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Critiques de Ernest Haycox (53)
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Les Pionniers

Allez ! Ho ! Hue ! Dia !

Je garde encore en moi les sensations vives des premières pages de ce roman, Les Pionniers, écrit par l'écrivain américain Ernest Haycox.

Je me suis retrouvé sous des pluies torrentielles, au milieu des radeaux chargés de bétail et des chariots qui menaçaient sans cesse de sombrer dans la rivière impétueuse qu'il fallait traverser.

J'étais transpercé par ces trombes d'eau, par le froid, par la bourrasque, par tous les éléments déchaînés en même temps. Transi, rincé, fourbu, comme si je venais de passer l'heure dans une lessiveuse.

Un western en panavision, me direz-vous ? Mieux que ça, un roman tout simplement, digne de la grande littérature américaine, car l'acuité des mots me semble ici et tout au long des pages de ce livre, plus fort que certaines images de cinéma.

Dès les premières pages, le tableau est posé : on sent les protagonistes de cette histoire déterminés à aller jusqu'au bout de leur périple.

Ils viennent du Missouri et ont tout abandonné dans l'espoir de fonder une terre nouvelle à des milliers de kilomètres de leurs foyers, là-bas à l'Ouest, dans l'Oregon. Ce sera désormais leur Eldorado.

On les appelle les Pionniers, ce sont les premiers colons qui vont faire la conquête de l'Ouest.

Dès les premières pages, les personnages sont campés avec une infinie justesse et j'ai senti tout de suite qu'Ernest Haycox était désireux de casser les codes du « bon » western classique.

Bien sûr, il y a les thèmes de prédilection chers au genre : l'extrême rudesse d'un quotidien où tout reste à construire, la grandeur de la nature, la menace indienne, quelques rixes mais si vous venez pour cela vous serez vite déçu ; en contrepoint ce qui a emporté ma fascination est la manière dont l'auteur décrit ses personnages, les anime dans une fresque sociale magnifique, c'est-à-dire avec beaucoup d'empathie et de compassion.

Bien sûr, on rencontre des méchants, des odieux, des crapules, mais ils ne sont pas légion dans le récit. Il y en a bien un en effet, Cal Lockyear, qui finit par être rejeté par la communauté à cause de sa brutalité ; sans l'accabler à outrance pour sa conduite, l'auteur recherche toujours la nuance pour comprendre le parcours d'un homme harassé de violence. Ici les personnages les plus haineux sont des êtres désespérés.

Il y a même un prédicateur haut en couleur, Lot White, comme seul le côté sombre et ridicule de l'Amérique sait en produire. Ce fut vraiment une période fondatrice à tous points de vue.

Je me suis attaché au pas de Rice Burnett, comme un ami un peu solitaire, qui cherche son chemin.

Mais surtout il y a de très beaux personnages féminins, notamment je pense aux personnages d'Edna et de Katherine qui m'ont touché. Elles cherchent à être maîtresses de leur destin, on est loin ici des stéréotypes du western qui les a souvent reléguées au second plan, elles combattent à visage ouvert, volontaires, déterminées, intelligentes.

Pour autant, l'auteur est conscient de la condition indigne qui était réservée aux femmes dans la communauté des colons, en dépit du rôle crucial qu'elle ont joué dans cette grande conquête de l'Ouest.

Et puis il y a Louisa femme squaw qui a épousé un trappeur blanc.

Le regard hostile des colons, sa confrontation avec les femmes blanches, vont la miner. Et le regard qu'Ernest Haycox porte sur cette situation, sur la confrontation des colons avec les Indiens, souligne ses convictions humanistes.

C'est une fresque sociale décrite dans un rythme lent, servie par une écriture généreuse, magnifique, ample, qui va convier tous ces personnages, en faire des histoires intimes mêlant désir, amour, jalousie, déception, regrets...

Ce sont de très belles parenthèses sentimentales, des échappées intimistes où des femmes et des hommes se cherchent, s'affrontent, s'interrogent ou se perdent. Derrière la rudesse du quotidien, ce sont des zones d'ombres secrètes qui sont ici esquissés avec sensibilité, des moments impalpables, faits de regrets, d'espoirs déçus, de silences, de renoncements. La vie, quoi !

Il y a des scènes fortes et poignantes.

La violence est souterraine et lorsqu'elle éclate c'est un fleuve impétueux.

La nature n'est pas en reste, j'ai eu sans cesse l'impression d'étreindre un paysage beau, immense, vertigineux qui faisait écho avec le coeur des personnages.

Oui, Les Pionniers est un roman splendide et touchant, mêlant avec talent des histoires intimes avec la dimension universelle de l'Amérique qui s'est construite aussi à l'aune de ces récits et chemins...

Le western littéraire est un genre qui n'a pas à rougir de sa position, il appartient à part entière à l'histoire de la littérature américaine. Ernest Haycox l'a démontré ici avec brio avec ce récit d'une puissance d'évocation qui m'a particulièrement séduit.

Les Pionniers, c'est un roman qui m'a conquis. Merci Doriane (alias Yaena) de m'avoir incité à aller à la rencontre de ce livre par ton très beau billet.

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Les Pionniers

Les Pionniers est un livre ambitieux car il s’agit de nous raconter l’histoire des Pionniers dans leur intégralité. Leur voyage mais aussi leur installation et leur vie quotidienne. Une sorte de documentaire romancé. Ernest HAYCOX nous raconte l’histoire de plusieurs familles qui ont laissé derrière elles le Missouri pour aller vers l’Ouest et plus précisément à Oregon City. A l’époque il ne s’agit pas d’un simple voyage c’est un véritable périple où chacun risque sa vie. Ces hommes, femmes, enfants, vieillards, ont tout laissé derrière eux sans aucun espoir de retour : amis, famille, maison, terres,… ils ne reverront plus ce qu’ils ont quitté. C’est un véritable déracinement, c’est presque comme émigrer dans un autre pays.



A l’Ouest ils ne savent pas ce qui les attend il ne savent que ce qu’on leur a raconté. De la bonne terre à perte de vue gratuite et qui ne demande qu’à être cultivée. Mais rien n’est jamais gratuit, le paiement sera fait de sueur et de sang, chacun le sait.



Loin des chevauchées endiablées, des bagarres de saloon, des feux de camps et de tout ce qui fait les westerns classiques, HAYCOX nous offre un western historique absolument fascinant. Nous vivons en immersion le quotidien de ces pionniers qui ont tout à construire. Car une fois la destination atteinte peu importe les corps épuisés et les esprits las tout est à faire. Les cabanes n’y suffiront pas. Si elles abritent les familles elles ne font pas une communauté. Elle aussi est à bâtir sur des fondations solides de solidarité et d’entraide. Pas toujours facile quand les personnalités sont si différentes. Chacun doit prendre sa place et trouver le rôle qu’il a à jouer. Les intérêts personnels ne rejoignent pas toujours l’intérêt collectif.



HAYCOX se fait sociologue et nous offre le tableau d’une société en devenir. Il soulève des problématiques telles que la place des femmes dans la société et les relations entre les hommes et les femmes. Les histoires d’amour se font et se défont et se mêlent aux intérêts plus terre à terre : une femme à l’époque ne peut demeurer seule et si en théorie pour un homme c’est possible la vie quotidienne est bien trop difficile pour tout faire seul. Parfois l’amour rejoint l’utile et parfois non. Si Rice Burnett, un homme célibataire, semble être le héros de ce livre je pense surtout qu’il permet d’insuffler la dynamique nécessaire à l’histoire mais qu’au final le personnage principal ce sont Les Pionniers dans leur ensemble. L’auteur prend le temps de nous faire entrer dans chaque foyer et d’appréhender les états d’âmes de ces habitants.



