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EAN : 9782330025038
356 pages
Actes Sud (06/11/2013)
4.03/5   88 notes
Résumé :
Dans un coin perdu du Dakota, la jeune Josephine Russel fait la connaissance de l'énigmatique Kern Shafter, aux allures de gentleman, que ronge un lourd secret et un désir de vengeance. Shafter rejoint comme simple soldat le Septième de cavalerie que commande le général Custer. Histoire d'amour et de vengeance sur fond de la plus célèbre bataille des guerres Indiennes, Little Big Horn, que Haycox retrace avec une extraordinaire lucidité. Un magnifique roman épique e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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— Holà, Tavernier, à boire ! Servez-moi quelque chose de bon, de fort, de puissant, de goûtu. Pas une infâme piquette !

— Alors, madame, je vous conseille de boire à cette bouteille, de poser vos lèvres sur ces clairons de l'après-midi, vous m'en direz des nouvelles. Et puis, je suis Bertrand Tavernier, le directeur de la collection, pas le serveur.

— Excellent ce breuvage, Tavernier… On sent qu'il a pris son temps de murir en fût de chêne et que l'auteur a bien fait son travail, qu'il a su faire décanter son récit et lui additionner tout ce qui fait un grand cru.

— Vous m'avez demandé de vous servir de la qualité, madame, ce que j'ai fait en vous proposant ce grand-cru Western de chez Ernest Haycox, un maître en la matière. Ceci n'est pas un Western de gare. Vous sentez sa longueur en bouche ? Un roman que vous n'oublierez pas de sitôt, croyez-moi !

— En effet ! Il a une odeur de grandes plaines sauvages, un soupçon de Black Hills, de la Frontière, si proche, une odeur de poudre à fusil, de cheval, de sueur, de cuir des selles, de poker, des bagarres dans le saloon, du sang, de la trahison… Oh, des indiens qui galopent dans la bouteille !

— Bien sûr qu'il y a des indiens, sinon, ça manquerait de corps et vous avez sans doute souffert avec tout les corps, sur la fin… Vous remarquerez que les personnages principaux, qui composent de divin nectar, ont été travaillés, taillés avec amour, blessés, aussi, mais cela forge le caractère.

— Oh, j'ai ressenti un gros faible pour le mystérieux Ken Shafter : ses fêlures, ses zones d'ombre, la violence intérieure qu'il trimballe, son passé dont qu'on ne nous dévoilera qu'à petites doses, ses allures de gentleman, ses envies de vengeance.

J'ajouterai aussi que la jeune Josephine Russell est réussie, elle aussi, et à l'opposée des femmes que l'on a tendance à croiser dans des Westerns de mauvaises factures. Joséphine, c'est une jeune femme complexe, libre et elle n'a rien d'une femme soumise. de plus, ses jugements sur Shafter sont pertinents.

— Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus !

— Que nenni, monsieur Tavernier ! Même les personnages les plus secondaires, que nous ne croiserons qu'une seule fois, sont brillamment mis en place et ils nous dévoilent un véritable pan de la vie à cette époque (les deux tenancières des hôtels en sont des exemples vivants), non loin de cette fameuse Frontière qui recule pendant que les autres avancent.

Même son Méchant de l'histoire est soigné et l'auteur nous brossera un portrait qui n'est ni tout blanc, ni tout noir, mais tout en nuance de gris, comme il le fait pour le général Custer, dont les différents protagonistes nous dresserons un portrait à charge ou à décharge, sans lui trouver des excuses ou tout mettre sur son dos.

Mon dieu, Tavernier, et cette plume ! Elle m'a emportée dans la vie courante de la garnison d'un fort, j'ai vécu avec ses soldats, suivi leurs rituels, eu faim et froid avec eux, ressenti l'épuisement des longues chevauchées et puis, ce climat du Dakota, qu'elle merveilleuse manière qu'a Haycox de le présenter.

