Citations de Edward Bunker (138)
« Lorsque l’adjoint du shérif qui faisait office d’huissier appela Ron à la grille et lui attacha les poignets des deux bracelets d’acier brillant, Ron prit la chose avec un léger mépris, se sentant envahi d’un étrange sentiment de fierté et de puissance, car ces fers qui l’entravaient étaient aussi le symbole d’une société qui avait peur. »
Une prison ne peut pas fonctionner si les détenus ne travaillent pas.
S'ils refusaient de me laisser vivre en paix, leur paix, je n'en voulais plus.
Un toxico malade préfère un fixe au salut.
Et quand tu seras au bout du chemin, quand le moment sera venu de faire le bilan, c'est ça que t'auras été, et pas autre chose, quoi que ça puisse être. L'espoir est encore devant toi - mais un jour il sera derrière toi.
Les hurlements dignes d’animaux en furie, les insultes raciales s’élevaient dans l’anonymat de la ruche des cellules et le faisaient songer à des bêtes sauvages dans leur cage qui gronderaient en montrant les dents. Son mépris de la stupidité et sa sympathie pour la condnition des Noirs opprimés en Amérique s’étaient trouvés submergés par la peur. Penndant le bouclage, il lui avait fallu emprunter la passerelle entre des groupes de jeunes Noirs. Il avait pu sentir au passage leur haine brûlante comme le souffle d’un brasier. Il avait évité les regards, la peur au ventre, et, dans le sanctuaire de sa cellule, ses frayeurs devinrent le germe d’où se mit à grandir l’arbre de sa haine.
Les prisonniers dépenaillés, pour la plupart des Noirs et des Chicanos, s'alignaient en colonne par deux, enchaînés six par six, regroupés devant leurs autocars respectifs ; on aurait dit un grouillement de mille-pattes humains.
Je n’avais aucun jugement critique. Un livre était un livre et un chemin qui conduisait à des terres lointaines et de merveilleuses aventures.
Tout le monde vieillit, tout le monde meurt; ensuite, plus rien n'a d'importance, mais l'idée était effrayante de se savoir vieux, face à la mort en attente, sans même le souvenir d'avoir vécu.
- C'est du bon et du solide , dit Earl. Mais il devient de plus en plus sauvage en vieillissant. Il était plus relax quand il avait vingt-deux ans.
- Putain, mais à force ils en ont fait une bête féroce. Ça arrive tout le temps.
- Parfois t'es sacrément perspicace pour un petit gars de la campagne.
- Et qu'est ce que ça veut dire, perspi-merde, nom de Dieu?
Il voulait lui parler de ces jeunes hommes élevés dans des maisons de redressement qui leur déformaient le psychisme au point que les institutions et les valeurs carcérales devenaient dés lors toute leur vie, eux dont le statut social s'était bâti sur la seule violence. Il voulait lui parler du racisme qui allait au delà du racisme pour se changer en obsession, des deux côtés de la barrière, et de la manière dont lui s'en trouvait affecté en devenant l'objet de haines meurtrières par le simple fait qu'il était blanc. Ce qui, en réaction, faisait naître peur et haine qui s’enracinaient à cœur.
On pourrait peut être se récolter dix jours, mais ici, c'est la proie qu'y sont obligés de coller en cage parce qu'il y a trop de prédateurs.
Lorsque vous m'avez envoyé en prison, elle me faisait peur. Mais je ne m'attendais pas à ce que la prison me change... en bien comme en mal. Mais après une année d'incarcération, j'ai changé, et j'ai changé en mal... tout au moins selon les critères de la société. Essayer de faire de quelqu'un un être humain décent et honnête en l'envoyant en prison, c'est comme essayer de changer un homme en musulman en l'expédiant dans un monastère trappiste. Il y a un an, l'idée de faire mal physiquement à quelqu'un, l'idée de blesser quelqu'un gravement, m'était abominable - mais après un an passé dans un monde où il n'est jamais dit qu'il soit mal de tuer, un monde régi par la loi de la jungle, je me trouve aujourd'hui à même envisager de commettre un acte de violence avec sérénité...
Après l’extinction des feux (bien qu’il ne fît pas vraiment sombre car l’éclairage de la passerelle projetait à l’intérieur de la cellule des lueurs gaufrées à motifs de barreaux), Ron contempla la baie obscure au-delà des murs du bloc et le scintillement des lumières sur les collines de Richmond au-delà des ténèbres. C’était une véritable insulte que d’installer une prison aussi laide au milieu d’un décor aussi beau. Et ses tourments s’en trouvaient d’autant plus exacerbés, à se sentir mort entouré de tant de vie.
- Fait trop beau pour rester enfermé, marmonna-t-il, appréciant à sa juste valeur la douleur douce-amère d’encore aspirer à la liberté.
Elle lui disait qu’il était toujours un humain, qu’il espérait encore avec passion autre chose que le simple fait d’être prisonnier. L’espoir vivait encore…
il s'était attendu à croiser quelques individus intelligents, mais c'est ici que se trouvait la lie des ratés de la pègre, agresseurs, camés de bas-étage, cambrioleurs de station-service, plus tous les crétins stupides qui avaient violé et assassiné. A croire que les maîtres criminels n'existaient pas. Il voulait lui parler de ces jeunes hommes élevés dans des maisons de redressement qui leur déformaient le psychisme au point que les institutions et les valeurs carcérales devenaient dès lors toute leur vie, eux dont le statut social s'était bâti sur la seule violence. Il voulait lui parler du racisme qui allait au-delà du racisme pour se changer en obsession - des deux côtés de la barrière - et la manière dont lui s'en trouvait affecté en devenant l'objet de haines meurtrières par le simple fait qu'il était blanc. Ce qui, en réaction, faisait naître peur et haine qui s'enracinaient à cœur.
Le moindre signe de faiblesse était une invite à l'agression, et le plus grand de tous était de se faire sodomiser. Il assista à l'arrivée d'un jeune homme, blond et bien de sa personne, issu de la classe moyenne, et vit la meute des loups fondre sur la proie.
Le visage aplati comme une crêpe et les oreilles en chou-fleur, Dutch était l'incarnation, en apparence, du détenu dans toute sa brutalité; c'était en réalité un homme doux et gentil qu'il fallait provoquer jusqu'à un point insupportable pour qu'il se montre violent, provocation qu'il était rare de rencontrer du fait de son apparence physique. Personne ne vient défier un homme qui ressemble à un ours grizzli.
-Si on peut retrouver le mec. Et alors? Pete est mort, ça ne le fera pas revenir. Ils ont fait la peau à un mec pour des chaussures...Des putains de godasses! Et le mec ne les as pas prises...probablement qu'il n'a même pas pu. C'est ce que je n'arrête pas de répéter à nos amis indomptables. Finalement, il y a un minable quelconque qui va se faufiler en douce jusqu'à eux et faire ça, exactement. Tout le monde peut mourir. Tout le monde saigne. Et tout le monde peut tuer si la situations s'y prête.
De nombreux détenus étaient d'avis que Dutch était peut-être le lutteur le plus fort du monde ; mais il aimait aussi la bonne gnôle et les mauvais coups ; aujourd'hui dans sa sixième décennie, il en était à son sixième séjour derrière les barreaux. Le visage aplati comme une crêpe et les oreilles en chou-fleur, Dutch était l'incarnation, en apparence, du détenu dans toute sa brutalité ; c'était en réalité un homme doux et gentil qu'il fallait provoquer jusqu'à un point insupportable pour se montrer violent, provocation qu'il était rare de rencontrer du fait de son apparence physique. Personne ne vient défier un homme qui ressemble à un grizzli.