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Citations de Ernst Wiechert (231)


Elle abordait le monde en peintre, c'est-à-dire avec les yeux, et non avec des concepts et des jugements.
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# l nous faut vivre comme si nous tenions la bonne clef. Nous ne savons si elle marchera, mais il est probable que nous sommes au monde uniquement pour essayer.
# C'est dans la résignation qu'on vit à proprement parler. Elle est précédée de la compréhension véritable. Celle-ci détruit les phantasmes, donne la vraie bravoure, celle qui va sans décoration, sans ivresse ; celle de l'homme qui reste sur le navire qui sombre, parce que c'est son devoir
# Vous venez d'un monde où les choses sont autrement ordonnées. Inutile de dire qu'il s'agit d'un ordre meilleur ; en tout cas c'est un ordre différent, un ordre plus ancien, et le plus récent n'est pas toujours à préférer.
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C'est là qu'il eut son premier sentiment d'effroi, lorsqu'il reconnut que son élève poursuivrait peut-être un jour, en tout premier lieu, ce que revendiquent le plus passionnément les pauvres: la justice. Et comme il savait qu'il n'est pas sur terre de chemin plus épineux, de destinée plus fatale que celle des hommes qui se révoltent contre la force, il se demanda pour la première fois s'il était fondé à tirer un enfant de l'obscurité de son milieu, à lui donner des armes insuffisantes et à l'envoyer à l'assaut d'une forteresse que jamais personne n'a vaincue, depuis l'origine de la terre, mais devant laquelle s'accumulent, lugubre avertissement, les sacrifiés de tous les temps avec leur heaumes rompus et leur boucliers dépecés.
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Il viendra un jour où les hommes découvriront tout d'un coup qu'il leur manque quelque chose et que cela se trouve derrière eux et non point en avant.
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Aux environs de midi Jons prenait place pour une heure et demie sur le vieux canapé aux boutons de porcelaine. Il mangeait lestement ce que lui servait Melle Holstein et tirait un livre des longs rayons austères. C'était l'unique moment de la journée ou de la nuit où il ne pensait pas à ses études, où il lisait des vers ou les leçons de la sagesse des anciens ou bien ce que pensaient ou avaient pensé d'autres peuples au sujet des destinées de l'humanité. C'était l'heure sans objet, comme il l'appelait ou l'heure défendue; mais il en tirait le plus grand réconfort de la journée ou de la nuit, la libération de tout objectif, la conviction de la puissance de l'esprit véritable, qu'il ne pouvait jamais séparer de la puissance du cœur, et le léger frisson que donne la magie du beau, qu'il ne rattachait pas à une forme humaine, pas même à la langue seule, parce qu'à ses yeux la langue n'était que l'un des nombreux moyens d'ouvrir la porte du mystère.
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Loin d'être impertinente ou mauvaise, elle était seulement insensible aux usages. Elle abordait le monde en peintre, c'est-à-dire avec les yeux, et non avec des concepts et des jugements.
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Un beau jour d'été vers midi, son père mourut écrasé par la chute d'un arbre. Michaël en fut le seul témoin. Du bord de la clairière, il vit la cime du grand sapin commencer à frémir; mais sans osciller comme d'ordinaire, emporté par la rotation de ses branches, l'arbre tout entier tourna très vite sur lui-même avant de s'abattre avec fracas, comme une tour arrachée de ses fondations s'effondre. Le vacarme de la chute étouffa le faible cri poussé au pied de cette montagne de verdure qui s'écroulait d'un coup.
La bouche encore pleine du jus de myrtilles à peine englouties, l'enfant ne bougea pas, s'abandonnant à la puissante vision. Le sol où reposaient ses pieds nus trembla jusqu'à ce que le vent léger disperse dans la forêt le nuage de pollen et que le monstre vert, projeté en travers de la clairière, s'immobilise.