J’ai beaucoup aimé les personnages féminins. Souvent dans les westerns ils sont plutôt fades, ici c’est tout le contraire. Elles ne sont pas des faire valoir pour d’autres personnages. Il y a Mme Maillard, féministe avant l’heure et pleine de colère face à ces vies injustes que doivent mener les femmes, Edna qui refuse de porter le masque de la femme convenable, Katherine qui refuse de se marier par convenance mais aussi Louisa, un personnage secondaire, une femme indienne victime de la cruauté du monde.



Les hommes ne sont pas en reste, Lockyear la brute rejetée qui n’en devient que plus brutale, Burnett le loup solitaire qui aimerait être apprivoisé, M. Gay le leader charismatique, Collingwood qui voudrait être quelqu’un, White l’homme de Dieu



HAYCOX nous épargne les personnages caricaturaux et à travers chacun d’entre eux montre à quel point il était en avance sur les idées de son époque (il est mort en 1950). Ses personnages de femmes montrent une réelle critique de la place qui leur est faite dans la société tout en mettant en avant le rôle primordial qu’elles y jouent. Il critique la façon dont ont été traités les indiens durant la colonisation et les considère comme des êtres humains à part entière et non comme des sauvages ou des sous-hommes, ce qui, pour l’époque, est audacieux. De même que la manière dont il caricature White et son dévouement à Dieu. Il y a d’ailleurs un passage avec un semblant de tentative d’exorcisme à mourir de rire.



Mais surtout quelle plume. Les descriptions sont d’une beauté à couper le souffle. Jamais grandiloquentes, toujours justement dosées. Des phrases qui coulent comme une rivière et qui vous transportent. Les mots font naître les odeurs, les sons, les images comme si vous y étiez. Une nature vivante et sauvage à la fois tout en nuance et en brutalité. Face à elle des hommes humbles qui luttent et s’adaptent. Qui aiment et respectent.



Une histoire qui se déroule sur un rythme lent, constant, régulier, pas de rebondissements de changements de cap mais plutôt des évènements, des hauts, des bas. On accompagne ces vies à la dure où personne ne se plaint et où tout le monde avance. HAYCOX réussi à nous emmener dans une épopée qui mêle la grande Histoire à l’intime rendant cette fresque passionnante et touchante. Pleine de tout et de rien. C’est un de ces livres où il ne se passe pas grand-chose mais où le cœur arrête de battre dans les silences. C’est un de ces livres où il ne se passe rien d’autre que la vie, où la simplicité réchauffe l’âme, où l’amitié rustre vous noue le ventre. C’est un de ces livres qui vous manque quand vous l’avez terminé.
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Les Pionniers

Départ : Missouri, arrivée : Oregon City (God willing) par la piste du même nom. Embarquement immédiat pour un périple de 3000 kilomètres.

Fermeture des chariots couverts, attention au départ.

Et c'est parti.

Emportant le minimum, entre affaires utiles et celles dont ils n'ont pu se résoudre à se séparer, une colonie d'américains part vers l'Ouest, prêts à braver obstacles, dangers et éléments dans l'espoir d'une vie meilleure.

Car, s'il a duré des mois, ce voyage semé d'embûches ayant vu la perte de quelques colons, n'est qu'un avant-goût des difficultés futures. Une fois à destination, il faudra repartir à zéro, tout reconstruire, semer, compter sur des récoltes incertaines pour ne pas mourir de faim et, pour certains, ne pas mourir tout court quand d'autres menaces viendront se greffer.



Les intrigues s'entrecroisent, le labeur est continu, des amours naissent d'autres meurent, l'aventure n'est jamais loin et la mort, toujours là, veille et prélève sa patente où et quand bon lui semble. Égratignant au passage la religion (se servant pour ce faire d'un personnage haut en couleur, plus ridicule que méchant) et dénonçant l'expansionnisme et l'hégémonie wasp (une tribu d'Indiens – ici les Molalas mais ce fut valable pour toutes – déjà installée doit déguerpir quand les colons décident de s'implanter sur leurs terres), sont autant d'ingrédients qui font de ce roman un quasi livre d'Histoire car pas de doute, il y a de l'expédition Lewis & Clark dans ces Pionniers.

Un livre dense, comme son histoire et ses découvreurs. De nombreuses familles, presque de quoi nous perdre au début et puis finalement non, le caractère et les projets propres à chacun.es permettent de s'y retrouver sans peine.

Et, paradoxalement, même si certains personnages sont mis en avant (et la place des femmes, loin d'être anecdotique, compose la part belle de ce roman) quand d'autres ne font office que de figurants, il n'y a pas de « héros » à proprement parler car les deux protagonistes de ces Pionniers sont sans conteste la colonie dans son ensemble et les conditions de vie souvent apocalyptiques.

Qu'elle fut sanguinaire et cruelle cette conquête de l'Ouest.



Ernest Haycox fait dans le western et si d'aucuns pourraient hausser les épaules, qualifiant ce concept de littérature de seconde zone, nul doute qu'ils n'ont jamais ouvert une seule oeuvre de cet immense écrivain dont la plupart des titres ont inspiré les westerns cinématographiques que nous connaissons tous ; celui-ci mis à part, toujours vierge de toute adaptation sur grand écran. Trop foisonnant peut-être ?

Définitivement non, le western littéraire est un genre qui n'a pas à rougir de sa situation et si en plus, comme ici, la qualité d'écriture est manifeste...

A lire pour s'en persuader si besoin.



En remerciant Babelio et les éditions Actes Sud pour ces Pionniers qui m'ont, sans aucun mal, transporté dans leurs chariots. Ce fut indiscutablement un fabuleux voyage.

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Les Pionniers

Je remercie chaleureusement les Éditions Actes Sud ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !



Dans la collection « L’Ouest, le vrai » dirigé par le réalisateur Bertrand Tavernier chez Actes Sud, vient de paraître le plus beau roman western signé du grand Ernest Haycox : « Les Pionniers« . Haycox comptait parmi ses admirateurs, ni plus ni moins, qu’Ernest Hemingway lui-même. Plusieurs de ces romans furent adaptés au cinéma, notamment par John Ford avec « La chevauchée fantastique » où l’on retrouve dans le rôle titre John Wayne (le film qui en fît une star). Il faut dire que le souffle, la puissance d’évocation vertigineuse de Haycox dans « Les pionniers » rappelle le meilleur des westerns contemplatifs, crépusculaires, avec cette modernité dans l’écriture, dans le caractère des personnages de ce roman chorale hors norme. Il est à noter que ce roman ne fût jamais adapté au cinéma, puisqu’il sortit en 1952, deux ans après la disparition de l’illustre auteur. Considéré pendant longtemps comme un sous genre moqué, le roman western compte de nombreuses pépites très justement publiées chez Actes Sud dont « Les Pionniers » de Haycox est, en quelque sorte, la pierre angulaire. Ni suranné, ni daté, le style d’écriture Haycox allie une description vertigineuse de la nature sauvage à une finesse psychologique, des différents personnages que nous suivons dans ce roman, qui est très moderne dans son approche. Ainsi les femmes pionnières ne sont pas des simples faire valoir ici, Haycox dresse des portraits fantastiques de ces dernières avec justesse, émotion, empathie. Une écriture ciselée, magnifiée qui donne de la profondeur au récit, et qui nous rend la lecture de ce western de plus de 500 pages fort agréable. La nature est un personnage à part entière. Cinq mois de voyage avec le convoi pour rejoindre l’Oregon. Des conditions dantesques sur le plan climatique. La nature hostile, la maladie, la faim, la mort mais aussi l’espérance chevillée au corps pour ces pauvres gens de trouver enfin l’Eldorado tant promis vers l’Ouest sauvage. On quitte définitivement une vie pour en espérer une autre de meilleure. Nous sommes dans le dernier tiers du XIXème siècle. L’apocalypse s’abat sous forme de pluie et de neige, de bourrasques de vent, de tempêtes, ce qui donnent à Haycox l’occasion de graver des pages mémorables sur cet état d’esprit pionnier où le travail, la sueur, la foi en un avenir meilleur sont extrêmement présents et conditionne leurs façons de penser ce nouveau monde qu’est l’Oregon. Enfin les familles arrivent et décident de s’installer. Nous allons ainsi suivre quelques-unes de ces dernières, une communauté pionnière qui s’installe et qui doit tout construire de ses mains, car il n’y a rien mis à part la terre qui est offerte à un prix dérisoire, pour qui aura le courage de la transformer, pour récolter du blé et du maïs. Des conditions de vie impitoyable mais avec chez Haycox cette profonde humanité, de regard empreint d’empathie. Ainsi il nous décrit l’existence des quelques indiens qui ont survécu à la variole et aux massacres. Ils hantent ce western mais ce que nous allons suivre ici, ceux sont ces quelques familles de pionniers. Une citation du livre page 208, résume parfaitement tout ce roman :

