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Citations de Etaf Rum (88)


La fièvre des marais faisait tomber les hommes comme des mouches. On racontait que les morts étaient si nombreux qu'à Paris on songeait à tout arrêter mais qu'on s'abstint au dernier moment, parce qu'on pensait justement qu'en Afrique le véritable ennemi, c'était la maladie, le véritable champ de bataille, l'hôpital, et qu'on ne pouvait pas, disaient-ils, répétaient-ils, répétaient-ils encore cent cinquante ans plus tard, on ne pouvait décemment pas laisser tous ces pauvres Algériens sur leur pauvre terre, si mal soignés dans une telle misère, et c'est pourquoi, sur ordre de Charles X, tandis que les soldats épuisés par les fièvres continuaient d'avancer tels des squelettes dans les marais, on implanta à des ports des lazarets, dans lesquels on mit en quarantaine passagers et cargaisons, et partout, dans chaque ville assez importante, la monarchie de Juillet établit aux frais de la France des officines de santé sous la tutelle de l'armée pour simposer, s'il le fallait par la force, désinfection et purification.
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On racontait que quand le corps expéditionnaire entra dans Alger, le 9 juillet 1830, ils furent saisis d'horreur par l'état d'insalubrité d'une ville déjà décimée par la peste, le choléra et le typhus. Les immondices jonchaient les rues. Rats et cafards pullulaient. La dysenterie, mais aussi la syphilis, la variole importées par les voyageurs étaient devenus endémiques, gravées à même les corps des misérables, rongeant les os et la peau des enfants.
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Alger, 1950
Tâche blanche, informe, qui se précise quand, entrant dans le port, la ville surgit de la mer. Collines en amphithéâtre, odeurs de jasmin, d'anisette, de poubelles, de fruits décomposés, maisons qui escaladent les pentes, et dont le blanc à peu près absolu ne laisse voir par intervalles que le gris d'une place ou le vert foncé d'un jardin.
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Mais Nadine était bien différente d’elle. Elle avait dû être aimée depuis sa naissance, pour savoir aussi bien aimer et se faire aimer
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En écoutant Sarah, Isra se demanda si c’était ça, être américaine : avoir une voix. Elle aurait aimé exprimer ainsi son avis, elle aurait aimé dire toutes ces choses à Mama : lui dire que les filles étaient tout aussi précieuses que les garçons, que leur culture était injuste, et que Mama, en tant que femme, ne pouvait que le reconnaître. Elle aurait aimé dire à Mama qu’elle en avait assez d’être toujours reléguée au deuxième rang, d’être sans cesse victime de la honte, de l’irrespect, du mépris et de la violence, sauf lorsqu’il fallait faire le ménage ou la cuisine. Elle aurait aimé lui dire qu’elle souffrait qu’on lui fasse croire qu’elle n’avait aucune valeur, qu’elle n’était qu’un objet que le premier venu pouvait accaparer par le mariage
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Souvent, elle se demandait combien de personnes au monde étaient aussi ensorcelées qu’elle par les mots, combien n’aspiraient comme elles qu’à se plonger dans un livre et à ne jamais en ressortir. Combien espéraient trouver entre des pages imprimées leur propre histoire, combien auraient tout donné pour comprendre. Et pourtant, peu importait le nombre de livres qu’elle lisait, le nombre d’histoires qu’elle se racontait, Deya se sentait toujours aussi seule
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La tristesse était un cancer, une présence qui s’imposait si pernicieusement qu’on ne la remarquait que lorsqu’il était déjà trop tard pour la chasser.
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Elle sentait un vide en elle ; elle sentait un trop-plein. Elle avait besoin des autres ; elle avait besoin d’être seule. Elle ne parvenait pas à équilibrer l’équation. À qui la faute ? Elle se disait que c’était elle. Elle se disait que c’était sa mère, et la mère de sa mère, et les mères de toutes les mères, jusqu’à la nuit des temps.
