Nosotros dos en la tormenta (titre en français non encore disponible) est un épais roman choral de 476 pages avec un fond historique argentin. Il se lit comme un thriller.
Quand j’ai su que le thème était politique, j’ai eu un mouvement de rejet, mais l’excellence de l ‘écriture de Sacheri, m’a fait dévorer le livre.
Dès sa parution en juin 2023 c’était le livre le plus vendu en Argentine, même si le sujet, 45 ans après, continue d’être difficile à aborder.
Le roman se situe en 1975, un an avant le coup d’état militaire, dans le quartier de Castelar à l’ouest de Buenos Aires et qui se trouve être le quartier de l ‘écrivain Sacheri. Le livre est divisé en 4 parties, les quatre saisons de l’année.
L’année 1975 fût l’année la plus active dans la lutte armée de guerrilleros de plusieurs tendances, guerrilleros convaincus que le pouvoir était à leur portée.
Dans le titre du livre il y a un jeu avec le lecteur car les deux personnages de la tempête pourraient correspondre aux deux révolutionnaires protagonistes : Antonio et Alejandro. Mais il y a une autre possibilité, que ce soit Alejandro et son père âgé, le seul personnage à s’exprimer à la première personne et qui déplore le militantisme violent de son fils.
Nous sommes en Argentine entre mars et décembre 1975, la guerrilla est par tout. Ce sont deux les mouvements principaux : les Montoneros et l’ERP (Ejército Revolucionario del Pueblo).
Les protagonistes Antonio et Alejandro se connaissent depuis l’enfance, ils ont habité toujours le quartier de Castelar, mais ils appartiennent à des mouvements révolutionnaires différents : Antonio à Montoneros (mouvement que maintient une relation équivoque avec le péronisme) et Alejandro à l’ERP (un groupe plus à gauche, inspiré du Che Guevara). Les deux groupes ne se querellent pas, mais ils ne collaborent pas non plus.
Comme lecteur nous assistons à l’organisation criminelle des deux groupes : assassinats, séquestrations, extorsions, bombes avec nombreuses victimes collatérales, filatures, intimidations et des vies passées totalement à la clandestinité.
La position morale de l’auteur est remarquable car il ne prendra jamais parti, mais il racontera les faits de façon chorale avec une dizaine d’avis différents parmi victimes et bourreaux, tous des gens qui ont vécu cette époque.
Le descriptif réaliste et humain de chaque personnage est très réussi. Cela donne la magnitude de l’impact des faits : le rapport entre les gens, les rapports familiaux, les amitiés, le militantisme extrême avec son langage hermétique et abscons, la véritable proximité de la mort soit parce que on la provoque, soit parce qu’on l’assume.
Voilà le sujet du roman, un sujet encore difficile à aborder et que Eduardo Sacheri nous livre avec pas mal d’humour, ce qui allège la tension du lecteur.
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