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Citations de Ernst Wiechert (231)


Il pleuvait lorsque le père le conduisit à la gare. Jons ne le quittait pas des yeux, alors qu'il se tenait debout sur le quai, sa casquette à visière enfoncée sur le front, le vaste col de son manteau relevé, homme tranquille duquel la pluie dégoulinait comme du tronc d'un arbre. Et il savait que rien ne lui semblerait plus pénible désormais, dans la grande ville, parce qu'il portait au cœur ce grand, ce brûlant amour pour son père (page 243).
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Le grand-père Michael, debout au bord du lac, s'appuie sur son bâton et regarde, par-delà la glace grise qui fond, les forêts qui se remettent peu à peu de l'invasion des chenilles. Il grelotte un peu, malgré le soleil, et il lui semble que cette année-ci ne commence pas comme les autres. Il ne saurait dire pourquoi, il n'a jamais su le dire, mais son sang est devenu moins chaud et, tandis qu'il se retourne lentement, ses yeux clairs s'attardent longtemps sur les toits gris de Sowirog. Il sent qu'il sera bientôt temps, mais il ne sait pas encore combien de temps l'aiguille continuera à tourner. On ne peut rien pour lui. Nulle main humaine ne peut arrêter ni détourner le cours d'une vie, ni celles des fils ou celle des petits fils. Comme l'eau vers la vallée, le cours d'une vie va vers son destin, rien ne l'arrête et en bas se trouve le dieu antique, doux ou courroucé, et il accueille ou rejette la vie en cours (page 367).
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Il sentait qu'une porte s'était fermée derrière lui , et que la porte n'avait pas de poignée. Jamais plus on ne la franchirait pour un retour en arrière. Derrière elle était ce que le conseiller au Consistoire appelait la Providence. D'autres l'appelaient autrement. Il y a mille noms pour désigner le juste ordre du monde (page 335).
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Le destin avait fait entendre son avertissement, et maintenant cela commençait. (...)
Et là-haut commence le Mal, l'Action qui ronge les coeurs et les plonge dans la honte...
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Ce qui émouvait le plus les femmes, c'était qu'il avait remis des yeux tout neufs à la poupée qu'on appelait la《 poupée aux yeux d'or》.Il avait prié Jacob de trouver , dans ses nombreux voyages, deux yeux de verre de poupée, jetés au rebut, et il les avait posés lui-même à la place des yeux d'étoffe jaune à moitié défaits. Il n'avait pas voulu que les anciens yeux lui rappelassent un passé effroyable, et il avait eu l'impression que toute la vie des chaumières du marais se transformerait, si la 《 poupée aux yeux d'or 》 avait des prunelles nouvelles.
--Oui, dit-il en caressant les cheveux de la petite fille ravie, maintenant elle a triomphé de tout.Du typhus et de la cécité. Maintenant elle a le coeur gai, et tu vois comme les bougies se reflètent dans sesyeux.Elles ne se reflétaient pas dans les autres.
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Je ne sais pas encore à quoi cet enfant est destiné, mais j'aimerais lui ouvrir la porte. Je voudrais un jour faire cela encore au cours de ma vie.
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Certes, c'étaient les rois qui écrivaient l'histoire, mais ici coulait la sève dans laquelle ils plongeaient leurs plumes. Et ils n'avaient pas toujours su se montrer reconnaissants. L'humble paysan ne portait pas de couronne, mais il était beau de le suivre des yeux, alors qu'il empoignait les gerbes pour les charger sur sa voiture. Le soir il s'enivrerait et se querellerait avec d'autres, mais es querelles valaient mieux (...) que celles des grands. Il ne lisait pas de livres et n'avait pas de perroquet, mais il était plus près des patriarches que ses maîtres. Il n'avait pas encore mis de fenêtres entre lui et le soleil.
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Et il aimait ces villages perdus et les hommes qui les habitaient. Il voyait dans les villages la cellule primitive de toute histoire et aussi des Etats.
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《 Et alors l'effroi me saisit, maître, un effroi mortel.Quelqu'un était assis sur le seuil.Tellement emmitouflé, que je ne pouvais voir si c'était un homme ou une femme. C'était une femme. Ou plutôt
ç'avait été une femme.Ce n'était plus qu'un spectre.Elle tenait un objet à la main, cela ressemblait à un jouet d'enfant, une crécelle ou quelque chose d ' analogue. Cette main se leva vers moi.Les lépreux doivent avoir de ces gestes , je pense.
《 Mais ce n'était pas une lépreuse. Elle avait seulement l'esprit dérangé.Quelque chose était passé sur elle , et elle était restée couchée dans la neige.A la place de son visage je ne voyais qu'une tache blanche.Je ne savais pas si elle était en vie.Pourtant, elle avait levé la main avec cette crécelle.
《 Je l'interrogeai, je lui posai mille questions, mais elle ne répondit pas.Elle commença par se taire, puis elle dit tout.Ma houppelande avait dû lui faire peur, jusqu'au moment où je lui appris qui nous étions.
