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Citations de Emmanuel Roblès (141)


IZQUIERDO : […] Mais, par le sang du Christ ! elle est adorable, cette petite fille ! Mais je ne m’en étais pas aperçu, tout à l’heure ! Où avais-je les yeux ? C’est impardonnable ! (Il s’approche d’elle en souriant.) Comment t’appelles-tu ?
ELENA, oppressée: Eléna.
IZQUIERDO: C’est joli Eléna… E-lé-na ! Indienne, non ?
ELENA : Ma mère était indienne
IZQUIERDO : Enfant de l’amour… C’est pour ça que tu es si belle.
ELENA : Ma mère était servante chez un espagnol qui l’a violée.
IZQUIERDO : Chance sur lui qui t’a engendrée ! Et qu’elle soit dans la gloire celle qui t’a mise au monde ! Quel âge as-tu petite fleur ?
ELENA : Dix-huit ans !
IZQUIERDO : Et tu es vierge ?
ELENA baisse la tête.
IZQUIERDO, avec son ironie habituelle : Trésor merveilleux ! Moralès, quelle idée de génie j’ai eue là ! Mais où donc avais-je les yeux, tout à l’heure ? Sans doute étais je trop ébloui !... (Moralès et les soldats rient complaisamment. A Elena.) Tu seras épargnée, naturellement. Ce soir, tu deviendras ma femme… Ça te plait ?... (A Moralès.) Il suffira de fusiller ces cinq-là.

Acte II, Scène 3.
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LE MARCHAND, résolument : Ecoute ! Je suis riche ! Je te donne tout ce que j’ai. Avec ma fortune, tu pourras continuer la guerre. Bolivar peut disparaitre. Toi, tu pourras continuer. J’ai des fermes, des troupeaux. Tu pourras armer beaucoup d’hommes contre les Espagnols. Je te le dis devant témoins !
LE POTIER : Accepte ! Accepte donc ! Tu seras riche ! Tu es jeune ! Que t’importent les autres ! Tu pourras partir en Europe ! Avec cette fortune, tu seras maitre de ta vie. Dis que tu acceptes ! Nous sommes tous témoins ! Nous avons tous entendu ! Il a promis !
MONTSERRAT, avec simplicité : Que j’accepte ou non de livrer Bolivar, les espagnols ne me relâcheront jamais !
LE POTIER, fou de terreur et de colère : Tuons-le ! Il faut l’étrangler ! Il n’aura rien dit, mais, puisqu’il sera mort, on ne pourra rien exiger de nous ! Aidez-moi il faut le tuer !
LE MARCHAND : Il faut le tuer il a raison !

Acte II, Scène 1
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LE COMEDIEN : Non. Je comprends ton jeu ! Tu cherches à nous égarer ! Tu cherches à nous faire admettre que c’est Dieu qui nous a conduits ici, que c’est sa volonté qui nous tient ici ! Mais même si nous admettons cela, Dieu te laisse, à toi, la liberté de choisir ! Que Dieu, ou le destin, ou la malchance nous aient menés ici, tu restes libre de choisir entre Bolivar et nous ! C’est toi, en définitive, qui peux, ou nous épargner, ou nous jeter devant les fusils des Espagnols ! Inutile de me répondre qu’en choisissant de nous sacrifier tu obéis à quelques injonctions divines, à un avertissement supérieur ! Nous savons que tu peux choisir et tu dois le faire selon la raison !

MONTSERRAT : Je sais… je sais aussi que je peux choisir, et c’est cela précisément qui m’épouvante. Quel que soit mon choix, je serai fusillé… Ne comprends-tu pas que c’est cette liberté qui me torture en ce moment plus que la certitude de mourir ?

