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Critiques de Elena Piacentini (295)
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Les silences d'Ogliano

Un très beau roman qui tient sa beauté grâce à l'écriture restituant le climat à la fois des lieux imaginaires que l'on pourrait imaginer comme ceux de l'Italie du sud, de la Sicile mais aussi de la tragédie qui se noue sous les yeux de Liberato, le narrateur mais dont il est aussi acteur. En parallèle avec Antigone, ici l'autrice dresse un drame dont l'amour, la vengeance, l'identité et les classes sociales sont les moteurs et démontre que quelque soit l'époque, le lieu tout repose sur ce que les hommes et femmes transmettent et protègent et quelqu'en soit le prix.

Une mise en scène et en mots qui parviennent peu à peu à restituer toute la dramaturgie et les cas de conscience de chacun des protagonistes...
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Vendetta chez les Chtis

Un ouvrage qui traînait depuis longtemps dans ma liseuse - et qui aurait dû y rester mais qui m'a permis de valider la Corse du sud dans le challenge des département, l'auteur étant née à Bastia ! 



Sinon que dire, on y retrouve Pierre Antoine Leoni, dont la compagne Marie est enceinte de leur premier enfant, aux prises avec un supposé sérial killer qui 'attaque aux femmes allant avorter.



Une journaliste aux dents longues, une équipe de choc, des histoires confuses de barbouzeries, un légiste - remplaçant étrange  ... 



Bref à trop vouloir en mettre, la mayonnaise a eu beaucoup de mal à prendre et est restée très indigeste ! 



Je n'ai pas retrouvé le ton du Corse à Lille ... et je me suis ennuyée, espérant un ressort ... mais non ! 



Le volume suivant m'attend dans ma liseuse, je vais lui donner une dernière chance ! 
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Les silences d'Ogliano

Elena Piacentini est une écrivaine d'origine corse dont j'ai déjà lu un roman policier : Un Corse à Lille CLIC



Les Silences d'Ogliano se déroule dans une île méditerranéenne : Corse, Sardaigne ou Sicile, j'ai aussi pensé à la Calabre. Pays de mafia, de bandits et culture de l'Omerta qui est la traduction littérale du titre. Pays de maquis où l'on peut se cacher, illusion de liberté, doublé dans le roman de grottes et de cavernes. Le livre s'ouvre sur les funérailles d'un mauvais sujet, "officiellement leveur de liège  braconnier et voleur de bétail" cinq étrangers louches sont présents. 



En même temps, le Baron, son fils et sa ravissante femmes viennent prendre leurs quartiers d'été. Deux mondes coexistent : les misérables et les nobles propriétaires.



Libero, le narrateur, est un jeune homme, encore lycéen, le fils de l'institutrice ami du fils du baron comme des jeunes du village. Entre ces deux mondes. Roman d'apprentissage ou d'amour? Libero connait comme sa poche la montagne. Roman de nature?



Je n'ai pas envie d'en dire plus. L'intrigue vous conduira dans des lieux secrets et vous découvrirez les secrets que Les Silences d'Ogliano recèlent. C'est une lecture addictive, très agréable, dépaysante. Et puis, en filigrane Antigone de Sophocle, ne peut que me plaire. 



Cependant, j'ai été un peu agacée par le machisme, la virilité célébrée, même si elle est très couleur locale. Surprenant d'une écrivaine, ce rôle mineur dévoué aux femmes sainte mama ou putain, il y a aussi l'alternative folle... Antigone qui dit NON vaut mieux que cela. 
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Les silences d'Ogliano

C'est le dernier été de Libero, son dernier de jeune adulte et il nous raconte. Cet été là, sur les hauteurs de l'Argentu entourant son village d'Ogliano, Libero ne verra plus les grottes, les hauts plateaux de la même manière, n'entendra plus le chant des oiseaux comme lorsqu'il était petit, ne sentira plus cette chaleur d'été aussi intensément, il fut un temps où Libero aimait Ogliano. Mais, c'est la fin d'un monde, la fin d'une vie. Plus rien ne sera jamais pareil.