(Incipit)
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… le maître d'école a un salaire et une baguette, le garde forestier a un salaire et un fusil. Mais le maître d'école ne pourrait pas être garde forestier, car les lièvres se moqueraient de lui, et le garde non plus ne saurait être maître d'école, car les petits chenapans riraient de lui. Tous deux sont trop bêtes pour être autre chose que ce qu'ils sont.
Mais toi, tu dois apprendre, tout apprendre pour pouvoir faire ce que tu veux, sans baguette ni fusil.
C'est là, à l'intérieur, vois-tu, qu'il faut tout avoir : la baguette comme le fusil, les habits des riches comme le sceau du pauvre.
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Rien de tout cela ne se voyait à présent.. Des roses épilobes s'entrelaçaient sur la souche brune du sapin, l'herbe avait poussé sur les traces de la chute, seul, le loriot, caché dans les plus hautes branches, laissait encore tomber son chant doré qui cherchait le paradis sans le trouver jamais.
Cependant, aux yeux de Mickaël ,le passé surgissait à nouveau, chaque matin, sans tristesse et sans angoisse, mais avec une solennité qui le mettait en garde contre l'oubli.
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Ils chantèrent le chant d'un bout à l'autre, oh! peut-être pas d'une façon merveilleuse, et les voix des filles étaient bien un peu criardes, surtout dans les notes élevées. Mais on entendait bien qu'ils ne chantaient pas uniquement avec leurs cordes vocales. Ils n'étaient pas très fixés sur la maladie de Martin, car ils n'en avaient encore rien vu. Mais ils savaient qu'il avait enseigné dans cette école, alors qu'il était plein de jeunesse et d'entrain, et puis qu'il avait été porté disparu, pendant de nombreuses années; et maintenant il était revenu, mais il ne se souvenait plus de rien du tout (...)
Ils reprirent leurs places, immobiles comme au début, avec leurs mains croisées sur les pupitres, tendant l'oreille vers le fond de la salle, là où était assis celui qu'ils ne pouvaient voir, n'entendant qu'une respiration pénible, semblable à celle d'un homme qui gravit un escalier étroit en portant sur son dos un sac d'un quintal.
Et puis, alors qu'ils sentaient battre jusqu'au fond de leurs gorges leurs cœurs gonflés, ils entendirent la voix que par la suite ils ne se lassèrent pas d'évoquer au cours des longues soirées d'hiver. C'était la voix d'un enfant qui pleurait, se sentant terriblement abandonné, ou peut-être simplement la voix d'un animal laissé seul par sa mère, plainte sortant des profondeurs d'un fourré où les fougères se dressent au-dessus des vieilles pierres humides, sanglotement lamentable qui leur déchirait le cœur, parce qu'il était celui d'un homme vieilli dont la chevelure grise recouvrait des yeux égarés.
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Gogun s'enivrait souvent et sa hotte de vannerie accueillait maint objet qui ne lui appartenait pas sans conteste. Il était pécheur, et il le savait, et le sachant il était pieux. Sa femme le frappait d'un caillou dans le dos, et c'était bien ainsi. Elle était le représentant de Dieu, et lorsque Dieu n'ait pas le loisir de s'occuper de lui, c'était elle qui nouait le caillou dans son mouchoir, et cognait. Tous les Gogun avaient des femmes comme il faut.
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Le mince rais de lumière que la lune, sur son déclin, jetait par la petite fenêtre devint plus long et plus pâle. Il parcourut lentement le sol en terre battue puis atteignit le pied de la couche improvisée auprès de l'âtre. Là, il s'évanouit. Les deux frères restèrent les yeux tournés dans cette direction, même lorsqu'il n'y eut plus rien à voir, que la nuit de cette pièce plongée dans les ténèbres. Le silence était aussi grand que devant un mort gisant.
Erasme fut le premier à n'y plus tenir.
-- Tu ne dors pas, frère ? demanda-t-il.
-- Non, répondit Amédée, tout bas.