Ce temps qui change constamment, qui passe de la chaleur la plus accablante au vent le plus glacial, sans prévenir. La plume de Haycox nous le démontre bien par des petits épisodes de la vie quotidienne. Niveau décors, il n'est pas en reste non plus. On les voit, on les vit.

En fait, dans ce Western haut de gamme, on peut dire que toute l'action est sur la fin du récit, mais le talent de l'auteur fait que, ce qu'un cinéaste considérerait comme des moments “inutiles” sont absolument essentiels dans le récit et l'auteur ne s'en prive pas, pour notre plus grand plaisir.

Un roman Western fort, bien construit, bien raconté, des personnages travaillés, réalistes, ou le plus insignifiant a son rôle, où aucun n'obéit aux règles immuables du genre et qui nous conte une bataille dont on a entendu beaucoup parler mais dont on ne sait pas grand-chose, au final, et dont il est facile, avec le recul, de juger.

Sa description de la bataille de Little Big Horn est des plus réaliste, on s'y croirait, même si nous n'aurons qu'un seul point de vue, celui du groupe de Shafter et pas celui de Custer ou des Sioux.

De plus, si quelqu'un a un jour pensé – ou lu – que la bataille de Little Big Horn avait été un combat rapide, engagé et perdu en fort peu de temps, et bien, il avait tout faux : la bataille a au moins duré un jour et demi (et c'est long quand tu crèves de soif ou de douleur !!).

L'auteur nous décrit aussi, au plus juste, la panique des soldats, dont certains n'avaient jamais été au feu, ainsi que l'indécision dont font preuve certains officiers ou soldats, mais aussi le courage dont certains firent preuve !

— Et bien, si quelqu'un avait encore un doute sur le fait que la Belette a aimé ce western, ses personnages, son histoire, ses combats violents à la fin…
— Hé, au fait, M'sieur Tavernier, tu aurais pu appeler ce roman "Kern le survivant" !
— Tu as regardé trop le Club Dorothée, toi.
— Oui, sans doute…
— Je te ressers un verre de la cuvée "L'Ouest, le Vrai" ?
— Sans hésiter, Bertrand, mais pas tout de suite si tu le permets, laisse un peu celui-ci reposer, c'était du costaud, on n'en boit pas tous les jours au petit déjeuner !
— En effet… Bien que j'ai connu une polonaise qui en buvait au petit-déjeuner !
— Toi, tu as trop regardé les Tontons, toi !

Pour citer une conclusion de Bertrand Tavernier qui résume ce que je voudrais vous dire mais que je n'y arrive pas tant les mots se bousculent dans ma tête : "Portrait magnifique, à la fois mesuré et impitoyable, généreux et lucide. […] Haycox nous restitue une réalité complexe, âpre, déroutante, avec une vérité plus grande que certains historiens qui reconstruisent la réalité de manière abstraite."

Je dirai plus sobrement "Putain, quel grand roman western qui rend ses lettres de noblesse au genre trop souvent décrié et méprisé !".

PS : Mes excuses les plus plates à monsieur Bertrand Tavernier, directeur de cette belle collection "L'Ouest, le vrai" auquel je prête des dialogues imaginaires avec moi pour cette chronique.

(4,5/5)

