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Citations de Ernst Lothar (51)


Tu es idéaliste ! Mais comme malheureusement tu te prends pour un réaliste, tu es un utopiste. Ne me regarde pas comme ça ! Les idéalistes ne savent pas vivre, mais ils savent comment on devrait vivre. Les réalistes ne savent rien d'autre que vivre. Les utopistes, ni l'un ni l'autre.
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L'état du pays se voyait, il se sentait. Aux vêtements des gens. Qui échangeaient leurs livres contre de la farine. À leur fierté amère. Aux grappes de passagers qui s'accrochaient aux marchepieds des tramways. À ces camions non bâchés que les gens attendaient des heures comme le messie dans la poussière des routes et sous la pluie avec leurs valises, dans l'espoir que l'un d'eux les prendrait à son bord, c'était l'unique possibilité de voyager et peut-être pourraient-ils s'y tasser, serrés comme des sardines ; pour y monter ils apportaient des caisses que les vieillards escaladaient au risque de se rompre le cou. À ces innombrables cas de décès par asphyxie au gaz, qu'on oubliait de fermer parce qu'on en avait chaque jour à une heure différente. Aux immeubles sinistres portant les inscriptions LSR, Lufschutzraum : abris antiaériens. Aux flèches blanches indiquant les endroits où l'on pouvait déterrer des personnes éventuellement enfouies sous les décombres. Aux fleurs jaunâtres qui poussaient sur les gravats. Le mot " espoir" ne faisait plus partie du vocabulaire.
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L'histoire mondiale se confond avec l'histoire de la ville. ..La ville a progressivement pris le pas sur la campagne, autrement dit, l'intellect sur la nature.
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Depuis longtemps il soupçonnait la culture de ne pouvoir être sanctionnée par un examen, un bulletin scolaire ou des études, mais de devoir rester à l'état excitant de quelque chose d'indicible qui n'effleurait même pas les gens dits "cultivés", il pensait qu'elle servait aussi surtout à reconnaître ce qui est obsolète dans la tradition et à accéder à de nouvelles avancées. Et il faisait la pénible expérience que la plupart des gens "cultivés" érigeaient leur culture en barrière contre l'avenir.
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Un jour il lui demanderait, et cela se dresserait ensuite toujours entre eux : Qu'as-tu fait le 14 mars 1938, quand ils ont traîné dehors madame Polatschek, ta voisine de soixante-quatorze ans, pour lui faire effacer neuf heures d'affilée les croix potencées du trottoir ? Tu étais à ta fenêtre et tu regardais. Tu t'es même dit : « C'est bien fait pour cette vieille pimbêche ! » Qu'as-tu fait, quand le vieux Dr Emil Geyer, l'ancien directeur du théâtre in der Josefstadt, a couvert son étoile jaune de sa main en te croisant, gêné, dans la Singerstrasse, et qu'un voyou lui a ôté sa main et son chapeau ? Il t'a crié comme pour t'appeler à l'aide : « Bonjour, mademoiselle Wagner ! », et tu as fait comme si tu ne le voyais pas (…). Qu'as-tu fait, quand Feldmann, l'oto-rhino qui t'avait sauvé la vie quand tu avais onze ans, t'a implorée de cacher sa sœur chez toi une quinzaine de jours ? Tu lui as donné asile deux jours, puis tu es partie chanter à Cologne. Et ils l'ont trouvée et ils l'ont gazée.
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Son poste au ministère de la Justice qui annonçait une carrière prometteuse remontait à un bon bout de temps. Et depuis lors il avait fait des sottises en se gargarisant de grandes phrases : avancer par ses propres moyens, pas le moment de mener une vie de luxe, vivre comme les autres émigrés… Qu’à cela ne tienne. Si ça lui faisait plaisir.