Libero vit seul avec sa mère, il ne connait pas son père, il croit que celui-ci est mort. Demande parfois à sa mère de lui révéler qui était son père mais toujours le silence. le silence sur ses origines comme sur bien d'autres choses dans ce village. C'est encore et toujours le règne de l'omerta.

Cet été là, le riche du village célèbre la fin des études de son fils Raffaele et tout le village est convié à une fête sans commune mesure. Libero ira, Tessa la belle et jeune épouse du riche du village éblouira comme d'habitude, César carabinier à la retraite et qui est une espèce de père pour Libero seront de la fêtes bien sûr d'autres aussi. C'est une belle fête jusqu'à ce que...

Et là, dès le matin, Libero, accompagné de son fidèle chien rescapé, suivra dans la montagne une drôle de caravane: deux mules, deux hommes et un corps entravé sur une des mules. Les événements, tragiques, se succèderont et certains n'en reviendront pas.

Petit récit intrigant (déjà, la couverture du livre m'a séduite) que l'on pourrait croire situé au coeur d'une société féodale, il nous raconte la douleur des hommes dans le silence. La douleur et les injustices. Ces injustices qui gardent le pauvre dans la pauvreté, soumis aux codes des riches. Que faire "quand on ne peut se fier ni aux lois ni aux hommes censés les servir" (P. 129) ? Alors dans le village et dans la vie de chacun c'est "chacun pour soi et les miens contre les tiens" (P.129). Il semble que ce soit comme ça depuis le début des temps. Les choses restent en l'état, rien ne bouge et on continue de servir les intérêts de quelques-uns. C'est aussi une société muette, pleine de secrets de famille . Être né dans un clan plutôt que dans un autre et traîner ce passif toute une vie sans jamais rien dénoncer, sans que rien ne change.

Elena Piacentini, avec élégance, poésie et finesse, a su recréer une atmosphère de tragédie grecque. En lisant ce titre, j'ai pensé au roman de Laurent Gaudé, "Le soleil des Scorta" pour lequel j'avais succombé. Pareil ici. Certains diront qu'Elena Piacentini n'a fait qu'un exercice de style, je passe outre et je vous avoue que j'ai passé un très très agréable moment de lecture. Lecture qui m'a transportée dans un monde qui pourrait être aujourd'hui ou il y a deux mille ans, dans un lieu d'une beauté indescriptible, dans un tout petit village isolé. Lecture qui m'a parlé de la jeunesse qui sera toujours la même partout et de conflits qui n'en finissent plus et de ces pères que l'on ne peut détester.

Les amateurs de littérature italienne du Sud seront, je crois, ravis. Quelques jours d'été racontés comme une tragédie grecque.

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Les silences d'Ogliano

« L'été, quand vient la nuit sur le village d'Ogliano, les voix des absents sont comme des accrocs au bruissement du vivant. » J'ai trouvé que ça commençait bien avec ce magnifique incipit, de ces phrases qui donnent envie de les relire aussitôt et de préférence à haute voix… J'ai beaucoup aimé ce roman d'Elena Piacentini qui se déroule « au coeur d'un Sud imaginaire » comme le dit la quatrième de couverture. J'avoue y avoir vu et senti la Corse, ou la Sicile, ou la Sardaigne, mais forcément une île. Les Silences d'Ogliano, le pluriel est à noter, est un roman d'apprentissage, celui du narrateur, « Libero Solimane, fils d'Argentina Solimane et d'elle seule, petit-fils d'Argentu Solimane ». le village et ses habitants sont sous la coupe du baron Delezio, riche propriétaire et principal employeur auquel personne n'ose tenir tête, pas même son fils. le baron a épousé Tessa, une jeune et très jolie femme qui subjugue Libero. Elle est ainsi devenue la belle-mère de Raffaele, ami d'enfance du narrateur malgré l'écart de classe sociale. Un événement marque le début du roman : l'enterrement de Bartolomeo Lanzani, porte-flingue occasionnel pour la maffia, odieux personnage détesté par tout le village. Les langues vont-elles se délier maintenant ? Pas tout de suite : il faudra attendre un meurtre pour que, petit à petit, on ose briser les silences d'Ogliano.