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Le western a ses mythes, ses archétypes, ses codes. Pourtant, même dans ce cadre restreint, il est possible de tendre à l'universel, de démontrer que la littérature se joue des conventions lorsqu'elle les dépasse.
C'est la gageure réussie par Ernest Haycox, ce romancier disparu en 1950 et dont John Ford avait repris une des nouvelles pour tourner "La Chevauchée Fantastique".
"Des Clairons dans l'après-midi" est un formidable western, mais aussi un roman historique qui revisite la bataille de Little Big Horn, moment-clef des guerres indiennes. Les Sioux, regroupés par Sitting Bull, y écrasent la cavalerie américaine (le prestigieux 7e de cavalerie), aidés en cela par l'orgueil démesuré de son chef Custer, son impétuosité, sa confiance aveugle dans l'attaque brutale, qui le poussent à engager le combat prématurément dans le but d'être le seul à briller. Ce sera, on le sait, un désastre !
Western donc, mais aussi récit d'une terrible haine consumant deux hommes qui se retrouvent justement au sein du fameux 7e de cavalerie. Kern Schafter a choisi, après 10 ans d'errance, de rejoindre l'armée au plus bas de l'échelle, pour y trouver un refuge, lui "qui rumine des choses du passé, de vieilles blessures encore brûlantes" qu'Haycox se garde bien de révéler d'emblée laissant le roman apporter peu à peu la vérité sur ce personnage torturé qui n'imaginait pas retrouver dans ce régiment le vénéneux et prédateur Garnett, son ennemi irréductible.
Western certes, mais embelli par un formidable portrait de femme, loin du manichéisme et du machisme propres au genre. Joséphine, coeur vibrant de cette histoire, est riche d'une force intérieure, d'une intensité et d'une réjouissante liberté de ton. Elle promène un regard acéré sur les événements, restant totalement maîtresse de son destin.
Western encore où l'impact écrasant d'une nature hostile joue un rôle prédominant : hiver mordant succédant à des périodes de chaleur intense, blizzard destructeur, fleuve indomptable (le Missouri). Ainsi Haycox réussit-il notamment une scène d'anthologie lorsque Schafter, conduisant un chariot tiré par deux mules pour rapporter le courrier au fort, est pris dans une effroyable tempête. C'est dantesque, on est dedans, on gèle avec le soldat, on souffre, on craint pour sa vie. du grand art.
Car Haycox sait magnifier à merveille ( bien servi par la belle traduction de Jean Esch) le rôle joué par le climat si rude, par la difficulté des communications et des transports, par les multiples obstacles dressés sur la route des protagonistes de cette histoire.
Une écriture élégante, suggestive, parfois lyrique ajoute au charme de cette épopée tragique qui porte la signature d'un véritable écrivain, trop méconnu, doublé d'un fin connaisseur de l'âme humaine.
Le regretté Bertrand Tavernier grâce à qui ce livre a été publié en France, ne s'y est pas trompé. Dans une postface éclairante, il évoque la supériorité de ce roman sur le film médiocre qu'Hollywood en a tiré et démontre avec justesse que la réussite de cette histoire s'appuie sur un traitement particulièrement réussi du diptyque symbolisant l'Ouest américain du XIXe siècle : le temps et l'espace.
Qu'il en soit ici remercié, lui qui chevauche désormais au côté d'Haycox les grandes plaines célestes.
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Hasard d'une rencontre, d'un échange de coups de coeurs autour d'un café..."- Tu connais "Des clairons dans l'après-midi" ? ...Un livre qui te rappellera ton enfance !"
Le western est un genre cinématographique et littéraire un peu oublié...les plus anciens se souviendront des Noëls où nous recevions des panoplies d'indiens ou de cow-boys, des heures de jeu dans la rue, des BD et des films ou séries que la télé diffusait...Aujourd'hui, on ne trouve plus que très exceptionnellement des panoplies d'indiens dans les magasins de jouets...tout ça est passé de mode.
Nostalgie, quand tu nous tiens !
J'ai retrouvé mon âme d'enfance, les films westerns de mon adolescence tout ceci dans un grand plaisir de lecture.
Kern Shafter voyage dans la même diligence que Joséphine Russel....Sitôt arrivé, il va s'engager dans le 7ème de cavalerie, le régiment de Custer... C'est pour cela qu'il est venu. Dès le lendemain de son arrivée, il est promu sergent, ce qui fait grincer quelques dents. Il avait déjà été soldat, il y a longtemps...Cette promotion au grade de sergent, décidée par son ami, le capitaine Myles Moylan, ne fait pas que des heureux, loin de là. le lieutenant Edward Christian Garnett est sans aucun doute celui qui lui porte la plus profonde inimité...une inimité ancienne, qu'on découvrira au fil des pages...inimité qui ira grandissante, car tous deux s'intéresse à Jocelyne. Ils se connaissent bien.
Patience..
Mais ce n'est pas seulement le roman d'une rivalité de deux bellâtres pour les courbes ou les beaux yeux de la brune Jocelyne ...Sinon j'aurais très vite lâché ce livre.
C'est surtout le roman d'une période, à jamais disparue, celle de ces grands espaces américains en cours de peuplement, celle de cette conquête de l'Ouest, de la lutte contre les indiens qui voulaient fuir les réserves dans lesquelles on souhaitait les confiner. Une époque sans télégraphe, les messages étaient portés par tous temps, chaleur, froid, blizzard par des cavaliers ou des conducteurs de traîneaux. Un roman qui fait la part belle aux descriptions des paysages, des conditions de vies des hommes et cavaliers de ce mythique régiment...
Je ne sais pas comment étaient écrits les scripts de ces westerns qui me faisaient rêver...Souvent ce n'était pas la page du livre que j'avais sous les yeux, mais la toile blanche de l'écran..quelle précision dans les descriptions des scènes d'intérieur, des tempêtes et paysages, dans la transcription des conversations, des états d'âme, des bagarres, des souffrances et joies des personnages, des chevauchées ou des combats !...J'ai presque toujours eu l'impression d'être au cinéma, bien calé dans mon fauteuil !
C'est aussi le roman du Septième de cavalerie - les cavaliers étaient fiers d'en faire partie - commandé par Custer, général indépendant, forte tête, voulant laisser son nom dans l'histoire, et donc fonceur, un peu trop...Ses erreurs tactiques, son entêtement causèrent la mort et la souffrance de centaines de cavaliers lors de la bataille qui opposa l'armée américaine aux Sioux et aux Cheyennes réunis à Little Big Horn...Transcription très documentée d'une défaite historique !
Impossible de faire un film aussi précis, aussi complet...Alors calez-vous dans votre fauteuil pour des heures de dépaysement garanti, de retour vers vos jeunes années, de chevauchées.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Un bon western, pour ce deuxième titre paru chez Actes Sud. Tous les ingrédients étaient réunis pour que je l'aime, ce roman. L'Ouest, ici le Dakota, des Indiens - la fameuse bataille de la Little Big Horn, une des rares victoires contre l'armée, un cow-boy solitaire, une femme à aimer, une rivalité, un désir de vengeance, des bagarres au saloon, des paysages poussiéreux et de longues chevauchées. Je crois que je n'oublie rien.

