impression que je devrais être ailleurs. »> C'est exactement ce que ressentait Carlson. Le pourquoi de cet état de fait, en revanche, était un mystère.
...
-Non. Franchement, je ne comprends pas du tout, sanglota-t-elle à son tour. T'as quelqu'un d'autre?
-Bon Dieu, non! Je t'aime. Y a personne qui a jamais compté comme toi, personne qui m'a donné envie, dans ma tête, dans mon cœur, vraiment envie d'être comme les autres, droit et sincère... même dans l'hypocrisie...
-Arrête, merde! hurla-t-elle en le giflant très fort. J'en ai marre, de ces conneries! J'en ai marre, d'entendre ça! Toi et moi ! C'est de ça qu'il s'agit! Toi et moi.
- Mais on vit pas sur une île déserte, expliqua-t-il. C'est jamais juste toi et moi.
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- Dehors? Très chère, il y a des chats... et des rats d'hôtel qui rentrent dormir, des flics qui essaient de voler quelques instants de sommeil dans une voiture à un coin de rue, toutes sortes de créatures errantes ou perdues, des ivrognes, des laitiers. Et des petits livreurs de journaux, si ça se fait encore, qui planifient leur itinéraire. Des violeurs et des assassins qui rentrent épuisés de leur nuit de boulot. Des voyageurs de commerce qui arrivent en ville, en se disant que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, et qui cherchent qui un petit remontant, qui un bain, un petit coup de rasoir, un grand coup d'after-shave sur les joues, et à nous deux Chicago!
-On y va quand même. J'ai envie qu'on fasse des trucs dingues, toi et moi, des trucs amoureux, romantiques.
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Pris entre le marteau de la pauvreté comme échec moral personnel et l'enclume de ce miroir aux alouettes qu'était la récompense matérielle d'une citoyenneté à laquelle ils ne pouvaient jamais prétendre, ils étaient des réprouvés partout où ils jetaient l'ancre. Toute leur histoire était un kaléidoscope insensé de faits, de fantasmes sur grand écran, de mensonges de protection instinctifs et de vérités un peu arrangées pour entrer dans le moule d'un rêve américain modeste et présentable.
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- C'est une question de génération. Je me demande juste ce qui va en sortir, de tout ça. Bien sûr, quand la guerre sera finie, 0n fabriquera des voitures, des maisons, des avions, tout un tas de trucs pour tout le monde. La paix, une fois pour toutes. Mais bon, on avait déjà entendu ça avant. Il y a quelque chose qui sonne faux dans tout ça. J'arrive pas vraiment à mettre le doigt le bon côté des choses. J'arrive pas vraiment à mettre le doigt dessus, mais je me rappelle quand même que, il y a vraiment pas très longtemps, on était tous sans travail. J'ai l'impression que la Dépression a seulement été interrompue, quoi, pas résolue. Vous voyez ce que je veux dire ?
- Oui, oui, enfin je crois. Mais moi, j'essaie de regarder le bon côté des choses. J'ai jamais demandé l'impossible.
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C'est ces vieux Ruskoffs qui l'ont eue, la bonne idée : ils ont pris le pouvoir. Mais nos tsars à nous, y sont plus dégourdis. Tout ce qu'ils disent, c'est : "Ici, les restes c'est pour tout le monde." Alors que le Tsar des Ruskoffs, lui y disait : "Vous ne méritez que les restes." Elle est là, la différence. Elle est là, la combine. C'est ça la différence entre la tyrannie et ce que Roosevelt, il appelle la démocrarie.
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De la farine de pomme de terre; des haricots secs et/ou de la dolique à oeil noir, avec tant de petits cailloux qu'aucune mère, même aidée de tous ses enfants, n'aurait jamais pu les trier avant de mourir de faim. (Et laide médicale, en matière de der se limitait à plomber, arracher ou poser des dentiers. Une dent cassée, et c'était souffrir ou lui dire adieu. Un certain nombre de dents arrachées donnait droit à un dentier à vingt-cinq dollars.) De la margarine transparente, uniquement bonne à graisser les roues d'une trottinette de récupération. Madame Mac était le seul être que Jacky ait jamais vu manger ce truc. Mais bon, elle aurait mangé n' importe quoi, elle avait un estomac d'autruche, sa grand-mère. Cette margarine, elle vous gâchait la tartine en deux temps trois mouvements. [...] Il y avait aussi le lait en poudre, une nouveauté. Au goût, c'était mauvais comme du brûlé. Sucre de betterave, fruits déshydratés, ça c'était ce qu'ils avaient de meilleur ; prenez farine de pomme de terre, sucre de betterave, eau, margarine, lait en poudre et fruits déshydratés, et voilà une tarte ; ded fruits déshydratés, cinq cents de fromage cuit, quelques crackers, et voilà le dîner ; les mêmes fruits, étuvés avec du sucre et un peu de poudre de lait, voilà le petit déjeuner. Alors que l'opinion commençait à ressentir un minimum de compassion pour tous ces malheureux, la femme d'un sénateur, qui n'avait jamais eu recours à l'aide alimentaire, fit cette grande découverte : "Mais on peut vivre quand même assez bien avec ça !" Et on la vit sur toutes les images d'actualité, dévorant une part de tarte ainsi confectionnée.
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J'ai jamais été fait pour lécher le cul d'un enviandé avec des godasses de tantouse, qui se pointe chez moi la gueule enfarinée pour me dire que Roosevelt est un génie, alors que cet enfoiré est en train d'emmener le pays à la damnation, et qu'y s'en remettra jamais. C'est nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants qui vont payer pour les conneries de ce taré. Tout ce qu'il essaie de faire, Roosevelt, c'est d'amener tous ces putains d'escrocs à voler juste un peu moins que ce qu'ils pourraient, pour que les gens continuent à gagner ce que les escrocs vont leur voler. Oh, y peuvent se voler entre eux, les escrocs. Mais faut d'abord avoir volé les pauvres. Les bosseurs. Y gagnent pas d'argent, les escrocs. Y font vieillir et crever les gens prématurément. Sur cette Terre, le mal qu'y font, c'est le seul que les hommes peuvent corriger, et pendant ce temps, y'a tes connards de prédicateurs qui radotent en disant que c'est seulement l'affaire de Dieu.
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