Citations de Emile Durkheim (141)
Le réflexion est, par excellence, la force antagoniste de la routine, et la routine est l'obstacle aux progrès nécessaires.
L'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné.
La science commence dès que le savoir, quel qu'il soit, est recherché pour lui-même.
En résumé, bien loin que l'éducation ait pour objet unique ou principal l'individu et ses intérêts, elle est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les conditions de sa propre existence.
Si maîtres et parents sentaient, d'une manière plus constante, que rien ne peut se passer devant l'enfant qui ne laisse en lui quelque trace, que la tournure de son esprit et de son caractère dépend de ces milliers de petites actions insensibles qui se produisent à chaque instant et auxquelles nous ne faisons pas attention à cause de leur insignifiance apparente, comme ils surveilleraient davantage leur langage et leur conduite !
Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe, et c'est alors seulement qu'il paraît vouloir ce qui est mal.
Il est évident que l'éducation de nos enfants ne devrait pas dépendre du hasard qui les fait naitre ici ou là, de tels parents plutôt que tels autres. Mais alors même que la conscience morale de notre temps aurait reçu sur ce point la satisfaction qu'elle attend, l'éducation ne deviendrait pas pour cela plus uniforme.
Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort.
La société ne peut vivre que s'il existe entre ses membres une suffisante homogénéité : l'éducation perpétue et renforce cette homogénéité en fixant d'avance dans l'âme de l'enfant les similitudes essentielles que réclame la vie collective.
La société n'est pas une simple somme d'individus.
Le groupe pense, sent, et agit tout autrement que ne feraient ses membres s’ils étaient isolés.
L'autorité morale est la qualité maîtresse de l'éducateur.
L'éducation a pour objet de superposer, à l'être individuel et asocial que nous sommes en naissant, un être entièrement nouveau. Elle doit nous amener à dépasser notre nature initiale: c'est à cette condition que l'enfant deviendra un homme.
Si l'on commence par se demander ainsi quelle doit être l'éducation idéale, abstraction faite de toute condition de temps et de lieu, c'est qu'on admet implicitement qu'un système éducatif n'a rien de réel par lui-même. On n'y voit pas un ensemble de pratiques et d'institutions qui se sont organisées lentement au cours du temps, qui sont solidaires de toutes les autres institutions sociales et qui les expriment, qui, par conséquent, ne peuvent pas plus être changées à volonté que la structure même de la société.
Il n'y a pas d'école qui puisse réclamer le droit de donner, en toute liberté, une éducation antisociale.
La science, dit un écrivain déjà cité, peut bien éclairer le monde, mais elle laisse la nuit dans les coeurs ; c'est au coeur lui-même à se faire sa propre lumière.
L'idée d'âme a été pendant longtemps et reste encore en partie la forme populaire de l'idée de personnalité.
Ainsi, il pourrait arriver qu’on nous accusât d’avoir voulu absoudre le crime, sous prétexte que nous en faisons un phénomène de sociologie normale. L’objection pourtant serait puérile. Car s’il est normal que, dans toute société, il y ait des crimes, il n’est pas moins normal qu’ils soient punis.(72)
Il [le sociologue] faut qu'en pénétrant dans le monde social, il ait conscience qu'il pénètre dans l'inconnu [...].
Quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie pas autre chose sinon qu’on le forcera à être libre.