Citations de Erik Axl Sund (156)
Épigraphe :
Ambre est notre vie. Profonde la déception innée -- qui fait éclore tant de légendes dans les forêts de Scandinavie -- morne se consume dans notre coeur le feu affamé. Beaucoup se font les charbonniers de leur propre coeur : infirmes à force de rêveries, ils posent l'oreille sur la meule et l'écoutent s'éteindre en sifflant. ( Harry Martinson, "Même les orties fleurissent")
"La logique est un rocher dressé en pleine mer, contre lequel les vagues de bêtises sont impuissantes." (p.377)
J'entends et j'oublie, je vois et je me souviens, je fais et je comprends.
"On ne pardonne pas la trahison. On apprend à vivre avec." (p.108)
Je veux vivre, car mon désir de mourir est si fort que je veux en jouir le plus longtemps possible.
"Tu es ce que tu lis" (p.337)
"Les souvenirs doivent venir d'eux-mêmes, je ne dois pas me forcer. C'est comme tenir une savonnette. On doit être détendu : si on serre trop fort, elle vous glisse entre les doigts." (p.119)
Les questions qu'il se posait enfant sont toujours les mêmes.
L'arbre qui s'abat dans la forêt fait-il du bruit si personne n'est là pour l'entendre ?
Vit-on quand on n'est pas regardé ? Ou n'est-ce qu'à travers la confirmation d'être vu que l'on vit ?
De même qu'une légende ne peut naître dans une existence privée d'écho, un héros a besoin d'un miroir. Un miroir est un témoin et un héros n'est pas héros sans spectateur.
"En l'écoutant, Jeannette réalise qu'internet est un vaste buffet où les pédophiles n'ont plus qu'à se servir. Comme un grand réseau d'égout sans station d'épuration. Un égout où nous jetons nos enfants." (p.249)
Elle se demande si sa vie aurait pu être différente. Sans doute pas. Mais peu importe à présent. Elle fait désormais corps avec sa haine, comme le tonnerre et l’éclair. Comme le poing fermé et le coup.
Son père a poignardé son enfance et et la lame du couteau vibre toujours.
En Victoria plus rien ne sourit.
"Combien un être humain pouvait-il endurer avant d'être complètement brisé et devenir un monstre?" (p.118)
Nova raconte la première fois où elle a couché pour de l'argent. Ca avait fait mal mais l'homme, malgré les gémissements qu'elle poussait, avait dit que c'était fantastiquement bon.
Qu'il avait bien vu qu'elle aimait ça.
Après, Nova avait tout simplement décidé de trouver ça bon. En d'autres termes, elle avait décidé de devenir actrice et elle avait tout de suite compris qu'elle était douée. Nova, putain, qui n'était bonne à rien et allait entrer en troisième avec des notes au-dessous de la moyenne partout, sauf en anglais.
On ne pardonne pas la trahison. On apprend à vivre avec.
Elle a sommeil mais, en son for intérieur, elle a compris depuis longtemps qu'elle ne pourra jamais s'endormir assez profondément pour s’échapper. Sa tête est comme une lampe allumée oubliée dans une maison silencieuse et sombre.
Combien de souffrance un être humain peut-il infliger aux autres avant de cesser lui-même d'être un être humain et de devenir un monstre? se demande-t-elle.
Chez les humains, le mâle n'a pas de plumes pour faire la roue. A la place, il se pavane avec son argent.
Elle passe les mains sur la surface lisse du bois, songe au temps qui a passé sur ces planches, à toutes les mains qui les ont touchées, polies, en ont effacé toutes les aspérités. Comme si rien ne pouvait plus les atteindre.
Elle voudrait être comme ce bois, aussi intouchable.
Stockholm est infidèle comme une catin. Depuis le XIe siècle, elle baigne dans ses eaux saumâtres et aguiche le passant avec ses îles et ses îlots, son air innocent. Elle est aussi belle que trompeuse et son histoire est jalonnée de bains de sang, d'incendies et d'excommunications.
Et de rêves brisés.
Elle ne doit pas dévoiler à Jeanette sa part d’ombre. Elle est forcé de la refouler: Jeanette ne doit jamais rencontrer Victoria Bergman.
Mais Victoria et elle sont enchaînées ensemble comme deux soeurs siamoises et par là aussi dépendent l’une de l’autre.
Elles partagent le même coeur et le sang qui circule dans leurs veines est le même. Mais quand Victoria méprise sa faiblesse, elle admire Victoria pour sa force - avec l’admiration de l’esclave pour le maître.
La vie qui quelques mois plus tôt seulement lui semblait aller de soi est comme balayée.Elle ne sait même pas à quoi va ressembler le lendemain.
Elle allume l'autoradio pour ne pas s'entendre penser.