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Critiques de Elena Piacentini (295)
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Les silences d'Ogliano

Les silences d'Ogliano, le roman d'Elena Placentini, nous emmène dans un petit village imaginaire du Sud de l'Italie ou de Corse, Ogliano, sur lequel plane l'ombre de la Mafia, le poids des non-dits et des secrets de famille ainsi qu'une forme de fatalisme social qui plombe toute velléité de révolte...

C'est dans ce coin perdu qu'ont grandi le narrateur Libero, fils d'Argentina Solimane, sans père connu et Rafaele, fils du baron Delezio, un grand propriétaire terrien, maître du village. Deux milieux sociaux que tout oppose et pourtant deux destins qui vont se rencontrer de façon dramatique au gré d'un récit qui fait la part belle à l'action et au suspense que va entraîner l'enlèvement de Rafaele, le fils du baron.

C'est d'ailleurs dans ce registre d'écriture que l'auteure m'a paru le plus à l'aise. Dans la quête éperdue à laquelle va se livrer Libero pour retrouver son ami, nous assistons à de belles scènes de bagarres et d'affrontements, avec une phrase qui s'emballe et nous fait partager au plus près le déchaînement des pulsions vitales et la rage incontrôlable du narrateur ou de ses adversaires.

Ai-je pour autant partagé avec autant d'empathie ce qui m'a semblé être une des cibles essentielles du roman : à savoir le poids du clanisme dicté par la Mafia et celui de l'hérédité familiale ? Pas toujours...

Je pense que cela est dû au fait que les trois héros qui occupent le devant de la scène : Libero, Rafaele et Gianni, celui sur qui pèse le plus l'emprise de la Mafia, sont restés relativement loin de moi et que je n'ai partagé que trop peu souvent leurs états d'âme, leurs dilemmes, leurs émotions à travers le récit du narrateur. Curieusement, ce sont des personnages secondaires, lors de monologues intérieurs d'une grande densité d'écriture, qui m'ont le plus marquée. Qu'il s'agisse du beau discours posthume d'Argentu Solimane, le grand-père de Libero, empreint d'une modestie lucide et d'un grand amour de la vie, de l'émouvante confession d'Argentina, la mère de Libero ou encore de celle de Dario Carboni sur lequel va peser tout le poids de l'engrenage fatal de la vengeance mafieuse, ces moments d'introspection m'ont fait partager les émotions, les regrets, les drames vécus et les rêves avortés de ces personnages.

Si l'on ajoute à cela que l'évolution des relations entre les deux personnages principaux m'a un peu surprise car insuffisamment préparée - du moins à mes yeux - on peut comprendre que la lecture de ce roman ne m'a pas complètement emportée, sans pour autant me décevoir complètement car je n'avais pas d'attente précise en dehors de celle liée aux critiques louangeuses que j'avais lues sur Babelio. Mais pour moi ce fut une lecture en demi-teinte...
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Les silences d'Ogliano

Vraiment , un trés beau texte pour raconter l'osmose ou les différences qui lient ou séparent hommes et femmes dans ce village du Sud .Des descriptions incroyables où les éléments naturels jouent le rôle capital de complices , de refuges , de confesseurs , de témoins ...muets .

C'est dans ce lieu fascinant que se construisent les habitants , portés par l'amour , la haine , la fierté , le sens de l'honneur ou le mépris .Les classes sociales se heurtent , se cotoient mais ne se mélangent pas sauf ....

Il y a dans ce récit des réflèxions d'un profond humanisme , une volonté de paix et de sérénité bousculée par le poids ancestral de ce qui ne peut être que vanité , vanité placée sous le signe de l'omerta , voire de la vendetta .

La narratrice consacre certains paragraphes à une présentation profonde et personnelle des personnages .D'eux , nous ne saurons , et en aparté , que ce qu'ils veulent bien nous dire , nous révéler .Au vu de la société , chacun restera un élément qui , avare de paroles , se fondra dans une masse discrète mais ...attentive.

Un roman qui " prend " aux tripes .

A bientôt , les amis et amies ....

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Vaste comme la nuit

La découverte de cette auteure en commençant par cet ouvrage me laisse perplexe.