***

J'ai beaucoup aimé la sensualité de l'écriture d'Elena Piacentini, sa manière de brosser un paysage ou de faire surgir un sentiment, l'importance et l'attention qu'elle accorde aux nombreux personnages secondaires, nous les livrant dans toute leur complexité. Pour donner au lecteur d'autres points de vue que celui de Libero, l'autrice a choisi de faire intervenir d'autres narrateurs. Les passages en italique nous livrent le délire d'Herminia, la folle, qui parle d'elle à la troisième personne, le baron Delezio qui se confesse avec morgue au curé de la paroisse, une lettre de Gianni, l'autre ami d'enfance de Libero, qui se confie à sa mère, Argentu, le grand-père qui s'adresse à son dieu personnel. Ils sont suivis par Dario, puis César, deux hommes dont je ne vous dirai rien. Pour lever tous les secrets, il faudra attendre et entendre la voix d'Argentina, la mère de Libero. Comme en contrepoint, on trouve la tragédie de Sophocle, Antigone, la pièce qui cristallise tous les combats que peuvent avoir à mener les humains, livre de chevet de Raffaele qui l'offrira à Libero et celui-ci ne manquera pas d'en découvrir toute la richesse. Un beau roman que je recommande avec chaleur.

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Les silences d'Ogliano

Mon coeur de lectrice a été conquise par ce roman ,par cette écriture si poétique et touchante , par ces personnages romanesques , par cette atmosphère délicieusement tragique, par cette puissance narrative très forte sur lequel plane le spectre d'Antigone...
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Les silences d'Ogliano

Un vrai bijou a decouvrir. Jai fait confiance a ma libraire qui me l a conseille et chaudement recommende. Bien m en a pris. Inoubliable moment de lecture avec une ecriture incroyable, qui nous happe et nous laisse entrainer. Nous vivons chaque instant au plus pres des personnages qui nous deviennent familiers. Nous aimerions que la lecture se prolonge... un livre que je vais offrir!!
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Les silences d'Ogliano

Cet été là, Libero va vivre une véritable initiation qui va lui permettre de comprendre qui il est et d’où il vient.



Dans le petit village d’Ogliano qui ressemble fortement à un village du Sud de l’Italie, le jeune homme vit avec sa mère qui l’a élevée seule. Malgré les nombreuses questions qu’il a pu lui poser dès l’enfance, elle a toujours refusé de lui révéler l’identité de son géniteur.



Les villageois vivent d’un côté sous la domination de la riche famille Delezio qui leur fournit du travail, de l’autre de ceux qui prennent des libertés avec la loi et imposent souvent la leur avec violence.



La fête donnée par Delezio pour célébrer la fin des études de son fils Raffaele, à laquelle tout le village est convié, sera le point de départ d’évènements graves qui vont bouleverser la vie de Libero et mettre à mal ses convictions. Le jeune homme va ainsi découvrir ce que veut dire devenir adulte et que l’amour naît parfois entre deux coeurs que pourtant tout sépare.



C’est le premier roman que je lis d’Elena Piacentini et j’ai adoré son style et son écriture. J’ai plongé tout de suite dans cette formidable histoire remplie de personnages aux caractères très forts et pourtant empreints de sensibilité.



Très belle découverte et excellent moment de lecture.



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Les silences d'Ogliano

Village imaginaire du sud de l'Italie, l'histoire du jeune Libero Solimane. Il ne connait pas son père, sa mère a toujours coupé court à ses demandes.

Histoires d'amitié, d'amour, de connaissance de soi, des clans.