Acte II, Scène 1
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MONTSERRAT : Comprenez ! Comprenez ! Je sais bien qu’il vous est dur de comprendre… Ce n’est pas la vie de six êtres contre celle d’un seul ! Mais, contre la liberté, la vie de millions de malheureux !
Acte II, Scène 1
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MORALES : Izquierdo a toujours la conviction insolente que les événements vont marcher comme il le désire, que les êtres vont rigoureusement se plier à sa volonté. Et, quand la malice d’une volonté étrangère à la sienne contrecarre ses projets, alors il explose, il tonne, il veut crever le ciel, exterminer des populations entières ! … Vous allez le voir, tout à l’heure : un ouragan ! une tornade !...
Ils rient bruyamment.
ANTONANZAS : Quand nous étions cadets à l’académie militaire, je me souviens qu’il était tombé amoureux fou d’une petite vicomtesse de dix-sept ans. Mais elle ne l’aimait pas et le lui fit entendre. Cet aveu ne refroidit pas son ardeur. Au contraire. Il lui jura qu’elle l’aimerait par force ! Qu’il la forcerait bien à l’aimer… (ils rient)
Acte I, Scène 2
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Sa présence apaisait en moi je ne sais quelle insatisfaction, quelle inquiétude.
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Je commençais à discerner que, si deux êtres marchaient à la rencontre l'un de l'autre, si chacun s'oublie soi-même pour mieux penser à l'autre, l'énigme de la vie peut réellement devenir moins opaque, moins désespérante.
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En somme, il s'agissait d'examiner le problème de sang-froid. Clara était devenue sa maîtresse peu après le départ d'Angela. Ils étaient heureux malgré toutes les ruses qu'ils devaient employer pour cacher leur bonheur. Angela serait de retour à la fin du mois. Mais quoi, il ne serait pas le premier individu à vivre entre deux femmes !
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Quand la fatigue la prenait, elle entrait boire du café dans un de ces minuscules établissements à odeur de vermouth et d'anis, tenus en général par une jeune fille qui la faisait parler. Aux heures creuses, elle prenait une vedette à peu près vide de passagers et se laissait porter sans même en vérifier la destination.

(p.41)
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«Laisser une jeune femme , toute seule, la nuit, dans un lit trop grand, c'est l'occasion d'avoir des bâtards !» (p 151)
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«Ce serait trop beau si on pouvait faire de la vie ce qu'on voulait , c'est la vie qui vous mène» (p 48)
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«Les montagnes de Blida sont vivantes comme des femmes couchées en tas, les seins vers le ciel, et qui dorment et qui respirent doucement» (p 45)
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Il gisait, nu et bronzé, les yeux clos, en bordure de la cale où la mer clapotait, et je devinais d'où provenait sa déception. Ce matin là, das le désert de ce plein été, je comprenais qu'il me ressemblait, que, d'une certaine manière, il aspirait comme moi à posséder quelque chose qui n'existait pas, quelque chose de très pur, d'infiniment parfait qui ne pouvait être et ne serait jamais de ce monde.
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Six vies humaines supprimées à coup sûr, Six vies humaines avec toute la charge qu'elles représentent d'espoirs, de fragiles bonheurs terrestres. Tu as bien réfléchi ? Cette mère et ses deux enfants menacés, cet homme et la femme qu'il aime plus que lui-même, ce père et ses cinq fils trop jeune encore. Tout cela existe. Tout cela est réel, fait de chair et de sang. Et, l'anéantir, c'est aussi ouvrir d'autres portes au malheur, jeter sur d'autres êtres du désespoir, de la douleur et des larmes. Quelle vérité peux-tu donc opposer à cela, puisque Bolivar, poursuivi, risque d'être arrêté ce soir même ? Puisqu'il est malade et que la mort peut le ravir pendant la nuit. Et qui te dit que cette mission pour laquelle tu le préservés, qui te dit que la Providence lui permettra de l'accomplir ? ... Réfléchis bien. Six vies humaines sacrifiées à coup sûr contre les exploits incertains d'un homme malade est rigoureusement traqué !
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Le nazisme , le fascisme sont assurément liés à des circonstances précises de l'histoire , et non réductibles à ce qu'il est convenu d'appeler si commodément le " mal de la nature humaine " il est vrai cependant , qu'en certaines conditions politiques et sociales , ils expriment une attitude toujours possible des individus et des foules : dépouillées des mythes qui l'appuient , c'est seulement celle de la faiblesse intime , de la frustration et de l'humiliation . Il importe , comme il est fait dans " Montserrat " , de ruiner aussitôt tant de fausses gloires et de fausses raisons . On l'a vu : la vérité d'Izquierdo est honteuse , et d'abord pour lui-même , et il ne l'avoue à Montserrat que parce que celui-ci doit mourir . Inavouable aussi d'homme à homme , la vérité du nazisme et de ses camps d'extermination , de ses haines convulsives . Inavouable , la vérité des répressions coloniales , des "indigènes " bafoués , humiliés , torturés et massacrés dès qu'ils entendent se réclamer des Droits de l'homme .
Alors il faut d'innombrables alibis , quantité de masques , d'étendards et d'éloquence et , même , un certain nombre de héros volontaires ou involontaires du côté des oppresseurs .
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Emmanuel Roblès

