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Critiques de Emmanuelle Bayamack-Tam (330)
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A l'abordage !

Questionner le genre , l'androgynie, , toujours , et encore . par la voie , du travestissement de la pièce de Marivaux . Toujours les thèmes essentielles d'Emmanuelle Bayammack Tam

Le refus de la catégorisation ..

et la volonté , l'envie de fluidité entre les genres ..

Le corps que l'on ne choisit pas .. . Le corps dans sa diversité ... incarnant toujours le plus terrestre des angoisses et des rêves .. ,.l'abime . Mais aussi un corps toujours plastique .. évolutif ..

Une auteure définitivement essentielle
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A l'abordage !

À l’abordage, sortie cette année, c’est une sorte de réécriture des Jeux de l’amour et du hasard de Marivaux, qui fait écho au roman Arcadie (Emmanuelle Bayamack-Tam a su créer une sorte d’univers étendu de son œuvre globale, un univers turbulent qui font se répondre des personnages d’un livre à l’autre).
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Arcadie

Dans son nouveau roman Emmanuelle Bayamack-Tam continue à explorer l’adolescence. Cette fois, elle imagine Farah cherchant son identité sexuelle au sein d’une communauté.



C’est un peu comme le paradis sur terre, cette grande propriété entourée de forêts et d’un grand jardin. Farah y débarque à 14 ans avec ses parents et sa grand-mère pour intégrer la communauté libertaire qui a choisi de tourner le dos à la technologie, en particulier aux écrans et aux ondes, pour se consacrer à la nature, à la littérature et à l’amour.

L’adolescente arrive dans cette période où son corps change, où elle devient femme. Sauf que pour elle la chose est loin d’être évidente. Au lieu de seins, ce sont des pectoraux qui se développent et une analyse plus poussée permettent de découvrir qu’elle est atteinte du syndrome de Rokitanski, soit l’absence totale ou partielle d’utérus et de vagin. Voilà qui peut perturber une jeune fille. Mais pour Farah, cette robinetterie défaillante va être l’occasion de mener l’enquête sur le genre, d’essayer de comprendre ce qu’est une femme, ce qu’est un homme.

Emmanuelle Bayamack-Tam, en choisissant une communauté libertaire comme terrain d’observation, nous offre une joyeuse – mais fort intéressante – exploration en offrant à chacun des protagonistes approchés par Farah de donner leur définition, à commencer par Arcady, le «gourou» toujours avide de nouvelles expériences.

À Liberty House, Farah peut quasiment exiger qu’il la déflore. Elle attendra pour cela sa majorité sexuelle, mais aura droit à une initiation qui la rassurera et lui ouvrira de nouveaux horizons.

Et c’est au moment où elle semble goûter pleinement à la seule règle de la communauté, «Omnia vincit amor» ou «L’amour triomphe de tout», qu’elle va en découvrir les limites avec l’arrivée d’un migrant. Le groupe va alors se scinder en deux, entre ceux qui veulent l’accueillir parmi eux et ceux qui jugent sa présence contraire aux exigences de la communauté.

Un épisode qui poussera Farah à prendre ses distances. Et sans dévoiler l’issue du roman, on dira que cette décision s’avèrera des plus sages.

Après Une fille du feu et Je viens qui nous proposaient déjà des portraits de jeunes filles partant à la conquête de leur liberté, on trouvera avec Arcadie une nouvelle variante, allègre et satirique.

En guise de conclusion, disons un mot du style très particulier de cette romancière qui mélange avec bonheur les références classiques et le langage très cru. Une sorte de récit biblique agrémenté de San-Antonio. Là encore, on saluera cette belle liberté.




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Arcadie

La narratrice, Farah, vit depuis l'âge de six ans avec ses parents et sa grand-mère au sein d'une communauté libertaire et autogérée conduite par Arcady, un gourou charismatique. Ils sont installés à Liberty House, une grande propriété, ancien internat pour jeunes filles située dans une zone frontalière. C'est une zone blanche et la trentaine de personnes qui vivent là n'ont aucun contact technologique avec le reste du monde. Arcady prône le végétarisme, l'anti-spécisme, l'amour libre en dehors de toute idée de possession, le naturisme dans ce jardin d'Éden préservé du mal qui accueille des gens fragiles, des inadaptés sociaux, des invalides en tous genres. La mère de Farah est hyper sensible aux ondes électromagnétiques, son père est hyper émotif, ce sont des parents défaillants centrés sur eux même qui se déchargent de leurs tâches éducatives sur la communauté. Ils ont tous l'utopie de fonder une société meilleure, de vivre protégés du mal alors que l'humanité court à sa perte.