« Tous ici, nous désirons ce que nous ne pouvons pas avoir. Des fils invisibles, des dizaines de fils nous tendaient d’une personne à l’autre, tissant une toile dans laquelle chacun était pris; par soucis de respectabilité, ils ne se débattaient pas mais l’espoir leur criait de se libérer ».

Haycox est très critique vis à vis de la religion. Le pasteur local est moqué pour voir satan dans toutes femmes. Ces dernières sont portées par des personnages forts comme Edna, jeune fille d’un couple de pionnier qui embrase le cœur des hommes et tels les papillons, butinent de cœur en cœur. Rice Burnett, le personnage majeur du roman et Lockyear que tout opposent désireront la même femme. Lockyear le frondeur, violent, assassin d’indiens, violeur sans scrupule de squaw. Burnett, le taiseux qui n’aurait qu’un mot à prononcer pour qu’Edna se marie avec lui. Mais il y a Katherine. Il ne sait laquelle choisir. Burnett, le protecteur d’indien, le pourfendeur de pasteur, le célibataire désiré de toutes mais qui porte un regard désenchanté sur l’amour. Dans un autre registre, il y a la pauvre Roxy battue par ce monstre de Lockyear. Veen, l’infirme qui tente de la protéger de la fureur de son frère. Louise, la squaw, l’indienne qui a épousé un homme blanc et qui est rejeté par racisme, sauf par Rice Burnett qu’elle apprécie beaucoup. Haycox questionne le racisme, le métissage, les règles édictées par les hommes de Dieu pour empêcher les hommes et les femmes de ressentir librement les élans du cœur, la violence, le pouvoir de destruction de l’homme, la volonté d’émancipation des femmes cloisonnées dans des rôles voulu par une société très patriarcale. J’ai ainsi beaucoup aimé le personnage féminin d’Edna, une femme libre qui assume son désir et sa sexualité. Elle démontre l’hypocrisie des hommes. J’ai aimé aussi Burnett, ce héros mélancolique et qui porte en lui une philosophie de vie très moderne. L’affrontement, le duel entre Burnett et Lockyear est profondément intéressant à suivre. Jamais manichéen, Haycox nous emporte avec ce roman western testament sur l’Ouest sauvage. Magnifiquement écrit, porté par un souffle qui ne retombe jamais, on peut dire sans ambages que c’est là un chef d’œuvre de la littérature américaine. A découvrir absolument !
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Les Pionniers

Whaou, quel pied !

54 chapitres sans une seule fausse note, 608 pages et pas une de trop !

Tellement emballé que je ne sais pas par où commencer...



◉ Peut-être en premier lieu par les personnages, nombreux, fouillés, complexes ?

Par cette caravane d'hommes et de femmes suffisamment courageux pour tout abandonner, quitter le Missouri sans se retourner et faire cap ensemble vers l'Ouest, autrement dit l'Oregon, autrement dit l'inconnu ?

Par ces portraits saisissants de trappeurs, agriculteurs, mères de famille, médecins, squaws ou patriarches qui tous évoluent, se transforment au cours du périple puis de l'installation en terre promise, offrant ainsi différentes facettes (dont certaines s'avèrent surprenantes) ?



◉ Ou bien non, ouvrons plutôt sur la nature, superbe et omniprésente, violente mais riche de promesses. Ouvrons sur ces milliers de kilomètres parcourus dans des conditions dantesques, sur ces orages effroyables, ces torrents à franchir, ces gorges à traverser, ces cimes à atteindre, ce bétail à convoyer dans la neige et le vent.

Parlons de cette nature d'abord franchement hostile, puis de celle un peu moins inhospitalière qui lentement se laisse apprivoiser tandis que les colons s'installent, défrichent et sèment, tracent des routes et bâtissent des ponts, aplanissent les sols et élèvent des cabanes.



◉ À moins qu'il ne faille entrer directement dans le vif du sujet en égrenant le chapelet de péripéties qui transforme en véritable épopée le voyage de nos valeureux pionniers ?

Évoquer la grande fresque épique, les conflits à désamorcer, la menace des Indiens qui campent derrière les collines, les désillusions, la faim et la précarité, la peur de l'avenir mêlée à l'excitation de la terre vierge synonyme de page blanche synonyme et de nouveau départ, les liaisons cachées, les passions secrètes et les déchirements entre certains membres de la communauté rongés d'envies, de jalousie ou de désirs ?



◉ Ne pas oublier bien sûr de vanter la qualité du style et la parfaite maîtrise de la narration dont fait preuve Ernest Haycox, écrivain prolifique (une trentaine de romans et environ trois cents nouvelles) et de grand talent ... dont je m'étonne de n'avoir pas entendu parler avant les billets enthousiastes de certains de mes petits camarades !

Tout au long de l'aventure, il ne cesse de changer de ton et d'atmosphère, alternant chapitres courts et intenses, elliptiques, "à l'os", et chapitres plus longs, plus lents, propices à une peinture plus profonde et plus intimistes de ses personnages ou à de belles envolées lyriques, dont l'auteur est prolixe quand il s'agit de décrire la nature et les rapports complexes que les hommes entretiennent avec elle.





Et voilà, à force de chercher la meilleure accroche, l'heure tourne et on me signale dans l'oreillette qu'il va déjà falloir conclure...

Je n'aurai même pas eu le temps de mentionner l'excellente postface de feu Bertrand Tavernier - qui n'est pas le plus mal placé pour parler de western ! - où le cinéaste nous dit toute son admiration pour Haycox qu'il présente comme un "travailleur acharné, perfectionniste, voulant faire éclater tout ce qui vulgarisait le genre [...] s'épuisant à perfectionner son art, oscillant entre les exigences commerciales et une envie irrésistible d'atteindre une vraie stature littéraire [...] cherchant sans cesse à approfondir, aiguiser un style qui capture de manière juste et honnête ce qu'avaient vécu les pionniers."



Ce roman - publié en 1952 à titre posthume - est donc une vraie réussite !

Plus encore que le récit d'aventure, je retiendrai le message profondément humaniste et égalitaire délivré par l'auteur, ainsi que l'empathie dont il témoigne envers ses personnages, femmes et hommes, Blancs et Indiens, vieillards obnubilés par leur descendance et le bien des générations futures, couples qui se cherchent ou bien qui se déchirent, le tout sur la magnifique toile de fond d'un pays encore libre et sauvage.



Un livre dense et addictif, une histoire de courage et de solidarité porteuse de valeurs fortes (dans la tempête comme dans les accalmies, "la communauté est essentielle et l'individu seul ne résout jamais rien") : en somme une très belle lecture pour bien commencer l'année !
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Les Pionniers

*** La piste de l'Oregon et la conquête de l'Ouest ***





Début XIXème siècle, des colons partirent du Missouri pour l'Oregon. On les appelaient Les pionniers.