J'ai eu beaucoup de mal à me plonger dans cette lecture, j'ai été contrainte de relire certains passages à plusieurs reprises.

Il est fort possible que je me plonge dans une autre œuvre de cet auteur.

Je ne sais pas vraiment ce que je dois en penser, le fond est bon mais la forme me laisse perplexe...
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Les silences d'Ogliano

Avec le nom de l'éditeur ( prestigieux) et le pedigree de l'auteur ( plusieurs polars), sa légitimité ( Corse officielle, même " exilée" en métropole), et les multiples références qui ponctuent son roman, le lecteur pourrait s'attendre à du grand, du fort, du nouveau, ou au moins, à une voix. Certes c'est souvent élégant et bien tourné, mais que de vide narratif. Qui sont ces personnages sans profondeur, dont on connaît presque par cœur les répliques tant elles puisent dans les mythes ( la famille, l'âge, la sagesse, la fougue, les rivalités, la violence mafieuse, les secrets et l'amour, ah, l'amour, ah, l'amour). Une bien petite satisfaction littéraire, sans surprise et trop bien ficelée pour faire vibrer.
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Le cimetière des chimères

C'est la troisième fois que j'écris ma critique, car cette dernière à tendance à disparaître... Mais bref. Le cimetière des chimères, c'est ENCORE un livre dont je ne savais nullement que c'était une suite dans une série d'enquêtes. Du coup j'ai découvert Leoni, flic à Lille mais Corse d'origine. Il doit prendre en charge le meurtre du rédacteur en chef des Echos du Nord. Cela va venir brasser beaucoup dans le monde des hommes d'affaires de Lille. Mais également ramener certains fantômes... Le livre était sympa à lire, ne pas connaître le personnage principal avant de lire le livre n'a pas été si gênant que ça. Je ne sais pas si j'en lirais d'autres pour autant.
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Aux vents mauvais

Michel Bussi et autres Éditions sont de connivence car avec un bandeau aussi élogieux sur la couverture, on a vite compris. Cela est d'un grotesque absolu. Que ne ferait-on pas au nom de l'argent. On s'amusera ainsi à lire cet éloge gluant et partisan d'une fange française pseudo historique arrangée à la sauce néo- wokiste , :

" Les yeux d'Elena nimbent ce roman noir d'un éclat très particulier, où l'inavouable côtoie l'inacceptable, mais où, surtout, la vie, envers et contre tout, garde un charme fou »

Je crois que la limite du grotesque est atteinte de même que celle de la flagornerie.



Mais, avant de poursuivre je donne mes impressions sur ce roman bien long et, comme d'habitude, moralisateur.



En effet bien trop de digressions et de descriptions banales, sans style ni intérêt, il faut remplir des pages pour combler le vide des pensées et des analyses.

Le traitement de deux histoires parallèles est complètement grotesque et surfait, mais nous sommes habitués désormais à ce procédé chez l'autrice.

Bref on n'y croit pas une fois encore et donc impossibilité d'identification à quelque personnage, et ce qui navre une fois de plus est le style comme les diverses péripéties qui relèvent d'une copie d'une élève de primaire au début du 20ème siècle.



Ce qui m'a le plus agacée, dans ce roman, c'est le traitement d'une page « historique » oubliée de la France, quand des enfants furent envoyés dans la Creuse, pour être protégés de la guerre, et qu'ils auraient été très mal traités.

Cela dit je n'avais jamais entendu parler de « l'affaire scandaleuse » des enfants de la Creuse (26.000 « déportations » d'enfants en provenance de la Réunion) dont parle l'autrice. Aussi me suis-je plongée à travers les infos d'internet pour me faire une idée. Bien entendu rien de bien grave ni d'alarmant. Des enfants issus de la métropole eux aussi ont été envoyés. Bref de simples remous, mais bien agités par certains. Et ce sont toujours les partis extrémistes qui mènent la danse. Pour résumer, d'après une enquête de Lindsey Dodd (trad. Benjamin Bâcle)

: « Les archives témoignent néanmoins que certains enfants étaient exploités dans les fermes. de riches fermiers étaient ainsi accusés de se servir de jeunes « domestiques parisiens », non payés – et pour lesquels les familles d'accueil recevaient une subvention journalière. Aucun des gens que j'ai interviewés n'a cependant dit avoir fait l'objet d'un tel traitement ».