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《 Nous n'avions plus d'avoine pour les chevaux.Je laissai les autres à l'entrée du village, abrités derrière un mur, et j'y pénétrai. Moi et mon ombre.Une grande ombre, car j'avais ma houppelande en peau de loup.Et je trouvai que cette ombre était trop grande pour moi et pour ce village brûlé. J'avais peur de mon ombre.
《 Je ne trouvai rien car tout était brûlé jusqu'aux fondations. Et jusqu'au pied de l'église. Elle était sur une éminence , à l'écart et n'avait pas brûlé. Ils n'avaient peut-être pas eu le temps d'y monter.
《 Je gravis la pente.Je n'avais pas trouvé le chien, car il se dérobait toujours quand j'approchais. Il devait avoir peur de ma grande ombre.
《 C'était une église de bois, et je m ' arrêtai devant la porte, qui était dans le noir.
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Souvent il emmenait dans ces excursions l'un de ses élèves dont il pensait qu'il serait possible d'éveiller l'esprit et, plus tard, de l'enthousiasmer pour une vie qui émergerait comme une toile de l'obscurité du village. Tout ce qu'il pouvait mettre de côté sur son maigre traitement, il le plaçait dans une caisse de crédit au chef-lieu du district, à intérêts composés, et si secrètement qu'Elisa elle-même l'ignorait. Il appelait cela sa "fondation Nobel", destinée dans sa pensée, à ouvrir les voies du monde de l'esprit au premier enfant du village qui, de par la volonté du sort, aurait reçu en partage les dons de l'intelligence et du coeur qu'il y jugeait nécessaires.
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Stilling y avait vu l'avertissement que le mal se transmet en héritage plus aisément que le bien et que jusqu'en un coeur pur restent activent les forces obscures que Dieu a dispersées parmi les hommes depuis la naissance de Cain.
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C'était comme un reflet des jours de leur jeunesse, où ils avaient rêvé de devenir des guides et des prophètes de leur village, un puits de charité ou un flambeau de l'action, et d'arracher tous les pauvres, tous les humiliés de la misère, de leur existence pour les élever sur les clairs sommets du savoir, de l'amour, de la joie.
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Cependant la plupart d'entre eux étaient remplis de la sagesse des pauvres et des solitaires, renfermés sans aigreur dans leur monde. La paisible lumière qui les accompagnait dans leurs années de retraite était un bienfait pour les grands et pour les petits. c'était une lumière bien faible et bien tremblotante et néanmoins elle apportait un rayon apaisant à beaucoup de ceux qui traversaient une heure sombre et s'accompagnait d'un acte de cordiale assistance en leur pressant besoin. Quant au pasteur de la paroisse lointaine, il leur semblait uniquement venir d'une vague contre étrangère et hostile pour déverser sur eux sa parole et disparaître aussitôt.
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Ils avaient été marqués, dès leur enfance, pour une destinée obscure et ils achevaient leur chemin dans l'obscurité.
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Et lorsque les ouragans de neige s'abattent de l'Est sur les forêt, ils recouvrent tout, rue et fossés, pignons et clôtures. On croirait alors que les villages sont morts, sous le rougeoiement colossal du couchant, et seul l'étroit sentier qui conduit aux coupes de la forêt révèle que des pas humains sont passés par là.
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Aucune chronique ne nous a encore rapporté l'histoire du village de Sowirog : la chronique ne parle pas des villages perdus. Ils s'étendent au bord des lacs et des marais de cette lointaine contrée de l'Est, avec leurs toits gris et leurs fenêtres voilées, avec d'antiques puits à potence et quelques poiriers sauvages aux talus pierreux des champs. La grande forêt les enserre et un ciel où pendent de lourds nuages forme une voûte au-dessus d'eux. Une route sablonneuse les traverse, entre des jardins aux clôtures délabrées. elle sort de vastes forêts et s'y perd ensuite de nouveau. Le facteur y chemine, et plus souvent encore des le gendarme. et parfois on voit passer par ses ornières profondes un cortège de noces, avec ses couleurs vives et son tapage.
Mais le plus souvent la route est plongée dans le silence et les jeunes bouleaux projettent leurs ombres ténues sur les fossés encombrées de joncs. Elle n'a rien conservé de tout ce qui se passa sur elle autrefois, allant vers la vie ou vers la mort. elle n'a ni croix ni pierres du souvenir. c'est une route anonyme.
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De toutes les chemines la fume s'élevait et il lui semblait humer un relent de la pauvreté des foyers où se tenaient en ce moment les femmes harasses. C'était un pauvre village, avec une seule rue poussiérieuse se perdant dans la forêt et la contre déserte.
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Michael était l'aîné de ses quatre frères, âgé de dix-sept ans, sombre et silencieux comme une forêt en novembre.
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Les chaumières tombaient en ruine, les toits s'effondraient; bien des fois la guerre et la peste, le massacre et l'incendie étaient passés là, ne laissant à se détacher sur le ciel enflammé que les boyaux calcinés des cheminées. Mais il était resté chaque fois quelqu'un pour se relever, quoique couvert de son propre sang, ou pour revenir après être sorti en rampant des grottes de la forêt. Il se réchauffait aux poutres embrasées, tirait sa nourriture des racines et de l'écorce. Et la résurrection était venue de lui.
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