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Citations de Ernst Wiechert (231)


On pouvait peut-être, si c'était nécessaire, vivre en opposition avec un mari, avec ses propres enfants. Mais on ne pouvait vivre contre tout un village. Non pas en raison de la loi non écrite des vivants, mais en raison de la loi des morts. Des nombreux morts gisant depuis des siècles dans la terre sablonneuse, au fond du lac ou dans les marais qui le bordent. des morts dont les visages étaient tombés en cendre, mais dont les mains, la nuit, frappaient encore aux portes basses, lorsque quelqu'un prétendait s'insurger contre leur loi.
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Il était étendu, immobile, et la regardait.Elle attendait toujours qu'il abaissât les paupières, mais elles ne bougeaient pas, comme gelées. Et bien qu' elle sentît que ses racines étaient là-bas, dans la maison du passeur et qu'à travers la neige elles arrivaient jusqu'à elle, sans que personne les eût coupées, une paralysie la gagnait peu à peu, venant de ce regard sans paupières , fixe
《 Tu voulais te confesser? Demanda-t-il, d'une voix monocorde comme on parle dans le sommeil.
-J'ai dit que nous allions nous marier et que.....que je suis à lui....Il n'y a pas autre chose à confesser.
-Mais comment cela est - il arrivé? Quand? Combien de fois?
- Cela ne regarde personne》, Répéta -t-elle.
Le jour baissait et tout ce qui restait de lumière semblait se ramasser dans le visage blanc où se détachait la cicatrice rouge......
.......《 tu voudrais peut-être sortir de la communauté?
-Non
-Nous en avons eu une , de l'autre côté, qui en est sortie.Elle s' était refusée au prêtre avant le mariage....comme toi, et alors elle s' est retirée. Son premier enfant était aveugle.Le deuxième mangeait ses excréments et se traînait à quatre pattes. Il y a d'autres exemples, bien d'autres.Les hommes ont voulu en savoir plus que dieu, mais dieu en savait davantage....-Cela ne vient pas de Dieu, dit elle dans un murmure, blême jusqu'au lèvres
-Alors cela vient de ma prière》 Dit-il d'une voix aussi basse.
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Mais le dernier soir, avant que tombat la nuit, Christian, de la porte de son petit atelier, fit signe à Jons de venir dans la cour , tira d'un air affairé et embarrassé la grande clef de sa poche et dit, sans regarder son frère en face : " Il faut que je te montre, frère, quelque chose à quoi j'ai travaillé cette année. ....et si cela ne te plaît pas, il faudra me le dire."
Il referma la porte derrière eux, s' approcha de la table de travail massive et basse, et tira lentement l'étoffe noire qui y recouvrait quelque chose. Ses mains tremblaient, et il dut s' y reprendre à deux fois, avant d'avoir découvert son travail.Puis il tourna le dos à Jons et se mit à regarder par la fenêtre
Jons resta là , immobile, et Christian pouvait entendre sa respiration profonde. Ce qui s' offrit aux regards de Jons , c'était une piéta rustique, mais en quelque sorte inversée. Elle représentait un homme assis, les épaules penchées en avant, tenant entre ses genoux une femme qui reposait sur sa poitrines so froid t, vers lequel il inclinait son visage.La femme, épuisée, laissait reposer en son giron l'une auprès de l'autre , ses deux mains sans force, mais autour de ses lèvres où se lisait U profond chagrin, semblait jouer cependant un sourire mal assuré.
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Mais au bout d'un moment, son "insubordination" lui pesait." Après tout il n 'y peut rien, Dit-il en montrant du pouce l 'arrière par-dessus son épaule. Le marteau chasse le clou, le clou chasse le bois.
--Et c 'est aux clous qu 'on pend ensuite les couronnes de laurier, dit Jons avec bonhomie.
--Faut - il qu 'il les pende à nos poitrines de héros? Demanda Schneider surpris
--Laissez donc, dit Toi. Voudriez - vous être dans un fauteuil, une carte devant vous, et presser le bouton du doigt, pour envoyer un régiment à l 'abîme? Ils sont plus misérables que nous et le plus misérable, c'est l 'empereur parce qu 'il est le plus loin de la mort.
--"Savais pas que nous étions si veinards", murmura Schneider; mais tous deux savaient qu 'il avait raison .On pouvait aussi regarder la mort de cet oeil la et mieux valait une fierté amère qu 'une fausse fierté.
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Et retiens bien une vérité d'application générale, moinillon, celui qui ronchonne le plus sur tout ce qui se boit et se mange en ce monde est à coup sûr issu de toutes petites gens de la province.
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Quand il eut attaché le sac à sa ceinture et plongé la main dans la fraîcheur du grain, il fut un instant sur le point de s'agenouiller ainsi qu'avait fait la jeune fille, mais il se sentit couvert de honte comme à l'idée d'un mensonge, et ses pensées furtivement, descendirent vers les âmes souterraines et implorèrent leur secours pour la jeune semence.