Après réflexion - parce que j'aime aller au fond des choses et mener ma propre enquête sur un auteur et un roman (n'en déplaise aux nunuches qui donnent automatiquement un satisfecit à toute daube, sans l'avoir lue d'ailleurs ou pour toucher 10 euros), je découvre qu'il est probable qu'un très haut placé du journal le Monde ait glissé à l'autrice quelques mots à ce sujet, car je doute qu'elle ait pu connaître ce pseudo scandale. Ou bien est-ce l'un de ses nombreux appuis qui l'a mise sur cette piste. On sait hélas l'acharnement de ces partis et réseaux à déterrer voire inventer des actes inhumains ou « scandaleux » de manière à rabaisser et culpabiliser plus encore notre France.

D'ailleurs cette histoire de la Creuse fait écho aux reproches habituels décernés (par exemple le fameux « colonialisme » voire « racisme » ) à notre pays. Je pense par la même occasion à Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre, auteur « engagé » , qui accuse la France de n'avoir pas pris soin de ses « gueules cassées ». de même à ses assertions sur la politique « néfaste » des barrages construits en France après la guerre…Même topo, même parti pris.



Je précise qu'il semble de toute évidence que ce « roman » de Piacentini paru en 2017 a inspiré un grand nombre d'ouvrages et de films qui se sont empressés de critiquer l'attitude de la France, ouvrages évidemment d'auteurs et réalisateurs d'appartenance exclusivement ultra-gauchiste.



Bref, vous l'aurez compris encore, l'autrice s'affirme de plus en plus dans ses positions partisanes et justicières unilatérales. .

On se serait bien passé de cet opus qui n'apporte rien, sinon ennui, mensonge et consternation. Et aussi colère !

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Aux vents mauvais

Excellente pioche que ce livre , trouvé d'occasion! Je ne connaissais pas son auteure, qui, comme le personnage principal récurrent, le commandant Leoni, est d'origine corse et vit à Lille.



Tous les critères qui, selon moi, concourent à offrir au lecteur un très bon roman policier sont ici réunis : des personnages fouillés et intéressants, une enquête passionnante, une belle écriture personnelle , et des thèmes sociétaux forts.



Je n'entrerai pas dans le détail de l'intrigue, comme d'habitude. Je vous livrerai seulement quelques aspects : la honteuse affaire des Réunionnais de la Creuse ( la responsabilité morale de l'Etat a été reconnue seulement en 2014) , la haine raciale, des disparitions inquiétantes mais des vies invisibles...



On ne va pas se mentir, l'ambiance est très sombre. Heureusement, des rayons ensoleillent le livre: l'humanité, le charisme de Leoni, la solidarité de son équipe. Et cette écriture! Originale, humoristique, incisive. En deux lignes, l'auteure sait rendre une atmosphère ou brosser un portrait saisissant de vérité. Voici, par exemple, ce qu'elle écrit à propos d'une femme , professeur de Mathématiques à la retraite, luttant pour la protection des oiseaux: " Colette Chabroux leva ses yeux clairs et scruta le ciel (...) Avec ses cheveux gris, coupés court sur son crâne à la complexion délicate, elle semblait une grue aux aguets ".



L'auteure parvient parfaitement à nous capter, nous interroger sur les cruautés du monde, au travers de ses personnages . Je garderai surtout ton image émouvante, Jean-Toussaint. La puissance de l'amour...



Je me réjouis de retrouver le commandant Leoni, car pas moins de cinq autres volumes lui sont consacrés. Cela me permettra de le connaitre mieux, notamment d'apprendre ce qu'il est advenu de certains membres de sa famille.
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Les silences d'Ogliano

Avec ce livre, j'ai eu un sentiment de dissociation. D'un coté un scénario, plus télènova que cinéma et de l'autre une écriture maitrisée, parfois un brin enluminée, parfois avec un souffle lumineux. Peut-être un récit plus épuré m'eut davantage permis d'y adhérer.
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Les silences d'Ogliano

MAGISTRAL !