Ainsi est née la piste de l'Oregon.

Ces pionniers partaient au printemps du Missouri, au climat trop rude, pour effectuer 3 200 kilomètres, emmenant toute leur famille.Hommes, femmes, enfants, vieillards, prenaient cette piste avec chevaux et chariots, qui longeait rivières et ruisseaux, qui permettaient aux bêtes de se nourrir d'herbes hautes printanières, de servir de combustible pour les feux de camps absolument nécessaires et d'avoir tout le temps de l'eau. Par ailleurs, il fallait que les chemins empruntés soient un minimum carrossables pour que les chariots puissent y circuler sans encombre. Les voyageurs qui empruntaient la piste voyageaient en petit groupes et se déplaçaient en chariot bâché, à cheval, à pied et en bateau pour s'établir dans le pays de l'Oregon en tant que fermiers, hommes d'affaires ou chercheurs d'or.

Ces nombreuse familles prendront possession de terres, afin de construire leur communauté et donc, leur village.

La ville d'Oregon City était le terminus de la piste de l'Oregon, au temps où cette ville était la capitale désignée du Territoire de l'Oregon. Cependant, de nombreux pionniers s'écartaient de la piste ou s'arrêtaient en cours de route pour s'installer dans des endroits qui leur convenaient.





C'est cette histoire fabuleuse, plusieurs fois adaptée au cinéma, que Ernest Haycox nous décrit avec grande précision. Amateurs (trices) de grands espaces vous allez adorer voyager avec Les pionniers.



J'avoue avoir eu du mal a me plonger dans l'histoire ! Dès le début l'auteur passe en revue les familles qui vont accompagner environ 600 pages. Beaucoup de noms, trop de noms, beaucoup de personnages, au début on s'y perd, puis un gros reproche lorsque l'auteur passe du nom de famille au prénom du personnage. On ne sait plus qui est qui ... Bon, on va garder finalement quelques un des personnages qui seront la clé de l'histoire.



Ces familles arriveront donc après six mois de route, de fatigue, de faim, d'accidents, de disputes, d'entraide, de maladies, d'amour entre amants et de décès, sur les terres cultivables de l'Oregon. Ces terres appartiennent aux indiens : les Molalas et les Squaw.

Les colons, sont arrivés là pour coloniser et ils y compte bien jugeant les indiens comme sales, voleurs, pouilleux et dangereux.



Ainsi, plus de la moitié du roman historique, racontera l'installation des pionniers et de leur histoire d'amour (!). Chacune des familles s'approprie des hectares de terres cultivables, construisent leur cabane. La nouvelle communauté, travaille sans relâche pour construire leur village avec le défrichage leur permettant de faire des routes reliant chacune des propriétés.

Chacun pense à son avenir, on cherche l'amour sans le trouver forcément, on se marie finalement pour ne pas être seuls et on se dit que l'amour viendra avec le temps ... ou pas, puisqu'on rêve de celle ou celui qu'on ne peut pas avoir ...

Tout se met en place : une école avec un instituteur, un moulin, le médecin est là, le prêcheur également et la politique commence à se mettre en place.



Les indiens eux, s'effacent, puisqu'ils ont survécu à la variole.



Ernest Haycox possède cette profonde humanité avec ce regard remplit d'empathie vis à vis de la communauté.

Il critique fortement la religion avec son personnage Lot White, le prêcheur qui clamera tout le temps que les femmes sont habitées par Satan. Il fera de Rice Burnett le "Charles Ingalls" de la communauté, de Edna la libertine qui fera se battre les hommes entre eux, de Lockyear le fou qui sera un violeur d'indiennes et un criminel, du médecin Whitecomb l'amant de Lucy et enfin de Katerine l'indécise qui protège sa vertu .... ce sont plus ou moins les personnages principaux.





Plusieurs points négatifs (mais attention ça ne concerne que moi ...) :

Trop de noms de personnages au début du livre, jusqu'à se familiariser (seulement lors de l'installation sur les nouvelles terres) avec les principaux "acteurs".

Hélas, on ne passe pas assez de temps avec les tribus indiennes qui ont quand même une grande place dans l'histoire de la Conquête de l'Ouest.

Trop .. beaucoup trop de romance, l'essentiel de l'histoire tourne autour de l'amour, des envies des uns, les non envies de autres, les femmes qui sont exaspérantes à force de ne pas savoir ce qu'elles veulent ...



N'ayant pas éprouvé d'attaches particulières aux personnages, je laisse les pionniers entre eux avec leurs indécisions amoureuses ...



Je remercie chaleureusement les Edition Actes Sud et bien sûr Babelio pour cette Masse Critique de janvier 2021, pour la sélection de ce roman.









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Des clairons dans l'après-midi

— Holà, Tavernier, à boire ! Servez-moi quelque chose de bon, de fort, de puissant, de goûtu. Pas une infâme piquette !



— Alors, madame, je vous conseille de boire à cette bouteille, de poser vos lèvres sur ces clairons de l’après-midi, vous m’en direz des nouvelles. Et puis, je suis Bertrand Tavernier, le directeur de la collection, pas le serveur.



— Excellent ce breuvage, Tavernier… On sent qu’il a pris son temps de murir en fût de chêne et que l’auteur a bien fait son travail, qu’il a su faire décanter son récit et lui additionner tout ce qui fait un grand cru.



— Vous m’avez demandé de vous servir de la qualité, madame, ce que j’ai fait en vous proposant ce grand-cru Western de chez Ernest Haycox, un maître en la matière. Ceci n’est pas un Western de gare. Vous sentez sa longueur en bouche ? Un roman que vous n’oublierez pas de sitôt, croyez-moi !



— En effet ! Il a une odeur de grandes plaines sauvages, un soupçon de Black Hills, de la Frontière, si proche, une odeur de poudre à fusil, de cheval, de sueur, de cuir des selles, de poker, des bagarres dans le saloon, du sang, de la trahison… Oh, des indiens qui galopent dans la bouteille !



— Bien sûr qu’il y a des indiens, sinon, ça manquerait de corps et vous avez sans doute souffert avec tout les corps, sur la fin… Vous remarquerez que les personnages principaux, qui composent de divin nectar, ont été travaillés, taillés avec amour, blessés, aussi, mais cela forge le caractère.



— Oh, j’ai ressenti un gros faible pour le mystérieux Ken Shafter : ses fêlures, ses zones d’ombre, la violence intérieure qu’il trimballe, son passé dont qu’on ne nous dévoilera qu’à petites doses, ses allures de gentleman, ses envies de vengeance.



J’ajouterai aussi que la jeune Josephine Russell est réussie, elle aussi, et à l’opposée des femmes que l’on a tendance à croiser dans des Westerns de mauvaises factures. Joséphine, c’est une jeune femme complexe, libre et elle n’a rien d’une femme soumise. De plus, ses jugements sur Shafter sont pertinents.



— Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus !



— Que nenni, monsieur Tavernier ! Même les personnages les plus secondaires, que nous ne croiserons qu’une seule fois, sont brillamment mis en place et ils nous dévoilent un véritable pan de la vie à cette époque (les deux tenancières des hôtels en sont des exemples vivants), non loin de cette fameuse Frontière qui recule pendant que les autres avancent.



Même son Méchant de l’histoire est soigné et l’auteur nous brossera un portrait qui n’est ni tout blanc, ni tout noir, mais tout en nuance de gris, comme il le fait pour le général Custer, dont les différents protagonistes nous dresserons un portrait à charge ou à décharge, sans lui trouver des excuses ou tout mettre sur son dos.