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Très souvent, être heureuse, ça signifie rester passive, jouer la prudence. Il n’y a aucun talent requis pour être heureuse : inutile d’avoir la moindre force de caractère, le moindre trait un peu extraordinaire. C’est surtout le mécontentement qui entraîne la création, la passion, le désir, le défi. Les révolutions n’ont pas lieu dans le bonheur. Je pense que c’est la tristesse, ou à tout le moins l’insatisfaction qui est à l’origine de tout ce que ce monde a de plus beau.
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Les livres ont toujours su me tenir compagnie dans mes plus grands moments de solitude.
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Certains jours, cependant, les livres ne la consolaient pas. C'était des jours où, au contraire, la lecture l'amenait à un retour sur elle-même, l'obligeait à remettre en question le cours de sa vie, ce qui ne faisait qu'empirer sa colère. Ces jours-là, Isra redoutait même de se lever. Elle avait une conscience nouvelle, aiguë, de son impuissance, et cela la chamboulait profondément. Face à tous ces personnages de roman, Isra comprenait à quel point elle était faible, et prenait la mesure de l'effort colossal qu'il lui faudrait fournir pour égaler toutes ces héroïnes qui parvenaient à faire entendre leur voix avant la dernière page.
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"Tout ça, c'est à cause de ces livres, poursuivit Farida. Tous ces livres qui te mettent des idées idiotes dans la tête!" Elle se releva, et agita les mains en direction de Deya. "Dis-moi un peu, à quoi ça te sert, de lire?"
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C'était comme la lecture. Il fallait aller au bout de l'histoire pour connaître toutes les réponses. C'était pareil dans la vie : on n'obtenait jamais tout d'un coup.
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Très souvent, être heureuse, ça signifie rester passive, jouer la prudence. Il n'y a aucun talent requis pour être heureuse : inutile d'avoir la moindre force de caractère, le moindre trait un peu extraordinaire. C'est surtout le mécontentement qui entraîne la création, la passion, le désir, le défi.(...) Je pense que c'est la tristesse, ou tout le moins l'insatisfaction qui est à l'origine de tout ce que le monde a de plus beau.
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La peur a cela de particulier qu'elle bouleverse notre sens des priorités.
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Il est très difficile de trouver sa place dans le monde quand on ne s'est pas encore trouvé soi-même.
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Sarah eut un demi-sourire amer. Il faut d'abord avoir des racines pour être déraciné. Il faut d'abord savoir ce qu'est l'amour pour savoir ce que c'est d'être seule. (...) " (p. 387)
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Depuis que Sarah avait fêté ses seize ans, Farida la faisait parader sur la Cinquième Avenue comme s'il s'agissait d'un gigot d'agneau à l'étal. (p. 293)
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A bord, le vacarme de la vie quotidienne battait son plein. Tout autour de Deya, des gens fixaient d'un air absent un élément du décor, ou gardaient les yeux rivés sur leur téléphone. Ils étaient d'orogine italienne, chinoise, coréenne, mexicaine, jamaïcaine, de tout coin du globe que Deya pouvait se figurer, et pourtant ils semblaient avoir quelque chose en commun, quelque chose de profondément américain. Mais de quoi s'agissait-il au juste ? Deya songea que cela tenait à leur façon de parler, d'une voix forte, ou du moins plus forte que la sienne. Leur façon de se tenir debout dans la rame, pleins d'assurance, sans avoir l'air de s'excuser pour l'espace qu'ils occupaient. (...)Elle considérait comme une injustice d'avoir à vivre ainsi, avec la peur constante du regard de l'autre. (p. 144-145)
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"Tu voudrais aller à la fac ? " demanda Nasser.
Deya le dévisagea. Personne ne lui avait jamais posé cette question sur ce ton.Jusque-là, cela avait toujours été d'une voix où perçait la menace, comme si toute réponse positive aurait remis en question l'ordre du monde. Comme si c'était la pire chose qu'une jeune fille pouvait souhaiter. (p.47)
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