Il est des livres dont on sait en quelques pages qu’ils se refermeront toujours trop vite, tant leur poésie chante à chaque phrase et leur magie opère puissante, instantanée. Elena Piacentini m’a totalement emporté dans la chaleur d’été d’Ogliano, aux côtés du jeune Libero, qui a grandi sur les pentes de l’Argentu et rêve grand, du baron Delezzio, sa sublime épouse Tessa et son fils Raffaele, dont on célèbre l’entrée à l’université avant qu’un drame en déchaine d’autres, que le poids des silences d’Ogliano s’abatte sur le destin de chacun.



Ce roman est absolument magistral ! Porté par une écriture merveilleuse, oscillant de l’extrême beauté au cruel, il donne vie, corps et cri à ce massif imaginaire que l’on suppose corse ou italien. Hanté par la présence de l’Antigone de Sophocle, cette tragédie est contemporaine autant que séculaire, elle pourrait être racinienne ou élisabéthaine et se révèle terriblement actuelle. Conte ou métonymie, l’auteur nous offre dans le même récit une puissante critique sociale, une immense leçon d’humanité et une palpitante épopée mythologique. Une réflexion poétique sur l’identité, la naissance, la construction de soi, la loyauté… et tous les venins du silence.



Un immense coup de cœur pour un roman rare, à découvrir absolument qui vient de recevoir le Prix de la Closerie des Lilas.
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Les silences d'Ogliano

Seule la couverture m'avait donné l'envie de lire ce livre dès sa sortie, c'est fait et ce fût un très bon moment de lecture.

Une histoire une belle histoire tout simplement. Sans message particulier, sauf peut-être celui que la vie n'est pas manichéenne.

Des bons, des méchants, de l' amour, de l action, des lieux qui sont un personnage à eux seuls, des secrets de famille.............

Mon attirance pour la couverture m'a bien guidée 😊.
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Les silences d'Ogliano

Quel beau livre ! Au sens propre du bel objet . Je trouve le visuel couverture magnifique, évoquant le « sud » protagoniste de cette histoire . Et là 4ème de couverture est parfaite une fois ce roman fini . Il faut souligner je pense parfois cette qualité matérielle aussi d un livre . Quant à l histoire ..tout y est me concernant : le décor , un Sud comme évoqué plus haut , non localisé , chacun s y retrouvera selon ses affinités …Sicile , Calabre , Pouilles ….et les thèmes inhérents : Société inégalitaire , filiation , emprise mafieuse ..Tout cela conté au cours du récit de manière poétique , voire même pédagogique . Bravo à l autrice et merci à Babelio et ses Babeliotes pour ce genre de découverte ! Quel plaisir de lecture !
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Les silences d'Ogliano

Amoures, amitiés, morts, omerta, honneur et déshonneur. Tout y est......................................



Dans un village aux consonances sardes, corses, siciliennes ou calabraises........................................



Un bon roman très bien écrit
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Des forêts et des âmes

Le commandant de police Pierre-Arsène Leoni, un Corse parachuté à Lille, veuf, orphelin, père d'une petite fille gardée par sa grand-mère, enquête dans nos belles forêts vosgiennes, où l'on croise même une voiture « estampillée » ASNL.



Une agent de son service, Aglaé Cimonard, surnommée Fée en raison de ses superpouvoirs numériques, a été victime d'une tentative d'homicide liée aux recherches qu'elle menait secrètement « contre » un centre de soins psy pour adolescents.



C'est ce centre, « sponsorisé » par un grand laboratoire pharmaceutique peu scrupuleux, qui se trouve dans les forêts vosgiennes. C'est ce centre qui met à mal le supplément d'âme de ses pensionnaires. D'où le titre : Des forêts et des âmes.



* * *



Leoni progresse pas à pas, au péril de sa vie. Droit, émouvant, motivant, réconfortant :

- Sa jeune collègue) Je ne sais pas si je vais pouvoir supporter ça. A la fin, tous ces visages, c'est un peu comme si on se trimballait en permanence avec son cimetière personnel, non ?

- (Leoni) C'est pas faux. Mais les morts auxquels on a rendu justice sont paisibles. Ce sont les autres qui nous hantent. Même dans les cimetières, il y a des allées gaies et des allées tristes.



