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Critiques de Eugène Ebodé (71)
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Brûlant était le regard de Picasso

Voici la biographie de Madeleine Hammar, née au Cameroun d'un père suédois et d'une mère camerounaise. Malgré leur désir à tous deux de se marier et d'élever ensemble l'enfant, la famille de la mère s'y oppose. (Réflexion personnelle : J'ai connu une famille au Niger qui, lorsqu'un Français est tombé amoureux de leur fille, a exigé qu'il trouve du travail à Niamey, et il l'a fait par amour. Tous les Africains ne veulent pas venir en Europe)

Biographie présentée de façon charmante, non linéaire, ne suivant pas le cours des années de la vie de cette femme exceptionnelle, qui a dû renoncer à ses racines africaines pour vivre (au début, mal) en France, puis y a vécu de manière romantique.

« Les adultes prennent des décisions. Les enfants les subissent ».

Elle devient, par un hasard de la vie, amie des peintres qui vivent à Céret. C'est avec son mari qu'elle a pu ensuite côtoyer des peintres extraordinaires : Pablo Picasso, Salvador Dalí, Marc Chagall, Joan Miró, André Masson, Pierre Brune...



Elle doit affronter l'extinction de lumière que sont les suicides de sa fille Sylvie, puis de son petit-fils : « il a fini par larguer les amarres qui nous attachent aux vivants pour rejoindre les étoiles ».

Les morts de ses proches se succèdent, elle repense à son enfance, à ses parents adoptifs, lesquels organisaient les fêtes très élitistes des expatriés, à sa rencontre avec Jacques qui deviendra son mari, qui réchauffe son coeur engourdi par sa vie en pension, où elle a l'impression d'être un zombie à cause de la couleur de sa peau. Elle retrouve tardivement son père Suédois.

Biographie donc présentée de manière décousue en apparence, dans le désordre, ce qui ajoute à son intérêt.

Picasso la poursuit de son regard d'un noir brûlant, elle lui rappelle Joséphine Baker, elle danse comme une déesse (En cherchant sur internet, je n'ai pas réussi à voir Mado jeune, dommage, je n'ai pu voir des photos d'elle qu'octogénaire)

Picasso vient d'être quitté par Françoise Gilot, de quarante ans sa cadette, qui le quitte, lasse d'être annihilée et niée.

De l'autre côté du monde, l'Indépendance, dont Eugène Eboué détaille les divers épisodes.

Ce livre sur la vie d'une femme, élargie par les évènements qui lui adviennent, dévie pourtant en particulier concernant le covid 19 : plusieurs pages d'analyse y sont consacrées, ce qui, à mon avis, n'apporte rien au destin peu commun de Mado.

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Souveraine Magnifique

" je n'ai pas honte de ma vie, mais j'ai quelque chose de pourri au fond de la gorge, un dépôt sans âge...."

Ainsi s'exprime " Souveraine Magnifique", cette rescapée des vastes massacres qui se sont abattus sur le Rwanda, la saison des coupe- coupe qui a ensanglanté le pays des mille collines en1994....Elle répond au narrateur qui, le pouls battant mais la tête froide, la retrouve vingt ans après...

Employé des Eaux et Forêts au Cameroun, le pays des Crevettes, il est parti au Rwanda à la suite d' un cauchemar pour comprendre ce qui s'est passé dans ce pays depuis les brumes bleutées des collines Rwandaises jusqu'aux eaux rougeoyantes du Rizizi, la rivière qui sépare plusieurs pays de la région des Grands Lacs Africains. Son parcours l'amène à rencontrer cette survivante Tutsi. Elle avait 8 ans lorsque toute sa famille a été massacrée sous ses yeux par Modeste, le voisin Hutu, avec lequel les relations étaient pourtant cordiales...

Son épouse Mélancolie était l'institutrice de Souveraine et il la chérissait...Elle ne s'en remettra pas et finira sa vie dans un hôpital psychiatrique...

Le ton du narrateur est celui d'un simple citoyen, un curieux. Le témoignage est vivant, humain, trés proche tout en étant documenté.

Le Camerounais observe avec humour et sans langue de bois les différences culturelles.Souveraine dresse le portrait d'un couple de musulmans Sara et Souleymane Babazimpa auquel elle doit d'avoir réchappé au pire en fuyant la menace de Kulto pour se réfugier chez un de ses protecteurs à Bukavu.

Tout au long des conversations, souvenirs, confessions, on ressent douloureusement la trace symbolique des râles, des cris, des coups , du sang et des chuchotements des victimes de cette épouvantable histoire, la colère et la rage intactes de cette jeune femme , vingt ans aprés la tragédie...Elle porte en elle pour toujours les stygmates des fantômes qui peuplent et crucifient sa mémoire ...