C'est une histoire assez tragique avec pour "fil rouge" Antigone de Sophocle. Des personnages forts, remplis de colère, de rancœur, chacun à ses secrets. Un beau roman.
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Les silences d'Ogliano

On ne sait pas où se situe l’histoire. Pour moi ce serait la Corse ou l’Italie des

Montagnes. Une riche famille qui vit encore comme au temps des suzerains et des vassaux. Mais,les temps ont changé, et les jeunes, ici ce seront 2 garçons du même âge (15 ans environ) vont rejeter les traditions ancestrales.

Libero, lui fait partie du petit peuple, vit avec sa mère mais on lui cache qui est son père, premier sujet de sa colère. Il connaît tout de son environnement, son grand-père lui a fait connaître la montagne, l’Argentu, et ses secrets, il aime cet environnement mais il sait que toutes les terres appartiennent aux Delezio la grande famille qui possède l’Unique somptueuse maison du village.

Raffaele, lui est le fils héritier de cette famille, il est plongé dans son univers, c’est un rêveur qui lit l’Antigone de Sophocle en boucle. Il est en désaccord avec les règles de cette famille et il connaît les injustices de cette vie mais ce n’est pas un revendicateur, il est ailleurs.

C’est la rencontre de ces 2 garçons que tout oppose qui va modifier profondément le cours des choses. Des secrets vont exploser pour le bien de tous.

L’ensemble forme un roman formidable sur les révélations de l’adolescence mais aussi les traditions et injustices qui doivent exister encore dans certains villages. Lisez-Le sans hésiter.

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Les silences d'Ogliano

Il y a des silences qui sont des coups de couteau, qui étreignent à vous étouffer. Des épines, des griffes qui laissent d'invisibles écorchures. Et puis il y en a d'autres dont l'existence même est un chant: d'espoir, d'amour et de lumière. Les silences font et défont les vies, pesant dans la balance autant que les mots: Libero le sait, le ressent, l'expérimente dans ce magnifique roman qu'est "Les Silences d'Ogliano" qui vient de me cueillir et même de me brûler. C'est que le soleil qui caresse, qui cogne et qui brutalise dans le texte d'Elena Piacentini est au moins aussi implacable que celui des Scorta ou de "L'Etranger", implacable mais adouci par une nuance, un rien, un rayon de celui qui baigne "Appelle-moi par ton nom".

Le désir sous la violence, la douceur sous le brasier.

Et le silence, toujours.



"Les Silences d'Ogliano", c'est un Sud imaginaire, ça pourrait être la Corse ou l'Italie- Campanie, Sardaigne, Sicile- et un village écrasé par la chaleur, les traditions, pourri par le déterminisme. Le récit s'ouvre sur un enterrement: celui du salopard local, du mafieux, du pourri, de cet homme qui battait les chiens à mort, et les enfants aussi. Il se poursuit avec une fête: à la Villa Rose, féérie blanche et bleue dominant le village de montagne, le baron Delezio célèbre la fin des brillantes études de son fils: Raffaele. Jusqu'au drame, point de départ et de non-retour surtout puisque après les funérailles et le bal, tout va s'enchaîner, les secrets vont voler en éclats et leurs brisures blesseront chacun des protagonistes de cette histoire qui ressemble à s'y méprendre à une tragédie antique. Une histoire sur laquelle semble veiller Antigone, fière et chétive, si forte et si fragile à la fois dans laquelle les voix se croisent et se superposent, révélant progressivement, parcimonieusement ce qu'elles ont toujours tu quand Libero, tout à la fois héros et choeur antique, garde le silence.

Libero, c'est l'enfant sans père. le fils de l'institutrice, le petit-fils du berger, si libre que même les contours de ses montagnes ne l'emprisonnaient pas. Libero qui s'interroge sur la marche du monde et qui souffre de ne pas être né du bon côté. "Les Silences d'Ogliano", c'est son histoire, à la fois roman d'aventure et récit d'initiation, fresque engagée et poignant drame intime, texte fort sur la filiation, la transmission et sur la peur et l'omerta qui parent trop souvent encore un Sud soumis aux exactions de tous les Carboni du monde.