Mon dieu, Tavernier, et cette plume ! Elle m’a emportée dans la vie courante de la garnison d’un fort, j’ai vécu avec ses soldats, suivi leurs rituels, eu faim et froid avec eux, ressenti l’épuisement des longues chevauchées et puis, ce climat du Dakota, qu’elle merveilleuse manière qu’a Haycox de le présenter.



Ce temps qui change constamment, qui passe de la chaleur la plus accablante au vent le plus glacial, sans prévenir. La plume de Haycox nous le démontre bien par des petits épisodes de la vie quotidienne. Niveau décors, il n’est pas en reste non plus. On les voit, on les vit.



En fait, dans ce Western haut de gamme, on peut dire que toute l’action est sur la fin du récit, mais le talent de l’auteur fait que, ce qu’un cinéaste considérerait comme des moments “inutiles” sont absolument essentiels dans le récit et l’auteur ne s’en prive pas, pour notre plus grand plaisir.



Un roman Western fort, bien construit, bien raconté, des personnages travaillés, réalistes, ou le plus insignifiant a son rôle, où aucun n’obéit aux règles immuables du genre et qui nous conte une bataille dont on a entendu beaucoup parler mais dont on ne sait pas grand-chose, au final, et dont il est facile, avec le recul, de juger.



Sa description de la bataille de Little Big Horn est des plus réaliste, on s’y croirait, même si nous n’aurons qu’un seul point de vue, celui du groupe de Shafter et pas celui de Custer ou des Sioux.



De plus, si quelqu’un a un jour pensé – ou lu – que la bataille de Little Big Horn avait été un combat rapide, engagé et perdu en fort peu de temps, et bien, il avait tout faux : la bataille a au moins duré un jour et demi (et c’est long quand tu crèves de soif ou de douleur !!).



L’auteur nous décrit aussi, au plus juste, la panique des soldats, dont certains n’avaient jamais été au feu, ainsi que l’indécision dont font preuve certains officiers ou soldats, mais aussi le courage dont certains firent preuve !



— Et bien, si quelqu’un avait encore un doute sur le fait que la Belette a aimé ce western, ses personnages, son histoire, ses combats violents à la fin…

— Hé, au fait, M’sieur Tavernier, tu aurais pu appeler ce roman "Kern le survivant" !

— Tu as regardé trop le Club Dorothée, toi.

— Oui, sans doute…

— Je te ressers un verre de la cuvée "L’Ouest, le Vrai" ?

— Sans hésiter, Bertrand, mais pas tout de suite si tu le permets, laisse un peu celui-ci reposer, c’était du costaud, on n’en boit pas tous les jours au petit déjeuner !

— En effet… Bien que j’ai connu une polonaise qui en buvait au petit-déjeuner !

— Toi, tu as trop regardé les Tontons, toi !



Pour citer une conclusion de Bertrand Tavernier qui résume ce que je voudrais vous dire mais que je n’y arrive pas tant les mots se bousculent dans ma tête : "Portrait magnifique, à la fois mesuré et impitoyable, généreux et lucide. […] Haycox nous restitue une réalité complexe, âpre, déroutante, avec une vérité plus grande que certains historiens qui reconstruisent la réalité de manière abstraite."



Je dirai plus sobrement "Putain, quel grand roman western qui rend ses lettres de noblesse au genre trop souvent décrié et méprisé !".



PS : Mes excuses les plus plates à monsieur Bertrand Tavernier, directeur de cette belle collection "L’Ouest, le vrai" auquel je prête des dialogues imaginaires avec moi pour cette chronique.



(4,5/5)


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Le Passage du canyon

Oregon, 1850. La petite communauté de Jacksonville regroupe quelques dizaines d'orpailleurs et de paysans. L'un d'eux, Logan Stuart, a monté une société de transport de marchandises. Le chemin de fer n'arrivera dans cet Etat que trente ans plus tard et le fret à travers les étendues américaines se fait à dos de mules. C'est un homme ambitieux, courageux et respecté par l'ensemble de ses concitoyens. Il est ami avec Georges Camrose qui gère la succursale locale d'une banque. Tout oppose les deux hommes. Camrose est flegmatique et cynique et trompe son ennui dans de coûteuses parties de poker. Il finance ses pertes en se servant dans les sacs d'or qui lui sont confiés. Il est fiancé avec la charmante Lucy Overmire mais la date du mariage reste indéfinie. Jacksonville vit dans la crainte de la violence de Bragg, un truand suspecté de détrousser les voyageurs, et des attaques des Indiens. La paix conclue avec la tribu des Rogues est fragile et les Amérindiens peuvent se soulever à tout moment. La communauté porte également en son sein ses propres périls. Les habitants savent faire preuve de vertu comme de vices : trahisons, cupidité, vengeance.



« le passage du canyon » est un western sans cow-boy mais on y retrouve bien un bon, une brute et un truand. le roman a du ventre et des qualités littéraires. Il est documenté et retranscrit parfaitement la vie des pionniers, sans céder au cliché. J'adresse un seul reproche au livre : les interrogations existentielles, les descriptions psychologiques et les poncifs moraux trop nombreux alourdissent le récit.

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Les Pionniers

Dans ce western, qui parle du voyage et de l’installation de pionniers dans l’Oregon, nous sommes loin du côté humoristique utilisé par Morris (et Goscinny) dans Lucky Luke.



Ici, lorsque l’on tombe à l’eau, on risque de mourir, si on prend froid aussi, si on se prend un mauvais coup… Bref, que du concret et du réaliste, dans ce western qui tient plus d’un récit « témoignages » que des duels devant le saloon.



N’ouvrez pas ce roman si vous cherchez du trépidant. Ici, les pionniers ont avancé au rythme du pas des bœufs, des chevaux, des radeaux et lors de leur installation, ils ont suivi le rythme des saisons.



Pas de précipitation dans le récit de Haycox ! Il prend le temps de poser ses personnages, de leur donner de la profondeur, de décrire les éléments météorologiques, les saisons, l’installation des pionniers.



Roman choral, il donnera la parole à plusieurs personnages, tous disparates, mais reprenant un beau panel de ce qu’est l’humanité, sans que l’on ait l’impression qu’il ait fait en sorte de placer toute sorte de gens, comme c'est souvent le cas dans des films ou des séries. Non, ici, on sent que les portraits sont réalistes et pas forcés.



On a beau être dans un western avec tous les codes du genre, ce qui frappe, c’est qu’ensuite on fait en sorte de s’en affranchir. Oubliez les films vus à la télé, dans ce récit, on est aux antipodes de ce que l’on connaît.



C’est une écriture contemplative qu’Haycox nous offre, quasi crépusculaire, résultant de ses lectures de lettres de pionniers, afin que son récit soit le plus juste possible. Dans les films, aucun réalisateur ne montrera jamais les difficultés rencontrées par les colons, ou alors, ce sera dans une plaine, jamais dans des sentiers sinueux des montagnes ou à traverser des torrents démontés.



Dans cet affranchissement des codes, en plus de la Nature hostile, on a le respect des personnages : jamais l’auteur ne dénigre les Indiens ou les femmes. On sent le respect qu’il leur porte. L’ouvrage ayant été publié en 1952, c’était tout de même culotté d’oser défendre les oppressé(e)s.



Certains de ses personnages dénigreront femmes et Indiens (on a un salaud et des têtes-brûlées), mais les femmes dans ses pages ne sont pas toutes muettes, elles peuvent avoir du répondant, de la hargne, être parfaitement au courant de leur situation merdique qui les oblige à se marier pour survivre et de subir durant toute leur vie cette inégalité de traitement entre elles et les hommes.



Par contre, la religion est moquée au travers du pasteur qui voit le diable chez tout le monde, Rice Burnett ne se privant pas de demander au pasteur s’il a une religion différente le dimanche du lundi… Malgré tout, le discours du pasteur évoluera au fil des pages et lui-même se mettra à douter de temps en temps.