Le récit est entrecoupé des questions du narrateur qui essaie de comprendre comment le jugement amenant Souveraine et Modeste le bourreau des siens à s'occuper d'une même vache: Doliba est mis en pratique.

C'est cette réponse tant attendue qui sert de fil conducteur et même de suspense symbolique à cet ouvrage.

L'auteur entend la voix de Souveraine Magnifique, sonde son cœur, son âme avec force et justesse. Il restitue avec compassion verve et couleur la chronique de cette nation aprés un génocide apocalyptique qui résonne d'une manière universelle.

C'est un très beau témoignage teinté d'humour et de sagesse qui tente d'expliquer la sauvagerie des Longs :les Tutsi, des Courts: les Hutus, les racines de ce cauchemar inhumain, les réconciliations et les cohabitations, et aussi l'humanité de certains malgré le pessimisme et la barbarie! Pas facile à commenter un tel livre ! Beaucoup d'émotions et de révolte à la lecture !!

Ouvrage lu dans le cadre "du prix Historique Jeand'heurs."



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La Rose dans le bus jaune

Nous sommes en décembre 1955 à Montgomery – Alabama. Rosa Parks, 42 ans, fatiguée d’une longue journée de travail, refuse d’obéir à un chauffeur de bus qui lui demande de céder sa place à un blanc. Elle est arrêtée. Cette militante des droits civiques ne sait pas qu’elle vient d’accomplir un des gestes fondateurs de la fin de la ségrégation aux USA.



Dans un livre extrêmement documenté Eugène Ebodé nous livre une histoire romancée du célèbre acte de résistance, et nous fait partager les combats, les doutes, les espoirs et les peurs d’une des figures emblématiques de la lutte pour les droits civiques. Il nous plonge dans les pensées de cette femme humble, cultivée, exemplaire, adepte de la non-violence, qui vit modestement avec sa mère malade et son mari. Elle ne fut pas la première à refuser de céder son siège, refusant d’obéir aux iniques lois de Jim Crow. Mais ce geste non prémédité elle le fit à un moment où tous les éléments convergeaient pour lui donner toute sa puissance : le jeune pasteur Martin Luther King Junior venait d’être nommé dans une église de la ville et la population était prête à accueillir sa parole et à s'engager dans un combat politique et juste.



Le roman nous permet de suivre plus particulièrement les premiers jours de la mise en place de ce boycott des bus qui dura 380 jours et fit plier l’Etat d’Alabama, la Cour Suprême jugeant anticonstitutionnelle la politique de ségrégation alors en vigueur dans l'Etat d'Alabama. On découvre un Martin Luther King un peu hésitant mais qui prend confiance face aux autres membres locaux du NAACP, plus anciens et plus aguerri à la confrontation avec les forces policières, politiques et judiciaires de la ville et face à un public lassé des mesures injustes subies quotidiennement, de la ségrégation dans les bus, restaurants et lieux publics jusqu'aux entraves d'une administration locale pour empêcher les noirs de s'inscrire sur les listes électorales.



Le grand travail de recherche de l’auteur permet non seulement une description précise de l’ambiance qui régnait dans le sud en 1955, mais il nous met au cœur des difficultés économiques, politiques et sociales de la communauté noire, laisse planer l’ombre d’Edgar Hoover et du maccarthysme, se fait écho du retentissement national et international de ce procès historique.



L’autre intérêt de ce roman est de donner corps et parole à Douglas White, cet homme qui n’avait rien demandé et pour lequel le chauffeur de bus demanda à Rosa de se lever. L’auteur en dresse un portrait étonnant et touchant. Rosa garda longtemps le secret sur ce pied-de-nez de l’histoire qui fit d’un noir à la peau blanche le second acteur malgré lui de ce combat essentiel.



Si parfois le style m’a paru un peu verbeux, plus particulièrement dans les dialogues entre Rosa et son mari, l’ensemble bénéficie d’un style fluide qui rend la lecture agréable. J’ai aussi apprécié les nombreuses références musicales qui renforcent l’ambiance d’une époque et le côté optimiste et positif de cette page de l’histoire du sud des USA, marquée par « la petite couturière qui a fait vaciller Jim Crow sur son socle ». Mais plus de 60 ans plus tard cette nation a-t-elle tiré un trait sur son passé ségrégationniste ? C’est un autre débat.

