Emmanuelle Polack

La spoliation des biens et objets culturels juifs s'inscrit dans un continuum qui va de la stigmatisation d'une partie de la population, de son recensement, de son éradication de l'économie nationale, de son pillage, de sa déportation jusqu'à son extermination.

22 août 1896

Séraphin le gardien, la casquette vissée sur la tête faisait les cent pas le long de la rotonde des pachydermes au sein de la Ménagerie du Jardin des Plantes. Il attendait une précieuse livraison en provenance d'Afrique.

Les Américains, ainsi que tous les peuples alliés, doivent comprendre que le terme « Allemand » n'est pas synonyme de national-socialisme. Cet amalgame est insoutenable pour nous.
Thomas Mann
P 58

Au même titre que toutes les autres nations, l'Allemagne lutte elle aussi contre l'obscurantisme nazi. Les Scholl et leurs compagnons en sont la preuve incarnée. La Rose blanche a su faire en sorte que notre nom ne soit pas déshonoré à tout jamais.

Les actions de la rose blanche ont eu des répercussions bien au-delà de la région munichoise. Le régime nazi se serait bien passé de ces difficultés supplémentaires à un moment où le peuple allemand commençait à douter de l'issue de la guerre.

-C'est de la folie ! On va vous reconnaître ! Vous vous ferez arrêter !
-Je m'en moque. Rien ni personne ne nous empêchera de faire ce que nous croyons juste.

La mémoire du marché de l'art à Paris sous l'Occupation, et plus largement celle du pillage et des spoliations par les nazis des oeuvres d'art en France, a longtemps été marquée par l'amnésie.

Les Américains, ainsi que tous les peuples alliés, doivent comprendre que le terme "allemand" n'est pas synonyme de national-socialisme. Cet amalgame est insoutenable pour nous. Au même titre que toutes les autres nations, l'Allemagne lutte elle aussi contre l'obscurantisme nazi. Les Scholl et leurs compagnons en sont la preuve incarnée. La Rose Blanche a su faire en sorte que notre nom ne soit pas déshonoré à tout jamais. Tout doit être mis en oeuvre pour que leur sacrifice profite au monde entier. Ces étudiants munichois, qu'ils soient nombreux ou pas, représentatifs ou non du peuple allemand, se sont élevés avec courage contre la barbarie. Au nom de principes moraux et intellectuels qu'Hitler croyait avoir éradiqués à tout jamais. Ils se sont levés et ont refusé le joug. Pour cela, ils méritent que nous honorions leur mémoire.

- T'es fou ! Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?
- Je ne sais pas... Je voulais juste... faire quelque chose.

Elle la croyait morte depuis longtemps... Mais il y avait en cette jeune femme une telle force de caractère et une telle volonté de vivre qu'elle avait réussi à surmonter toutes les épreuves atroces auxquelles elle avait été confrontée depuis sa capture.

La curiosité est parfois la plus puissante des motivations. Prenez garde cependant: vos recherches concernent une époque très douloureuse. Remuer le passé peut vous amener à faire de cruelles découvertes.

Très vite, la fratrie Scholl a fondé un cercle d'amis pour parler de livres interdits. Zweig, Mann, Rilke...

- J'ai lu que Mila Racine avait fait partie du convoi des 27 000?...
- C'est exact. Avec un millier d'autres femmes. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le nom du convoi n'a rien à voir avec le nombre de déportées qui le composaient.
- Ah non? A quoi fait-il référence, alors?
- Au matricule que les Allemands leur attribuèrent... à leur arrivée à Ravensbrück.

- Mais je suis très étonnée de constater que Mila Racine et ses camarades ont laissé aussi peu de traces dans la mémoire collective.
- Que voulez-vous... Après la guerre, la découverte des atrocités de la Shoah a éclipsé le destin de beaucoup de résistants.

En arrivant dans Compiègne, elles chantaient encore. Les Allemands n'étaient pas assez nombreux pour les faire taire...

- Deux fois par semaine, nous avons aussi droit à une distribution de soupe. Vous verrez, c'est autre chose que ce que les Boches nous servent. Ça permet de tenir.
- Eh bien nous autres, nous possédons quelque chose de plus précieux encore.
- Tiens donc, et peut-on savoir ce que c'est?
- L'amitié!

- On ne t'entend jamais te plaindre, Mianne. Je me demande comment tu fais pour rester aussi stoïque...
- Je me dis que mon sort pourrait être pire.
- Pire? Quel crime as-tu commis pour penser qu'on pourrait t'envoyer dans un endroit pire qu'ici?...
- Je suis juive.

- Mais puisque je vous dis que je ne suis pas juif!
- On va voir ça tout de suite, mon gars. Baisse ton froc!
- Quoi?! Mais vous êtes fous!
- A poil, on t'a dit!

Ne t'inquiète pas maman, je ferai attention. Je suis un homme maintenant, tu sais. C'est papa qui l'a dit.

On ne peut pas dire que les choses s'améliorent. Les autorités françaises continuent de livrer des Juifs par trains entiers à l'occupant. Il n'y a plus aucune distinction d'âge ni de sexe, et encore moins d'état de santé. Tous sont déportés vers l'Allemagne. On ne sait pas pour quelle destination. C'est effrayant.