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Citations de Edgar Allan Poe (862)


Eldorado

Gaily bedight,
A gallant knight,
In sunshine and in shadow,
Singing a song,
In search of Eldorado.

But he grew old-
This knight so bold-
And o'er his heart a shadow
Fell as he found
No spot of ground
That looked like Eldorado.

And, as his strenght
Failed him at length,
He met a pilgrim shadow-
"Shadow," said he,
"Where can it be-
This land of Eldorado?"

"Over the Mountains
Of the Moon,
Down the Valley of the Shadow,
Ride, boldly ride,"
The shade replied,-
"If you seek for Eldorado!"
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Il y avait dans l’air des bruits et des silences, d’indicibles rumeurs évocatrices, qui me rappelaient, avec assez d’exactitude pour que je la saisisse de nouveau, l’impression que m’avait donnée l’atmosphère de cette soirée de juin où pour la première fois j’avais aperçu Quint au sommet de la tour, ou de cet autre moment où, après l’avoir à la fenêtre, j’étais sortie en vain à sa recherche, en scrutant les buissons.
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Ses cheveux gris sont des archives du passé, et ses yeux, plus gris encore, sont des sibylles de l'avenir.

Manuscrit trouvé dans une bouteille.
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En général, les coïncidences sont de grosses pierres d'achoppement dans la route de ces pauvres penseurs mal éduqués qui ne savent pas le premier mot de la théorie des probabilités, théorie à laquelle le savoir humain doit ses plus glorieuses conquêtes et ses plus belles découvertes.

Double Assassinat dans la rue Morgue.
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LE CORBEAU

Une fois, par un minuit lugubre, tandis que je m’appesantissais, faible et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié, — tandis que je dodelinais la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre, — cela seul et rien de plus.

Ah ! distinctement je me souviens que c’était en le glacial Décembre : et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je souhaitais le jour ; — vainement j’avais cherché d’emprunter à mes livres un sursis au chagrin — au chagrin de la Lénore perdue — de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore, — de nom ! pour elle ici, non, jamais plus !

Et de la soie l’incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural me traversait — m’emplissait de fantastiques terreurs pas senties encore : si bien que, pour calmer le battement de mon cœur, je demeurais maintenant à répéter : « C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée, à la porte de ma chambre — quelque visiteur qui sollicite l’entrée, à la porte de ma chambre ; c’est cela et rien de plus. »

Mon âme se fit subitement plus forte et, n’hésitant davantage : « Monsieur, dis-je, ou madame, j’implore véritablement votre pardon ; mais le fait est que je somnolais, et vous vîntes si doucement frapper, et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre, que j’étais à peine sûr de vous avoir entendu. » — Ici j’ouvris grande la porte : les ténèbres et rien de plus.

Loin dans l’ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m’étonner et craindre, à rêver des rêves qu’aucun mortel n’avait osé rêver encore ; mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe : et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté

« Lénore ! » Je le chuchotai — et un écho murmura de retour le mot « Lénore ! » purement cela et rien de plus.
Rentrant dans la chambre, toute mon âme en feu, j’entendis bientôt un heurt en quelque sorte plus fort qu’auparavant. « Sûrement, dis-je, sûrement c’est quelque chose à la persienne de ma fenêtre. Voyons donc ce qu’il y a et explorons ce mystère ; — que mon cœur se calme un moment et explore ce mystère : c’est le vent et rien de plus. »

Au large je poussai le volet, quand, avec maints enjouement et agitation d’ailes, entra un majestueux corbeau des saints jours de jadis. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta ni n’hésita un instant : mais, avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de ma chambre, — se percha sur un buste de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre — se percha, siégea et rien de plus.

