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Critiques de Elfriede Jelinek (123)
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La Nobel Littérature 2004, Elfriede Jelinek, partageait sa vie entre Vienne et Munich, où habitait son mari Gottfried Hüngsberg qui s'occupait du site d'internet de l'auteure.

À sa mort, en septembre 2022, Elfriede Jelinek fut soumis à une enquête fiscale munichoise avec confiscation de nombreux documents, parmi lesquels des lettres strictement privées.



Bien que cette affaire fût relativement vite classée, pour l'auteure offusquée et fâchée se fut une occasion de remettre en question la légitimité d'une telle confiscation de papiers personnels et de s'en prendre aux fuites de capitaux à grande échelle vers les paradis fiscaux, la multiplication des constructions off-shore et des facilités fiscales élaborées pour des grands footballeurs. Et en face de cela, la misère des pauvres et des réfugiés en nombre toujours croissant.



Elle cite à titre d'exemple la veuve de Baldur von Schirach, l'ancien Gauleiter de Vienne, qui a récupéré après la guerre la riante propriété familiale en Bavière et l'a vendue avec profit, tandis que des victimes du nazisme ont tout perdu.



Ce lien virtuel entre des thèmes apparemment disparates comme le capital et l'holocauste, s'explique probablement par la période où elle était obligée d'accepter des traductions littéraires pour survivre et son adhésion au Parti communiste autrichien de 1974 à 1991.



Ses démêlés avec le fisc bavarois, lui ont aussi incité à remonter dans le temps. C'est ainsi que pour la première fois dans sa longue carrière littéraire, elle aborde la partie juive de sa famille et le sort de certains d'entre eux au moment de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie en mars 1938.



Elfriede Jelinek est née le 20 octobre 1946 à Mürzzuschlag, à une centaine de kilomètres sud-ouest de Vienne, comme enfant unique de Friedrich Jelinek, un chimiste juif d'origine tchèque, et de son épouse Olga Buchner, d'origine germano-roumaine.

Comme Juif, son père a perdu son emploi et n'a reçu après la guerre le moindre dédommagement.



Elle raconte également le sort de son cousin juif, Walter Felsenburg, qui, avec son épouse Clara, a fui Vienne en 1938 pour Zurich et Cambridge, pour mourir finalement comme centenaire (1904-2004) à Los Angeles.



Si ce texte n'arrive peut-être pas au niveau de son best-seller "La Pianiste" de 1983, il s'agit toutefois d'un document fort intéressant par une dame qui, outre le Prix Nobel, a été également lauréate des Prix Heinrich Böll (1986), Georg Büchner (1998), Heinrich Heine (2002), Franz Kafka (2004) et encore 6 autres prix littéraires annuels.



Cet ouvrage est sorti le 15 novembre 2022 chez Rowohlt à Berlin et mérite, à mon avis, une traduction en langue française.

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J'ai, à un certain moment, pensé que ce livre n'était qu'une longue logorrhée en fait non, c'est une longue et belle réflexion...
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Avidité

Qui réussit à lire cette incessante logorrhée?

J'ai stoppé après 80 pages et j'ai pas envie d'y retourner.

Je n'arrête pas souvent un livre en cours de route mais là plouf !
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Avidité

Lividité, lucidité. Avidité d'Elfriede Jelinek, c'est une réflexion sur le désir immodéré du corps de s'approprier d'autres corps : corps et biens, corps humains, cadavres d'animaux, corps liquides, corps solides qui puissent nous loger. L'homme dans cette histoire séduit des femmes seules, des femmes sans ressources avec ressources, dans le but de s'emparer de leur maison parce qu'il collectionne les maisons bien qu'il n'en ait pas une seule en sa possession. Comme dans le film de Lars von Trier, The House that Jack Built, il n'y va pas de main morte pour atteindre son objectif cet homme. Il en vient pour s'acheter la première maison de sa collection à vendre son corps (son âme, c'est déjà fait) au plus offrant. La sexualité cru(elle), à caractère pornographique, n'a en rien empêché l'obtention d'un Nobel.



