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Citations de Emmanuel de Waresquiel (209)


Dans le désordre du temps et l'amnésie générale, Jeanne Bénédicte Bécu, comtesse du Barry par la grâce d'un mariage qui n'a existé que sur le papier, est au mieux une égérie, au pire un symbole sexuel, un fétiche sans miroirs et sans clous, bref une sorte de poupée Barbie. Non pas celle que l'on fait parler dans les années 1980, mais le tout premier modèle, celui de 1959, figé dans son sourire et ses cheveux blonds. On a longtemps fait d'elle une "fille de rien" devenue, comme par miracle, et pour des raisons de volupté, la dernière favorite de Louis XVI. ...
... Comment peut-on venir de nulle part et "régner" comme par enchantement sur le plus beau royaume d'Europe ? Et cela pendant sept ans, jusqu'à la mort du roi en 1774. Il est des ascensions sociales qui par leur fulgurance donnent le vertige et nous aveuglent.

p. 11 et 13
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Le récit biographique est comme une conversation d'outre-tombe. Il faut savoir dialoguer avec les ombres. Ce sont des entretiens utiles. On y apprend des choses sur le temps qu'il fait, sur le temps qui passe et sur celui qui ne passe pas, sur les rois, sur la mort et sur soi. Comment écrire sur le XVIIIème siècle en 2023 ? Comment écrire sur une femme quand on est un homme ? Comment raconter la monarchie et la Cour quand on vit sous une république ? Et comment écrire sur un personnage "sans bruit ni trace", dont les lettres ont en partie disparu ? Il est là, le pari biographique.
Ce livre sur Jeanne du Barry ressemble à un voyage qui aurait la forme d'un rébus et ne dirait son secret qu'à demi.

p. 22
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On voudra que Jeanne n'ait même pas été capable d'écrire son nom (et d'ailleurs lequel ?) sans faute d'orthographe. Derrière la légende noire, on trouve une femme cultivée, très impliquée dans les milieux littéraires de son époque. ...
... Jeanne a été la grande maîtresse des arts décoratifs de son temps, en pleine mutation esthétique et des goûts ... On quitte le goût rocaille pour un autre, plus sobre. Ce n'est pas de "style Louis XVI" qu'on devrait parler, mais de "style du Barry". ...
... Jeanne du Barry jouait de plusieurs instruments en particulier de la harpe.

Ill 10-13-19
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C'est un véritable métier que de vivre à Versailles, il y faut des qualités très particulières d'assiduité, de tact, d'à-propos, de dissimulation et de patience. Le prince de Ligne, qui a connu plusieurs cours à Versailles, à Vienne et à Bruxelles, n'est pas tendre avec les courtisans : "Savez-vous ce que c'est ? C'est un homme qui passe sa vie à monter et à descendre les escaliers. C'est un homme à procédés, ou galanterie pour les femmes. C'est un homme répandu, bien poli, bien élevé. Il ménage une ancienne connaissance, une nouvelle à faire, des parents, des ministres, leurs amis, leur société. Après cette oisiveté d'esprit, cette habitude de ne pas penser, cette existence de jambes seulement, comment se résoudre au travail ? C'est pourtant cet homme à femmes, cet homme à ambition, qui commandera les armées ou qui en réglera le destin presque dans tous les pays."

p. 146
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Puis Fouquier fait lire son acte d'accusation par un greffier et c'est comme s'il avait recopié mot pour mot le texte de l'un des innombrables pamphlets qui ont été publiés contre elle. Il y ajoute sa touche personnelle, déclamatoire, nauséabonde et emphatique et, comme toujours sous la Révolution, tout un fatras de références tirées de l'Antiquité. La seule chose qu'il ne dit pas, c'est qu'il y a avec cette coupable-là une belle fortune à confisquer. Jeanne est présentée comme une "nouvelle Aspasie" (du nom de la célèbre prostituée d'Athènes, égérie de Périclès). Elle ne s'est pas contentée de culbuter "ministres, généraux et princes de l'Eglise", elle a su, par ses "rares talents", "réveiller les sens presqu'éteints" du "tyran Louis, le quinzième du nom", ce "faible et débile despote", son "imbécile amant".

p. 450
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Le "Contrat social (1762) de Rousseau, l'"Essai sur le despotisme" (1775) du jeune Mirabeau, dans lequel l'auteur traite le roi de "premier salarié" du peuple, comptent bien sûr. Mais au-delà de ces catégories formelles et intellectuelles, il faut regarder du côté de la diffusion et de la réception de cette littérature pamphlétaire, privilégier l'histoire socioculturelle sur celle des idées si l'on veut comprendre les raisons profondes de la dégradation de l'image du roi et des signes de sa sacralité. D'autant que Louis XV se laisse peu voir et finit par ne plus venir dans la capitale. Certaines des cérémonies qui faisaient de lui "l'oint du seigneur" tombent peu à peu en déshérence. A partir de 1750, le roi n'honore plus de sa présence les messes de Te Deum à Notre-Dame, il ne se rend plus au rituel de l'imposition des mains sur les malades dans la Grande Galerie du Louvre. A Pâques, on n'invoque plus la protection de Dieu sur le "fils aîné de l'Eglise". L'irrespect est un sentiment qui vient de loin et met du temps à se critalliser.