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Je n’aime pas me mêler des affaires d’autrui, mais tire un trait, Felix, solde tes comptes avec l’Autriche, aurait dit ton grand-père s’il s’était vu forcé d’émigrer. Si tu t’employais activement à aimer l’Amérique au lieu d’excuser l’Autriche, tout ça aurait un sens. Ne viens pas me dire que c’est une question d’âge et de confort, et qu’on voit les choses autrement à quatre-vingts ans, de l’hôtel Plaza, qu’une jeune tête de mule de ton espèce. J’ai aimé l’Amérique depuis le premier jour. Je n’avais alors que soixante-quatorze ans et ce petit appartement horrible dans Lexington Avenue. Il faut te décider, Felix. Pas parce que tu as signé quelque chose aujourd’hui, mais parce que, sans cela, tu n’avanceras pas.
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Il était myope certes, mais il y voyait assez pour vendre chèrement sa peau. Estime-toi heureux, lui avait dit la famille (à l’exception de bonne-maman Viktoria), au moins tu as la paix. Au diable la famille ! C’est bien à eux qu’il fallait rappeler qu’on était en guerre. Ils étaient si convaincus d’avoir souffert le martyre lors de leur émigration plus ou moins forcée (cabines de luxe sur le Queen Mary et le Normandie) qu’ils se posaient en victimes héroïques dans leurs suites au Plaza, leurs appartements au coin de la 5e Avenue et de la 68e Rue, leurs villégiatures au Lake Placid et leurs week-ends de golf au Westchester Country Club. À la pensée de la famille, Felix rejeta impétueusement la tête en arrière, geste dont il était coutumier. Pas moyen de discuter avec des incorrigibles.
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Ernst Lothar
Page 85 on peut lire des choses terribles de la part de Rodolphe envers l’Empereur, son père…La médiocrité, oui! Voilà ce qu’il adore! Surtout ne pas attirer l’attention! Sauver les apparences! Une amie pour causer, rien d’autre-bien entendu! Il aime tellement l’art! Et soigne sans aucun préjugé les relations avec les personnes de rang inférieur! Et n’a jamais, jamais eu de maitresse – un homme comme lui, irréprochable, si pieux! Laissez-moi rire! Quand je pense que le monde est encore dupe de cette comédie de décence et de popularité jouée par un homme que personne ne supporte: ni sa femme-qui le fuit-, ni ses enfants-pour qui il n’a pas l’ombre d’un sentiment-, ni ses ministres-qui le craignent, ni ses sujets-qu’il ne voit jamais! Un aveugle-sourd, fier d’être en retard sur son époque, et qui ferme la bouche à ceux qui voudraient lui ouvrir les yeux et les oreilles-pas avec passion, non, la passion lui est inconnue, mais avec cette morgue qui vous glace les sangs! Un homme qui se fie au grand-oncle Albrecht complètement sclérosé, à cette nullité de Kálnoky et ne jure que par ce Taaffe encore plus incapable s’il est possible, et par Beck! Un homme sans imagination, sur qui tout glisse comme sur une pierre! Un homme atroce! Un homme auprès de qui il est impossible de vivre !
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Pourquoi l'âge ne se voyait-il que dans le miroir ou chez les autres et pas en soi?
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Thomas Mann, un grand allemand, disait avoir perdu définitivement, à cause d'Hitler, tout respect des Allemands. Felix Geldern, un petit autrichien qui partageait l'avis du grand Allemand avant son retour à Vienne, se demandait maintenant si c'était admissible. Est-ce juste de refuser de comprendre, s'interrogeait-il, planté à côté d'un ouvreur chagrin, qui n'avait, lui, visiblement aucune compréhension pour ce spectateur coupable d'un grossier retard ? En a-t-on le droit ? Peut-on dire : je refuse de voir tes brûlures car tu les as méritées ? On ne remue pas le couteau dans la plaie, monsieur le professeur ? Sous le coup d'archet clair et puissant du violoniste, dans cette salle qui défiait toute idée de pesanteur, la réponse était presque encore plus évidente que la question. Un voyageur de passage en a peut-être le droit, quelqu'un dont ce n'est pas le pays ; mais qui aime son pays n'en a pas le droit, il se doit d' en être aussi le médecin. Même si nul ne l'a appelé.