Alors cet oiseau d’ébène induisant ma triste imagination au sourire, par le grave et sévère décorum de la contenance qu’il eut : « Quoique ta crête soit chenue et rase, non ! dis-je, tu n’es pas pour sûr, un poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de Nuit — dis-moi quel est ton nom seigneurial au rivage plutonien de Nuit. » Le Corbeau dit : « Jamais plus. »

Je m’émerveillai fort d’entendre ce disgracieux volatile s’énoncer aussi clairement, quoique sa réponse n’eût que peu de sens et peu d’à-propos ; car on ne peut s’empêcher de convenir que nul homme vivant n’eut encore l’heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, — un oiseau ou toute autre bête sur le buste sculpté, au-dessus de la porte de sa chambre, — avec un nom tel que : « Jamais plus. »

Mais le Corbeau perché solitairement sur ce buste placide, parla ce seul mot comme si son âme, en ce seul mot, il la répandait. Je ne proférai donc rien de plus ; il n’agita donc pas de plume, — jusqu’à ce que je fis à peine davantage que marmotter : « D’autres amis déjà ont pris leur vol, — demain il me laissera

comme mes espérances déjà ont pris leur vol. » Alors l’oiseau dit : « Jamais plus. »
Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée : « Sans doute, dis-je, ce qu’il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l’impitoyable Désastre suivit de près et de très près suivit jusqu’à ce que ses chansons comportassent un unique refrain ; jusqu’à ce que les chants funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de : « Jamais — jamais plus. »

Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai soudain un siège à coussins en face de l’oiseau, et du buste, et de la porte ; et m’enfonçant dans le velours, je me pris à enchaîner songerie à songerie, pensant à ce que cet augural oiseau de jadis, — à ce que ce sombre, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau de jadis signifiait en croassant : « Jamais plus. »

Cela, je m’assis occupé à le conjecturer, mais n’adressant pas une syllabe à l’oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon sein ; cela et plus encore, je m’assis pour le deviner, ma tête reposant à l’aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière de la lampe, housse violette de velours qu’Elle ne pressera plus, ah ! jamais plus.

L’air, me sembla-t-il, devint alors plus dense, parfumé selon un encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans sa chute, tintait sur l’étoffe du parquet. « Misérable ! m’écriai-je, ton Dieu t’a prêté — il t’a envoyé, par ces anges le répit — le répit et le népenthès dans ta mémoire de Lénore ! Bois ! oh ! bois ce bon népenthès et oublie cette Lénore perdue ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète, dis-je, être de malheur ! prophète, oui, oiseau ou démon ! Que si le Tentateur t’envoya ou la tempête t’échoua vers ces bords, désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée, —