En même temps, n'ayant lu qu'un seul livre de Jelinek, j'ai comme le pressentiment que l'ensemble de ses oeuvres fait corps, et que le Nobel ne peut être que mérité. En effet, dans avidité, on a quelques mises en bouche de la Pianiste, d'Enfants des Morts, de Lust, etc. Ce qui donne envie de lire l'ensemble pour voir ce qui les relie tous les uns aux autres ces livres. En fait, j'ai comme l'impression d'avoir lu un livre à qui on a retiré la vie, de m'être retrouvée avec un corps sans organes entre les mains. Aussi, je me demande si les organes ne sont pas éparpillés dans les autres livres de Jelinek. Il serait certes intéressant de recomposer ce cadavre, bien qu'il soit sans doute impossible de lui redonner vie, d'autant plus qu'il a pris l'eau ce cadavre. En effet, on apprend dès la quatrième de couverture d'avidité qu'« Une jeune fille est retrouvée noyée dans un lac autrichien, ficelée dans une bâche. ». A la Twin Peaks. Tout comme par une absence de vie, par un grand vide. Morbide.



Un cadavre emballé dans une bâche en plastique, normalement, il ne peut pas s'agir d'un accident ni d'un suicide. On se dit qu'on se lance dans un bon polar là. Et puis très vite, on se rend compte que Jelinek mène l'enquête oui mais pas vraiment sur le meurtre. D'ailleurs, elle en vient même à transformer le meurtre en suicide ET en accident ( mais par quel tour de passe-passe bon sang?) Et puis, l'auteur jette la responsabilité sur à peu près tout le monde. C'est un peu sa faute à elle, déjà, parce que l'auteur d'un polar ne tue-t-il pas ses personnages ? le lecteur n'est-il pas son complice ? Et puis c'est la faute de tous les autres personnages aussi, parce qu'ils ne sont pas intervenus mais l'auraient-il pu ? C'est aussi la faute de la société et l'Autriche en prend pour son grade. Quant à la bâche en plastique, n'est-elle pas l'auteur d'un crime ? Déjà le plastique, ça pollue l'eau du lac. Et le lac autrichien, on en parle de ce lac, plus que suspect, avec ses eaux dormantes, plus que morbides ? Tout est à décomposer chez Jenilek car tout se décompose, les éléments, les corps, les morts, les mots.
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Malgré un style imbuvable qui tient soit de la traduction, soit de la langue allemande, soit du titre de Prix Nobel de l’écrivain, Elfriede Jelinek a des choses à dire et ça sonne, bien que différemment, comme un Buko qui regrette tout, tout en n’en ayant rien à foutre de tout.





Puisqu’on ne se marie plus pour créer des liens sacrés, puisqu’on ne se marie plus pour fonder une entreprise à deux, puisqu’on ne se marie plus pour survivre misérablement ensemble, puisqu’on ne se marie plus du tout, il faut quand même bien que quelque chose vienne à la place de ce qui était là de tout temps dans notre civilisation. Dans cette histoire, un homme s’unit à une femme dans l’espoir d’obtenir la propriété. Il veut posséder. Pas la femme, il la possède d’emblée, il s’en fout. Non, il veut se baraque, et la femme le sait mais elle se dit : quand même, ce n’est pas possible, je vais lui donner ce qu’il ne sait pas encore vouloir, je vais être son illumination. La femme y croit, à l’amour, contrairement à l’homme qui peut s’en passer. Comme disait Lacan, l’amour c’est donner ce que l’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas et quand on aime, ça marche quand même, on accepte ce rien dont on n’a pas besoin avec bonheur, mais quand on n’aime pas ça énerve à un point pas croyable, on dit qu’il nous pompe vraiment l’air l’autre. L’homme finit par s’énerver, alors cette maison, quand c’est qu’elle est à moi ? Il n’a pas que ça à faire, il n’a pas qu’elle dans la vie, il a aussi son épouse (une épouse classique qui elle, au moins, n’éprouve plus la torture des sentiments puisque le mariage les a détruits pour toujours, une emmerde de moins) et Gabi, seize ans au compteur, elle finira d’ailleurs au fond d’un lac rempli de déchets ménagers.