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Brûlant était le regard de Picasso

Le titre du dernier livre d'Eugène Ebodé, Brûlant était le regard de Picasso, peut laisser accroire que le peintre est la figure centrale du roman. Que nenni, il est l'un des nombreux artistes qu'à côtoyé Mado Petrasch, créatrice de l'association des amis du musée de Céret, en Pays catalan. C'est bien elle l'héroïne du récit de l'écrivain, au fil d'une vie où elle aura aussi croisé Miro, Chagall et Dali, entre autres. Mado Petrasch, aujourd'hui octogénaire, a vécu une existence peu banale, avec un père suédois et une mère camerounaise, qu'elle ne rencontrera que tard dans sa vie, après l'avoir crue morte pendant longtemps. Ce n'est pas à une biographie traditionnelle à laquelle s'est attelé Eugène Ebodé, qui a préféré slalomer entre les époques, décrivant dans un désordre très maîtrisé l'enfance africaine de Maud, son amour pour son époux Marcel, le parcours étonnant de son père Gösta, la deuxième guerre mondiale avec De Gaulle et Leclerc en Afrique, le bouillonnement artistique de Céret et même la pandémie actuelle. Outre la découverte du destin hors normes de son personnage principal, ses vies publique et privée, ce qui frappe dans le livre est le style admirable de l'auteur, qui n'a pas beaucoup d'équivalents dans la littérature française actuelle. On ignore ce que Mado Petrasch pense du roman qui lui est consacré mais elle peut être fière du résultat. La métisse, amie des artistes, est véritablement une grande dame.
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La Rose dans le bus jaune

Le 1° décembre 1955 en Alabama, dans un bus de Montgomery : une couturière noire du nom de Rosa Parks refuse de céder sa place à un Blanc obèse qui mange des bonbons !

Rosa est une militante depuis plus de 12 ans dans le mouvement des droits civiques, elle est mariée à Raymond, coiffeur qui milite aussi et, elle a été élevée par Leona, sa maman ex institutrice...

Déja Claudette Colin avait fait ce refus dans un bus, ce rejet des lois ségrégationistes de Jim Crow, mais elle avait 15 ans et était enceinte d'un homme marié, ce qui fit hésiter la NAACPA locale, Edgar Nixon et le jeune pasteur Martin Luther King junior pour se saisir de cette affaire afin d' entamer une lutte puissante contre les Blancs, les suprématistes du Ku klux Klan et, Hoover qui chassait les communistes...

Rosa avait la quarantaine, sans enfant et ce jour là : elle avait des migraines, des vapeurs dues à sa ménopause, de plus son contre-maître Thunder forçait toujours la cadence et n'avait que mépris pour ces ouvrières noires, et, c'est James Blake qui conduisait le bus : un raciste qui se faisait un plaisir de ne pas accepter les gens de couleur dans son bus ! Bref, cette femme timide, effacée qui avait eu son baccalauréat et avait même commencé des études de psychologie à l'université avait décidé au nom de tous les siens de refuser l'oppression.

Elle fut conduite en prison, jugée mais elle fut l'étincelle qui déclencha la lutte contre l'inégalité des Africains-Américains et celle des opprimés dans le monde. Les communautés noires se soulevèrent, tractèrent et décidèrent un boycott des bus qui dura 381 jours pour aboutir au recrutement de chauffeurs de taxi et à la libéralisation des lois raciales !

Ce jeune pasteur de 26 ans allait entrer dans l'histoire en triomphant de 4 siècles d'esclavage, de ségrégation et de violences raciales pour préparer l' élection en novembre 2008 d'un président de couleur...

A noter, Le Blanc à qui Rosa avait du céder sa place était un " faux " Blanc : il était, par les hasards de la génétique : le seul Blanc de sa famille et il vivait très mal cette double appartenance ! Est-ce un personnage réel ou crée par Eugène Ebodé pour signaler l'ironie du destin ?

Un roman qui rend hommage à la cause noire américaine et à cette couturière sans enfant qui a enfanté "un nouveau pays " qui devait apporter la tolérance, l'amour !

L.C thématique de janvier 2023 : entre 200 et 500 pages.
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Brûlant était le regard de Picasso

Mado est née à Édéa en Afrique d'un père suédois et d'une mère camerounaise sur les bord de la rivière rouge et blanche. Toute petite elle est élevée par son père. Mais très vite celui-ci doit repartir en Suède pour voir sa famille, il est bloqué là-bas, la seconde guerre mondiale vient de débuter et tout change dans la vie de Mado.

Sa "famille d'adoption" quitte le Cameroun pour Perpignan, via le Maroc et Constantine.

L'arrivée à Perpignan est une plongée dans un autre monde, tant la vie y est différente. L'école, la religion qu'elle embrasse sans que ce soit celle d'aucun de ses parents biologiques, tout change.

Elle prend aussi conscience de sa couleur de peau, car la belle métisse attire les regards et ce n'est pas toujours un bonheur pour la jeune femme.