vers ce logis par l’horreur hanté : dis-moi véritablement, je t’implore ! y a-t-il du baume en Judée ? — Dis-moi, je t’implore. » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »
« Prophète, dis-je, être de malheur, prophète, oui, oiseau ou démon ! Par les cieux sur nous épars, — et le Dieu que nous adorons tous deux, — dis à cette âme de chagrin chargée si, dans le distant Éden, elle doit embrasser une jeune fille sanctifiée que les anges nomment Lénore, — embrasser une rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore. » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin esprit », hurlai-je en me dressant. « Recule en la tempête et le rivage plutonien de Nuit ! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage du mensonge qu’a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon ! quitte le buste au-dessus de ma porte ! ôte ton bec de mon cœur et jette ta forme loin de ma porte ! » Le Corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le Corbeau, sans voleter, siège encore, — siège encore sur le buste pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve, et la lumière de la lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre : et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s’élèvera — jamais plus.
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À Zante
Belle île, qui de la plus belle de toutes les fleurs,
prends le plus gracieux de tous les noms gracieux !
Combien de souvenirs de radiantes heures
s' éveillent aussitôt à la vue de toi et des tiens !
Combien de scènes de quels bonheurs enfuis !
Combien de pensées de quels espoirs ensevelis !
Combien de visions d 'une vierge qui n 'est
plus — plus sur tes coteaux verdoyants !
Plus ! hélas, ce son triste et magique
qui transforme tout ! Tes charmes ne plairont plus -
ton souvenir, plus ! Terre maudite
désormais m 'est ton rivage émaillé de fleurs.
Ô île d 'hyacinthes ! Ô Zante empourprée !
« Isola d 'oro ! Fior di Levante !
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Je sentais que je respirais une atmosphère de chagrin. Un air de mélancolie âpre, profonde, incurable, planait sur tout et pénétrait tout. [...]
Je reconnaissais plus amèrement la vanité de tous mes efforts pour ranimer un esprit, d’où la nuit, comme une propriété qui lui aurait été inhérente, déversait sur tous les objets de l’univers physique et moral une irradiation incessante de ténèbres.
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Les facultés de l’esprit qu’on définit par le terme analytiques sont en elles-mêmes fort peu susceptibles d’analyse. Nous ne les apprécions que par leurs résultats. Ce que nous en savons, entre autre choses, c’est qu’elles sont pour celui qui les possède à un degré extraordinaire une source de jouissances des plus vives. De même que l’homme fort se réjouit dans son aptitude physique, se complaît dans les exercices qui provoquent les muscles à l’action, de même 53 l’analyse prend sa gloire dans cette activité spirituelle dont la fonction est de débrouiller.
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Comme je rêvais ainsi, les yeux à moitié clos, tandis que le soleil descendait rapidement vers son lit, et que des tourbillons couraient tout autour de l’île, portant sur leur sein de grandes, lumineuses et blanches écailles, détachées des troncs des sycomores, – écailles qu’une imagination vive aurait pu, grâce à leurs positions variées sur l’eau, convertir en tels objets qu’il lui aurait plu, – pendant que je rêvais ainsi, il me sembla que la figure d’une de ces mêmes Fées dont j’avais rêvé, se détachant de la partie lumineuse et occidentale de l’île, s’avançait lentement vers les ténèbres. – Elle se tenait droite sur un canot singulièrement fragile, et le mouvait avec un fantôme d’aviron. Tant qu’elle fut sous l’influence des beaux rayons attardés, son attitude parut traduire la joie ; – mais le chagrin altéra sa physionomie quand elle passa dans la région de l’ombre. Lentement elle glissa tout le long, fit peu à peu le tour de l’île, et rentra dans la région de la lumière.
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Cependant, aussi sûr que mon âme existe, je crois que la perversité est une des primitives impulsions du coeur humain, - une des indivisibles premières facultés ou sentiments qui donnent la direction au caractère de l'homme.
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2 avril. – Parlé aujourd'hui du cutter électrique chargé de la section moyenne des fils télégraphiques flottants. J'apprends que lorsque cette espèce de télégraphe fut essayée pour la première fois par Horse, on regardait comme tout à fait impossible de conduire les fils sous la mer ; aujourd'hui nous avons peine à comprendre où l'on pouvait voir une difficulté ! Ainsi marche le monde. Tempora mutantur – vous m'excuserez de vous citer de l'Etrusque.
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Quant à moi, je ne fais aucun doute qu'il a dû exister quelque espèce de voie à une époque fort ancienne, comme l'affirme Pundit ; car rien n'est plus clair pour moi que ce fait : qu'à une certaine période – pas moins de sept siècles avant nous, certainement, – les continents du Canada nord et sud n'en faisaient qu'un, et que dès lors les Canadiens durent nécessairement construire un grand chemin de fer qui traversât le continent.
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Vous me direz que c’était peut-être la voix d’un Asiatique ou d’un Africain. Les Africains et les Asiatiques n’abondent pas à Paris.
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"Et les voyageurs, maintenant, dans la vallée,
voient par les rougeâtres fenêtres de vastes formes qui
s'agitent, fantastiquement, sur une mélodie discordante [...]"

Traduction : Stéphane Mallarmé.
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ISRAFEL

Dans le ciel habite un esprit « dont les fibres du cœur font un luth ». Nul ne chante si étrangement bien — que l’ange Israfel, et les étoiles si irrésolues (au dire des légendes), cessant leurs hymnes, se prennent au charme de sa voix, muettes toutes.