« De nos jours, il va de soi que nous avons un métier et que nous sommes indépendantes. J’en ai écrit des choses là-dessus, et c’était parfaitement inutile. »





La femme libérée resterait ainsi une enfant éternelle. Son amour ne s’arrête jamais, mais ce n’est jamais pour le même. Son amour la fait souffrir à chaque fois, mais au moins elle ne pense à rien d’autre et elle accepte tout. Parfois, elle va même travailler. Comme ça elle peut quitter le dernier pour s’en chercher un autre sans être dans la dèche. C’est bien, oui, mais ça ne va sans doute pas changer grand-chose.





« Je récapitule mais, comme toujours, je n’arrive pas à tenir le fil et le laisse choir au dernier moment, boum : la femme veut se sentir en sécurité et pourtant libre. Elle veut sentir beaucoup d’autres choses encore, je suis désolée, ce n’est pas possible. Elle veut que ce type lui dicte sa conduite comme ses chers parents l’ont fait, je suis désolée, ce n’est pas possible. »

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Avidité

Le plus rude de Jelinek . Une plongée dans une vision d'une noirceur extréme qui peut choquer les non avertis . Cette hstoire n'a aucune pitié , ne sombre pour autant jamais dans le glauque et reste en phase avec l'objectif de l'auteur qui est de délivrer le plus pertinent polaroid de l'ame humaine sous tout ces visages . Magistral mais attention , pour adultes avec réserve .
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Avidité

Une fois encore Elfriede Jelinek règle ses comptes avec son pays, avec un esprit ironique (elle a sous titré son livre roman de divertissement) et corrosif, avec force et conviction. Elle nous dépeint la campagne de Carinthie, province d’origine de Georg Haider, ses habitants et leurs petits arrangements. Au centre du récit un homme, gendarme, Kurt Janisch. Obsédé par le désir de s’enrichir, de posséder, il se sert de l’attirance qu’il provoque chez des femmes seules plus très jeunes. Sa profession lui permet de savoir beaucoup de choses, qui possède quoi, qui n’a pas d’enfants, et d’entrer en contact. D’emblée il est en mesure d’instaurer une relation de domination, grâce à son uniforme, aux amendes qu’il inflige. Et il arrive à déclencher une forte attirance sexuelle, qu’il utilise au maximum, dans un rapport sado-masochiste, dans le but de se faire remettre de l’argent, et transmettre les biens.



Il a ce type de rapport avec une femme au moment des événements évoqués dans le roman, mais il a aussi engagé une liaison avec une jeune fille de moins de 16 ans, qu’il utilise aussi pour humilier sa maîtresse plus âgée, mais qui commence à lui causer du soucis : elle le menace d’ébruiter leur liaison. Il l’assassine et jette le cadavre dans un lac. Il finira par émerger, mais personne parmi les habitants ne semble avoir vu quoi que ce soit, ou eu le moindre soupçon à l’endroit de Janisch. Il faut dire que c’est lui-même qui interroge les habitants, ce qui bien évidemment ne délie pas les langues.



Ce petit résumé peut sembler relativement simple et logique, cela l’est beaucoup moins dans le roman. Celui se présente comme un monologue, d’une narratrice non identifiée (l’auteure ?) qui distille quelques informations sur la marche des choses, quelques faits tangibles, mais qui les entrecoupe de digressions diverses, de petits bouts de conversations, de ressentis de tel ou tel personnage, de références littéraires. Sans oublier de longues scènes décrivant les pratiques sexuelles de Janisch, la dépendance qu’il crée chez ses victimes. Le tout dans une chronologie aléatoire, nous circulons dans le temps au gré des envies de la narratrice.



C’est forcément un livre déroutant, dérangeant, pas réellement plaisant à lire. Néanmoins, il laisse une trace, provoque des interrogations, peut susciter un débat. Mais j’aurais du mal à le conseiller, tant il demande un effort, et peut provoquer le rejet.
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ça doit pas être le moment. Rien compris aux premières pages, pas insisté.
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Ce qui arriva après le départ de Nora : Après Nora

Elfriede Jelinek reprend le personnage d'Ibsen pour mettre en scène les difficultés de l'affranchissement dans une société patriarcale. Peinture de la condition servile des femmes au sein de la cellule familiale, mais aussi dans le monde du travail. Jelinek dévoile les liens étroits qu'entretiennent le capitalisme et le patriarcat d'une écriture franche et forte pour bousculer nos esprits embrumés.