C'est l'histoire de Libero et celle de la si belle et troublante Tessa, mariée trop jeune à son barbon de baron; c'est celle de Raffaele pâle et victorien, fiévreux et volontaire. Celle de Gianni et de Fiorella, celle de la vieille Herminia rongée par la folie et la solitude, celle d'Argentu Solimane dont le fantôme plane, celle de César, de Dario...

C'est l'histoire des choix qu'on n'a pas, de l'amertume qui mène au désespoir, de la force qu'il faut avoir en soi pour vouloir changer le monde et réparer les injustices. C'est la folie des hommes, le poids des origines, celui de la fatalité -les dieux d'autrefois-. le soleil, les cimetières, la grandeur des hauts plateaux, le mystère quasi-mystique des grottes, l'intensité du désir, le soleil et les montagnes convoqués par une écriture pure et ciselée, pétrie de lumière et de parfums, d'une poésie sensuelle, d'une clairvoyance presque cruelle.

Sublime.





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Vaste comme la nuit

Après avoir lu une critique qui vantait l’écriture « stylisée, émouvante et dans l’air du temps » d’Elena Piacentini, et parce que les thèmes de son roman m’attiraient, j’ai voulu découvrir Vaste comme la nuit. Au final, je n’ai pas du tout accroché à ce roman que j’ai trouvé ennuyeux, vague et mal ficelé.

Par un concours de circonstances qu’il n’est pas utile de détailler ici, le capitaine de police Mathilde Sénéchal est amenée à retourner dans son village natal, près de Dieppe. Là-bas, de sombres affaires ressurgissent du passé. Elle découvre que trente ans auparavant, une jeune femme, Jeanne Bihorel, a disparu. Cette même année, alors qu’elle n’a que neuf ans, Mathilde est victime d’un accident de vélo qui lui fait perdre la mémoire. Existe-il un lien entre la disparition de Jeanne et l’accident de Mathilde ? Cette dernière a-t-elle vu quelque chose avant de tout oublier ? Que s’est-il vraiment passé le 24 juillet 1987 ?

Jusque là, le roman commence assez bien. La perte de la mémoire est une thématique qui me plaît beaucoup dans les polars (surtout depuis l’excellent Avant d’aller dormir de S.J. Watson!), pour les possibilités qu’elle ouvre à l’intrigue. Une mémoire défaillante renferme à double tour des secrets. La quête de la vérité dans l’affaire Bihorel amène donc Mathilde à partir aussi à la recherche de sa mémoire envolée. Une quête aussi compliquée à mener pour le personnage, que passionnante à suivre pour le lecteur. Du moins, en temps normal.

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Comme de longs échos

L'autrice relate, après la fin du roman, le fait divers dont elle s'est inspirée : c'est à la fois honnête et révélateur de son talent à convertir une réalité brute en fiction crédible, comme le font d'ailleurs, en douce, la plupart des romanciers, des auteurs de polars en particulier. Sans cet aveu auquel elle n'était pas tenue, qui rend l'histoire plausible, j'aurais eu du mal à souscrire au dénouement singulier de cette "banale" affaire de meurtre et de rapt d'enfant dont l'arrière-plan étrange se dévoile peu à peu. Le roman débute en effet comme un polar classique : une femme a été assassinée, son bébé a disparu, l'enquête encore plus "course contre la montre" que d'habitude se focalise sur un mari extrêmement antipathique. Entre alors en scène un ancien policier qui, à l'instinct, rapproche ce fait divers d'une enquête sur une disparition d'enfant qu'il avait lui-même menée vingt ans auparavant et qui s'était soldée par un classement sans suite terriblement frustrant. Son intuition prouvera qu'en matière de criminalité les mobiles les moins rationnels – comme des actes fondés sur la croyance en la réincarnation – peuvent parfois l'emporter sur la simple logique cartésienne.