Vacillante et lointaine à sa plus haute heure, la lune énamourée rougit de passion ; alors, pour écouter, la vermeille clarté ainsi que les rapides Pléiades, elles-mêmes, toutes les sept, fait une pause dans les Cieux.

Ils disent (le chœur étoilé et tout ce qui écoute là) que la flamme d’Israfeli doit à cette lyre, avec quoi il siège et chante, le frémissement de vie qui se prolonge sur ces cordes extraordinaires.

Mais cet ange a foulé le firmament, où de profondes pensées sont un devoir, — où l’Amour est un dieu dans sa force, — où les œillades des houris possèdent toute la beauté que l’on adore dans une étoile.

Voilà pourquoi tu n’as pas tort, Israfeli, que ne satisfait pas un chant impossible ; à toi appartiennent les lauriers, ô Barde le meilleur, étant le plus sage ! Vis joyeusement et longtemps ! et longtemps !

Les célestes extases d’en haut, certes, vont bien à tes brûlantes mesures ; ta peine, ta joie, ta haine, ton amour, à la ferveur de ton luth ; — les étoiles peuvent être muettes.

Oui, le ciel est à toi, mais chez nous est un monde de douceurs et d’amertumes ; nos fleurs sont simplement — des fleurs ; et l’ombre de ta félicité parfaite est le sommeil de la nôtre.

Si je pouvais habiter où Israfel habite et que lui me fût, il se pourrait qu’il ne chantât pas si étrangement bien une mélodie mortelle ; tandis qu’une note plus forte que celle-ci peut-être roulerait de ma lyre dans le Ciel.
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UN RÊVE

En des visions de la sombre nuit, j’ai bien rêvé de joie défunte, — mais voici qu’un rêve tout éveillé de vie et de lumière m’a laissé le cœur brisé.

Ah ! qu’est-ce qui n’est pas un rêve le jour pour celui dont les yeux portent sur les choses d’alentour un éclat retourné au passé ?

Ce rêve béni, ce rêve béni, pendant que grondait le monde entier, m’a réjoui comme un cher rayon guidant un esprit solitaire.

Oui, quoique cette lumière, dans l’orage et la nuit, tremblât comme de loin, que pouvait-il y avoir, brillant avec plus de pureté, sous l’astre de jour de Vérité.
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ELDORADO

Gaiement accoutré, un galant chevalier, au soleil et par les ténèbres, avait longtemps voyagé, chantant une chanson, à la recherche de l’Eldorado.

Mais il se fit vieux, ce chevalier si hardi, et sur son cœur tomba une ombre, comme il ne trouvait aucun endroit de la terre qui ressemblât à l’Eldorado

Et, quand sa force défaillit à la longue, il rencontra une ombre pèlerine. — « Ombre, dit-il, où peut être cette terre d’Eldorado ? »

— « Par-delà les montagnes de la lune, et au fond de la vallée de l’ombre, chevauche hardiment, répondit l’ombre, — si tu cherches l’Eldorado. »
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ROMANCES ET VERS D’ALBUM

La Romance qui se plaît à saluer et à chanter, la tête somnolente et l’aile ployée, parmi les feuilles vertes secouées bien au loin dans quelque lac ombreux, a été pour moi un perroquet colorié — oiseau fort familier ; m’a montré l’alphabet, et à balbutier mes toutes premières paroles, quand j’étais dans le bois farouche, enfant à l’œil sagace.

Condors, maintenant, des ans éternels ébranlent à ce point les hauteurs de l’air avec un tumulte de foudre, que je n’ai plus de temps pour des soins ardents, les yeux fixes sur l’inquiet ciel. Et, quand une heure aux ailes plus calmes étend sa plume sur mon esprit, — passer ce peu de temps avec la lyre et le rythme (choses défendues !), mon cœur s’en ferait un crime, à moins qu’il n’ait frémi à l’unisson des cordes.
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LA VALLÉE DE L’INQUIÉTUDE

Autrefois souriait un val silencieux que son monde n’habitait pas : tous étaient allés en guerre, confiant aux doux yeux des étoiles, la nuit, de veiller des hautes tours de l’azur sur les fleurs au milieu de qui, tout le jour, le soleil vermeil demeurait paresseusement.