Leurs deux voix avaient, elles aussi, quelque chose d'irréel, dans l'obscurité de cette pièce, où aucun cœur ne semblait battre. Elles paraissaient sortir des profondeurs de cette terre, qui étalait son silence autour de la maison. C'étaient des voix comme on en entend la nuit, au-dessus des marais, des voix d'enlisés. Le voyageur attardé s'arrête alors pour prêter l'oreille, frissonnant sous la traînée de brouillard qui caresse le front.
p 35 édition Calmann Lévy septembre 1991
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Le regard de la mère se reporta aussitôt sur le nourrisson qu'on lui tendait. En le prenant dans ses bras, les lamentations dans les rues du village s'estompèrent en elle, faisant place à un lointain grondement semblable à celui d'un fleuve ou du vent sur un sommet. Seuls paraissaient réels à ses yeux le crépitement rougeâtre des roseaux dans le vieux poêle et le tranquille reflet du feu dans les yeux doux et insondables de l'enfant.
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Son âme est pleine d'histoires. C'est la forêt qui les fait éclore, la solitude et le silence. Il n'a pas besoin d'apprendre des odes latines. (p.36)
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"Nulle part dans la Bible, remarque Christophe, il n'est écrit que Dieu ait créé les professeurs. Seulement le soleil et la lune et tous les animaux et toutes les plantes et enfin Adam et Éve......."
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LE PILOTE ATLI, 2ème nouvelle,

Quand il vint à bord ,il y avait déjà une heure que le moteur était en marche .Les mousses attendaient aux cordages d''amarrage; le capitaine ,debout a la barre ,vociferait des imprécations à faire se signer toute la digue; le pilotr s'affairait au cabestan,comme s'il venait de faire une invention ,et moi ,j'étais deboutccontre le mât du schooner,me demandant si je ne ferais pas mieux de redescendre à terre.
Vraiment les choses ne se présentaient pas bien.( Page 107).
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Il faut qu'il y ait des professeurs, mais il faut aussi qu'il y ait des bergers. En vérité, ce serait triste de vivre sur une terre qui n'aurait plus besoin de bergers.
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Et ce soir même, il avait saisi son archet, il avait joué, alors qu'un an plus tôt, il s' était contenté de refuser d'un geste.Et à présent, il était assis devant sa cheminée, les cheveux de cette fille reposaient sur ses genoux et, quand il les regardait , ses yeux ne les transperçaient plus, comme un simple miroir , ils les pénétraient jusqu'au coeur , et semblaient leur dire: 《 Soyez gais aussi longtemps qu'il nous est encore donné de l'être.》
Ses frères avaient ce qu'ils n'avaient pas encore possédé l'année précédente, un château ou un domaine, et une épouse qui attendait un enfant.Mais lui ne possédait rien de plus que cette chambrette, sous ce toit de roseaux le pain qu'il rompait, l'âtre qui le chauffait.Il possédait moins qu'eux , mais ii, était satisfait.Il voulait rester parmi eux et ne songeait plus à les quitter.Il était leur maître, comme il l'avait toujours été. Si l'un d'entre eux devait tendre la main pour implorer une aide ou un réconfort, c'était vers lui qu'il la tendrait.Il etait unphare dans leur ténèbres.
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C'était donc de ce pas qu'on allait, quand la mort vous avait touché entre les deux épaules. D'un pas léger, comme si l'on avait des ailes, mais , sous terre, quelque chose accompagnait vos pas et ce n'était ni léger ni ailé:c'était noir et pesant, comme le suc du pavot.
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Les hommes voulaient toujours quelque chose, ils ne cessaient de tendre la main vers le corps ou vers le coeur. Les herbes et les oiseaux ne voulaient rien de lui. Ils restaient dans leur univers. Il pouvait le traverser, comme on traverse l'eau. Cette eau se refermait derrière lui et ne gardait aucune trace. Et c'est ainsi, sans laisser de trace qu'il voulait désormais s'en aller sur la terre.
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