Le livre vaut donc pour l'inventivité dont fait montre l'autrice mais aussi pour son écriture à la fois rigoureuse et poétique, ce qui n'est pas si fréquent dans le genre. Il vaut surtout pour les portraits tout à fait expressifs de personnages qui, d'un côté de la barrière ou de l'autre, apportent leur poids de chair, de sentiments (quelquefois confus) et de mots (quelquefois irréfléchis) à une histoire qui sinon relèverait du journalisme.
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Les silences d'Ogliano

Voici un très joli roman découvert à la faveur de mes errements littéraires. Une très belle écriture nous accompagne au cours du voyage initiatique entamé par le jeune Libero lors d' un été à Ogliano ,village imaginaire de l' Argentu... mais qui nous fait tellement penser à la Corse.! Il y découvrira la vérité sur ses origines, les secrets et compromissions des adultes et se construira ainsi comme futur citoyen . La référence à L' Antigone de Sophocle et les valeurs notamment de liberté et d honnête portées par l héroïne sont

toujours présentes et guident nos personnages.

La nature a également une place centrale et nous plonge ainsi dans l' été qui s 'annonce.
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Les silences d'Ogliano

J'ai un faible pour La Closerie des lilas...

Quand j'ai su que Les Silences d'Ogliano avait remporté ce prix... mon coeur a choisi ce roman...

Et quel roman !

Une écriture si belle, si pleine, si sensuelle...

Comme je me suis retrouvée sur la montagne !

C'était si beau!

Les personnages nous prennent par la main, ils nous guident dans leurs gestes et dans leur destin.

Ce livre, d'un bleu cobalt, nous entraîne aux abords de l'été.

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Les silences d'Ogliano

Un petit village, quelque part en Corse. Alors qu'on vient tout juste d'enterrer le vieux Lenzani que tout le monde détestait, le baron Delezio a organisé une grande fête en l'honneur de Raffaele, l'héritier de la famille, pour célébrer la fin de ses études secondaires. Toute la population est réunie pour l’occasion, dont Libero Solimane, amoureux de la jeune femme du baron, et camarade de Raffaele. Mais les festivités sont interrompues par un drame : le corps de la vieille Herminia est découvert dans la chapelle du Palazzo. Le lendemain, Rafaele disparait, etLibero aperçoit des cavaliers emportant un corps dans le massif de l'Argentu. Il décide de les suivre. Les heures qui vont s'enchaîner vont bouleverser son existence et sa vision du monde…



Roman d'apprentissage, ce récit est remarquable à plusieurs titres : dans sa construction dramatique inspirée des tragédies antiques, dont la montée en tension est remarquablement maîtrisée, dans la dimension psychologique des personnages, et dans la présence d'une nature aussi dure qu'elle est splendide. Le tout servi par une plume belle et précise. En contrepoint du récit d'autres personnages prennent la parole, morts ou vivants, dont la voix ajoute à la tension progressive, révélant des secrets mortifères. Caché dans la grotte, Libero les découvre en même temps qu'il s'éveille à l'amour et à la sexualité. A Ogliano, on se tait et on fait bonne figure, et si comme Libero et Rafaele on essaie de briser des tabous, il faut le faire en toute discrétion, sans que rien ne transpire jamais. Il est vain de vouloir lutter contre eux et contre le déterminisme social, et Rafaele le sait trop bien, qui a pour livre de chevet Antigone de Sophocle. Mais on peut essayer.


Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Les silences d'Ogliano

Conquise autant par le souffle tragique de cette histoire que par la plume qui l'anime, Les Silences d'Ogliano est un roman terrible et sublime à la fois, façon grande tragédie grecque.

Alors inutile de ménager le suspense: c'est une Baignoire d'Or!



La chute d'un premier domino entrainant les suivants dans une fuite en avant inexorable impossible à contrer. Voilà l'image qui s'est imprimée en filigrane dans mon cerveau dès les premières lignes, et qui ne m'a plus quittée jusqu'aux dernières.