Farah a eu une enfance hors normes, elle a grandi comme une enfant sauvage, hors technologie et progrès, au contact de la nature, des animaux et des livres, entourée de peu d'enfants et de beaucoup de vieillards tous plus déficients les uns que les autres.



Dans ce roman, on suit le destin de la narratrice mais la plus grande partie du récit porte sur l'été de ses quinze ans, son entrée dans l'âge adulte et son exploration de la sexualité. Elle est en adoration depuis toujours devant Arcady, son père spirituel, son éducateur sentimental. Farah a un physique disgracieux mais un autre problème se pose à elle car au fur et à mesure que son corps se développe, elle se virilise, la puberté fait d'elle une créature androgyne. Atteinte d'ambiguïté sexuelle, Farah se pose des questions sur sa véritable identité, seule face à sa mutation sans télé, sans internet, sans réseaux sociaux pour y trouver des réponses qu'elle cherchera dans les livres.



Mais un jour, un migrant érythréen va débarquer dans cette utopie libertaire. La communauté composée d'êtres doux, gentils adeptes de la non-violence, va refuser de s'ouvrir aux migrants malgré ses beaux principes d'amour et de tolérance.



Ce roman est une délicieuse fable aux multiples portes d'entrée. En effet, comme dans ses précédents romans, Emmanuelle Bayamack-Tam nous parle du corps, de l'apparence physique, elle aime mettre en scène des personnages au corps disgracieux très éloignés des canons de la beauté qui deviennent objets de désir sous sa plume. Elle nous parle aussi de liberté, d'indépendance, d'amour et de désir, de sexualité, de vieillesse, d'apprentissage au contact de la nature et des livres, elle aborde aussi avec beaucoup de finesse la question du genre et l'ultime liberté de décider qui on est, fille ou garçon.

C'est un roman étonnant et drôle avec des personnages incroyables et une héroïne qui pose un regard lucide, critique parfois cynique mais aussi plein de bienveillance sur la communauté au sein de laquelle elle a acquis une grande ouverture d'esprit, une héroïne droite qui saura aussi être intransigeante quand la communauté la décevra par sa lâcheté. L'écriture mêle avec finesse poésie et trivialité, les préoccupations des ados sont bien observées, leurs dialogues sonnent très juste, la lecture est très fluide sans aucune longueur et ouvre de nombreuses pistes de réflexion. Cette utopie savoureuse ouvre sur une satire décapante de notre société et fait réfléchir sur notre monde rendu invivable par l'activité humaine. Un vrai régal.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Arcadie

Le cheminement identitaire, subversif et poétique, d’une adolescente intersexuée évoluant au sein d’une communauté repliée sur elle-même.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Arcadie

Farah a 6 ans lorsqu'elle va vivre dans cette communauté située en "zone blanche" dans le sud de la France. "Zone blanche" car c'est un territoire encore épargné par les wi-fi et autres pollutions électromagnétiques. Sa mère en est rendue à l'agonie tant elle ne supporte plus de vivre au milieu des lignes à haute tension..le récit est écrit à la 1 ère personne et l'on suit la vie de cette fille, puis jeune fille au sein de sa communauté. un ensemble de personnes qui ne se connaissent pas mais se reconnaissent toutes dans le discours libertaire du fondateur de "liberty house".. C'est moins la vie de la communauté qui est livrée en détails que la vie de la jeune fille. On vit avec Farah ses 1ers émois amoureux tandis qu'elle nous livre son regard acéré sur le monde dans lequel elle a grandit. Sa critique est toujours bienveillante, drôle et jamais complaisante. Elle n'oublie pas de confronter son monde considéré comme "sectaire", malsain, au monde extérieur qui est loin d'être aussi sain et rassurant...

On est très vite happée par ce récit drôle et surprenant à plusieurs égards..

le récit est centrée sur la période adolescente et jeune adulte de Farah et on y accroche bien.

Cependant, je reste sur ma faim concernant la description des autres personnages de l'histoire ou encore la description de la vie dans la communauté, trop brèves à mon goût.. Ce qui fait que l'on reste très souvent en surface en lisant ce livre.

L'écriture est très belle, léchée, précise et d'un vocabulaire riche. (l'auteur est professeure de lettres et est publiée depuis 17 ans).
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Arcadie

Arcadie : pays d’origine de Zeus puis pays du roi Lycaon transformé en loup pour avoir mis de la chair humaine au menu et ici ce pays donne son titre à ce roman et son nom à un gourou Arcady.