Jusqu'au jour où elle rencontre Marcel, l'homme de sa vie.

À Céret où ils s'installent, le couple rencontre les grands artistes de son époque, Chagall, Matisse, Dali, et "Brûlant était le regard de Picasso" sur la belle Mado.

Ils œuvrent pour la promotion et la protection de l'art et des artistes, et pour la création du musée d'art moderne qui abrite en particulier les donations de Picasso.



J'ai aimé partager la vie et les tourments de Mado enfant, en quête de ses parents, de sa famille biologique. Cette héroïne forte et fragile à la fois que l'on se prend à aimer si fort.

Il fait dire que l'écriture d'Eugène Ébodé est magnifique, travaillée sans être trop littéraire et nous entraîne dans cette vie que nous avons tous envie de connaître. Car Mado vit à Céret, femme forte, mère et grand-mère, si attachante, non pas sortie de l'imagination de l'auteur mais bien personnage important de l'histoire de la ville. Elle a traversé le siècle et connu tant de chagrins et de joies.

Une superbe lecture que je vous recommande vivement.

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Souveraine Magnifique

"Il y a vingt ans, en cent funestes jours et cent horribles nuits d’avril à juillet 1994, un million d’êtres humains a été passé par les armes mais, surtout, par les machettes."

Armes redoutables entre les mains des voisins avec lesquels les relations étaient, jusqu'alors, bonnes et amicales.

Mais les voisins appartenant au groupe des Courts, ont un jour pris ces machettes contre les Longs.... une nouvelle guerre ethnique comme le pays en a souvent connu, les Courts ont subitement coupé têtes ou membres de leurs voisins, et se sont accaparés leurs champs, leurs biens.

Souveraine Magnifique est une rescapée de ces massacres.

Souvenez-vous : ce n'était pas le grand amour entre ces ethnies : "Il fallait beaucoup de courage pour vivre dans un milieu où la menace n’était jamais loin, car toujours diffuse et pesante."

Souveraine assista au meurtre de son père, à l'éventration de sa mère enceinte. Cachée sur l'armoire, la gamine de huit ans a retenu ses cris, alors que Modeste Constellation, leur voisin, cultivateur de manioc et de céréales frappait, coupait...exterminait la famille.

Il n'était pas le seul, les Courts avaient subitement décidé d'éliminer les Longs, parce que l'avion du Président avait été abattu. Ce fut le prétexte au déclenchement des massacres.

Souvenons nous, tout est vrai. Souveraine Magnifique est l'une de ces rescapées de massacres commis en 1994 au Rwanda....les Hutus punissaient alors les Tutsi.

Souveraine était pourtant l'élève de Mélancolie Constellation, femme de Modeste, une épouse qui, choquée par cette violence, finira folle dans un hôpital psychiatrique. Les ethnies cohabitaient.

La narrateur écoute parler Souveraine....tous les prétextes étaient bons pour justifier cette violence, plus de voisins, plus d'amis, non il fallait couper, punir, éliminer et prendre les biens des Longs, le bétail notamment.

Souleymane, un voisin musulman l'a hébergée, au risque d'être lui-même exécuté, et l'a aidée à fuir à travers la forêt.

Elle se souvient de tout, notamment de ce procès inique au cours duquel le voisin Modeste Constellation a noyé le poisson, menti, raconté que le chef des miliciens lui avait demandé de tuer la famille Magnifique. Afin ce justifier ses actes, il a cité des noms de personnes décédées qui ne peuvent témoigner et confirmer ses dires....qu'importe, il est maintenant copropriétaire de la vache volée, copropriétaire avec Souveraine, fille de ses victimes, condamnée à s'entendre avec le meurtrier des siens !

Derrière ces morts, cette guerre ethnique, se cachaient des grandes nations, La France, l'Angleterre....les uns parlaient français, les autres parlaient anglais: "Derrière la langue, se camouflent un modèle, des habitudes et des pratiques. Derrière la langue française, il y a la France ! N’a-t-elle pas conduit ici une opération militaire du 22 février au 28 mars 1993, bien avant la saison des coupe-coupe ? Vous souvenez-vous qu’elle fut baptisée Chimère ?"

Des grandes nations qui ont laissé faire...

Réconciliation difficile, paraissant impossible : comment accepter la décision d'un tribunal qui, sous prétexte de réconciliation, impose aux victimes de partager leurs biens avec les tueurs qui les convoitaient?

Et pourtant c'est une décision pleine de sagesse, celle des anciens...Se parler, vivre aux cotés les uns des autres....

