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Citations de Edna O’Brien (230)


Le calme règne. On sent la chaleur étouffante, le soleil qui frappe la cime des arbres assoupis, les champs indéfinissables, à perte de vue jusqu’à la chaîne bleuâtre des montagnes. Plus tard, alors que le temps se rafraîchira et qu’elles seront rentrées, le cri du râle des genêts traversera ces mêmes champs et survolera le lac en direction du nimbe bleu de la montagne, un cri qui sent la solitude du soir, la soirée esseulée des mères qui disent que ce n’est pas notre faute si nous pleurons, c’est la faute de la nature, qui nous a faites d’abord pleines, puis vides.
Tel est le courroux des mères, tel est le cri des mères, telle est la lamentation des mères, qui n’en finit pas jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière nuance bleuâtre, aux fourmis, au crépuscule et à la poussière des mortels. (p. 13-14)
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Une minute de folie dont dépend toute une vie.
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Avril 2014. Deux-cent-soixante-seize lycéennes nigérianes sont enlevées par Boko Haram dans l’enceinte de leur établissement. Elles traversent la jungle en camion, terrorisées. Parmi elles, Maryam. Pour elle le camp, les viols, le mariage forcé, l’accouchement, la fuite avec le bébé, enfin le retour à la maison, la honte et le chagrin.
En 2019 Edna O’Brien enquête sur place alors qu’une centaine de jeunes filles n’ont toujours pas été retrouvées. Elle rencontre des rescapées, écoute leur calvaire, prend des notes et donne naissance à Maryam, qui est une mais qui les représente toutes, toutes les captives de la secte.
Maryam subit des viols répétés dans le camp puis est mariée de force à un combattant. De force, oui, mais c’est une sorte de soulagement pour elle. Mieux vaut un que toute une armée. D’ailleurs les autres aussi préfèreraient être choisies. D’esclave sexuelle elle devient épouse puis mère. Le mari n’est pas si cruel au fond. Lui non plus n’a pas eu le choix.
Maryam parvient à s’enfuir avec le bébé. Une sorte de miracle, un coup du sort. S’en suit un périple avec la petite et une camarade qui meurt en chemin. Maryam survit avec l’enfant.
À son retour elle retrouve son village détruit. Son père et ses frères sont morts et les survivants se méfient d’elle, la suspectent, la craignent. Ne serait-elle pas devenue une combattante convertie et radicalisée, rentrée à la maison pour les tuer tous ? Ne vont-ils pas subir les représailles de son évasion ? Et puis que faire de son enfant, fille de bourreau, objet de honte ?
Le bien et le mal se confondent, se trouvent des deux côtés. Rien n’est manichéen. Le retour à la maison n’est pas la fin du calvaire mais le début d’un autre. Les peurs et les croyances des gens de son village ne sont pas plus rassurantes que celles de la secte. Maryam est stigmatisée par les membres de sa propre famille. D’ailleurs les siens lui arrachent son bébé quand la secte le lui avait laissé.
C’est un récit techniquement très propre : la vraisemblance des sentiments est irréprochable. Maryam n’est ni héroïque ni désespérée, elle subit et avance pour survivre au génocide. On retrouve d’ailleurs assez précisément le même état d’esprit que dans les nombreux témoignages consacrés aux camps de concentration : survivre, point. Pas de place aux émotions ou à l’apitoiement sur son sort. C’est une sorte de luxe en quelque sorte, un confort réservé aux gens qui ne sont pas dans une situation tout à fait désespérée. C’est à peine une souffrance sur le moment, c’est un combat. Le temps des pleurs viendra après, au retour. On sent le travail d’investigation premièrement, le sérieux de la documentation, et puis la finesse, la véracité, la plausibilité psychologique.
Le style est brutal, dur, solide. Il est calqué sur le registre du témoignage : un peu froid, distant. Des faits, point. C’est presque académique. Ce que le personnage éprouve, ressent, s’apparente à trois fois rien et c’est bien normal : rester en vie coûte que coûte, trouver de l’eau, de la nourriture, subir en silence. Du sérieux, du robuste, du vraisemblable. Le fruit de trois années de travail autant d’investigation que d’écriture. Et cependant quelque chose en fond me dérange un peu, c’est cette sorte d’opportunisme (d’autres ont écrit « fond de commerce », terme assez exact aussi) même s’il s’agit de « dénoncer » ou « d’informer », cette façon d’aller s’alimenter de réel pour construire un roman plutôt que d’user de son imagination.
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Chaque fille a reçu un uniforme, identique à celui que portaient les filles qui étaient là depuis longtemps. On nous a dit de les enfiler. D’un bleu morose, avec des hijabs encore plus foncés, et même si je ne me voyais pas, faute de miroir, j’ai vu mes amies, transformées, soudain vieilles, telles des nonnes endeuillées.