Mais le roman ne se résume pas à ces codes bien définis. le héros, qui cache une fêlure digne d'intérêt, n'est pas du genre "tête brûlée" et la psychologie du personnage est suffisamment fouillée pour susciter l'intérêt du lecteur tout au long de l'histoire.

Au-delà de la rivalité entre Kern Shafter et son supérieur, Edward Garnett, qui pourrait être bien banale dans ce type de récit (il y a toujours une femme dans le coup, que voulez-vous...), c'est la description de la vie dans un fort et plus particulièrement au sein du tristement célèbre 7ème de cavalerie de Custer, qui demeure l'élément le plus intéressant du récit. Custer m'a semblé fort justement dépeint, si j'en crois les ouvrages d'Histoire, et le moins que l'on puisse dire est qu'il divisait ses propres officiers. On comprend mieux, à la lumière de la description de la bataille, comment Custer a mené ses hommes au massacre.

J'avoue que je ne connaissais pas Haycox avant ce titre, mais si je peux lire d'autres titres de cet auteur, je le ferai (même en v.o.) car son western est bien loin des clichés du genre. Je regrette seulement que le point de vue Indien n'ait pas été plus développé, mais bon...

Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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"Des clairons dans l'après-midi" d'Ernest Haycox est le premier volet d'une nouvelle collection chez Actes Sud, "L'Ouest le vrai", collection placée sous l'égide de Bertrand Tavernier. le but de cette collection est de nous faire découvrir des auteurs de l'ouest américain, non traduits à ce jour.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela démarre "tambours battants" avec ce superbe roman, suivi de près par "Terreur Apache" de William Riley Burnett, le second volet de la collection.