"« Non, je n’ai pas honte de ma vie, mais j’ai quelque chose de pourri au fond de la gorge... »
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Souveraine Magnifique

Comment se reconstruire après avoir assisté au massacre des siens ? Souveraine, une rescapée du génocide rwandais revient au pays après des années d'exil pour confondre l'assassin de sa famille, devant une instance judiciaire traditionnelle.



Eugène Ebodé nous relate le parcours de cette héroïne, de l'horreur vécu, de ceux qui l'ont soutenu jusqu'à sa fuite du pays. A traves elle, c'est tout un Rwanda qui tente de renaître de ses cendres, à coups de modernisation forcée (non sans susciter des inquiétudes sur une dérive dictatoriale) et de cérémonies mémorielles aux relents, pour certains, culpabilisants.



Malgré ces appréhensions, le pays des mille collines, avec ses habitants ; les "Longs", "Courts" et très "Courts" doivent réapprendre à vivre ensemble pour faire nation. Mais comment s'y prendre quand des bourreaux ne reconnaissent pas leurs torts ? Comment faire quand un verdict oblige tueurs et rescapés à oeuvrer de concert pour le même projet ?



Beau roman sur les choix de rétablissement d'un Etat meurtri et de sa population cabossée.
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Métisse palissade

Un roman très inégal. Le sujet m'intéresse beaucoup (les rapports familiaux dans une famille métisse) et d'autant plus par le point de vue d'un auteur africain qui se met dans la peau d'un enfant métisse (son propre enfant ?).



Le style est très changeant. Il est fait de passages au vocabulaire très choisi et qui font parfois sourire par leur caractère ironiquement précieux mais alourdissent aussi de temps en temps inutilement le récit. D'autres moments sont plus simples, en particulier ceux qui évoquent les moments en famille et ceux-ci respirent plus la sincérité sans souci de recherche stylistique.



La palissade du titre vient resurgir très régulièrement au long du roman mais là encore l'effet est inégal. Parfois bien senti pour rehausser le propos, elle apparait souvent de manière anecdotique sans qu'on comprenne bien l'ajout au sens de l'histoire.



Le roman ne semble pas être le plus connu et le plus mis en avant de l'auteur, et je me garderais bien de juger l'écrivain sur une seule de ses oeuvres.
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La Rose dans le bus jaune

Que sait-on de Rosa Parks? Elle a refusé de céder sa place à un homme blanc mais après? Que s'est-il passé? Curieuse, j'ai acquis, sans hésiter, ce roman pour le découvrir. La Rose dans le bus jaune raconte donc comment, par un "simple" refus, Rosa Louise McCauley Parks est devenue Rosa Parks, la fameuse, la célèbre, celle qui est, depuis, considérée comme la "mère du mouvement des droits civiques". Soutenue par la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et le jeune Martin Luther King alors agé de 26 ans, Rosa Parks devient le symbole d'une résistance qui se veut pacifique. En refusant de céder sa place, elle fait déborder le vase. C'est LA goutte d'eau: les opposants aux lois Jim Crow se rassemblent et font mouvement: ils veulent et espèrent le changement. Le roman raconte comment.



Je l'espérais puissant et imposant; je l'ai trouvé léger et flottant. L'écriture, fluide donc agréable, manque, en effet, de cette force que j'admire tant: celle qui tranche, qui sublime, qui impressionne; celle que j'admire chez Hugo ou Zola. Ici, la force n'est pas dans l'écriture et la narration; elle est dans cette petite goutte d'eau qu'incarne Rosa Parks. C'est pour elle que je conseillerais le roman
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Brûlant était le regard de Picasso

Eugène Ebodé raconte la vie de Mado Hammar née en 1936 d’un père suédois et d’une mère camerounaise à une époque où le système colonialiste européen vivait son ultime apogée sur le sol africain. Autour de cette fillette, qu’on séparera très tôt de sa mère Monica, un couple français résidant à Edéa, Jacques et Hélène Boissont, l’adopte afin de libérer de ses responsabilités parentales Gösta Hammar, retourné en Suède durant la Seconde Guerre Mondiale.

Mado sera finalement éduquée dans un pensionnat catholique de Perpignan et habitera toute sa vie cette région des Pyrénées-Orientales, y prenant mari et pays, mais ayant toujours en tête de retrouver sa mère biologique dont on l’a tenue éloignée de façon délibérée. Une quête permanente logée profondément au sein de sa propre famille et de ses activités communautaires en vue de faire rayonner les artistes-peintres de Céret et leurs œuvres.

Le parcours de cette femme est fort intéressant car inscrit dans les grands moments de l’Histoire du XXe siècle et de l’avenir du continent africain au seuil de l’indépendance de ses états. Cependant, Eugène Ebodé s’éparpille par moments dans des considérations plus terre à terre, cassant de ce fait le rythme de son récit. Le regard de Picasso s’est peut-être attardé mais sa présence dans le roman y demeure fugitive.

