Citations de Erik Axl Sund (156)
Cette absence de limite involontaire entre je et elle.
Comme dit l'autre, il y a plusieurs façons de pleurer : fort, en silence, ou pas du tout.
- « Le vrai bonheur, dis-je, se trouve chez les peuples primitifs en Afrique ».
Vidar commence à s’endormir pendant que je lui parle de ces femmes et hommes noirs pauvres qui vivent si près de la terre qu’ils ont une connaissance innée de qui ils sont et de comment tout, vraiment tout fonctionne réellement. « Ils ont à peine des vêtements. S’ils veulent quelque chose de joli, un bijou, peut-être, ils le fabriquent plutôt que de l’acheter. Ils n’ont jamais eu de chef qui les trompe et leur ment pour avoir le pouvoir et la richesse, et pour cette raison leurs histoires sont toujours vraies, leurs récits parlent de notre être le plus profond et de notre lien avec les animaux et la planète tout entière. »
Un prêtre et le bourreau ont accueilli Marie-Antoinette au pied de la guillotine. […] A midi et quart exactement, Marie-Antoinette a posé sa tête sur le billot pendant que le peuple jubilait. […]
Arrivé à ce point de l’histoire, père avait l’habitude de s’arrêter, pensif, et ce qu’il disait ensuite pouvait varier. […]
Mais la fin la plus excitante était quand Pe racontait la chose extraordinaire qui se serait produite quand le bourreau a brandi la tête coupée de Marie-Antoinette.
Tandis qu’il montrait la tête au peuple et que le sang coulait du cou tranché, la reine a ouvert les yeux.
Elle a regardé la foule et les cris de joie ont cessé.
Marie-Antoinette a cligné des yeux , trois ou quatre fois, et tous ont pu voir que la tête continuait à vivre alors que le corps gisait inerte sur la guillotine.
On voyait clairement que le courage n’avait pas abandonné la reine.
La mort n'est ni noire comme la nuit éternelle, ni blanche comme la lumière au bout du tunnel, elle est gris métallisé, fabriquée en Allemagne et adaptée à la libre vitesse.
Elle songea aux figurines en lego. Des petits personnages en plastique dont on peut faire ce qu'on veut et qui continuent à sourire quand on les fait fondre au four.
Un ordinateur rempli de photos qui n'auraient jamais dû être prise.
Une triste collection de traces de pas laissées dans le marécage virtuel.
... sur la psychologie
"C'est l'art de dire ce que tout le monde sait déjà avec des mots que personne ne comprend".
Comment font tant de gens pour avoir des opinions aussi tranchées et être à ce point persuadés de savoir qui ils sont ?
Son langage s’est de plus en plus transformé en charabia et, à la fin, les mots ne voulaient plus rien dire pour lui. L’hiver dernier, on l’a retrouvé en robe de chambre sur les marches du perron en train de manger un paquet de beurre à la petite cuillère.
Pendant la maladie de son père, l’état de sa mère s’est lui aussi dégradé. Comme par contagion. Des mois de conversations et d’actes surréalistes, combinés à des problèmes d’audition, l’ont détournée de la réalité et ont altéré sa personnalité.
Un yoyo n’a ni commencement ni fin, disait son père. C’est comme une montre. Ça tourne, tourne. Comme le temps. Pas de commencement, pas de fin. Éternel.
Certaines choses sont héréditaires, pense Kevin en rembobinant le yoyo qu’il repose sur la table tandis que le film sur l’écran de l’ordinateur commence à le déranger. Quelque chose l’agace. Peut-être la belle musique. Tout lui paraît soudain sonner si faux qu’il l’éteint.
Aujourd’hui, Kevin sait que l’Épouvantail s’appelait en fait Gustav Fogelberg. Un solitaire qui agressait sexuellement les petits garçons et a fait de la prison pour ça. Le yoyo rouge était une sorte d’appât, mais son père l’avait utilisé pour cacher une histoire d’agression. Le yoyo était devenu le mur porteur du mensonge de sa vie, et il n’a jamais reconnu avoir été victime de quoi que ce soit.
Ne rien laisser au hasard. C'était un compagnon dangereusement traitre. Parfois un ami, mais souvent aussi un ennemi imprévisible.
Combien de souffrances un être humain peut-il infliger aux autres avant de cesser lui-même d’être un être humain et de devenir un monstre?
Chaque action passée engendre des milliers de possibilités, d'où découlent ensuite autant de conclusions nouvelles
Frapper et caresser, d'abord protéger puis détruire. C'est lui qui m'a appris ça
"Je veux dire, poursuivit Sofia d'une voix tendue, quand on veut se faire des frissons, on peut toujours partir en Afrique et faire quelque chose d'utile si c'est l'excitation et l'adrénaline qu'on recherche? Mais non, on préfère sauter en parachute, faire de l'escalade, tromper sa femme ou trahir la personne qu'on avait promis d'épauler et rire en la regardant tomber en chute libre."
" C'est là une faiblesse fondamentale dans la plupart des relations humaines. On oublie de regarder, d'apprécier ce que fait l'autre, puisqu'on considère sa propre voie comme la seule enviable. Notre propre intérêt doit toujours passer en premier. Il n'y a là rien de surprenant, même si c'est bien triste. Je mets ça sur le compte de l'individualisme. C'est devenu une vraie religion. Au fond, c'est quand même fou que dans un monde plein de guerres et de souffrance les gens méprisent à ce point la confiance et la loyauté. On doit être fort, mais par ses propres moyens, sinon on est par définition, faible. C'est un foutu paradoxe."
Au cours des dernières semaines, elle s'est débarrassée de sa vie antérieure. Elle l'a rasée, mise en pièces et en jeté les morceaux qui ne lui appartenaient pas. Les faux souvenirs ont été déconstruits, et les souvenirs cachés extraits de leur gangue. Elle a atteint la clarté et la pureté. Catharsis.
Linnea semble plus mûre que son âge. Son corps et son visage ne sont pas ceux d’une gamine de quatorze ans. Forcée bien trop tôt à devenir adulte, elle porte déjà en elle un enfer qu’elle passera tout le reste de sa vie à tenter d’apprivoiser.