* * *



C'est la très belle critique de @Michel69004 parue ces jours-ci sur un autre roman du même auteur, Les silences d'Ogliano, qui m'a poussée à emprunter Des forêts et des âmes. Je ne regrette pas.



Elena Piacentini nous questionne sur notre vigilance, surtout quand la santé de nos enfants est en jeu, ceux qui ont « un grain », ceux que la norme exclut. Ne faut-il pas « ouvrir son esprit plutôt que de mettre leurs cerveaux sous contrôle » ? « Si Mozart, Einstein, Van Gogh ou Hemingway avaient eu trois ans aujourd'hui, peut être auraient-ils été gavés de ces pilules du bonheur »...



Ce roman, c'est le procès, sans angélisme ni manichéisme, de la « chimie », utilisée à mauvais escient, sur nos enfants. Trois adolescents cabossés, patients de cette clinique, qui prenaient un « médicament » susceptible d'entraîner des « réactions paradoxales », ont disparu. La standardiste est retrouvée, sans vie. A qui profite le(s) crime(s) ?



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Les silences d'Ogliano

Genre: Antigone chez les corses



Pourquoi corses, ce n'est pas très clair, Ogliano ça pourrait être un village perdu dans une vallée sarde, sicilienne ou monténégrine? Il n'y a pas de géolocalisation.

Mais parce que l'autrice l'est notoirement, corse !!! Et que tout concorde:

Les noms, les sonorités (on entend « Oglione »),la flore, la faune (chevaux sauvages par exemple), les lois propres au massif (on l'appelle l'Argentu), ses cimes, ses crêtes, ses pelouses d'altitude, la rivière (la Fiumara), les canyons, les grottes, l'aspect des villages, sa mafia, ses tyrans, ses saints, ses héros etc.

Et parce que la Corse est le lieu des tragédies les plus fortes, les plus belles et les plus récentes (sinon il y a la Grèce antique).



Elena Piacentini m'a complètement bluffé, j'avais boudé bêtement son livre à sa parution et j'ai eu bien tort. Ce livre est fantastique. Dans toutes les acceptions du terme.

“Ne regarde pas en haut avec envie ou en bas avec dédain, Libero. Fais ta route, c'est bien assez.”



Libero, c'est le narrateur. Devenu médecin, Il revient sur les lieux du drame vingt ans plus tard.

Il y a Argentina, sa mère, célibataire et institutrice du village. Elle est fille du pépé (mort depuis quelques années) que l'on surnomme « Argentu » (ce qui tombe bien), chevrier au coeur pur qui a élevé Libero et lui a donné son nom (Solimane)

Il y a un méchant baron, remarié à la sublime Tessa (aussi rouquine que retors), qui a un fils, Raffaelle (qui a perdu son jumeau dans des circonstances opaques) de sa première union.

L'ami d'enfance de Libero, c'est Gianni, un voyou.

Et puis il y a tout un tas d'autres personnages, secondaires mais essentiels ( dont le chien du narrateur, Lazare …), chacun étant le maillon indispensable d'une orfèvrerie narrative de toute beauté.

Le récit s'ouvre sur l'enterrement d'un vieux bandit du village et de son étrange cortège puis sur la découverte du corps « d'Herminia la folle » à la Villa rose chez Delezio, l'affreux baron, où l'on fête le bac et l'avenir de l'héritier ! Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

De circonstances en circonstances, tout ce petit monde ira au bout de son destin.

Il n'y a pas de choeur antique mais son équivalent, une succession de petits chapitres, perlés dans la tragédie, où l'on rentre dans la tête des principaux protagonistes .

Il faut revenir à l'

Antigone de Sophocle pour trouver la morale de l'histoire.

“les lois de la Cité priment-elles sur les lois de la famille ? “



J'ai beaucoup aimé ce récit plein d'ampleur, dense et souvent poétique où, de mon humble point de vue, il est surtout question d'amour et d'amitié, de courage et d'honneur, mais aussi de ce qu'on peut découvrir de soi si on écoute l'oracle ( ici plusieurs personnages l'incarne mais c'est César qui a ma préférence)

Elena Piacentini nous parle de l'infinie complexité des hommes.