L’hypocrisie, qu’elle soit religieuse ou du fait des Hommes sera souvent pointée du doigt dans ce récit, notamment lorsque les esprits s’échaufferont afin d’aller punir les Indiens du coin d’une agression. Les pionniers n’en sortiront pas grandis, car voler plus pauvre que soi n’est guère reluisant.



La brochette de personnages est copieuse, il faudra rester attentif, car l’auteur les nommera par leurs noms de famille, mais aussi par leurs prénoms, ce qui est déstabilisant vu qu'ils sont nombreux. Il m’a fallu un peu de temps avant de tous les distinguer et les reconnaître.



Le récit est âpre, les colons feront face aux éléments, à la Nature, hostile, et il leur sera difficile de gagner leur vie, parfois même, il leur sera difficile d’assurer leurs moyens de subsistance. Certains regretteront même d’avoir lâché la proie pour l’ombre.



Voilà donc un western qui tranche avec le genre que l’on connaît, qui ressemblerait plus à des témoignages, réunis dans un roman, qu’à une fiction, tant le réalisme est présent dans la vie de ces colons.



Les portraits des personnages sont bien exécutés, leur psychologie est creusée et rien n’est figé, même si pour certains (et certaines), on pourra chasser leur naturel tant que l’on voudra, il reviendra au galop.



Un magnifique western qui prend son temps. À lire sans se presser, afin de déguster les multiples récits qui l’émaillent et qui donnent de l’épaisseur à l’ensemble.



Un western où les duels sont la plupart du temps contre la Nature ou les éléments météorologiques, qui ne vous font aucun cadeau. La Nature est piégeuse et en aucun cas "ressourçante".


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Le Passage du canyon

Un western sans cow-boys, sans troupeaux de vaches, la recette a beau être inhabituelle, elle est correctement respectée et bien présentée car l’auteur est un grand cuisinier du western.



Il ne faut pas s’attendre à de l’action pure et dure car l’auteur nous présente de manière réaliste la vie en 1850 dans une petite ville dominée par les chercheurs d’or, les paysans éparpillés un peu partout et les commerçants.



Aux travers différents portraits d’hommes allant du bon à la brute épaisse, en passant par le truand qui triche aux cartes pour plumer les autres et le truand cynique qui se sert dans la poussière d’or confiée par les orpailleurs à sa société « bancaire », sans oublier les femmes qui ont des cojones sous leurs jupons, l’auteur nous présente un petit monde où, une fois qu’on y a mis les pieds, il est difficile de repartir.



Le trou du cul de l’Oregon, ça pourrait être ici. Le Cheval de Fer ne passe pas ici, donc, tous les convois se font à dos de mules et Logan Stuart a développé un commerce florissant.



Logan, c’est le Bon et nous pourrions faire un portrait croisé de lui et de son ami Georges Camrose à la manière de la série Amicalement Vôtre, où Camrose jouerait le rôle d’un Daniel Wilde plus cynique et moins réglo en amitié.



On peut dire que George Camrose a un côté truand sympathique, du moins, au début, mais ses pertes au poker et ses emprunts d’or dans les sacs des orpailleurs signeront son passage du côté obscur de la Force et sa descente aux Enfers.



Logan défendra son ami jusqu’au bout, démontrant par là son sens de l’amitié, mais il y un bémol car à un moment donné, lorsqu’on sait que les autres ont raison et que son ami a commis l’indicible, il ne mérite pas que l’on prenne des risques pour lui ou que l’on mette potentiellement en danger la vie des autres, or George est le genre de type qui ne changera jamais.



La petite ville de Jacksonville est comme toute les petites villes du monde : couarde devant le caïd local mais meute déchaînée face à un homme qu’elle n’apprécie pas et qui n’a pas la force bestiale de la Brute. On est à deux doigts d’un lynchage en bonne et due forme après un procès qui n’en est pas vraiment un.



Comme toujours, on joue au dur mais on file la queue entre les jambes face à la Brute sauf si la Brute est par terre, alors là, on devient courageux. Enfin, on devient courageux lorsqu’on est sûr que la Brute ne pourra plus rien nous faire de mal, sinon, on courbe l’échine devant elle comme on a toujours fait.



L’auteur a toujours su dresser des portraits peu flatteurs et assez vils de l’Humain, même s’il le contrebalance par des portraits plus avantageux pour d’autres qui reçoivent la droiture, l’honnêteté et le sens de l’amitié. Pour les femmes, elles sont toujours indépendantes, fortes et on est loin des femmes faibles.



La grande action se situera sur la fin, lorsque la Brute, de par son action stupide (comme toujours), fera s’abattre la foudre sur les maisons isolées.



Une fois de plus, l’auteur nous démontrera que les grandes gueules du début jappent ensuite comme des chiots apeurés lorsqu’ils risquent de se retrouver nez-à-nez avec des Indiens déchaînés, tandis que les taiseux, eux, ne s’encombrent pas de palabres mais agissent.



Un western bien servi, bien écrit, possédant des personnages disparates mais jamais éloignés de ceux que l’on connait. Un western qui dresse un triangle amoureux sans jamais verser dans la mièvrerie.



Un western qui s’attache à nous montrer la vie dans une petite ville de prospecteurs sans que jamais le lecteur ne s’ennuie car leur vie n’avait rien d’ennuyeuse et la plume de l’auteur a su nous rendre cela de la plus belle des manières.


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Des clairons dans l'après-midi

Un bon western, pour ce deuxième titre paru chez Actes Sud. Tous les ingrédients étaient réunis pour que je l'aime, ce roman. L'Ouest, ici le Dakota, des Indiens - la fameuse bataille de la Little Big Horn, une des rares victoires contre l'armée, un cow-boy solitaire, une femme à aimer, une rivalité, un désir de vengeance, des bagarres au saloon, des paysages poussiéreux et de longues chevauchées. Je crois que je n'oublie rien.



Mais le roman ne se résume pas à ces codes bien définis. Le héros, qui cache une fêlure digne d'intérêt, n'est pas du genre "tête brûlée" et la psychologie du personnage est suffisamment fouillée pour susciter l'intérêt du lecteur tout au long de l'histoire.



Au-delà de la rivalité entre Kern Shafter et son supérieur, Edward Garnett, qui pourrait être bien banale dans ce type de récit (il y a toujours une femme dans le coup, que voulez-vous...), c'est la description de la vie dans un fort et plus particulièrement au sein du tristement célèbre 7ème de cavalerie de Custer, qui demeure l'élément le plus intéressant du récit. Custer m'a semblé fort justement dépeint, si j'en crois les ouvrages d'Histoire, et le moins que l'on puisse dire est qu'il divisait ses propres officiers. On comprend mieux, à la lumière de la description de la bataille, comment Custer a mené ses hommes au massacre.



J'avoue que je ne connaissais pas Haycox avant ce titre, mais si je peux lire d'autres titres de cet auteur, je le ferai (même en v.o.) car son western est bien loin des clichés du genre. Je regrette seulement que le point de vue Indien n'ait pas été plus développé, mais bon...


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Des clairons dans l'après-midi

Le western a ses mythes, ses archétypes, ses codes. Pourtant, même dans ce cadre restreint, il est possible de tendre à l'universel, de démontrer que la littérature se joue des conventions lorsqu'elle les dépasse.

C'est la gageure réussie par Ernest Haycox, ce romancier disparu en 1950 et dont John Ford avait repris une des nouvelles pour tourner "La Chevauchée Fantastique".

"Des Clairons dans l'après-midi" est un formidable western, mais aussi un roman historique qui revisite la bataille de Little Big Horn, moment-clef des guerres indiennes. Les Sioux, regroupés par Sitting Bull, y écrasent la cavalerie américaine (le prestigieux 7e de cavalerie), aidés en cela par l'orgueil démesuré de son chef Custer, son impétuosité, sa confiance aveugle dans l'attaque brutale, qui le poussent à engager le combat prématurément dans le but d'être le seul à briller. Ce sera, on le sait, un désastre !