Bucolique telle est la vie que mène Farah à Liberty house où elle « balise [s]es sentiers, […] marque [s]es arbres et […] recense [s]es sujets : les pipistrelles, les capricornes, les vrillettes, les mésanges, les chenilles, les renards, les orvets… Pas une journée ne passe sans qu’[elle] fasse une nouvelle découverte féerique : champignons rouges à pois blancs, lapins figés par la surprise, myrtilles et fraises des bois, nuées de moucherons en suspension dans le chemin, plume de geai parfaitement rayée de bleu et de noir qu’[elle] empoche comme un talisman.

Corps et âmes hors normes sont assemblés dans la zone blanche de Liberty house « les obèses, les dépigmentés, les bipolaires, les électrosensibles, les grands dépressifs, les cancéreux, les polytoxicomanes et les déments séniles. »

Dos le nouveau nom de Dolores, car « Arcady a donc débaptisé à peu près tout le monde, multipliant les diminutifs et les sobriquets. Mon père est devenu Marqui, qu’il persiste à écrire sans « s » en raison d’une dysorthographie sévère ; ma mère est Bichette, Fiorentina est Mrs. Danvers, Dolores et Teresa sont Dos et Tres, Daniel est Nello, Victor est tantôt M. Chienne, tantôt M. Miroir, Jewel est Lazuli, et ainsi de suite. »

Éden pourrait être l’autre nom de Liberty House, c’est du moins l’ambition d’Arcady

Freaks : Family House est un « refuge pour freaks » après avoir été « un pensionnat pour jeunes filles » et Farah précise : « la maison garde de multiples traces de cette vocation initiale : le réfectoire, la chapelle, les salles d’étude, les dortoirs, et surtout d’innombrables portraits des sœurs du Sacré-Cœur de Jésus, toute une série de bienheureuses et de vénérables qui n’ont de bienheureuses que le titre à en juger par leur teint de pulmonaire et leur regard chagrin. »

Genre : C’est le problème de Farah, est-elle vraiment une fille ? La gynécologue le confirme, il lui manque des attributs féminins et elle a quelques attributs masculins.

Homme sans qualité, (L’) de Musil dont un extrait est donné en exergue.

Indifférencié et diffus, tel est l’amour à Liberty house et Farah rêve d’« un peu d’exclusivité. »

Jeunes filles : elles étaient autrefois les pieuses pensionnaires de la maison mais désormais, elles se font rares hormis les deux jumelles rousses d’Epifanio et Farah.

Kirsten, grand-mère de Farah a coutume de « déambuler dans le plus simple appareil »

Leçons de lecture inutiles pour Marqui mais à la mort de Jean_Louis « les lettres avaient cessé de clignoter, les syllabes de s’intervertir, les mots de se télescoper. Brutalement et tragiquement dessillé, il lisait »

Marqui, « Kirsten et moi, respectivement époux, mère et fille de cette élégante épave. » électrosensible et dépressive qu’est Bichette, la mère de Farah.

Noir comme le jeune Erythréens « beau comme un lys noir » qui fait écrire à Farah que « cette beauté est le commencement du terrible et la fin de l’innocence. »

Omnia vincit amor ! Telle est la devise de Liberty House ou du moins d’Arcady. « L’amour triomphe de tout, c’est entendu, mais il semblerait qu’Arcady ait décidé d’en faire un engin de guerre, une arme non létale mais une arme quand même, histoire de rallier la société à nos vues éclairées. »

Porète comme Marguerite Porète ou Paul Claudel qu’Arcady pille sans vergogne ou comme phalanstère qui pourrait définir Liberty house..

Quatre-vingt-seize ans, c’est l’âge de Dadah « née richissime dans une famille de marchands d’art, [elle] n’a rien trouvé de mieux que de s’enrichir encore, au-delà du raisonnable »

Rokitanski c’est le syndrome que suspecte la gynécologue en examinant Farah.

Salo alias Salomon est le bipolaire du familistère.

Technologies : « Nous avons beau vivre à l’abri des nouvelles technologies, il ne faut pas croire, l’actualité nous arrive quand même : ses vagues viennent mourir aux pieds des murailles de pierres sèches qui enclosent le domaine. »

Uniform öu précisément Mädchen in Uniform c’est ce qui vient à l’esprit de Farah en touchant la rampe de chaine de l’escalier de Liberty House.