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La Rose dans le bus jaune

"Le crime des crimes dont nous sommes tous par avance convaincus est d’être né Noir et pauvre"

Tous les jours Rosa Parks prend le bus afin de se rendre au travail, un bus dans lequel les Blancs ont des sièges réservés à l'avant et où les "nègres", comme on les appelle alors, doivent s'entasser au fond et rester debout même si, devant, toutes les places ne sont pas occupées...

Comme ce fut le cas ce 1er décembre 1955

James Blake le chauffeur lui interdit de s'asseoir à l'avant du car réservé aux Blancs 

On ne mélange pas les torchons avec les serviettes...C'est la loi blanche qui le dit. Chacun doit rester à sa place. Mais il y a Blanc et Blanc...des vrais blancs de blanc, et des Blancs qui sont le fruit, depuis bien des générations du droit de cuissage des maîtres envers les esclaves. Ceux-ci restent des nègres pour les Blancs de blanc.

II n’y avait qu’en Amérique où on pouvait prendre ces hommes pour des Noirs! Certains de ces blancs de peau revendiquent fièrement et courageusement leur négritude et  leur" état de paria".  D'autres cachent cette tare, heureux que leur apparence leur permette de se placer du bon côté du manche.

Rosa est fatiguée ce jour là, toutes les places réservées aux "nègres" sont prises...Alors elle s'assoit devant, sur un siège de 4 places. Justement là ou un Blanc veut se placer. Il y a tant de places vides à côté, mais non, c'est cette place qu'il veut ! Elle refuse

Manu-militari, Rosa est embarquée par la police.  Son arrestation et son emprisonnement indigneront toute la population noire, qui décidera de boycotter les bus, et de marcher. Une marche pour l'égalité des droits.

Le long combat de Rosa commence, un combat qui mobilisera cette population paria et noire. Ce boycott des compagnies de bus durera des mois. Les rares Noirs qui ont des voitures transporteront les autres noirs, le mouvement de contestation sera organisé par un certain pasteur ...Martin Luther King. Un entrepreneur de pompes funèbres proposera ses véhicules.

Le Ku Klux Klan s'en mêlera.

Cette petite goutte d'eau a fait déborder le vase. Il y tant et tant d'autres injustices, qui remontent à la surfaces, des wagons blancs et d'autres Noirs, des places distinctes pour les personnes blanches et celles de couleur dans les restaurants. Les "corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud", et ce droit du lynchage font aussi partie du paysage de l'Amérique....

Rosa restera courageuse face aux menaces déposées dans sa boite aux lettres. Le combat dura une année. Il fit perdre beaucoup d'argent aux compagnies de bus. Les dessins de guenon qu'elle reçut, ne la découragèrent pas.

J'avais quelques années quand tout ceci est arrivé, je ne m'en souviens pas. Depuis, il ne se passe pas une année sans que nous soyons indignés par ces injustices, par des troubles nés de ce racisme qui ensanglantent cet grand pays..

La liste de ces exactions est longue. Même notre actualité récente nous le confirme.

"On naît de deux ventres : de celui de sa mère et de celui de ses idées." (P. 306)

Merci Monsieur Eugène Ébodé.
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Brûlant était le regard de Picasso

Mado est née au Cameroun des amours d'un expatrié suédois et d'une Camerounaise. La seconde guerre mondiale éclate et bouleverse les familles. La jeune métisse devra suivre des parents adoptifs vers la France où elle fera sa vie, en particulier dans cette Catalogne française autour de Perpignan où elle croisera de grands artistes tels que Picasso, Chagall et d'autres.

Sur le thème des rapports entre la France et ses colonies, des conditions de vie et de la psychologie d'une métisse dans la France au temps de la fin des colonies, il y a dans ce livre de bonnes lignes. Cependant, tout est noyé dans des digressions inutiles – en particulier sur la période de la pandémie du coronavirus – qui n'apportent rien. On a même l'impression que c'est du remplissage. Dommage.



NB : page 46, l'auteur écrit au sujet de Jean Ferrat  : « Mado a aimé La montagne qui renvoie à Font-Romeu ». Je pense qu'il s'agit d'une erreur. Ferrat a écrit cette chanson en 1964 alors qu'il venait d'acheter une maison en Ardèche. Les paroles de la chanson font d'ailleurs clairement référence à l'Ardèche : "Avec leurs mains dessus leurs têtes / Ils avaient monté des murettes / Jusqu’au sommet de la colline", paysage en terrasses, typiquement ardéchois. C'est un détail, j'en conviens.
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La Rose dans le bus jaune

La plume de l'auteur m'a fait l'effet du fil de pêche sans plomb tenu par le pécheur en haute mer et qui se déroule sans fin et sans but. Je n'ai rien appris sur "l'affaire" Rosa Parks dans cet ouvrage où les anecdotes ou événements romancés traînent en longueur et m'ont paru sans intérêt. Il n'y a par ailleurs aucune bibliographie dans le document. (simple opinion d'un simple lecteur)
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La Rose dans le bus jaune

Montgomery, années 50, état d’Alabama.