Avec cet ouvrage, sur fond de faits historiques; la célèbre bataille de la Little Big Horn (25/06/1876) , on entre de plain-pieds dans la tradition littéraire américaine des 19 et 20eme siècles. Haycox mèle habilement une intrigue sentimentale, une rivalité (voire une haine tenace) entre deux officiers du 7eme régiment de cavalerie du général Custer et des faits historiques avérés. Tout ceci magnifié par l'écriture flamboyante de l'auteur qui nous offre de somptueuses descriptions des plaines, nous plonge dans le quotidien de la vie d'un régiment cloîtré dans son fort pendant les longs mois d'hiver et point d'orgue de cet opus, nous fait revivre avec précision la sanglante confrontation de la Little Big Horn qui vit l'anéantissement d'une partie du 7eme de cavalerie de l'impétueux G H Custer par les forces conjuguées des tribus des plaines (Sioux Lakotas, Cheyennes et Arapahos)

Les connaisseurs de l'Ouest n'apprendront rien de plus qu'ils ne connaissent déjà sur la chronologie et le déroulement des faits, ce n'est de toutes façons pas le but de ce roman. Il faut cependant préciser que les évènements rapportés ici sont rigoureusement exacts et que Haycox fort bien renseigné sur le tempérament et le caractère de Custer, décrit le personnage dans toute sa complexité. On en apprend aussi beaucoup sur les règles qui régissaient la société américaine en cette fin du 19eme.
A la fin de ce superbe roman épique et lyrique à la fois, on trouve une postface signée de Bertrand Tavernier dans laquelle celui-ci nous fait partager sa passion pour l'ouest américain et sa littérature.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
— Il est absurde de penser que les Sioux, ayant vu leurs meilleures terres des Black Hills livrées aux mineurs blancs, ne vont pas ruminer. Nous n'avons respecté aucun des traités que nous avons signés avec eux. Et ils savent que nous ne les respecterons jamais. Que vaut un traité, rédigé solennellement à Washington, quand un mois plus tard cinq cents Blancs franchissent la limite instaurée ? Le prospecteur, l'émigrant et le colon sont animés par une soif d'or et de terres que nous ne pouvons pas étancher avec des traités. Nous avons passé deux ans à essayer de chasser les Blancs des terres dont nous avions promis qu'elles resteraient indiennes. C'est une tâche impossible. L'Indien sait que nous continuerons à le chasser vers l'ouest, jusqu'à ce qu'on le pousse dans l'océan. Tous les chefs sioux le voient bien. Ils vont résister. Alors, évidemment qu'il y aura une campagne l'année prochaine.
— Dans ce cas, dit Custer, nous les vaincrons de manière décisive.
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À l'est de la rivière, les Indiens vivaient dans une paix maussade et se rendaient parfois à Bismarck, où ils restaient assis sur le trottoir, alignés et immobiles. À l'est de la rivière, c'était une race soumise. Mais à l'ouest, c'était un peuple libre et intraitable, en paix ou en guerre selon son humeur, rendu hautain et insolent par le souvenir de tous les maux que lui avaient infligés les Blancs, rendu fier par le souvenir de sa liberté disparue, et guerrier par nature. Ils venaient au fort pour tenir conseil avec le général ; on fumait le calumet, on échangeait des cadeaux et des gestes d'amitié, mais le soir venu, ces mêmes guerriers attendaient dans l'obscurité pour abattre les soldats imprudents qui sortaient du périmètre de sécurité. À l'est de la rivière, un homme pouvait dormir sur ses deux oreilles la nuit, mais à l'ouest régnait une paix précaire, maintenue uniquement par la menace des armes. Indiens et soldats se faisaient face, en sachant que le flot de haine et de vengeance, contenu jusqu'à maintenant, ne cessait d'enfler derrière sa digue.
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À l’inverse, le St. Louis Globe reflétait le point de vue du colon, du marchand et de l’émigrant avide de terres.
 