Alors il commença, allant et venant, lançant le grain dans la terre noircie. Des vols de grues passaient au-dessus du champ, et la haute futaie grondait sous la force du vent. Mais il ne levait point les yeux. Devant ses mains, il voyait, lointain, étrangement transfiguré, le visage de la jeune fille, et à chaque pas, il sentait pénétrer plus profondément dans son coeur une racine obscure, qui en brisait la force et l'emplissait d'une saveur amère.
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Tout en elle était limpidité, et lorsqu'elle mit sa main au-dessus des yeux, tant l'eau miroitait dans le soleil, ce mouvement fut libre et beau, détaché sans bavures sur le paysage démesuré. Elle éleva la chaîne pour immobiliser la barque, et ce geste encore disait l'intimité confiante avec les choses, une aisance qui, dans l'espace réservé à l'ordre humain, se mouvait partout avec la même familiarité.
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Sur de lointaines prairies, une caille lançait à présent son cri monocorde, un brouillard se tenait au-dessus des aulnaies, et voici que l'ensorcellement de l'heure descendit magique et endormeur, sur tout ce qui était égarement, chemin, destination.
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Tu as lavé la honte, dit-elle, maintenant, tu dois commencer à laver le sang. Et cela prendra plus de temps...
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Il n'avait jamais ouvert son cœur à cet homme venu d'un monde orgueilleux, qui lui avait rendu la main, à lui, pauvre et misérable, mais il le lui avait donné, comme on suspend une humble couronne aux branches de l'arbre sacré (chapitre X - pages 220-221).
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C'est pour l'amour de Dieu que le saint a pitié et non pas pour celui du lépreux... (chapitre XI - page 248).
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"Est-ce la paix ?" dit-il à voix basse.
Elle secoua la tête.
"Alors, pourquoi vivre ?"
(chapitre VII - pages 145-146).
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Son autorité réside dans son autorité même. Il est celui qu'aucune école, qu'aucun métier, qu'aucune tradition n'ont formé. Son universalité, il la doit à la vie et aussi à son assurance souriante. Il a été déménageur et vagabond, arrimeur et balayeur, lutteur de foire et colporteur. Toute sa vie, il a "risqué", et de tous, il est le seul à faire la guerre en "combattant" avec la gaieté de la route qui, à tour de rôle, connaît le soleil et la pluie (chapitre V - page 115).
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Ils sentent qu'ils ont peur, une peur grise, sans contours précis, une peur jamais éprouvée encore, qui les dissocie, les sépare en deux êtres, celui qui s'abandonne et celui qui résiste. Et ils savent aussi que c'est à cette fission qu'ils seront jugés, jaugés. C'est ici que le vide des mots de devoir et de discipline s'emplit comme une coupe, celle qu'ils tiennent d'une main tremblante et qu'ils ne doivent pas renverser (chapitre IV - page 97).
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Le pouvoir ne rassasie pas. Seuls les Dieux sont rassasiés parce qu'ils ont tout. Et toi, tu n'as pas tout. Aucun homme n'a tout. Tu as beaucoup, mais c'est toujours peu, car tu luttes contre moi pour obtenir plus. Tu voudrais que je t'adore? [...]
Le supplice est toujours là quand le pouvoir est impuissant. C'est le sourire du menteur sur sa peur. Mais tout martyre aboutit à la mort. Il est la grande miséricorde pour celui qui voit clair dans le mensonge. Tu peux éteindre la vie, Seigneur, mais pas la mort. Il reste toujours aux pauvres quelque chose que tu ne peux pas leur enlever. Perdre nous appartient.
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Le garde -chasse laisse retomber ses mains et la regarde.
--Pour une bonne réponse ,c'est une bonne réponse Commandante, dit-il en pesant chaque mot.Et maintenant ,je m'en vais pouvoir dire le reste aussi.....Notre Commandante est une femme hautaine,très blanche et très fière, comme le cygne qui vit maintenant tout seul sur son île. Et Elle a pensé faire une bonne action ,une de ces bonnes actions auxquelles on se sent obligée quand on porte le titre de Commandante. Mais c'est une chose que l'on fait en marge de l 'existence,du bout des doigts de la main gauche ,en relevant ,de la main droite ,le bord de la robe qui ne doit pas toucher la poussière. Mettre à la disposition de quelqu'un une demeure inhabitée, et trois fusils par - dessus le marché, je ne crois pas que ce soit particulièrement difficile.Cela permet de conclure un accord ,et de fixer un délai de résiliation ; mais des contrats ,on peut aussi bien en conclure avec des valets de ferme.N 'empêche que comme çà, madame la Commandante s'imaginait rendre service à son prochain et le guérir,comme elle le dit si bien.