p. 164-165
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Du côté des débats sur l'élection comme sur celui des nominations à la Chambre des pairs, on perçoit clairement une difficulté à individualiser comme à situer les élites politiques du pays. La notion d'élite elle-même n'est pas perçue de façon claire et précise. D'où la profusion de termes utilisés dans le débat politique pour les désigner: "noblesse propriétaire", "aristocratie", "aristocratie nationale", "aristocratie élective", "supériorités", "notabilités" les expressions "grande bourgeoisie" et "élites bourgeoises" ne viendront que beaucoup plus tard.

Tout se passe, dans les commencements de la Restauration, comme si le débat sur la refondation des élites était obscurci par la reprise, souvent violente, d'un autre débat : celui du rôle de la Révolution dans la redistribution des cartes sociales. Tout le paradoxe de la Restauration est là, dans l'héritage d'une Révolution à la fois ingérée et niée. Ce n'est qu'à mi-parcours de la période que l'on commencera à se pencher sérieusement sur la nature des éléments capables de fonder cette nouvelle élite.
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Mais, au-delà de la fracture des sens et des mots, l'obsession de l'Histoire est un peu la marque de fabrique du discours de l'élite à cette époque. Les élites de la Restauration cherchent leur légitimité dans le passé et dans l'Histoire que certains vivent comme un achèvement, et d'autres comme un recommencement. La crise de l'élite de la Restauration est aussi une crise du passé. Qui a la maîtrise du passé, en particulier celui de la Révolution, aura la maîtrise des rapports, rêvés et sans cesse réinventés par des élites en lutte, entre l'ordre social et l'ordre politique.
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La question dynastique, celle de la légitimité dynastique, définie comme la compatibilité d'une famille régnante, précisément celle dont le dernier représentant sur le trône a été décapité par le régicide, avec la société post-révolutionnaire est le nœud gordien de la Restauration. Le paradoxe de la Restauration renouvelle puissamment les débats et les interrogations théoriques de la Révolution autour de la question de l'inclusion sociale, tout en les déformant en fonction de la façon dont les uns et les autres se représentent la Révolution, ses conquêtes ou ses échecs
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Les diamants on été le signe de son ascension. Les diamants la perdront.
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Si le nécessaire nous permet de vivre, le superflu nous rassure.
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Au XVIII ème siècle, le hasard qui vous fait naître compte plus que ce que vous êtes.
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A la Cour, les ambitions, les hypocrisies et le cynisme se glissent jusque dans la mort.
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Je préfère le brouillard de l'enfance parce qu'il nous dit quelque chose du temps, de la mémoire et de l'oubli. Nos premières années nous hantent et pourtant c'est à peine si nous les distinguons. L'enfant que nous portons en nous n'est jamais tout à fait celui de nos souvenirs.
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Il n'était pas pédagogue. Ses leçons étaient toujours muettes. Ce sont les plus rares et les plus précieuses, celles de la page blanche et du vide, lorsque des formes et des couleurs, toute une architecture imaginée vous habite si bien que la vision s'incarne. Cela ne s'apprend pas. Cela se sent.
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Il venait des steppes et vivait en exil dans une sorte de retranchement superbe et désinvolte. J'allais apprendre à franchir la paroi de verre qui me séparait de lui. Il suffisait pour cela d'aimer ce qu'il aimait : les plantes, les paysages, la peinture et, d'une façon générale, la réinvention de tout ce qui se trouvait à portée d'yeux et de mains, à l'échelle de ses rêves.
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A l'âge que j'ai, on a moins de scrupules à dire d'où l'on vient, parce qu'on sait désormais que ce qu'on a été ne préjuge en rien de ce que l'on est.
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A cette crise de l'incarnation du pouvoir politique, à la crise de la nation s'en ajoute une troisième, et celle-ci ... est morale.
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La guerre est à l'évidence la cause prin ipale de l'effondrement du système napoléonien
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(...) Après son débarquement en Provence, mon père suit Monsabert à l'état-major du 2è corps d'armée commandée par de Lattre.
Je ne sais rien de cette partie de sa guerre qui a dû être plus dure encore que l'Italie : Belfort, Colmar, les Vosges, Strasbourg. Les chefs étaient divisés, Monsabert, de Lattre, Leclerc, tout ça ne s'entendait pas. J'ai retrouvé il y a quelques années des notes de lui que j'ai perdues depuis à mon grand regret. Il y évoquait ses missions de liaison avec de Lattre qu'il n'aimait pas beaucoup. Puis la traversée du Rhin, Offenburg, Spire, Singmaringen en mai.
Toute la clique vichyste: Pétain, Laval, Brinon, Darnand, les cadors de la collaboration, les "mille condamnés à mort" du bon docteur Destouches (Céline) venaient juste d'évacuer le château de carton-pâte des Hohenzollern.
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