Maintenant, tout visiteur confessera l’instabilité de la triste vallée. Il n’y a rien d’immobile — rien sauf les airs qui accablent la magique solitude. Ah ! aucun vent ne trouble ces arbres qui palpitent comme les mers glacées autour des brumeuses Hébrides ! Ah ! aucun vent ne pousse ces nuages qui frémissent par les cieux inquiets, avec malaise, du matin au soir, au-dessus des violettes qui sont là par myriades de types de l’œil humain — au-dessus des lis qui ondulent et pleurent sur une tombe sans nom. Ils ondulent : de leurs odorants sommets d’éternelles rosées tombent par gouttes. Ils pleurent : de leurs délicates tiges les pérennelles larmes descendent en pierreries.
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POUR ANNIE

Grâce au ciel ! la crise — le danger est passé, et le malaise traînant est loin enfin — et la fièvre appelée « Vivre » est vaincue enfin.

C’est tristesse, je le sais, que d’être dénué de ma force, et je ne meus pas un muscle, moi qui gis tout de mon long, — mais n’importe ! — Je sens que je suis mieux à la longue.

Et je reste si posément maintenant dans mon lit, qu’un spectateur pourrait s’imaginer ma mort, pourrait tressaillir à ce spectacle, me croyant mort.

Geignement et gémissement — le soupir, le sanglot — sont maintenant apaisés, avec cet horrible battement du cœur : — ah ! cet horrible, horrible battement !

Le malaise — la nausée — l’impitoyable douleur — ont cessé, avec la fièvre et sa démence au cerveau, — avec la fièvre appelée « Vivre » qui brûlait dans mon cerveau.

Oh ! et de toutes tortures — cette torture, la pire, s’est abattue — la terrible torture de la soif pour le fleuve bitumineux de passion maudite : — j’ai bu d’une eau qui étanche toute soif ;

D’une eau qui coule avec des syllabes endormantes hors d’une source rien qu’à très peu de pieds sous terre — hors d’une caverne pas très avant située sous la terre.

Ah ! que jamais on ne dise — sottement — que ma chambre est obscure ni étroit mon lit ; car homme n’a jamais dormi dans un lit différent et, — pour dormir vous aurez juste à sommeiller dans un même lit.

Mon esprit à la Tantale ici se repose agréablement, oubliant ou ne regrettant jamais ses roses, — ses vieilles agitations de myrtes et de roses :

Car voici que, tout en gisant dans sa quiétude, il imagine une odeur plus sainte, alentour, de violettes — une odeur de romarin, entremêlé avec les violettes — avec de la rue et les belles violettes puritaines.

Il gît ainsi, heureusement, baigné — par maint songe de la constance et de la beauté d’Annie — noyé dans un bain des tresses d’Annie.

Tendrement elle m’embrassa : affectueusement me caressa, et je tombai alors doucement pour dormir sur son sein, — dormir profondément à cause des cieux de son sein.

À l’extinction de la lumière, elle me couvrit chaudement et elle pria les anges de me garder de tout mal, — la reine des anges de me parer de tout mal.

Et je gis si posément, maintenant, dans mon lit (connaissant son amour) que vous vous imaginez ma mort, — et je demeure si satisfait, maintenant, dans mon lit (avec son amour en mon sein) que vous vous imaginez ma mort, que vous frémissez de me regarder, me croyant mort.

Mais pour mon cœur — il est plus brillant — que toutes les multiples étoiles du ciel — car il scintille par Annie, — il s’allume à la lumière de l’amour de mon Annie — à la pensée de la lumière des yeux de mon Annie.
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