《 Seulement ,elle a oublié que les morts sont plus exigeants que les vivants.Les morts ,il faut leur rendre du sang, si on veut qu'ils ressuscitent. Pour avoir du sang à donner,il faut s'ouvrir une veine,ou bien s'ouvrir le coeur.Mais attention ! Un coeur de Commandante, ah! ça c'est un objet précieux;ce n'est pas de ces choses qu'on peut prêter à des valets ou à des morts.Et si les morts osent réclamer un morceau de ce coeur,il n'y a qu'une solution,c'est de les renvoyer,car on ne savait pas que les morts etaient si difficiles à satisfaire.( Page 155/156).
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Mais c'est trop tard ,car déjà la Commandante se lève, vient à lui sans attendre et lui tend la main sans hésitation.Il lui semble qu'elle rougit légèrement ;il est vrai que cette arrivée doit la mettre dans un certain embarras.D'une part,un homme en uniforme militaire,d'un ton kaki passé au soleil,qui porte des bandes molletières aux jambes,et,à la main ,un fusil à répétition;d'autre part ,toute une élégante réunion qui prend le thé ;messieurs à pantalon rayé et dames coiffées de toques coquettement inclinées sur de savantes ondulations .Le garde ,lui,ne rougit pas,mais son visage s'assombrit,et s'il était à la place de la commandante ,c'est sûr ,il rougirait comme elle.
Comment se tirer d'affaire?Eh bien ,il faut se tourner uniquement vers la Commandante, lui glisser quelques mots et s'éclipser le plus tôt possible.Mais les choses ne se passent pas ainsi,car la Commandante est une femme courageuse.Au premier moment,elle s'est sentie assez décontenancée en voyant qu'il avait eu l'idée de venir jusque chez elle ,en plein jour,sans craindre de traverser les champs où sont occupés bien des gens.
--Voilà Michel Fahrenholz ,explique -t-elle très vite;il est revenu d'Afrique et il assume la surveillance de ma forêt ....
Poussez-vous un peu ,s'il vous plait mon cher pasteur pour lui faire une petite place; cela lui permettra de prendre ici sa tasse de thé.
Ah! C'est donc le pasteur ,celui-là. Pas facile à reconnaître ; il s'est un peu empâté;tous les gens qu'envahit la graisse se ressemblent.Toutefois,son visage est resté assez mobile pour que le garde puisse voir se dessiner sur son front des plis de mécontentement. Cela prouve combien l'ont sidéré et offusqué les étranges manières de la Commandante. Mais voyons ,ce n'était pas l'intention du garde de déloger le pasteur,si bien installé à côté de la maîtresse de maison ;il pensait encore moins à s'y asseoir lui-même. Cette aventure risque fort de mal finir;(Page 92/93),.
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L'ardeur des premières années se refroidit vite,et plus tard ils ont souvent pensé que cette nuit-là avait été la derniere de leur enfance ,nuit assombrie de lourdes angoisses ,comme les nuits des peuples jeunes ,mais éclairée aussi,comme jamais plus ,d'un soleil matinal ,d'une force jeune et confiante ,d'une amitié toute prêté à braver la mort.
Quand l'été fut passé, Michaël se retrouva seul.Les autres revinrent bien comme d'habitude aux vacances;mais ce n'était plus là même chose .Ils amenaient des jeunes amis ,des messieurs en herbe qui regardaient Michaël et ses talents avec une froide réserve, observant avec sympathie son maniement de la fronde et appréciant en termes incompréhensibles l'activité du taureau Bismarck. (Page 43).
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LA MÈRE

-C'est maintenant fini,maman,dit-il doucement,il te faut oublier.Mais pourquoi t'avaient-ils mise là-bas?
Elle leva les yeux vers lui et le considèra longtemps, avec tant d'insistance qu'il détourna la tête.
-- Je devais couper la tête d'une poule qui était malade dit-elle comme si elle avait lu ses paroles dans un livre.Chez nous,ce sont toujours les femmes qui doivent faire cela,parce que les hommes ont peur....du moins,ils avaient peur ,autrefois......Alors,j'ai dit qu'on ferait mieux de lui couper la tête à LUI,(Hitler note du traducteur) ,au lieu de la couper à une poule malade.Et quelqu'un était là qui a entendu ce que je disais.....
--Quelqu'un de la ferme ? demanda le soldat,en la scrutant soudain d'un regard attentif et aigu.
--Un étranger, répondit - elle froidement ,et de nouveau il dut baisser les yeux devant ce regard qui savait tout. ( Page225).
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LA MÈRE, 8ème nouvelle

Des deux côtés de la route se dressait ,haute et sombre la forêt. Et la route était comme un sillon rempli d'argent,parce que la pleine lune brillait au-dessus d'elle.Au fond de ce sillon ,elle avançait, toute voilée, comme les paysannes de la région, avec son fichu noir couvrant ses cheveux blancs et retombant le long de son visage,cependant qu'un second foulard plus grand descendait jusque sur les souliers d'étoffe dont ses pieds étaient chaussés. (Page 215).
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