"Après Nora" est un long monologue pamphlétaire sur les rapports de domination entre pays riches et pays pauvres à travers l'exemple désastreux de la "fast fashion".

P. S.: Des précisions de la part de l'éditeur sur les événements historiques auxquels l'auteure fait référence seraient bienvenues pour les jeunes lecteurs.
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Ce qui arriva quand Nora quitta son mari

Le point de départ de cette pièce d'Elfriede Jelinek est La Maison de Poupée d'Ibsen. Dans cette pièce féministe d'Ibsen, une femme quitte son mari lassée d'être une potiche, de ne pas compter, d'être une vitrine quand elle danse la tarentelle...



Jelinek place l'action de sa pièce à la suite de la pièce d'Ibsen (mais avec un saut temporel vu qu'elle place l'action dans les années 20), mais en même temps elle en fait un drame indépendant, déconnecté de celui d'Ibsen. D'une part, Jelinek fait dire à Nora qu'elle est la "Nora d'Ibsen"... ce qui montre qu'elle reconnaît Nora comme une héroïne de théâtre et s'amuse de la ressemblance, mais en même temps Jelinek cultive cette ressemblance et construit un drame qui suit pas à pas celui d'Ibsen.



Mais là où Ibsen est féministe et décrit la bourgeoisie scandinave, Jelinek décrit un drame social, ouvrier. Sa Nora est une ouvrière qui est remarquée par un patron alors qu'elle danse la tarentelle lors d'une visite de l'usine. Elle succombe au luxe et à la vie en société et Jelinek entreprend de nous décrire des comportements humains particulièrement avilis. L'amant de Nora agit comme un proxénète. Un ministre la convoite et elle est une monnaie d'échange. Elle s'adonne à une partie de SM avec son ancien mari. Et elle est jetée quand sa beauté se fane... Finalement, Nora n'a rien gagné en quittant son mari, semble nous dire Jelinek. Elle retourne alors chez son ancien mari.



Là où Ibsen réussissait à nous enchanter, à nous faire croire dans l'humain... Jelinek balaie tout et nous montre le côté sombre de l'âme. Et pour bien parachever l'ouvrage et asséner le coup de grâce, Jelinek place l'action dans les années 20, avec la montée du nazisme en toile de fond. J'ai pensé à Portier de Nuit, le film de Cavani, pour l'ambivalence, les rapports au corps, au totalitarisme.
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Ce qui arriva quand Nora quitta son mari

Avec "Ce qui arriva quand Nora quitta son mari", Elfriede Jelinek n'écrit pas seulement une suite à la pièce d'Ibsen, "Une maison de poupée". Elle écrit une pièce sur la condition féminine et le monde du travail dans lequel s'impose aussi la domination masculine. Puisqu'elle quitte son mari, puisqu'elle quitte son intérieur, Nora va devoir se confronter à d'autres hommes et au monde extérieur. Après avoir été une poupée entre les mains de son mari et de la société dans laquelle elle évoluait, la voici devenue marionnette aux ordres d'un chef d'équipe à l'usine. Elfriede Jelinek a parfaitement réussi la transition entre les deux époques, entre les deux "Nora", celle d'Ibsen et la sienne. Sa pièce donne par ricochet plus de modernité encore à celle d'Ibsen.
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Drames de princesses : La Jeune Fille et la..

Le livre comporte peut de pages, 139 divisées en cinq scènes ayant des femmes pour personnages principaux. Certaines sont issues de contes comme Blanche-Neige ou la Belle au bois dormant, d'autre de personnalités célèbre comme Jackye Kennedy ou issues de ma mythlogie.



L'auteure a essayé de rentrer dans le personnage de ces êtres pour les faire agir et réagir face au thème de la mort dans la direction de la recherche de la vérité. Ca aurait pu être un beau sujet philosophique, ça s'est transformé pour ma part en élucubrations de l'auteur, voir délires. Si le lecteur arrive à suivre toutes les idées et chemins tortueux et images qui changes d'une phrases à l'autre sans lien et bien bravo !



Ce livre doit surement rendre mieux sur scène au milieu des décors. A voir mais pas à lire.
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Drames de princesses : La Jeune Fille et la..

