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Citations de Etaf Rum (88)


Pourtant, Deya aussi avait des questions à poser. Que ferais-tu si nous nous mariions ? est-ce que tu me laisserais aller au bout de mes rêves ? (...)
Est-ce que tu me considérerais comme ta propriété ? Est-ce que tu me battrais ? Elle aurait pu poser ces questions à voix haute, mais elle savait que les gens ne disaient jamais que ce qu'on avait envie d'entendre. Elle savait que pour comprendre son interlocuteur, il fallait entendre les mots qu'il ne prononçait pas (...) (p.48)
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Isra se dit alors pour la première fois de sa vie que c’était en vérité pour cette raison que les violences sur les femmes étaient si communes. Ce n’était pas qu’à cause de l’absence d’une police à proprement parler, mais parce que les femmes étaient éduquées dans la croyance qu’elles étaient des créatures honteuses et sans valeur qui méritaient d’être battues, éduquées à être totalement dépendantes des hommes qui les battaient. À cette simple pensée, Isra eut envie de pleurer. Elle avait honte d’être une femme, honte pour elle, honte pour ses filles.
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Ces derniers temps, elle avait la sensation que plus elle contemplait son visage, moins elle se reconnaissait dans son reflet. Il n’en avait pas toujours été ainsi. La première fois que Farida lui avait parlé de mariage, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, Deya avait cru qu’il s’agissait d’un sujet tout à fait trivial. Une étape parmi tant d’autres quand on grandissait et qu’on devenait une femme. Elle ne comprenait pas alors ce que cela signifiait, de devenir une femme. Elle ignorait que cela impliquait d’épouser un quasi-inconnu, et de restreindre le sens de sa vie à son seul statut de femme mariée. Ce n’est qu’en grandissant que Deya comprit véritablement quelle était sa place dans sa communauté. Elle avait appris qu’elle devait vivre d’une façon bien précise, en suivant des règles bien précises, et qu’en tant que femme, elle n’aurait jamais de véritable emprise sur sa propre existence.
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Elle aurait voulu pouvoir ouvrir la bouche et dire à ses parents : Non ! Ce n’est pas de cette vie que je veux. Mais à un très jeune âge déjà, Isra avait appris que l’obéissance était la seule voie qui menait à l’amour. Aussi, ses seuls actes d’insoumission demeuraient secrets, et consistaient essentiellement à lire.
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Leur pauvreté était l'une des raisons qui poussaient Yacob à vouloir marier Isra au plus vite. C'étaient ses fils qui l'aidaient à labourer les champs et à gagner de quoi subsister, c'étaient eux qui perpétueraient son nom. Une fille n'était qu'une simple invitée de passage, qui attendait qu'un autre homme veuille bien les emporter, elle et son fardeau financier.
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Quand un homme quitte la maison, c'est un homme, et quand il revient, il l'est toujours. Personne ne peut lui enlever cela.
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Elle avait compris que la vie n’était qu’une sombre mélodie lancinante, qui se répétait et se répétait encore. Une piste de CD diffusée en boucle.
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En les regardant, elle se sentait à part, une fois de plus. Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer ces inconnus comme un jury qui la toisait sans pitié. Tu es quoi, toi ? pensaient-ils certainement. Pourquoi es-tu habillée ainsi ? Elle voyait les jugements hâtifs couver dans leurs regards. Elle sentait qu'ils lisaient sa peur dans sa façon de se tenir, son manque d'assurance dans le moindre de ses gestes, considéraient sa tenue vestimentaire et croyaient aussitôt tout savoir d'elle. A tous les coups, cette jeune fille était la victime d'une culture fondée sur l'oppression, ou alors la perpétuatrice volontaire d'une tradition barbare. Selon toute probabilité, elle n'était pas instruite, pas civilisée, c'était une moins-que-rien. Peut-être même s'agissait-il d'une extrémiste, d'une terroriste. Une civilisation entière, fourmillant de coutumes et d'expériences diverses, réduite à une seule version de l'histoire.
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Il était bien plus facile d’appréhender sa vie comme une oeuvre de fiction que de l’accepter pour ce qu’elle était : une existence limitée. Dans la fiction, le champ des possibles était infini. Dans la fiction, Deya était aux commandes de sa vie.
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Farida avait la honte de son sexe gravée au plus profond d'elle-même.
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Chaque fois qu'elle se remémorait cette discussion, Deya s'imaginait que sa vie était une histoire, comme toutes celles qu'elle avait lues, avec une intrigue, de la tension, du conflit, qui aboutissait à un happy end qu'elle ne parvenait pas encore à deviner. Elle faisait souvent cela. Il était bien plus facile d'appréhender sa vie comme une œuvre de fiction que de l'accepter pour ce qu'elle était : une existence limitée. Dans la fiction, le champ des possibles était infini. Dans la fiction, Deya était aux commandes de sa vie.
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"Tu es folle ou quoi?"
Sarah parut perdue. "Comment ça?"
_Je passerai pour quoi, moi, si j'envoyais ma fille célibataire faire des commissions? Tu veux que les voisines se mettent à jaser? Qu'elles se mettent à raconter que ma fille traîne dans le quartier toute seule, que je ne sais pas comment élever mon propre enfant?
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Une fille n'était qu'une simple invitée de passage, qui attendait qu'un autre homme veuille bien les emporter, elle et son fardeau financier.
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C'était parce qu'elles avaient toujours été aimées qu'elles croyaient en l'amour, qu'elles étaient convaincues que l'amour les attendait, même lorsque tout prêtait à croire qu'il n'en serait rien.
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Isra priait depuis ses sept ans , s'agenouillait à côté de Mama cinq fois par jour, entre le lever et le coucher de soleil. Ces derniers temps, elle attendait la prière comme un moment privilégié: elle avait hâte de se tenir à côté de Mama, épaule contre épaule, son pied frôlant celui de sa mère. Pour elle, c'était le seul contact physique de la journée.
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Des ténèbres nouvelles s'étaient alors immiscées en Isra, qui plus jamais n'avait vu le monde de la même façon. C'était un monde où on battait non seulement les enfants, mais aussi les mères.
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Elle sentait un vide en elle ; elle sentait un trop-plein. Elle avait besoin des autres ; elle avait besoin d’être seule. Elle ne parvenait pas à équilibrer l’équation. À qui la faute ? Elle se disait que c’était elle. Elle se disait que c’était sa mère, et la mère de sa mère, et les mères de toutes les mères, jusqu’à la nuit des temps.
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La tristesse était un cancer, une présence qui s’imposait si pernicieusement qu’on ne la remarquait que lorsqu’il était déjà trop tard pour la chasser.
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Je suis née sans voix, par un jour nuageux et froid à Brooklyn. Personne ne parlait jamais de ce mal. Ce n'est que des années plus tard que j'ai su que j'étais muette, lorsque j'ai ouvert la bouche afin de demander ce que je désirais : j'ai alors pris conscience que personne ne pouvait m'aider. Là d'où je viens, le mutisme est la condition même de mon genre, aussi naturel que les seins d'une femme, aussi impératif que la génération à venir qui couve dans mon ventre. Mais jamais nous ne vous l'avouerons, bien entendu. Là d'où je viens, on nous apprenait à dissimuler notre condition. On nous apprenait à nous réduire nous-mêmes au silence, on nous apprenait que notre silence nous sauverait.
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Elle avait enfin compris. La vie n'était rien de plus qu'une méchante blague pour les femmes. Une blague qui était loin de la faire rire.
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