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Citations de Emmanuel Roblès (141)


Alors, c'est bien vrai que tu m'aimes ?
Mais oui, je l'aime ! Je suis amoureux comme dans les livres. Je connais cet aspect fatal de la passion qui, au cours de certaines lectures (Racine bien sûr), m'a subjugué. Sur un mur, à la craie, j'ai écrit le nom de Véronique. Chaque fois que je croise le mur mon cœur tremble.
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Un matin, Camus m'appelle au téléphone :
- Tu vas rire. Viens donc avant midi, si tu es libre.
Avant midi, dans mon bureau. Nous déjeunerons ensuite. Je vais au rendez-vous. Et dès que j'ai rejoint Camus, la préposée à la réception annonce maître Untel. J'assiste à l'entretien. Cet avocat vient plaider pour André Breton.
Camus avec ironie, demande :
C'est lui qui vous envoie ?
Lui même.
Que me veut-il donc ?
L'avocat réplique sans embarras :
M. André Breton, au cours de la visite d'une grotte quelque part en Auvergne, a protesté auprès du gardien en affirmant que toutes les figures préhistoriques offertes aux curieux n'étaient que des reproductions frauduleuses et, pour le prouver, d'un geste rapide, il a effacé avec deux doigts la queue d'un mammouth. Furieux, le gardien lui a donné une tape sur le bras et a porté plainte. Les experts ont confirmé l'authenticité de cette figure ! Voilà, monsieur Camus, M. Breton est passible de la correctionnelle. Je viens donc solliciter votre signature pour un appel à la clémence du tribunal, appel que d'autres écrivains ont déjà signé.
Cette fois, Camus s'amuse franchement :
La clémence, maître ?
Mais pour M. Breton, sa condamnation entraînerait la pertes de ses droits civiques !
C'est-à-dire ?
Par exemple : perte du droit de vote et aussi de l'attribution d'un passeport.
Ah, maître, c'est très grave en effet (1)! Je signe volontiers.
L'avocat se retire, satisfait.
Tu vois comment ils sont, me dit Camus. On veut passer pour un contestataire et on se comporte comme n'importe quel petit bourgeois.
C'était peut-être pure malice, au souvenir d'une critique violente d'André Breton à la parution de L'Homme révolté
(1) L'humour de Camus, on le sait est aussi présent dans certaines de ses œuvres.
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page 88
L'humour de Camus, je l'ai dit, lui vaudra, pour le récit Le Minotaure, des injures et des menaces de mes compatriotes d'Oran.
Mais je peux illustrer cet humour par quelques anecdotes. Ainsi, à Lourmarin, il travaillait souvent dans le jardin. A la longue, le jardinier qu'il employait céda à la curiosité :
-Et alors ? Vous écrivez toujours comme ça ?
-Hé oui ! Pour gagner ma vie.
-Et pour la gagner, vous écrivez toutes les conneries qui vous passent par la tête ?
-C'est ça. C'est tout à fait ça.
Et le brave homme de repartir en secouant la tête.
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A n'en pas douter, Marco était malheureux et j'ignorais que rêve achevait de mourir sur sa figure. (...) Ce matin-là, dans le désert de ce plein été, je comprenais qu'il me ressemblait, que, d'une certaine manière, il aspirait comme moi à posséder quelque chose qui n'existait pas, quelque chose de très pur, d'infiniment parfait qui ne pouvait être et ne serait jamais de ce monde.
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La mer fumait, des brumes noyaient Santa Cruz , bouillaient les horizons. Je me souviens que tout l'univers paraissait stagner dans ces vapeurs et que, cependant, à travers la lumière, un élan était sensible en lui, une force de mouvement, de transformation, de création perpétuels.
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La mer fumait, des brumes noyaient Santa Cruz , bouillaient les horizons. Je me souviens que tout l'univers paraissait stagner dans ces vapeurs et que, cependant, à travers la lumière, un élan était sensible en lui, une force de mouvement, de transformation, de création perpétuels.
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La mer fumait, des brumes noyaient Santa Cruz , bouillaient les horizons. Je me souviens que tout l'univers paraissait stagner dans ces vapeurs et que, cependant, à travers la lumière, un élan était sensible en lui, une force de mouvement, de transformation, de création perpétuels.
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La mer fumait, des brumes noyaient Santa Cruz , bouillaient les horizons. Je me souviens que tout l'univers paraissait stagner dans ces vapeurs et que, cependant, à travers la lumière, un élan était sensible en lui, une force de mouvement, de transformation, de création perpétuels.
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La mer fumait, des brumes noyaient Santa Cruz , bouillaient les horizons. Je me souviens que tout l'univers paraissait stagner dans ces vapeurs et que, cependant, à travers la lumière, un élan était sensible en lui, une force de mouvement, de transformation, de création perpétuels.
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L'automne à Oran est la saison claire, plus claire que le printemps, toujours traversé de nuages. La lumière s'accorde alors à l'âpreté des collines et des falaises. Éteints les vastes incendies de l'été. Le ciel n'est plus qu'une seule dalle d'un bleu laiteux qui, le soir, vire tout entier au vert.
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"La même joie, toujours neuve et légère, bondit en moi chaque fois que je retourne à Oran, chaque fois que mon regard, du plus loin, distingue enfin la crête de Santa Crue et son vieux fort espagnol, roux et trapu comme un lion couché.
Mais les souvenirs jaillissent surtout de chaque pierre de ce quartier sans caractère où mon enfance s'est écoulée. Il se trouve pressé entre la gare de style mauresque et la falaise qui domine le port, sur une pente assez raide qui autrefois gênait les charretiers"
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Ta vie, pour moi, n'a d'intérêt que dans la mesure où elle me permet de faire pression sur cet entêté.