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Leurs fanfaronnades, leur concours de photo l’ont enhardi. Par moments, il se retire pour laisser les appareils scruter. Ils excitent sa prouesse, son désir brûlant et sa détestation de moi. Ils rient de mes hurlements alors qu’il fait trépider tout mon corps sur cette triste terre.
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Elle m’a dit que c’était une vraie jubilation à chaque naissance… si c’était un garçon. Un futur combattant. Si c’était une fille, il y avait moins de coups de feu et aucune jubilation.
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Sa mère dit qu’elle n’a que dix ans, mais elle est déjà fiancée à un garçon d’une tribu d’un autre village. Elle se mariera d’ici trois ou quatre ans, et ils obtiendront une parcelle de terre et partiront lancer leur propre troupeau.
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Pourquoi je te raconte tout ça… Parce que je ne te connais pas, tu ne me connais pas et tu ne connais pas le monde dans lequel tu es revenu.
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À chaque rêve, la nuit, ça devient plus sanglant. Je fais bouillir mes ravisseurs dans de grandes marmites noires. Plein de feux allumés. Ces hommes savent que leur heure a sonné. Ils demandent grâce comme nous suppliions. Je les entasse dans les marmites et John-John m’aide avec le pilon. On leur fracasse le crâne et leur cervelle suinte en une sorte de sombre bouillie. Leurs barbes flottent à la surface telle une écume putréfiée. L’eau bouillante qui s’élève autour d’eux les réduit au silence.
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Ce sont ici de courtes nouvelles - de 8 à 30 pages - écrites par Edna O'Brien. Obsédée par la condition féminine, l'auteure s'appuie sur sa connaissance du sujet: la femme délaissée, la femme trompée, la femme conquérante, la femme séductrice, la femme et le plaisir, la femme vieillissante,...
Le plus souvent, il s'agit de femmes qui ont plus ou moins manqué leur première expérience maritale. Les années ont passé: que faire de celles qui restent quand on encore en soi un peu de sa jeunesse, que l'on est toujours capable de plaire? Edna O'Brien connaît par coeur toutes ces femmes, et nous aimons la suivre, en confiance. Une curiosité tout de même: il n'est jamais question d'amour. Il est probable que l'auteure, qui sait tout des femmes, des hommes, et des relations qu'ils conduisent pour le meilleur et pour le pire, ne croit pas en cette curieuse chose - l'amour - sur laquelle s'étendent pourtant, contrairement à elle, la plupart des romanciers.
Celle écrivaine nous a donné ces écrits alors qu'elle était une femme jeune et moderne, capable de parler des choses du sexe de façon hardie pour l'époque. Elle est aujourd'hui nonagénaire: ne l'oublions pas dans son nouveau statut de vieille femme.
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Ô soleil. Impudent albatros jaune d’œuf [...]. (1e page)
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Vous n'y étiez pas. Vius ne pouvez pas savoir ce qui nous a été fait. Vous vivez du pouvoir, et nous de l'impuissance.
Youssouf était parti, je restais. Elle m'en veut. Si je n'avais pas été le chouchou de mon père, si je n'avais pas fait d'études secondaires, rien de tout cela ne serait arrivé.
Il était question de Babby. Que faire de Babby. Oncle voulait qu'on s'en débarasse tout de suite.
Elle s'est relevée, les yeux fulminants, disant que j'étais vraiment une fille retorse et ingrate.
Oui, j'ai peur d'eux. J'ai peur de ce qu'ils pourraient me faire. J,ai peur d'aller au-delà des confins de ce mur.

Je n'arrivais pas à dormir. ...on était en sécurité. On avait trouvé unnouveau foyer du moins pour l'instant.
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La paix qu’elle avait avec son mari était fragile. Il savait qu’elle écrivait et fourrait tout ça dans des chemises et entre des feuilles de papier buvard pout ne pas être découverte. Mais il trouva ses pages, griffonna des notes dessus, des notes parfois très caustiques.
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Il y a de la crasse sur moi et en moi, la crasse de leurs actes.
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Tatie a commencé à m'expliquer que les autorités n'approuvaient pas que les femmes du bush ramènent leurs enfants, mais trouvaient plutôt des crèches où les placer. J'ai été blessée qu'on m'appelle femme du bush, plutôt que par mon nom.
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LE CAMP ETAIT PRESQUE DESERT. Ils étaient partis plus tôt en camions, emmenant la plupart des filles pour aider à construire dans la forêt des cahutes de fortune destinées aux nouvelles qui venaient d'arriver.
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Il y a une chose que je dois savoir. La nature humaine était devenue diabolique.
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 Un jour, tu ouvriras ton coeur à quelqu’un », dit-il, et il se lève.
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Dieu seul connait la réponse
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- On a pas le pouvoir de changer les choses, a-t-elle dit en posant la lampe sur la petite table de chevet.
- Pourquoi pas ?
- Parce qu’on est des femmes.
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