Rosa est couturière, mariée à Raymond, sans enfant. Tous deux sont engagés dans le combat pour les droits civiques « des personnes de couleurs ». Ils vivent avec Leona, la mère de Rosa.

A cette époque, les noirs vivent sous la terreur, le risque, à chaque coin de rue, d’être à la merci du sadisme et racisme des blancs, ce pouvoir de mort que s’est octroyé le KKK, légitimé par les Lois Jim Crow.

Rosa subit des pressions racistes de la part de son contremaitre John Turner.

Rosa subit une acrimonie et rejet d’un des chauffeurs du bus, James Blake, avec qui elle a déjà eu un accrochage concernant les places réservées aux blancs.

Il y a l’arrestation car Rosa refuse de nouveau de se laisser dominer par le conditionnement de cette nouvelle servitude, ne pas faire de vague pour ne pas se mettre en danger est devenu impossible pour elle. Elle reste assise en « zone blanche » face à l’homme au bonbons qu’elle retrouvera par la suite, ce qui la conduit en garde à vue.

Un vent de révolte se lève, la communauté vient en soutien et les fers de lance des droits civiques s’emparent de son histoire dont notamment le pasteur King alias « Wonder Boy ». Elle est vite dépassée par l’ampleur et la tournure des évènements qui vont suivre.

Des dissensions apparaissent rapidement entre les partisans de la réaction violente et les non-violents.

Il est rapidement acté un boycott des compagnies de bus ségrégationnistes afin de les toucher au portefeuilles.

Au début, il faut faire face à la contre-information journalistique et à la réticence de certains d’entrer en lutte. La contre-offensive des Klansmen également, des « Vigilants » qui échaudés au Maccarthysme et à la « chasse aux sorcière » ont la volonté de tuer dans l’œuf ce mouvement social « afro-américain ». Il y a un rayonnement national à ce combat mettant Edgar Hoover et le FBI en éveil, exigeant de la police locale un travail de sape pour casser la grève. Tous les moyens sont bons…

C’est la montée des intimidations, menaces et passages à l’acte par plasticage de certaines maisons des leaders contestataires.

Mais la mobilisation grandie malgré tout, l’importance d’agir en masse est comprise et suivie, dépassant les frontières de Montgomery.

Les responsabilités Africaines dans la traite des esclaves à travers Manga Bell font l’objet de débats.

Cette courageuse femme, Rosa Parks était loin de se douter qu’elle serait à l’initiative de ce rassemblement de femmes et d’hommes, noirs mais aussi certains blancs, en faveur d’un changement des lois fondamentalement racistes ayant pris fait et place à l’esclavage aux États-Unis.

Difficile de savoir ce qui est de la romance ou du fait historique mais il est agréable, sous la plume d’Eugène Ebodé, d’aller à la rencontre de cette figure du combat pour les droits civiques et de se plonger dans le quotidien de ses chercheurs de liberté et d’égalité.

Il est navrant de voir à qu’elle point les américains sont toujours en proies à ce questionnement identitaire et se déchire violemment à ce sujet.

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Brûlant était le regard de Picasso

Mon Coup de cœur de la rentrée littéraire !

« On est des lieux qu’on aime. Et j’aime l’Afrique. On ne justifie pas ses amours. »

Brûlants sont ces mots d’Eugène Ebodé ! Lumineuse la personne de Mado qui nous entraîne, sous la plume de l’auteur vers cette lumière qui est essentielle à nourrir l’être en profondeur.

Ce roman est une pépite et le style de l’auteur n’est plus à saluer. Il nous conforte dans ce bonheur qu’est la belle littérature. Quant au regard de Picasso, il colore cet écrit telle une œuvre Inédite. Et nous entraine dans ces contrées tant aimées, ces lieux qui font de nous ce que nous sommes : des amoureux épris des mots, des humains attachés à des valeurs inestimables.