Cela revient à dire que ta vie ne vaut rien, strictement rien à mes yeux, si sa mise en jeu ne fait pas avouer Montserrat.

Au contraire, ta vie est sans prix pour moi si, pour l'épargner, ce garçon-là consent à nous livrer Bolivar.
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— Non, dit-il. Jamais vu ce type.
— Pourtant, il a eu des contacts avec vos services.
— Avec mes services, pas avec moi.
— Il dirige le comptoir des machines à coudre Fenger.
— Des machines à coudre ? Alors, pas de pitié. Fusillez-le.

DIMANCHE, Chapitre XXX.
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IZQUIERDO : Vous êtes coupables... d'innocence
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IZQUIERDO : Tu te résignerais vraiment, jolie Éléna, à mourir pour ce Bolivar que tu ne connais même pas ? Vraiment ?
ÉLÉNA : Je suis sûre qu'il faut à tout prix sauver Bolivar. Et j'ai mes deux frères à Puebla, chez les révolutionnaires.
IZQUIERDO : Moralès ! Elle me plaît de plus en plus. Ce soir, elle et moi souperons en tête-à-tête ! Tu feras préparer une table dans ma chambre. Du malaga, naturellement. (À Éléna.) Aimes-tu le malaga ou préfères-tu du xérès ?...
ÉLÉNA : Je veux subir le sort de ces gens...
IZQUIERDO : Allons. Allons. Tu serais la première de ce pays que je verrai préférer six balles dans la poitrine à ... (Moralès et les soldats s'esclaffent. Izquierdo se tourne vers eux.) Vous la paix ! (À Éléna.) Ma belle, quand un officier du roi fait à une Indienne l'honneur de coucher avec elle, il faut qu'elle le remercie très humblement... Mais j'aime assez que cela te déplaise.

Acte III, Scène 3.
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IZQUIERDO : Mais, à propos de dignité humaine, Montserrat, te souviens-tu de ma petite mésaventure de Sierra-Chavaniz ?... Quand les partisans de Bolivar m'eurent enterré jusqu'au cou, ils me pissèrent à tour de rôle sur le visage !... Amusant, n'est-ce pas ?... Ils se tordaient, d'ailleurs, de voir ma tête !... Ensuite, pendant quatre jours, j'ai mangé de la terre... Ce sont des cavaliers du régiment d'Alora qui m'ont sauvé. Il était temps. Je sentais déjà les vers qui me grouillaient le long du corps et le long des cuisses ! Ils se préparaient, tu comprends !

Acte III, Scène 4.
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IZQUIERDO : Quelle étonnante aventure que la vie d'un comédien ! Tu es Ascasio ou Rodrigue, ou Don Juan, ou Sigismond sans cesser d'être toi-même...
LE COMÉDIEN : Oui, c'est un métier passionnant...
IZQUIERDO : Passionnant... Je le crois volontiers. Eh bien ! Juan Salcedo Alvarez, ce soir, je vais te donner un rôle immense, à la mesure de ton génie. Ce soir, tu ne seras ni Ascasio, ni Rodrigue, ni Don Juan, ni Sigismond ! Mais Juan Salcedo Alvarez ! Ce sera ton plus beau rôle ! Celui qui marquera vraiment dans la mémoire des hommes. On parlera longtemps dans toutes les Amériques de Juan Salcedo jouant Juan Salcedo. Plus tard, on dira de toi : il a été le Cid, il a été don Juan, il a été Sigismond, mais jamais il ne fut meilleur que dans son propre personnage...

Acte I, Scène 9.
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IZQUIERDO : Mes hommes ont fouillé partout. Envolé... Ils étaient aussi enragés que moi. Ils ont tout massacré, tout incendié. Je n'ai pas su les retenir tant j'étais furieux... Mais, quand le feu a entamé les granges, un Nègre est sorti, à demi fou de peur. Il s'était caché sous la paille. Il a vu les autres corps au milieu de la cour et il n'a pas fallu beaucoup d'efforts pour lui faire raconter sa petite histoire. Un de mes soldats l'aidait, malgré tout, en lui caressant un peu le ventre à petits coups de baïonnette... [...] Où est-il reparti se cacher ? Le Nègre n'en savait rien. Aussi je l'ai fait pendre... Même s'il avait su, naturellement, je l'aurais fait pendre.

Acte I, Scène 2.
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MONTSERRAT : Je ne parviens plus à me contenir. J'étouffe depuis que je suis ici. Vous, mon père, n'êtes-vous point révolté par ces persécutions, ces massacres, ces pillages, ces violences ? Vous qui approuvez cette levée de tout notre peuple en Espagne contre les mercenaires de Bonaparte, comment pouvez-vous condamner ces hommes qui, sur leur propre sol, veulent se battre pour être libres et vivre comme des hommes ? Avant-hier, encore, des soldats du bataillon d'Alora ont voulu enlever des jeunes filles indigènes au village de Totulas. Ils se sont heurtés à la résistance de toute la population qu'ils ont attaqué sauvagement et dont ils ont incendié les chaumières... En Espagne, les Français sont nos oppresseurs cent fois haïs. Et ici, sur cette terre neuve, ce sont les soldats espagnols qui maintiennent tout un peuple dans un noir esclavage.

Acte I, Scène 3.
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MONTSERRAT : Je veux voir le général. Son Excellence me fera fusiller pour avoir trahi, pour avoir préféré la cause des hommes que nous opprimons à la fidélité au Roi. Il me fera fusiller pour tout ce qu'il voudra. Ça m'est égal. Je consens à mourir en traître. Je suis un traître dans ce camp, je l'avoue. Et c'est parce que je suis un homme. Parce que j'ai des sentiments d'homme ! Que je ne suis pas une machine à tuer, une machine aveugle et cruelle !...

Acte I, Scène 7.
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