Citations de Emilie de Turckheim (252)
Elle ressemblait de plus en plus aux morts des séries télévisées. On croit toujours que ça fait faux à la télévision, alors qu'en fait, c'est le contraire, c'est les vrais morts qui sont mal faits.
Dans la vie faut se méfier des petits cadeaux qu'on nous donne en échange de la liberté qu'on nous vole.
La compassion, c'est quand on souffre un tout petit peu pour faire plaisir à quelqu'un qui souffre plus soi.
Dans le mail envoyé à Joseph – Joseph est le peintre – j’ai menti à chaque ligne. Je me suis ôté cinq centimètres de tour de taille que j’ai restitués, par souci de justice, à mon tour de poitrine. Je me suis vieillie de trois ans pour me donner un peu d’assurance, de bouteille et de courage. J’ai dit avoir déjà posé, de nombreuses fois, pour de nombreux peintres, dans de nombreuses villes, au cours de mes nombreux voyages en Asie et en Amérique Latine. Je suis la femme modèle que les artistes s’arrachent même sur la lune.
Monsieur, dans la vie, il arrive qu'une chose foireuse entraîne une autre chose encore plus foireuse, et ainsi de suite, jusqu'au moment où, vous allez voir, quelque chose de bon vous arrive.
La lecture est une sorte de course d'endurance : au début, c'est difficile, ennuyeux et décourageant. Et puis, à force d'essayer, à force de mettre un pied devant l'autre, à force de pousser ses yeux de mot en mot le long des lignes, quelque chose jaillit. Le monde se rue à l'intérieur de soi. Et tout apparaît. Et toutes les voix s'élèvent. Et tout palpite. Tout tremble. Tout est amoureux. (...) Insiste, Reza. Frappe mille fois à la porte des livres. Ils s'ouvriront. Je te le jure, tu auras mille cabanes. Mille mondes.
Chez Carrefour, il cherche du coulis de tomate. Le moins cher des coulis de tomate, celui devant lequel il faut s'incliner, faire une révérence, parce qu’il se tient au ras du sol, sur l'étagère la plus basse.
"Mais à l'épreuve de la vie, on réalise que les principes sont du vent. Ils ne sont d'aucun secourset vous torturent à l'agonie quand il est trop tard." (P.86)
mais Lucette dit que l'orgueil c'est utile contre le suicide et le vague à l'âme, et qu'il faut toujours en avoir un peu sur soi pour les jours où la vie exagère. (P.82)
Combien de preuves ?
Combien de gages ?
Combien de temps ?
Avant d’accorder sa confiance à l’Étranger.
Un regard et tout est sûr et certain.
Un regard, c’est tout.
Accueillir, c'est cuisiner, c'est acheter des légumes, les couper, les faire longuement revenir à l'huile d'olive. Accueillir, c'est ne pas se dépêcher. Ne pas bâcler la cuisine.
Aucune hésitation de la part de Reza. Je sens que le mot cadeau est un monde commun. Nous connaissons sa simplicité immense. Nous savons que cadeau est une façon de dire : " Je m'adresse à toi et à toi seul. Accepte cette amulette de mon amitié."
« Notre lit est collé au mur, et celui de Reza se trouve juste derrière. De telle sorte que nos corps ne sont distants que de quelques dizaines de centimètres. Nos corps humains. Nos squelettes semblables. Nos deux cent six os identiques. Nous respirons. Notre sang circule. Nos cheveux poussent en même temps de part et d'autre du mur. Mais le corps de Reza, allongé si près de moi, sait ce que mon corps ne sait pas. Il sait ce que fuir veut dire. Avoir le corps pour seul abri. Avoir comme monde entier son propre corps. » (pp. 22-23)
"Tu es devant un paysage, , il y a quelqu'un près de toi, tu tends la main ; tu dis
ois, car tu voudrais donner ce que tu vois, et c'est le commencement de tout. "Victor Serge.
"Pour accueillir quelqu'un il faudrait faire comme Reza, se faire petit. Ne pas accueillir de façon trop fracassante. Ne pas écraser l'hôte sous les cris de bienvenue. Lui laisser prendre sa place, en se déplaçant soi-même un peu, souplement, comme deux danseurs qui dansent pour la première fois."
"Le plus souvent, les gens lisent parce que leur corps, dans leur jeunesse, a côtoyé des livres et des gens qui lisent."
A force d'entendre Reza buter sur des mots pauvres et imprécis, j'en viens à penser que c'est la forme de son esprit qui est pauvre, incapable de subtilité et de nuances. ON OUBLIE SANS CESSE QUE CELUI QUI BREDOUILLE UNE LANGUE EN PARLE COURAMMENT UNE AUTRE. LA SIENNE"
Mais le plus souvent, les gens lisent parce que leur corps, dans leur jeunesse, a côtoyé des livres et des gens qui lisent.
Plus je l'écoute plus je comprends qu'il en sait trop sur la souffrance humaine pour juger qui que ce soit.
C'est guerre dans mon pays. Chez vous, c'est guerre dans la tête.