Victor, obèse rival au « dandinement grotesque mais inoffensif » de Farah auprès d’Arcady

Wyandotte, c’est une des poules de Liberty House

X comme l’inconnu ou l’infini des menaces qui pèsent sur l’humanité et obligent les parents de Farah à trouver une zone blanche loin des « particules fines, d’ondes magnétiques, de métaux lourds, d’OGM, de pesticides, de déchets polluants, de pluies acides, de composés organiques volatils, de débris spatiaux ou de gaz de schiste : la liste des dangers s’allongeait chaque jour »

Yeux « de lézard » du petit Jean-Louis dont « Sans doute aussi atrophié que son cerveau, [le] cœur avait refusé un tour de roue supplémentaire »

Zéro produit carné, le spécisme des habitants de Family House et leur végétarisme obligent au grand dam de la cuisinière Fiorentina.


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Arcadie

A rebours de bien des lecteurs et lectrices, ce roman m'a d'abord amusée puis profondément ennuyée. Les thèmes abordés, secte et genre, sont des plus intéressants. L'écriture de l'autrice est fine et drôle. Mais, il y a de ces longueurs......! J'ai eu le sentiment de relire plusieurs fois la même chose: les questionnements de Farah, les discours d'Arcady, ....C'est un peu décousu. Bref! je n'ai pas du tout accroché!
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Arcadie

Alors qu’elle a 6 ans, Farah, ses parents ainsi que sa grand-mère- incapables de survivre dans un monde empreint de technologie et d’ondes électromagnétiques - se réfugient à Liberty House, une sorte d’ashram, une « communauté du jouir », une « confrérie du libre esprit », gérée par le charismatique Arcady.

Là, la fillette découvre émerveillée une nature bienveillante, un havre de paix et de liberté, enfin libérée des angoisses pesantes et mortifères de ses parents. Elle y côtoie des adultes un peu marginaux, vrais paumés ou abîmés de la vie, tous végétariens qui vivent nus pour certains (c’est le cas de Kirsten, la grand-mère) et pratiquent l’amour libre. Handicapés, vieillards ou moches : tous ont droit à être aimés, caressés.

Farah devient une adolescente indépendante, à la vision du monde ouverte sur les différences et acceptant l’Autre dans toutes ses étrangetés. Elle s’accommode des grands écarts qu’elle doit effectuer pour survivre au collège – autre environnement, autres mœurs qui s’apparentent davantage à la jungle – et restée inscrite dans sa communauté.

A l’heure des premiers émois, Farah est irrésistiblement attirée par Arcady dont elle espère qu’il sera le premier à lui faire découvrir l’amour. Encombrée par un physique ingrat, aux attributs masculins, elle lui confie son désarroi et ses attentes. Rassurant, sans pour autant la détromper sur son peu de grâce, il lui promet l’amour à sa majorité sexuelle.

C’est un roman difficile à qualifier. Farah est une narratrice, dont l’intelligence, la finesse et l’humour suscitent l’empathie. Son cheminement interroge avec pertinence la construction identitaire, au-delà de la dimension physiologique, et la façon dont on se défait/se défend de l’influence des adultes. Sa déception à la découverte des écarts entre discours et actes renseigne bien sur la désillusion des plus jeunes.

J’ai été séduite par la plume de l’auteur, poétique, sensuelle et son style ample et délié. Emmanuelle Bayamack-Tam défend une liberté de penser, de vivre qui est parfois un peu dérangeante mais qui a le mérite d’interroger la morale et ses codes, la notion de vivre ensemble et de faire société.



Challenge ABC 2020/2021



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Arcadie

Je recommande ce livre aux parents d'ados en rébellion contre leur autorité, leur fonctionnement. Finalement votre ado est un adulte sain en devenir, et prompt à se poser des questions, animé par l'envie de trouver son propre chemin, ce qui est plutôt bon signe pour lui.

Il n'y a qu'à voir Farah, dans ce livre. Elle grandit à Liberty House, une communauté d'éclopés aux airs de Cour des Miracles, menée par le charismatique Arcady, dont la seule injonction est l'amour. S'aimer quel que soit son aspect et répandre cet amour sans limites aux autres membres de la communauté. Une sorte d'Eden du jouir, décrit sans une once de pudeur. Et malgré ce terreau de libertés, et de bienveillance, viendra pour Farah l'ère de la recherche des limites, et de la remise en question des valeurs transmises.