Western donc, mais aussi récit d'une terrible haine consumant deux hommes qui se retrouvent justement au sein du fameux 7e de cavalerie. Kern Schafter a choisi, après 10 ans d'errance, de rejoindre l'armée au plus bas de l'échelle, pour y trouver un refuge, lui "qui rumine des choses du passé, de vieilles blessures encore brûlantes" qu'Haycox se garde bien de révéler d'emblée laissant le roman apporter peu à peu la vérité sur ce personnage torturé qui n'imaginait pas retrouver dans ce régiment le vénéneux et prédateur Garnett, son ennemi irréductible.

Western certes, mais embelli par un formidable portrait de femme, loin du manichéisme et du machisme propres au genre. Joséphine, cœur vibrant de cette histoire, est riche d'une force intérieure, d'une intensité et d'une réjouissante liberté de ton. Elle promène un regard acéré sur les événements, restant totalement maîtresse de son destin.

Western encore où l'impact écrasant d'une nature hostile joue un rôle prédominant : hiver mordant succédant à des périodes de chaleur intense, blizzard destructeur, fleuve indomptable (le Missouri). Ainsi Haycox réussit-il notamment une scène d'anthologie lorsque Schafter, conduisant un chariot tiré par deux mules pour rapporter le courrier au fort, est pris dans une effroyable tempête. C'est dantesque, on est dedans, on gèle avec le soldat, on souffre, on craint pour sa vie. Du grand art.

Car Haycox sait magnifier à merveille ( bien servi par la belle traduction de Jean Esch) le rôle joué par le climat si rude, par la difficulté des communications et des transports, par les multiples obstacles dressés sur la route des protagonistes de cette histoire.

Une écriture élégante, suggestive, parfois lyrique ajoute au charme de cette épopée tragique qui porte la signature d'un véritable écrivain, trop méconnu, doublé d'un fin connaisseur de l'âme humaine.

Le regretté Bertrand Tavernier grâce à qui ce livre a été publié en France, ne s'y est pas trompé. Dans une postface éclairante, il évoque la supériorité de ce roman sur le film médiocre qu'Hollywood en a tiré et démontre avec justesse que la réussite de cette histoire s'appuie sur un traitement particulièrement réussi du diptyque symbolisant l'Ouest américain du XIXe siècle : le temps et l'espace.

Qu'il en soit ici remercié, lui qui chevauche désormais au côté d'Haycox les grandes plaines célestes.
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Des clairons dans l'après-midi

Hasard d'une rencontre, d'un échange de coups de cœurs autour d'un café..."- Tu connais "Des clairons dans l'après-midi" ? ...Un livre qui te rappellera ton enfance !"

Le western est un genre cinématographique et littéraire un peu oublié...les plus anciens se souviendront des Noëls où nous recevions des panoplies d'indiens ou de cow-boys, des heures de jeu dans la rue, des BD et des films ou séries que la télé diffusait...Aujourd'hui, on ne trouve plus que très exceptionnellement des panoplies d'indiens dans les magasins de jouets...tout ça est passé de mode.

Nostalgie, quand tu nous tiens !

J'ai retrouvé mon âme d'enfance, les films westerns de mon adolescence tout ceci dans un grand plaisir de lecture.

Kern Shafter voyage dans la même diligence que Joséphine Russel....Sitôt arrivé, il va s'engager dans le 7ème de cavalerie, le régiment de Custer... C'est pour cela qu'il est venu. Dès le lendemain de son arrivée, il est promu sergent, ce qui fait grincer quelques dents. Il avait déjà été soldat, il y a longtemps...Cette promotion au grade de sergent, décidée par son ami, le capitaine Myles Moylan, ne fait pas que des heureux, loin de là. Le lieutenant Edward Christian Garnett est sans aucun doute celui qui lui porte la plus profonde inimité...une inimité ancienne, qu'on découvrira au fil des pages...inimité qui ira grandissante, car tous deux s'intéresse à Jocelyne. Ils se connaissent bien.

Patience..

Mais ce n'est pas seulement le roman d'une rivalité de deux bellâtres pour les courbes ou les beaux yeux de la brune Jocelyne ...Sinon j'aurais très vite lâché ce livre.

C'est surtout le roman d'une période, à jamais disparue, celle de ces grands espaces américains en cours de peuplement, celle de cette conquête de l'Ouest, de la lutte contre les indiens qui voulaient fuir les réserves dans lesquelles on souhaitait les confiner. Une époque sans télégraphe, les messages étaient portés par tous temps, chaleur, froid, blizzard par des cavaliers ou des conducteurs de traîneaux. Un roman qui fait la part belle aux descriptions des paysages, des conditions de vies des hommes et cavaliers de ce mythique régiment...

Je ne sais pas comment étaient écrits les scripts de ces westerns qui me faisaient rêver...Souvent ce n'était pas la page du livre que j'avais sous les yeux, mais la toile blanche de l'écran..quelle précision dans les descriptions des scènes d'intérieur, des tempêtes et paysages, dans la transcription des conversations, des états d'âme, des bagarres, des souffrances et joies des personnages, des chevauchées ou des combats !...J'ai presque toujours eu l'impression d'être au cinéma, bien calé dans mon fauteuil !

C'est aussi le roman du Septième de cavalerie - les cavaliers étaient fiers d'en faire partie - commandé par Custer, général indépendant, forte tête, voulant laisser son nom dans l'histoire, et donc fonceur, un peu trop...Ses erreurs tactiques, son entêtement causèrent la mort et la souffrance de centaines de cavaliers lors de la bataille qui opposa l'armée américaine aux Sioux et aux Cheyennes réunis à Little Big Horn...Transcription très documentée d'une défaite historique !

Impossible de faire un film aussi précis, aussi complet...Alors calez-vous dans votre fauteuil pour des heures de dépaysement garanti, de retour vers vos jeunes années, de chevauchées.
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Le Passage du canyon

C'est par ce roman que j'ai découvert l'oeuvre d"Ernest Haycox (1899-1950).

Une belle plume que celle de ce scénariste de western. Même si l' on connait son oeuvre par le biais du cinéma , on ne se lasse pas de repartir au coeur des grands espaces de l'Ouest et de se laisser porter par une prose poétique, toute empreinte d' intensité émotionnelle .

Mais, ce western est surtout le prétexte pour présenter un pan de l'histoire américaine, et, sous forme de récit d'aventures, l'auteur présente un vrai documentaire.



Pour info, "Le passage du Canyon" a servi de base à Jacques Tourneur pour son film éponyme en 1946.

Ernest Hemingway (excusez du peu ! ) aurait déclaré:" J'ai lu le journal à chaque fois qu'il publiait un feuilleton de Haycox".

En 2005, le prestigieux jury des Western Writers faisait de Haycox l'un des vingt-quatre meilleurs auteurs de l'Ouest du XXe siècle. (note de l'éditeur.)



Et, plus modestement, les livres d'Haycox restent pour moi un bon souvenir de lectures estivales, bien à l'ombre dans un transat !

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Les fugitifs de l'Alder Gulch

Un bon moment de lecture.

Un bon western bien classique, avec des bons et des très méchants !

Ernest Haycox (1899 -1950 ) mérite d'être lu même si on a l'impression de connaître son oeuvre par les adaptations cinématographiques comme "La chevauchée fantastique" ou encore "Le passage du canyon" pour ne citer que les plus célèbres car le cinéma a adapté huit de ses oeuvres.

Pour apprécier ce roman, peut-être faut-il prendre un peu de recul et considérer que sa trame lyrique répond au goût d'un autre temps mais, les qualités narratives de l'auteur ainsi que les éléments historiques donnent au lecteur une impression d'authenticité.