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Paris, que Hans ne connaissait pas, le déçut. Fritz ne protesta pas, bien qu'il fût un fervent partisan des Français et de tout ce qui était parisien ( tant qu'on ne parlait pas musique). Il était assez tolérant pour reconnaître que ce qui déplaisait à son cousin en Paris était justement ce qui les gênait tous les deux à Vienne : une insincérité paresseuse et myope, faite à la fois d'autodérision et d'autocélébration. Les deux villes présentaient une ressemblance presque effrayante : aussi séduisantes, sensuelles et décadentes l'une que l'autre. Mais la grâce de Vienne était plus naturelle, le charme de Paris plus artificiel. p. 547.
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C'est mon deuxième voyage aux Etats-Unis, dit-il. Eh bien, crois-moi, le sens du théâtre leur est, à ce jour, complètement étranger. Ils vont voir des pièces comme ils vont à la cafétéria. Te souviens-tu de ce que le théâtre signifiait pour nous quand nous étions jeunes ? Et même plus tard ? De Nora nous est venue l'émancipation des femmes. Des Tisserands la protection des travailleurs à domicile. Des Revenants une part de l'hygiène sociale. Le splendide Girardi nous a appris ce qui beau en Vienne, le sublime Kainz ce qu'il fallait y combattre. Ici, en revanche, le théâtre est affaire de routine ou de commerce." Are you in the show business ?" vous demande-t-on pour savoir si vous travaillez dans le théâtre. Ils ont détruit ce qui en faisait un événement. Les pièces sont sophistiquées, trop construites, au mieux elles effraient le bourgeois. Leurs productions sont entre les mains des marchands d'orange et compagnie. Les acteurs-mon dieu-, ils sont lisses, ils sont rapides, ils sont naturels, d'un naturel si ravageur qu'une heure après, on ne sait plus qui jouait quoi. Chez nous, ils sont plus lents et pas si naturels, mais ce sont des personnalités. P.548.
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[...] qu'en est-il de la mémoire humaine? [...] Les hommes ont-ils naturellement une si piètre mémoire? Ou comptent-ils seulement sur la faiblesse de celle des autres?
p.650-651
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A ceux-là, je dis: non, il y a des progrès qui ne font pas avancer, mais au contraire brutalement régresser jusqu'au début de l'évolution, jusqu'au néant, c'est à cette étape de la civilisation qu'est maintenant parvenue notre époque.
p.583
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Car l'esprit de l'Europe se nomme Platon, Érasme et Mozart, et non Napoléon et Hitler. Et parce que la force ne cède qu'à la force, c'est la force de Mozart qui arrachera définitivement son inhumanité à la puissance des machines et à la logique de pouvoir.
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Ils étaient si convaincus d’avoir souffert le martyre lors de leur émigration plus ou moins forcée (cabines de luxe sur le Queen Mary et le Normandie) qu’ils se posaient en victimes héroïques dans leurs suites au Plaza, leurs appartements au coin de la 5e Avenue et de la 68e Rue, leurs villégiatures au Lake Placid et leurs week-ends de golf au Westchester Country Club.
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Ernst Lothar
Les idéalistes ne savent pas vivre, mais ils savent comment on devrait vivre. Les réaliste ne savent rien d'autre que vivre. Les utopistes ni l'un ni l'autre.
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Ernst Lothar
Les américains sont merveilleusement naïfs! Ils ont gardé un reste d'enfance qui me fascine. Leurs grands hommes et femmes célèbres, d'Abe Lincoln à Franlin Roosevelt, conçoivent des pensées qu ne sont pas grandes par la défiance et la complication mais par la simplicité et la confiance.
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Ernst Lothar
Ce qui déplaisait à son cousin en Paris était justement ce qui les gênait tous les deux à Vienne: une insincérité paresseuse et myope, faite à la fois d'autodérision et d'autocélébration. Les deux villes présentaient une ressemblance presque effrayante: aussi séduisantes, sensuelles et décadentes l'une que l'autre.
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