Mais d'abord, dans un écrin de verdure fiché sur une colline, nous faisons l'expérience d'un mode de vie dénué de ce que certains désignent comme les tares modernes de la civilisation : l'internet, la souffrance animale, la religion monothéiste, l'individualisme, la monogamie... Nous faisons connaissance de tous les habitants de la maison, jeunes et vieux, obèse, dépressifs, handicapés, coulant des jours sereins sous la houlette de leur « directeur de conscience » :

« Dans un monde où les gens n'ont ni gouvernail ni grappin, n'importe qui peut s'improviser capitaine et traîner tous les coeurs derrière lui » (p400).

Une belle vie de grande « famille recomposée » en autarcie joyeuse et décomplexée avec sa propre morale, ses propres fonctionnements transmis par un être inspirant ? Un refuge inespéré pour inadaptés à notre société ? Oui. Où est le hic ? le message de l'autrice se situe-t-il simplement dans cette démonstration d'un autre mode de vie et de pensée possible? Ou est-ce pour mieux s'attaquer à ce que je suspecte d'abord être une secte, avec tout ce que ce mot comporte de négatif, ayant à sa tête un gourou fort talentueux pour manipuler ses ouailles ? Je me pose la question une bonne première partie du livre, me demandant à quel moment l'intrigue va se jouer, à quel moment le récit va se tordre. Un moment un peu trop attendu, mais qui fut à la hauteur.

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J'ai été conquise par mon hôte, la solaire Farah, qui s'exprime avec gouaille, sans filtre, et une sincérité authentique. Elle est amoureuse d'Arcady depuis son plus tendre âge et attend, non sans impatience, de partager les plaisirs charnels en sa compagnie, il lui a promis pour ses 15 ans, hors il se trouve que c'est justement pour bientôt… le corps de Farah est au centre du récit, et si comme je l'ai noté auparavant, il est question dans ce livre de questionner les stéréotypes sociétaux, il est aussi question de stéréotypes de genre et d'identité. En effet, Farah se décrit physiquement, ce qui n'est pas si simple à se figurer je vous l'accorde, quelque part entre Sylvester Stallone et Kirsten Stewart. Elle va, aidée de toutes les armes acquises lors de son enfance, tâcher de ne pas se percevoir uniquement au travers du syndrôme de Rokitanski qui caractérise son physique et son anatomie, cette mitoyenneté au genre à la fois mâle et femelle, sans réelle appartenance à l'un ou à l'autre.

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J'avais déjà été touchée par Ruby, l'ado de Eden écrit par la même autrice. Emmanuelle Bayamack-Tam, alias Rebecca Lighieri semble avoir décidément un lien privilégié avec cette période charnière de l'adolescence. Une période de questionnements, de chamboulements et de désordres, de vitalité, qu'illustre à merveille sa plume incisive et lumineuse, qui mêle d'une façon remarquable vocabulaire argotique et recherché, passages crus et sensibles.

Une période d'espoir prompte à initier un monde meilleur, à moins que sa voix ne soit finalement étouffée et broyée par le système en place.
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Arcadie

J'ai une opinion plutôt mitigée sur cette histoire. A plusieurs moments de ma lecture, je me suis demandé si je n'allais pas purement et simplement m'arrêter, mais différentes raisons m'ont poussé à continuer : le style de l'auteure, l'originalité des thèmes abordés (vie en communauté, intersexualité découverte à l'adolescence, problématique des choix imposés par les adultes aux plus jeunes...). Ce qui m'a gêné, je crois, c'est que l'auteure ait eu besoin de faire des choix outranciers pour appuyer sa démonstration. La communauté qu'elle a choisie comme tableau de fond est peuplée de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres, plus ou moins pervers ou débiles, menés à la baguette par un gourou qu'elle ne présente pas sous un jour bien sympathique. Ce qui est assez bien traité par contre c'est la perception à la fois négative et positive que son héroïne a du milieu qui l'entoure et de ses positions : de l'exhibitionnisme au végétarisme en passant par le rejet de toutes les technologies de communication. Fort intéressant aussi, la manière dont l'adolescente contourne les interdits.

L'arrivée dans la communauté d'un réfugié provoque un véritable séisme et les grands principes énoncés par le gourou ne résistent pas à l'épreuve des faits. Amour et solidarité universels... certes, mais il ne faut pas exagérer.

Je pense qu'un peu plus de subtilités, un peu moins de provocation, et le tableau d'ensemble aurait gagné en lisibilité. Bref, j'ai longtemps hésité quant à ma note finale !
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Arcadie

Original, moderne et bourré de références à la fois très lettrées et très contemporaines. Écriture maîtrisée, ton intelligent - peut-être trop pour une petite fille narratrice au début, et thèmes multiples et actuel. Une belle balade. Cependant, manque d'expression ; je n'ai ressenti ni les exaltations multiples du protagoniste, ni n'ai partagé ses joies et ses peines. Je suis restée tout le long indifférente à l'intrigue et aux tribulations de Farah, ayant l'impression de poursuivre ma lecture par pure curiosité, sans y entrer vraiment.