Omerta, silences, secrets, tout volera en éclats flamboyants pour dénoncer manichéisme et prêt à penser.

On sera bien surpris de voir qui aime qui…

Et puis l'autrice rend un hommage appuyé à Roberto Scarpitano, le magistrat italien spécialisé dans la lutte anti-mafia. Il faut dire que c'est un combat d'actualité!



Un très beau livre, une immense tragédie !



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Les silences d'Ogliano

Imaginez un décor méditerranéen digne d’une tragédie antique. Une espèce de Corse ou de Sicile fantasmée. La dureté des gens y fait écho à l’aridité du paysage. C’est le massif de l’Argentu, le village perdu d’Ogliano.

Libero se souvient de l’été de ses 18 ans. À l'époque, la jeune épouse du baron local le rendait tout chose. Son ami d’enfance refaisait surface. Et puis un enchaînement de drames : la folle du village était assassinée, le fils du baron enlevé. Libero se trouvait entraîné malgré lui dans une histoire de rançonnement, de vendetta, de mafia. Mais aussi dans une histoire d’amour inattendue…

Un récit magnifique, haletant, qui intercale les révélations de personnages secondaires à la narration de Libero, pour dire tout ce à quoi l’on doit renoncer, toutes les fragilités que l’on doit cacher quand on vit dans un environnement âpre. Il s’en dégage une humanité bouleversante et pathétique, qui peine à s’affranchir du déterminisme malgré ses aspirations.

On regrettera juste le revirement amoureux un peu trop facile, tout à fait dans l’air du temps.
Lien : https://mediatheque-lattes.f..
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Le cimetière des chimères

Un livre qui se laisse lire mais reste en surface quand aux gigantesques fraudes à la TVA carbone, censée être à l’origine de l’une des thématiques du récit, et sur ce plan-là, une auteure comme Dominique Manotti aurait eu plus d’impact. On parle bien sûr de cyber fraudes, juste en les survolant, Elena Piacentini s’attachant surtout à approfondir ses personnages et leurs différents rapports, avec un inspecteur corse endeuillé mais romantique avec sa nouvelle compagne, par ailleurs médecin légiste, et attentionné avec sa grand-mère et sa petite fille d’un an. Autour du « chef » se greffe une tribu de flics, des voyous en col blanc, et en flash-back un feuilleton déroule une ancienne histoire qui viendra sans surprise rejoindre la principale intrigue. Une dernière énigme accessoire concerne le gardien du cimetière, sans beaucoup d’intérêt. S’il se laisse lire sans ennui, le livre ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.
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Les silences d'Ogliano

C'est une tragédie.





Les personnages principaux sont trois jeunes hommes vivant dans un territoire du Sud (la Corse ?) où règnent des codes d'honneur, de l'amitié, du désir, et la mafia.



Il y a Libero, un jeune garçon très sympathique, élevé par sa mère, qui ne connaît pas son père, et qui a été très proche de son grand-père qui l'a initié à la nature et à la montagne de l'Argentu autour de chez lui.



Il y a Gianni, un ami d'enfance, qui est élevé par sa mère lui aussi et dont l'oncle ne semble pas recommandable.



Il y a Raffaele, fils du baron local, riche héritier de la famille des Delezio, à la belle Villa rose : une demeure magnifique qui tranche avec la pauvreté des masures du village.



Et puis il y a des femmes : la belle Tessa, belle-mère de Raffaele qui fascine et attire irrésistiblement Libero, notre héros. Argentina, la mère de Libero, femme d'honneur qui cache le secret de la naissance de Libero et son lien avec César, une sorte de père par procuration, qui a aussi ses secrets. Ou encore Herminia la folle.



Et puis il y a surtout Antigone. La pièce de Sophocle, avec son sens du drame, comme en fil rouge du drame qui va se dérouler sous nos yeux de lecteurs. Placée sous le patronage de la tragédie grecque, on retrouvera dans ce roman le récit d'une « injustice d'être né dans un clan plutôt qu'un autre, de faire partie d'une classe, d'une lignée plutôt qu'une autre » et des personnages qui auront la volonté de changer le monde à partir de leur petit village emblématique.