Il faut peut-être se souvenir ici d'Albert Camus et de son " Homme révolté " : Les foules du travail , lassées de souffrir et de mourir , sont des foules sans dieu . Notre place et dès lors à leur côté , loin des anciens et des nouveaux docteurs .
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Extraits du Prologue : --L'auteur aurait pu situer le sujet de cette pièce dans l'antiquité romaine , L'Espagne de Philippe II , la France de l'occupation , etc ... il a d'ailleurs longtemps hésité .
--Les bourreaux de métier ne suffisaient plus , écrit M Michel Vaucaire historien de Bolivar , il se commettait de telles atrocités que les espagnols de l'entourage de Monteverde , en furent eux-mêmes écoeurés .
-- Comme cette cruauté , ces massacres ne sont pas spécifiquement de l'époque bolivarienne , que depuis des siècles et sur toute la surface du monde la même douleur a fait hurler des hommes , sur les croix où agonisaient les derniers compagnons de Spartacus , sur les chevalets des inquisiteurs du siècle noir ou dans les modernes officines à torturer , on a compris que l'auteur n'a voulu emprunter à l'histoire qu'un prétexte , un décor , une couleur ....
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Il m’arrivait assez souvent de penser à André, à cet inconnu, avec un sentiment de colère qui m’étonnait. Je me demandais si j’aimais réellement Monique. Oui, est-ce que je l’aimais ? Aimer comme haïr, comme toute passion profonde devait impliquer l’engagement total de l’être, jusqu’au sang. Mais je ne savais pas très bien où j’en étais avec elle.
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À travers mon exaltation je sentis une angoisse me glacer la poitrine. Je fis quelques pas de côté, le dos au mur, sans lâcher Almaro des yeux. Je conservais les mains dans les poches. Au moindre mouvement qu’il jugerait suspect, j’étais sûr d’être abattu. Ce n’était pas cette idée qui faisait cogner mon cœur tumultueusement, mais bien la rancœur d’être une fois encore à la merci d’Almaro. D’être obligé de fuir parce que je ne possédais qu’un couteau misérable. De m’avouer vaincu, toujours vaincu. Toujours humilié…
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Plus d’une semaine que nous n’avions pas couché ensemble. Ah, c’est vrai ! Ce mot lui déplaisait. Elle tenait à l’expression : « rapports intimes »… Bon. Plus d’une semaine que nous n’avions eu de « rapports intimes ». J’eus soudain la nostalgie de son corps mince, de ses seins vivants ! Cependant, je m’attardai à me regarder dans la glace jusqu’à éprouver ce malaise qui me prenait chaque fois que je m’abandonnais trop longtemps à ce jeu.
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