Cela dit, elle reste intéressante et divertissante.
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Arcadie

J’ai beaucoup apprécié ce roman que j’aurais même trouvé excellent sans quelques longueurs et détours qui parfois en affaiblissent quelque peu le rythme.

Emmanuelle Bayamack-Tam a choisi de placer en épigraphe une citation de Musil qui célèbre la loi de l’amour comme ciment des vraies communautés humaines. Cela donne le ton du roman entier au même titre que le titre qui fait référence à une région où règnent l’amour et l’harmonie avec la nature, région symbole du bonheur et de l’âge d’or dans la mythologie grecque.

Comme Musil dans L’homme sans qualités, Emmanuelle Bayamack-Tam nous donne au travers des aventures de Farah, un tableau de la société d’aujourd’hui et pose quelques questions de fond qui font de ce roman un livre politique et très actuel. Avec le personnage du migrant Angossom venu créer un cas de conscience au sein de la communauté autarcique et repliée sur elle-même de Liberty House , le roman s’inspire des actions engagées par des citoyens de l’arrière-pays niçois pour aider les réfugiés quitte à prôner la désobéissance civile. Avec son histoire qui a parfois des allures de fable, Emmanuelle Bayamack-Tam incite à se demander ce qui fait l’essence de la vie dans le monde d’aujourd’hui et à s’interroger notamment sur la place des technologies et de l’écologie. Le rôle des media et l’impact néfaste de la doxa dominante et du prêt à penser sont aussi pointés du doigt. Et le personnage de Farah, plutôt fille devenu.e plutôt garçon, est le véhicule idéal pour traiter des questions du genre et de l’identité.

L’écriture est vive, drôle, fraîche, souvent crue. Je crois que l’auteur est prof de français en lycée et elle se trouve donc en première ligne pour percevoir les évolutions de la langue.

Mon seul bémol concerne le poids à mon avis trop important donné à l’éveil sexuel de Farah ou aux pratiques sexuelles de ses compagnons de Liberty House, aspect du livre qui m’a paru moins intéressant que le propos politique ou sociétal du roman.

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Arcadie

Je n'ai pas du tout aimé ce livre. 400 pages très longues à lire, beaucoup de blabla et d'énumerations interminable pour tout et n'importe quoi. L'auteur à voulu faire parler son personnage comme une "djeunes" en utilisant un vocabulaire pas du tout adapté tout en mélangeant ce style avec tous les mots compliqué du dictionnaire qu'une adolescente n'utiliserais jamais. Très long à lire et la fin est nul. On s'ennuie très vite, il ne se passe rien sauf à la fin qui est bâclé en deux deux, le reste du temps ce sont les mêmes sujets qui se répètent encore et encore et encore...
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Arcadie

Arcadie est un roman tout à fait hors-normes, tout comme son héroïne et les personnages de la communauté libertaire dans laquelle elle a grandi. Au delà de la truculente et enthousiasmante galerie de personnages, grand-mère naturiste et lesbienne, mère électrosensible et inconsistante, chef spirituel aussi charismatique que lubrique… à Liberty House, tous sont inadaptés, voire frappés de tares les éloignant irrémédiablement de la société. Alors c’est vrai, j’ai une attirance particulière – probablement étrange – pour les « anormaux » de toute sorte, eux qui sont une ode à l’extraordinaire de notre humanité, un trésor dissimulé… Mais la force d’Arcadie est plus profonde encore, dans sa modernité mordante, dans l’intensité des questions soulevées au fil des pages, dans sa langue aussi truculente que littéraire. Ce livre solaire et vibrant est de ceux qui donnent terriblement envie de vivre, de jouir, et de lire encore…

Au moment où je le referme, je continue à me questionner, à l’instar de Farah : « Qu’est ce qu’être une femme ? », sans distinguer pour l’instant de réponse qui me convienne.

Pour cette question et les autres, pour les images lumineuses qu’il convoque, pour le bonheur fou que j’ai éprouvé en le lisant, je crois que ce livre fera partie de ceux qui restent. Et vous le savez, au final, il y en a peu, de ceux là…
Lien : https://mamandeplume.com/201..
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Arcadie

Une déception.