Il y a dans ce Sud (de l'Italie?) une âpreté qui tient aux arêtes des montagnes, au labyrinthe mortel du maquis et aux grottes-tombeaux taillées dans la roche. Mais qui tient aussi aux non-dits qui ont rendu arides les âmes d'Ogliano. Qu'ils soient rupins ou mécréants, ils s'étouffent dans leurs secrets, ploient sous les lois immuables de la mafia, se rigidifient derrière les masques qu'ils portent depuis des années.



Libero n'en peut plus de cette cloche de pierre et de chair dans laquelle il se retrouve coincé. Il rêve d'amour, d'ailleurs. Mais alors qu'il les entraperçoit dans les traits de la jeune épouse du riche baron du village, l'enlèvement de son ami ne lui laisse pas le choix.

Le premier domino, est-ce le premier pas que Libero fait en choisissant de suivre les ravisseurs dans la montagne? Ou est-ce que la partie avait débuté déjà bien avant sa naissance et qu'il n'est qu'un maillon de la chaine?

Entouré par la mort, du suicide au meurtre commandité, de la mort physique à la mort symbolique (puisqu'il s'agit de tuer le père), Libero est celui qui ne peut accepter ce fatalisme écrasant et qui va tenter de se frayer un chemin parmi les ombres et résister à la tentation de verser du côté sombre.



Elena Piacentini écrit là un roman noir comme il n'est pas si fréquent d'en rencontrer, mêlant le beau au drame. En livrant petit à petit les pièces du puzzle qui expliquent les intrications entre les habitants d'Ogliano, elle fait progressivement monter l'émotion. Les confessions des personnages, en aparté, permettent d'éclairer l'ensemble de cette grande fresque tragique, peinte en rouge, noir et acier.



Un sublime roman noir comme je les aime.

Merci Elena Piacentini!
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Les silences d'Ogliano

"L'été,  quand vient la nuit sur le village d'Ogliano, les voix des absents sont comme des accrocs au bruissement du vivant."



Dans un Sud imaginaire, que je vois pourtant aux couleurs de la Corse, à Ogliano, un village reculé dont l'horizon se verticalise avec les montagnes de l'Argentu qui semblent faire corps avec le ciel, durant six jours et six nuits se joue un drame qui fera éclater au grand jour l'omerta et les secrets de famille qui gangrènent le village tout en le maintenant dans un équilibre fragile.

Libero Solimane raconte cet été de ses dix-huit ans après lequel plus rien ne sera comme avant. Il laisse par sept fois la parole à sept personnages qui délivrent un message ou dévoilent un secret.



"En réalité,  beaucoup d'entre eux ne sont pas les monstres que l'on aimerait qu'ils soient. Ou alors, nous le sommes tous. Ce qui nous distingue les uns des autres, c'est ce qu'on fait de sa colère. "



Roman d'aventures tout autant que roman initiatique, sur l'injustice d'être né dans un clan plutôt qu'un autre et la volonté de changer les choses avec la tragédie d'Antigone de Sophocle en référence.

C'est le premier roman de littérature blanche de l'autrice connue et primée pour ses polars. Et cela se sent dans la tension grandissante et les révélations distillées savamment au fil des pages. J'ai beaucoup aimé les personnages nombreux, complexes aux fortes personnalités à l'image de ce coin de terre taillé dans la pierre, le poids des morts qui pèsent sur les vivants, l'espoir et la lumière qui émanent de certains personnages.



"À force de coups du sort,  les femmes d'ici devenaient plus dures que le granit,  des Atlas condamnées à porter les vivants et les morts, trop de morts. Elles enfilaient les habits de deuil pour ne plus les quitter, finissaient par flotter dedans à mesure que l'âge les rabougrissait."



Un très beau roman, à la façon d'une tragédie antique, écrit d'une plume superbe.



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Les silences d'Ogliano

Chut !