"Inutile d’entrer dans une discussion sur la morale de l’homme blanc opposée à celle du Peau-Rouge.

Tous les débats de la chrétienté ne peuvent masquer le fait que le Blanc représente une déferlante de conquête, de colonisation et de progrès, alors que les Indiens se contentent de sillonner le pays en nomades comme ils le font depuis des dizaines de milliers d’années, en ignorant une terre qui pourrait leur procurer des richesses s’ils étaient assez travailleurs pour la cultiver.

Une indolence primitive et une étroitesse d’esprit barbare façonnent leur caractère, et ils rejettent ce que nous nommons la civilisation.

Ne versons pas de larmes sur le sort infligé au pauvre Peau-Rouge. Il a tué, pillé et volé pendant des siècles avant l’arrivée de l’homme blanc. C’est son seul véritable but dans l’existence, son métier et son passe-temps.

Alors que l’on apprend à un jeune Blanc que tout homme doit se consacrer au progrès scientifique, littéraire et social, la seule et unique chose que le jeune Indien apprend, c’est à tuer son ennemi pour devenir le héros de sa tribu.

Si la race indienne venait à s’éteindre demain, elle ne laisserait aucune œuvre durable, aucune invention, aucun savoir, à l’exception de quelques barbouillages primitifs sur telle ou telle pierre, aucun système d’éthique, pas une seule chose de valeur qui justifie sa mainmise sur le plus beau de tous les continents.

Par contraste, regardez le bilan de l’homme blanc en seulement deux cent cinquante ans. Voilà la réponse cinglante adressée à ce stupide courant sentimentaliste en provenance de l’Est.

Le moment est venu de mettre fin aux incessants mouvements de colonnes de cavalerie réduites au minimum, commandées par des officiers qui ne connaissent rien à la guerre contre les sauvages.

Le moment est venu de lancer une vaste expédition, déterminée, pour écraser la résistance des sauvages une fois pour toutes et maintenir le Peau-Rouge dans les réserves, afin que l’homme blanc puisse enfin accomplir sa destinée, qui est d’exploiter ce continent et d’y répandre la civilisation."
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La ville avait un nom, mais pas de forme, pas de rues, pas de centre. Elle se composait uniquement de cinq maisons, jetées au hasard de la prairie poussiéreuse, dans l'Extrême Est du Dakota, et qui se dressaient là, lugubres et anguleuses (...) La voie ferrée qui offrait à la ville son unique battement de cœur quotidien, sortait du néant tel un ruban noir, touchait cette Corapolis avec une indifférence précipitée, et repartait vers le même néant.
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— Vous êtes une femme indiscrète.
— Peut-être. Après tout, une femme a deux privilèges : se montrer incohérente et indiscrète.
D'un ton plus grave, il dit :
— J'ai été la cible de ces deux qualités. Et j'en suis venu à me demander quels sont les privilèges d'un homme.
— Partir quand il en a assez, répondit-elle du tac au tac. C'est bien ce que vous avez fait, non ?
Elle frappait fort quand elle le voulait. Il la regarda et vit son demi-sourire atténuer le réalisme froid de son raisonnement.
— Beaucoup d'hommes sont partis, concéda-t-il. Mais peu sont partis entiers. Ils ont laissé un peu d'eux-mêmes derrière eux. La capacité à faire confiance, par exemple. La foi. Leur idéalisme. Le rêve merveilleux de la jeunesse. L'amour est censé constituer l'essentiel de la vie d'une femme, le sens même de son existence. Du moins, à en croire les philosophes. Un homme, lui, est censé avoir un tas de centres d'intérêt, dont l'amour. Par conséquent, l'échec d'un amour est censé détruire une femme, alors qu'un homme, pense-t-on, soigne aisément son cœur et part en quête d'un autre amour. C'est une pure invention des philosophes.
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