Il ne suffit pas d'écrire sur des sujets subversifs, pour l'être :

- la communauté est très caricaturale, au point que c'est lisse, on s'en fiche de leur devenir,

- certains éléments de l'intersexuation sont totalement éludés (pourtant faisant partie de l'arsenal de pratiques douloureuses et pour le coup, on passe totalement à côté des questions fondamentales de ce qui forge l'identité des corps que la médecine pourchasse et mutile)

- une relations sexuelle entre un vieux et une mineur, soit une redite de tout ce qu'on lit en permanance dans le vieille littérature (c'est pas libertin, c'est boring)

- fétichisation et tokenisation d'un personnage noir à qui l'autrice n'a pas jugé nécessaire de donner une personnalité ou une parole.



Sinon le rythme et les phrases sont pas mal. Certes.



J'écris en bullet points parce que je n'ai même pas envie de donner plus de temps à ce livre qui ne bouscule rien du tout.
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Arcadie

Vagabondages d'une jeune fille dans une secte libertaire

*

C'est un roman très singulier que j'ai eu entre mes mains. Je dirais même plus, une lecture intrigante mais qui m'a mise mal à l'aise.

Des thèmes intéressants sont abordés : l'environnement avec ses dérives, l'intersexuation, les migrants, les nouvelles technologies et leur nocivité ainsi que le véganisme.

*

Mais qui est Arcadie? C'est le petit nom du gourou (enfin le leader) d'une communauté utopique située le long de la Cote d'Azur. De l'extérieur, ça m'a tout l'air d'une secte bien que la jeune narratrice le nie. Endoctrinement pensez-vous? Farah, adolescente au physique ingrat veut perdre sa virginité avec Arcadie, quinquagénaire très dynamique. Autour de ce duo vivent les autres membres très baroques (dont la moyenne d'âge se rapproche des 80 ans).

Dans cet eden sauvage et libre, cette jeune demoiselle est toujours en quête de sexualité joyeuse. Elle voudrait venir en aide à un Erythréen, perdu dans le jardin mais la communauté désapprouve fortement. Déçue par "sa famille", elle cherche ailleurs cette liberté d'expression.

*

Malgré la plume joyeuse et moderne, cette histoire m'a ennuyée. J'ai eu l'impression que l'auteure s'est éparpillée dans des sujets pourtant dans l'air du temps. J'avoue que j'ai sauté plusieurs paragraphes (beaucoup de redites). Je m'attendais surtout , d'après le pitch, à une histoire sur la communauté . Mais c'est plutôt une quête initiatique (et d'identité) d'une adolescente précoce.

*

Néanmoins, le portrait de l’héroïne est touchant de sensibilité et de grâce. C'est ce qui a sauvé ma lecture :)
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Arcadie

Farah, la narratrice, est une adolescente qui vit depuis l'âge de six ans dans une communauté du sud-est de la France. "Liberty House", située en zone blanche -c'est-à-dire non desservie par quelque réseau téléphonique ou internet- accueille des inadaptés à notre époque du diktat de l'image et de la perfection physique comme critère de réussite voire d'intégration. On y trouve donc des gros, des laids, des vieux, des asociaux, et des quidams affligés de tares diverses... La décision des parents de Farah de se retirer dans la communauté n'est pourtant pas la conséquence d'une disgrâce physique (sa mère est très belle et son père fort convenable) mais celle de l'hypersensibilité maternelle aux ondes, qui lui valait dans le monde "normal" de s'affubler en permanence de très encombrants équipements anti-rayonnements. La grand-mère de la jeune fille, une LGBT naturiste, a suivi, attirée par les valeurs d'amour libre, de nudité totale et de réfractariat à la technologie prônées au sein du groupe.



Vous me direz que tout cela ressemble fort à une secte, ce que confirmerait la présence à la tête de Liberty House d'un "gourou", Arcady, quinquagénaire d'allure quelconque et a priori peu sexy, mais doté d'un irrésistible charisme si l'on se fie à l'admiration et l'amour inconditionnels que lui voue Farah, qui le considère comme l'homme de sa vie. Le témoignage de l'adolescente ne laisse cependant soupçonner aucune contrainte, ni extorsion exercée par Arcady envers les membres de leur petite collectivité. Ses propres raisonnements sont sensés, voire critiques, et elle sait à l'occasion prendre ses distances par rapport à certains dogmes professés par son mentor, notamment les interdictions de consommer de la viande ou de naviguer sur internet. D'ailleurs, les enfants de Liberty House, fréquentant les établissements scolaires de la ville la plus proche, ne sont pas entièrement coupés du monde.