On est rapidement happé par cette communauté d'orpailleurs, au coeur du Montana.

Au menu donc, du suspense, de l'émotion dans un milieu sauvage et violent où l'homme doit lutter en permanence pour survivre. Lutter contre les éléments, contre ses congénères, contre ses sentiments, contre lui-même.

Intéressant à plus d'un titre donc.



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Le Passage du canyon

1850. Oregon.

Autour de Jacksonville, l'ennemi rôde : les Rogues -les indiens- sont une menace.

Au coeur de la ville, le danger est tout aussi présent : l'or, le jeu et ses dérives.

Des hommes prospectent, fouillent, trouvent, confient leur or, repartent. Il y a celui qui garde au chaud cet or, qui veille dessus.

Il y a le spectateur qui voit. Quoi ? Le jeu... Le jeu de celui qui se joue des autres et le jeu qui tient ce même être faible.

Le jeu est le tentateur qui teste la résistance, la probité, l'honneur et conduit au mensonge, au meurtre.

Et puis il y a forcément un héros. Posé. Calme. On l'espère justicier, redresseur de torts, moraliste. Non. Il n'est pas celui que l'on attend. Envie de lui ôter la poussière qu'il a devant ses yeux.



Au bout de 200 pages je me suis demandé pourquoi j'aimais cette histoire alors que deux éléments seulement émergeaient et qu'il ne se passait pas grand-chose, qu'il n'y avait quasiment pas d'action. De surcroît, le héros n'en était pas un à mes yeux. J'ai attendu. Guère plus d'action.



Les femmes entrent en scène. L'amour changera-t-il la donne. Non.



Continué-je pour autant à aimer ce roman ? Oui absolument. Oui résolument. Oui passionnément.

La maîtrise de l'histoire, de sa progression, des personnages. Cadré. J'ai eu ce que j'attendais. À deux reprises. Tardivement mais au bon moment.
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Les Pionniers

Passionnée par cette époque de l’histoire (sûrement pour avoir grandi avec « Docteur Quinn » et « La petite maison dans la prairie » 😂), j’avais très envie de lire ce roman depuis sa sortie.



J’y ai trouvé ce que je voulais, le récit du quotidien des pionniers pendant leur voyage puis sur leur première année d’installation, leur labeur, leur solitude, leur fatigue...



Le style de l’auteur était très agréable, j’ai adoré ses personnages, la description de leurs vies, aspirations et regrets. J’ai pu imaginer les paysages de l’Oregon et le travail de ces pionniers. La condition des femmes ainsi que la pression pesant sur les hommes était exprimée de manière très fine.



Mais j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs sur la fin, ou du moins j’ai été lassée vers la fin.

Et justement cette fin...est trop ouverte pour me plaire ! J’aurais aimé voir le dénouement pour plusieurs personnages, je n’aime pas ne pas être sûre, devoir terminer l’histoire moi-même.
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Les fugitifs de l'Alder Gulch

Haycox est pour moi le maître incontesté et incontestable du western.

C'est vrai que ses westerns ont toujours la même patte...des seconds rôles importants, des sentiments puissants mais subtiles, des héros/héroïnes taiseux, des forces tranquilles. Mais comment se lasser !

Les personnages sont complexes, tourmentés...ainsi ce joueur de carte cherchant maladroitement à se faire aimer de sa fille, ce vieux mineur regrettant d'avoir laisser sa famille tant d'années pour aller chercher de l'or, ce marin au sens de l'honneur absurde, destructeur.

On peut compter sur Haycox pour nous donner une véritable idée de la vie dans l'ouest américain fin 19ème...les hommes enlevés dans les bars de la côte ouest pour servir de matelots sur les navires marchands en partance pour l'Asie, la ruée humaine "inhumaine" provoquée par la fièvre de l'or et la vie dans ces villes de tente puis de "falsefront" vouées à devenir villes fantômes dès la fièvre retombée. L'inconscience des hommes qui croient pourvoir faire fortune en grattant la terre alors que les véritables gains se font en acheminant et revendant les marchandises nécessaires à cette marée humaine mal équipée.

Et puis il y a toujours LE héros...et la femme dans l'ombre, qui l'aime, qui le soutient...souvent aussi forte que ce héros lui même, ce héros qui a ses points faibles, ses blessures - ici une obstination à vouloir rester seul et à ne pas se reposer sur qui que ce soit.



On mélange le tout et l'on passe un merveilleux moment parmi les pionniers de l'Ouest américain.



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Les Pionniers

Pour 2021 vous cherchez une grande épopée ? Voici LE roman qu'il vous fait pour partir en quête d'aventure !



Je suis une grande admiratrice de la collection "L'ouest, le vrai" de Bertrand Tavernier aux éditions Actes Sud. Je ne rate aucune parution dans cette collection, je les lis avec avidité puis les garde précieusement pour les relire à l'heure de ma retraite (dans un siècle environ). Ce sont des immenses classiques méconnus en France mais qui ont inspiré des grands films qui sont des incontournables de nos jours. Mais avant ces westerns il y avait les romans et je peux vous garantir que ces écrits sont d'une immense qualité, ce sont des pépites du genre.



Ernest Haycox est un très grand écrivain américain, j'ai déjà eu l'occasion de lire plusieurs de ses romans (Des clairons dans l'après-midi, Le passage du canyon ou encore Les fugitifs de l'Alder Gulch) et j'ai adoré chacun d'entre eux ! Les Pionniers est à mon avis son meilleur roman : un livre foisonnant de péripéties, d'émotion et de personnages inoubliables.



En effet, ce roman nous plonge au cœur de l'Amérique des pionniers partant sur les routes pour trouver une terre toujours plus loin, affronter la nature et ses dangers, se lier aux autres pour former une communauté, espérer trouver mieux ailleurs et rêver quelques temps avant de faire face à la cruelle réalité, aux désillusions sans jamais pour autant arrêter d'avancer. Le chemin parcouru, il faudra alors faire sa place et s'intégrer aux éléments imprévus.



Dès les premières pages j'ai été captivée par cette lecture: j'ai été fascinée par cette nature sauvage et impitoyable, j'ai été très vite intriguée par la multitude de protagonistes et de personnalités. Ainsi la force de ce roman repose autant sur le talent de l'auteur à nous imprégner d'un cadre spatio-temporel palpitant que sur sa faculté à mettre en avant des personnages charismatiques.



Même si j'ai eu du mal au départ à me rappeler tous les personnages qui composent ce récit, j'ai progressivement assimilé tous leurs noms pour les apprécier (ou les détester) à loisir, c'est une communauté remplie d'êtres très différents : des gens honnêtes, altruistes, courageux et d'autres non. J'ai particulièrement apprécié les personnages féminins qui ont une certaine envergure dans l'intrigue.



En définitive, j'ai adoré ce roman qui a su me dépayser, m'émouvoir et me faire vivre un grand moment de littérature.
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Des clairons dans l'après-midi

Un très beau Livre découvert grâce au Picabo River Book Club. J'ai beaucoup, beaucoup apprécié. Un livre comme je les aime, totalement immersif, avec des personnages travaillés en profondeur même les personnages secondaires (le héros Shafter avec ses fêlures me hantera longtemps), une vraie intensité dramatique tout en prenant le temps de nous faire ressentir la rudesse de la nature, du climat et le temps des soldats tout à tour ralenti et accéléré. Le récit de la légendaire bataille de Little Big horn est dantesque, loin des poncifs et morceaux de bravoure attendus. On y est et on la ressent ! Et puis rien n'est ni simple ni manichéen. Ce livre m'a donne une envie irrésistible de poursuivre la découverte de Ernest Haycox et de la collection l'ouest le vrai.
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