Ces cinq pièces regroupées dans ce recueil autour de figures féminines célèbres (fictives et réelle pour Jacky Kennedy), confrontées à la violence et la mort à cause de leurs situations sociales et leur statut de femme, s'amusent à perdre le lecteur ou le spectateur. Ce sont souvent de longues tirades mystérieuses où le sens se perd puis réapparaît au détour d'une phrase avant de se perdre à nouveau. Il y a de nombreux jeux de mots, des visions crues, sans artifice comme souvent dans l'œuvre de Jelinek et une révolte soutenue face à la condition servile des femmes aujourd'hui encore.
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Enfants des morts

Plus accessible que La pianiste , cet opus de Jelinek n'en est pas moins trés exigeant . C'est dur , sec , glacial , et en méme temps d'une humanité indéniable . Et la beauté de la prose est sidérante . Il est trés triste que Jelinek ne soit pas davantage connue dans le monde des lettres. Car cette auteur majeur mériterait trés largement de dépasser le cercle des initiés. Une oeuvre magistrale .
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Enfants des morts

Un style froid, acéré qui convient très bien au récit. Glaçant mais passionnant.
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Enfants des morts

Retour de lecture sur "Enfants des morts" un roman de l'auteure autrichienne Elfriede Jelinek (Prix Nobel 2004), publié en 1995, en langue allemande pour sa version originale. Cela se passe dans une pension de montagne dans les Alpes autrichiennes, en Styrie, la région d'origine de Jelinek. On assiste à une farce macabre dans laquelle trois morts vivants massacrent, hantent, torturent et démembrent des vivants. Ces morts vivants sont la réincarnation de tous les morts innocents du passé autrichien, ils tendent un miroir à des vivants totalement apathiques qui prennent du bon temps dans cette station, englués dans leur suffisance, leur médiocrité, et négation du passé. le livre est un cauchemar à tous niveaux. Déjà au niveau de l'histoire qui en relate un, mais pas un cauchemar individuel, c'est le cauchemar collectif de toute l'Autriche. Comme à son habitude Jelinek n'est pas tendre avec ses compatriotes et ne leur fait aucun cadeau. On pense dans ce roman à la montagne magique de Thomas Mann pour la puissance de ce décor montagneux, à Céline pour la méchanceté dans l'écriture, et puis même à Stephan King pour la couche de gore. Jelinek met ainsi ses compatriotes en face de leur culpabilité par rapport à leur passé et plus particulièrement le génocide juif. Cette thématique de la culpabilité du peuple Autrichien est récurrente chez elle. Ce livre est considéré pour beaucoup comme son chef d'oeuvre, et même pour certains comme l'un des plus grands livres de la langue allemande du XXe siècle. Sur une 4ème de couverture on peut lire que Jelinek achève ici magistralement son voyage au bout de la nuit autrichienne, cette formule est particulièrement bien trouvée. Ce roman est ensuite un cauchemar pour le lecteur. Rien n'est facile, aucune concession n'est faite. Au contraire, il est malmené au possible tout au long de ce livre. Comme dans un vrai cauchemar, c'est à lui de prendre du recul par rapport au texte qui est souvent sans cohérence apparente, totalement confus. La chronologie n'est pas toujours respectée. On est dans un monde de rêves et de cauchemars. C'est du David Lynch, sans les images... sur 700 pages. Malgré une écriture d'une très grande qualité, c'est une lecture âpre, difficile, sans dialogues, avec continuellement des digressions qui n'en finissent pas. Elle y aborde énormément de choses, le culte de la performance par le sport, du savoir, de la beauté, le culte germanique pour l'automobile, l'abrutissement des médias, la tyrannie domestique et le féminisme, les dérives de la société de consommation, l'oubli et la réécriture de l'Histoire... Sa manière de décrire les rapports sexuels, entre ces morts-vivants est juste hallucinante. le texte est d'une richesse inouïe, et il est juste dommage qu'avec une lecture normale on a l'impression d'en appréhender qu'une petite partie, même si cette partie est terriblement impressionnante. Il faut accepter de lire des pages entières sans en capter le sens, et d'en lire d'autres, qui constituent une bonne partie du roman, dans lesquelles on navigue dans un grand flou, quant à l'interprétation qu'il faut leur donner, sans savoir vraiment dans quel niveau de réalité ou du cauchemar nous sommes, ou sans en comprendre toutes les références. Une mention spéciale pour la traduction, qui, même si elle bute quelques fois sur des expressions intraduisibles, est particulièrement riche. C'est un véritable périple littéraire, même si on y laisse des plumes, on a à la fin le plaisir et la satisfaction d'être arrivé au bout d'une oeuvre incroyablement complexe et exigeante. L'impression d'avoir gravi un grand sommet autrichien, ou d'avoir rêvé de l'avoir fait.
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Enfants des morts

Que diable suis-je venue faire dans cette galère ??!!