Pour l'heure, Farah est préoccupée par son développement physiologique, qui semble prendre des chemins de traverse, son corps devenant de plus en plus viril. A quinze ans, elle n'est toujours pas réglée, et ses seins refusent désespérément de pousser, se transformant en ersatz de pectoraux... Elle pourrait s'accommoder de sa laideur hors norme, pourtant incongrue au regard de la beauté de ses ascendants, mais elle a appris et assimilé, à Liberty House, que la beauté est relative, et elle sait qu'Arcady l'aime comme elle est. Mais elle se sent fille, et ne sait que faire de cette allure androgyne qui l'amène à remettre en question ses certitudes quant à son identité sexuelle. Ce qui la chagrine d'autant plus qu'Arcady refuse de répondre à son désir pressant qu'il la dépucelle, sous prétexte qu'elle n'est pas encore femme...



J'ai pris un réel plaisir à me laisser porter par la voix de cette héroïne, sa vivifiante sincérité, son ton à la fois sensible et empreint de dérision, voire d'ironie -mais sans méchanceté-, le naturel avec lequel elle évoque la sexualité et les changements qui s'imposent à son corps, de manière parfois crue mais ne tombant jamais dans la vulgarité. Sa proximité fusionnelle avec l'environnement naturel, la largesse du regard qu'elle porte sur le monde qui l'entoure, font "d'Arcadie" un récit initiatique touchant, drôle et profond, ainsi qu'une réflexion pertinente sur des sujets aussi divers que les mécanismes de l'amour et du désir, l'importance de savoir s'accepter tel que l'on est dans une société prônant la tyrannie d'une esthétique unique, ou encore la fréquente incapacité des individus à faire adhérer leurs actes à leurs principes...



Aussi, malgré un léger bémol, liée à une écriture parfois trop "bavarde" -c'est un peu comme si, par moments, l'autrice se regardait écrire- je recommande chaudement !
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Arcadie

Une bibliothécaire enthousiaste, le prix Livre inter 2019, voilà comment je me suis plongée dans Arcadie signé par Emmanuelle Bayamack-Tam.

Un univers fort éloigné du mien, une communauté libertaire établie dans une zone non loin de la frontière italienne. Liberty House offre à ses "pensionnaires" un havre de paix en dehors du monde ou presque. Une zone blanche hors de toute antenne-relais, ni téléphone, ni internet , un régime végétarien, une survie en autarcie, la liberté de vivre sa sexualité à sa guise. Voilà le lieu où se sont réfugiées une trentaine de personnes, tous en butte avec une société qui les rejettent sans vergogne. Farah y est arrivée avec ses parents à l'âge de 6 ans. Les années ont passé, elle a grandi et s'est découvert différente.

Ce roman foisonnant aborde une multitude de sujets de société: l'environnement , les nouvelles technologies, leur nocivité, l'intersexuation, les migrants, les sectes et leurs dérives potentielles. ...Quand l'abondance nuit à la perception du propos.

Beaucoup de longueurs, beaucoup de redites, seule Farah et sa métamorphose physique et psychologique m'ont empêché de fermer ce roman avant la fin.













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Arcadie

Arcadie... Rien que le titre de ce livre interroge... Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce livre est étrange, et même dérangeant ! Tout d'abord et surtout, il est très cru ! Vous trouverez du cul, du sexe et encore du cul à toutes les sauces et presque toutes les pages ! Je veux bien croire que le récit soit narré par une adolescente de 15 ans qui a les hormones en effervescence, mais tout de même, cela m'a paru trop et m'a déplu.



L'histoire se déroule dans une "secte" ou chacun est libre de s'aimer et de se balader nu s'il le souhaite. le sexe est ainsi omniprésent et en devient naturel et bestial, car tout comme les animaux, il n'existe plus de retenue. On voit ainsi des enfants grandir au milieu de cet environnement. Cela semble avoir réussi à Farah, notre protagoniste, qui se rend en plus compte à son adolescence qu'elle souffre du syndrome de Rokitanski (née sans utérus et presque sans vagin) et qu'en plus de ça, elle est hermaphrodite ! Elle va peu à peu se transformer en garçon... A ce stade, cela devient un peu saugrenu mais, passons...



Les thèmes abordés sont pourtant intéressants : l'adolescence et la découverte de soi, la vie en communauté, le changement de genre, les migrants, la surconsommation... Mais tout ce sexe vient gâcher les messages véhiculés à mes yeux. Trop c'est trop ! Quel dommage... Alors c'est vrai, si le but était de déranger, avec moi cela a réussi ! Mais à la longue, on en devient lassé, blasé et enfin ennuyé...





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