Il y aura du drame, du sang va couler, certains vont mourir. Il y aura aussi de l'amitié, du désir et le surgissement d'un amour qui va surprendre ses protagonistes par la force du désir éprouvé. Il sera question de destinée et de rédemption. On parlera beaucoup de droit et de justice aussi.



Et puis il y aura les paysages, fortement inspirés de l'île de Beauté, avec une grotte aux fées où tout sera possible, et un village qu'il faudra finir par quitter.

Tout cela et bien d'autres choses.



Merci à Bookycooky qui a tiré mon attention sur ce roman, le premier de cette autrice issue du territoire corse et vivant à Lille. Le roman aurait pu s'appeler « la force du destin », si le titre n'avait pas déjà été pris.

Ce roman, qui a généré 66 critiques sur Babelio vaut le détour.







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Comme de longs échos

Voici une lecture à lire rapidement avec ses courts chapitres, dont ceux "mystérieux et poétiques" dédiés comme toujours aux méchants. La poésie s'invite aussi dans toutes les descriptions. J'aime beaucoup la poésie, mais là, j'aurais préféré plus de réalisme afin de mieux apprécier les personnages au demeurant fort attachants. J'ai beaucoup de mal avec les auteurs qui parsèment leurs romans de métaphores ampoulées. Cela détruit l'ambiance et le suspense. C'est dommage, car cette histoire a une ossature solide avec une fin dont je dirais juste qu'elle aurait mérité d'être étoffée de plus de détails, non poétiques bien sur.
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Comme de longs échos

Si vous me suivez depuis un petit moment vous savez que j'ai toujours des péripéties avec les sagas.. Cette saga ne fait pas exception, en 2020, je reçois dans une box littéraire Vaste comme la nuit, que je commence immédiatement et dont je me rends compte que c'est un tome 2 (évidemment rien d'écrit dans le résumé le notifiant), j'avais adoré et lorsque j'ai croisé en librairie d'occasion ce tome 1 je n'ai pas hésité ! Au final 3 ans après je n'avais aucun souvenir du tome 2, et j'ai pu me lancer l'esprit vide dans ce début de saga. C'était vraiment une chouette lecture (bien que courte, 322 pages). J'ai adoré le personnage de Mathilde, ses phobies, son passé qu'elle a oublié et qui la terrorise. J'ai peut être trouvé le dénouement un poil rapide, mais ce n'est pas non plus trop dérangeant. Verdict à la fin de ce roman j'ai envie de relire Vaste comme la nuit car je ne me rappelles plus comment évolue le personnage de Mathilde et je suis très intriguée.
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Aux vents mauvais

Je n’ai pas été très futée sur ce coup-là, j’ai choisi ce roman pour occuper mes créneaux insomniaques. Mal m’en a pris, car la lecture est addictive, et j’attendais de loucher complètement pour éteindre la lumière.



C’est un excellent polar pas classique du tout, d’abord parce que l’autrice s’attache énormément à nous brosser des portraits des enquêteurs et de leur entourage, très vivants, très humains. Les personnages secondaires le sont tout autant.



Finalement, l’étiqueter « polar » est réducteur, c’est beaucoup plus que cela : roman noir, politique, social.



L’avancement de l’enquête est habilement entrecoupé d’une histoire poignante, prenant racine dans la réalité : le déplacement de centaines d’enfants de la Réunion dans les années 60 en France métropolitaine afin de repeupler les campagnes françaises, en l’occurrence ici, la Creuse. Arrachés à leurs familles, ils seront pratiquement des laissés pour compte dans cette « douce » France.



Elena Piacentini, j’ai fait sa connaissance avec un de ses derniers romans « Les silences d’Ogliano » qui m’a enchantée. Ici, nous sommes dans un tout autre registre, mais la lecture est tout aussi enchanteresse.

C’est donc seulement mon deuxième roman de cette écrivaine talentueuse. J’ai atterri en plein milieu d’une série, sans être dérangée ou larguée; une chose est sûre, j’ai hâte de retrouver le commandant Léoni, en commençant par le début de cette série singulière à plus d’un titre.
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