A sa sortie, la quatrième de couverture de ce livre m'a fait de l'oeil, me promettant une histoire originale à mi-chemin entre fantastique et histoire.

Lorsque je découvre en médiathèque qu'il s'agit d'un pavé de 535 pages, cela me refroidit un peu mais je me lance, avec l'envie de découvrir un prix Nobel de littérature.

J'ai vécu cette lecture comme une souffrance perpétuelle. Lecture trop exigeante pour moi, beaucoup de termes de vocabulaire m'étaient inconnus, je n'ai pas compris grand chose de la première à la 267ème page, celle qui m'a décidée à mettre un terme à mes maux (chapitre 17 sur 35 et épilogue).

Dans certains passages, j'ai trouvé de la poésie avec les jeux sur les mots et la polysémie (qui font l'attribution d'une étoile pour la note). Le traducteur Olivier le Lay a réussi une traduction impeccable (voire trop impeccable peut-être...).

Néanmoins, les passages sur les tortures et les relations sexuelles des trois morts (Gudrun Bicher, dépressive suicidée dans sa baignoire ; Karin Frenzel, veuve assujettie à sa mère ; Edgar Gstranz, skieur mort dans un accident de voiture) m'ont également torturée.



Je n'aime pas abandonner une lecture, je ne regretterai pas mon choix pour celle-ci.
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Enfants des morts

Mais quel pensum ! Je suis habitué à lire de la littérature exigeante mais je n'ai pas pu en venir à bout... Bloqué à la page 468 avec pas le moindre courage pour continuer jusqu'à la fin (page 692). Tout devrait tenir dans le style, un torrent de corps en décomposition qui hantent les vivants, pas tellement en meilleure posture qu'eux, et qui forniquent à qui mieux mieux. Il y a vaguement trois personnages centraux, une étudiante suicidée, Gudrun, une executive-woman encombrée de sa mère, Karin, qui est morte d'un accident en montagne et un sportif, Edgar, mort d'un accident de voiture. Tout se passe autour d'une pension de vacances. Tout tourne (en rond), en imprécations, lieux communs, bout de publicités et surtout jeux de mots probablement quasiment intraduisibles vu le résultat en français... J'ai quand même dû prendre un peu de plaisir masochiste à la chose car, par moments, pris dans le déferlement, j'y ai trouvé une dimension limite comique. Mais j'ai quand même abandonné et comme la vie est courte je ne lirai probablement plus jamais quoi que ce soit d'Elfriede Jelinek (prix Nobel de littérature tout de même). Mais est-ce un mal ?
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Enfants des morts

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Enfants des morts

Roman d’une autrice ayant reçu un prix Nobel de littérature.



Un texte rébarbatif dans sa forme : plus de 600 pages bien pleines, peu de paragraphes et aucun dialogue. Pas beaucoup de place pour reposer l’œil.



Une écriture ardue par le rythme de lecture qu’elle impose, des longues phrases avec des métaphores qui pourraient se lire comme de la poésie, en prenant le temps de savourer chaque mot.



Mais dans ces longues tirades, on trouve toutes sortes de digressions, comme une « slammeuse » qui commente aussi bien la taille du pénis de l’homme, les modes vestimentaires, la popularité de sportifs défunts que la dislocation de la Yougoslavie. Mais un slam d’autant de pages n’est pas facile à absorber…



Un sujet difficile aussi : la mort, un village de montagne observé par des fantômes, des protagonistes décédés mais qui s’y retrouvent… vacances.



Un roman qui navigue entre l’humour absurde et la revendication et qui porte un regard cynique sur la société.



Reprise d’une lecture abandonnée il y a plusieurs années. (J’avoue avoir glissé rapidement sur certaines longues descriptions des ébats sexuels des fantômes…)

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