Entendez-vous le chant des oiseaux sur Ogliano ? c'est une belle journée d'été qui s'annonce pour une promenade dans le maquis. Quel bonheur de pouvoir profiter de ces paysages magnifiques, de ces petits sentiers cachés qui mènent à des panoramas éblouissants connus, à des grottes -invisibles de la vallée- parcourues de labyrinthes féériques, à des rivières de montagne d'une couleur émeraude et d'une pureté sans égale. C'est le paradis …

Mais comme souvent en montagne, la météo peut changer très vite. Subitement, l'écho sourd de la détonation résonne à mes oreilles, suivi d'un cri.

Chut ! Regardez bien autour de vous ! Êtes-vous bien certain que personne ne vous a suivi ?

Le paradis, ah, non vraiment quelle bande de naïfs ! vous avez cru à cette carte postale ? Non, ici, c'est plutôt l'enfer qui vous attend ! Les grottes servent à cacher les cadavres, leurs labyrinthes ressemblent aux catacombes, et l'eau des rivières permet de laver le sang des morts …

Chut ! le silence ici c'est l'omerta…

Les secrets, les serments, les trahisons, la vengeance, les liens du sang, l'amour à mort, les meurtres et surtout l'honneur règnent. Ici nulle république, c'est la mafia des Carboni qui fait la loi.

Elena Piacentini insuffle vie avec talent à ses différents personnages et nous aide à mieux comprendre les relations complexes tissées génération après génération dans le massif de l'Argentu.

Araignée patiente, elle tisse sa toile, emmaillote son lecteur, qui n'a plus qu'à se laisser emporter pour être dévoré et découvrir l'initiation à la vie et à l'amour de Libéro, un jeune garçon natif de ce village imaginaire qu'est Ogliano.

À la fin de son livre, l'auteure rend hommage à Roberto Scarpinato, un magistrat italien spécialisé dans la lutte anti-mafia, qui a travaillé avec Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.

Un combat toujours tristement d'actualité, partout dans le monde, puisque « le procureur du Paraguay spécialisé dans la lutte contre le trafic de drogue, Marcelo Pecci, a été assassiné le 10 mai 2022 en Colombie par des tueurs débarqués en jet-ski sur la plage paradisiaque d'une île des Caraïbes où il passait sa lune de miel. ». Et la réalité rejoint la fiction en un miroir troublant lorsqu'on apprend que sa jeune épouse venait de lui annoncer qu'elle était enceinte….

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Les silences d'Ogliano

"L'été, quand vient la nuit sur le village d'Ogliano, les voix des absents sont comme des accrocs au bruissement du vivant."  La très belle et lumineuse image de couverture, le titre intriguant, et cet incipit m'ont d'emblée happée dans ce roman dense dont la trame est celle d'une tragédie antique. D'ailleurs, l'autrice nous invite souvent à faire le parallèle avec Antigone, l'héroïne de Sophocle.



Briser les silences des drames d'Ogliano, telle est la mission que s'est assignée Libero, jeune homme de dix-huit ans, natif du village perdu dans le massif de l'Argentu où se sont déroulées de terribles tragédies dont les conséquences perdurent dans son présent.



L'écriture est si belle et poétique qu'elle nous transporte dans cette région maquisarde au coeur d'une nature alternativement souriante ou lugubre, protectrice ou menaçante. A travers Libero, on hume la garrigue, on est écrasé par la chaleur, on frissonne, les vêtements et les cheveux collés à la peau, lors des furieux orages, on se promène dans un écrin de nature sauvage, et on ressent la sauvagerie des hommes, l'oppressante omerta, les secrets qui scellent le malheur des générations à venir. 



Libero va apprendre en quelques heures la fulgurance de l'amour, de l'amitié ses trahisons ou ses fidélités, la soif de vengeance, la résilience, la protection, la frontière fluctuante entre le bien et le mal, l'indéfectible amour maternel, l'esprit de clocher, la place de la femme dans la communauté, la condescendance des classes dirigeantes envers les pauvres et les opprimés, les mystères de la montagne, ses légendes et ses mythes...



C'est un fabuleux roman, envoûtant, où se mêlent avec virtuosité violence et délicatesse.



Laissez-vous emmener dans le voyage initiatique, douloureux et néanmoins libérateur de Libero. 





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