Mado rime avec Picasso. La vie rime avec l’envie. Brûlant est le feu de la littérature qui réchauffe l’âme. Et la nourrit. La littérature qui à l’instar de l’Afrique, est « le continent d’avant les autres ! »

À découvrir sans tarder aux Éditions Gallimard - Continents noirs-
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Souveraine Magnifique

Souveraine dialogue avec le narrateur camerounais, du pays des crevettes, venu au Rwanda pour tenter de comprendre ce qui s’est déroulé pendant trois mois lors de « la saison des raccourcissements ». Ce qui se joue encore aujourd’hui, deux décennies après entre « courts, longs et très court », une division ethnique instaurée par les colons, premier traumatisme de cette société.

Son histoire pourrait être celle de nombreux orphelins parmi « les longs » au sortir du génocide Tutsis. Mais il y a tout de même cette incongruité de savoir pourquoi, aujourd’hui de retour dans sa région natale après quinze ans d’exil à Bukavu au Zaïre, elle se voit partager cette vache Doliba avec le bourreau de sa famille.

Ses deux parents sont exterminés devant ses yeux. Elle ne doit sa survie qu’au reflex paternel de la cacher au-dessus de l’armoire familiale. Paralysée par la peur, elle ne peut du haut de ses huit années, s’interposer lorsque Modeste Constellation, le proche voisin, déboule dans leur maison, décapite le père, tente de violer sa mère Beauté Magnifique, enceinte, avant de l’éventrer et de tuer le petit frère qui grandissait dans son ventre.

Cette barbarie la fait s’enfuir et prendre refuge chez les Bazimpa, Souleymane et Sara, un couple d’avoisinants « court », des justes de confession musulmane. Communauté religieuse qui a permis de sauver un certain nombre de Tutsis en 1994.

S’en suit un « voyage » périlleux, irréel car la menace s’intensifie sur les collines de Kuito.

Souveraine ne veut pas abandonner la vie comme Dorlothée, une autre avoisinante longue qui attend que la mort la frappe, pleurant son homme, Epileptique Melchior, un très courts, machetté par jalousie d’un amour jugé inapte, anormal.

Déjà, durant son périple vers Bukavu au Zaïre, vache et lait deviennent objet de convoitise, souvenirs et fantasmes pour la jeune fille qui s’accroche à des plaisirs passés pour surmonter l’insupportable.

Les sauveurs se succèdent dans la fuite tel Polycarpe Logambuga, le passeur du lac Kivu.

La reconstruction passe par le camp de réfugié de Panzi ou se mélangent toutes les horreurs perpétrées sur les milles collines voisines. Puis elle est accueillie par d’autres courts bienfaisants Ibrahima, le frère de Souleyman le juste de Kuito, et Aminata sa femme.

Reprendre goût à la vie, se réparer physiquement et psychologiquement prend du temps et l’esprit de justice passe par un retour au pays.

La terre ancestrale, 15 ans après, questionne Souveraine. Elle y a retrouvé une société secouée par de nouveaux démons, mort omniprésente, ordre quasi dictatorial de l’état, système éducatif en métamorphose laissant beaucoup à la traine. La langue française devenue suspecte et délaissée au profit de l’anglais y participe bien entendu.

La négation, la minimisation des atrocités sont argumentées par les bourreaux malgré la voies prise vers la réconciliation au travers des Gacacas. L’horreur se raconte dans ces tribunaux populaires, apportant son lot de ressentiments, de haines encore latentes.

Souveraine ne pardonne pas, la colère la fait survivre et la mélancolie fait écho à son âme morte.

Une forme de dialogue intéressante pour mettre en mots ces maux passés, présents et bien évidemment construisant un futur incertain dans ce royaume déchu où le démon Shaytan volette encore à ce jour.

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Habiller le ciel

« L’écriture est une malédiction », écrit Eugène Ebodé.

Mais le livre écrit est une bénédiction. Ce livre est une bénédiction dont je ne divulguerai pas ce qui en constitue la trame.

Le style de l’auteur n’est plus à commenter ni même ses talents de conteur-né.

La plume, il l’a dans la peau et elle glisse habilement sur nos peaux pour y déposer, tel un parchemin, cet écrit de la mère, écrit pour la mère et… dicté par la mère. Entendu par la mère, la Mama Africa que son fils rend à la vie, habillant ainsi le ciel de toutes les nuances de la vie. Et ce, pour l’éternité, en dépit des orages qui s’abattent, immanquablement.



« Nous n’avons pas conscience, m’a raconté Mère à Douala, un soir de pluie, qui survient comme une colère des cieux, combien le temps qui s’écoule est un catalyseur de l’orage. »

Le temps de l’écriture s’écoule. Reste ce Roman d’Eugène Ebodé, une victoire sur le temps. Au final, ce sein maternel cesse-y-il de nous nourrir un jour ?

Habiller le ciel, Gallimard, Continents noirs, un coup de cœur et sans conteste l’un des plus beaux romans de l’auteur.
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La transmission

¨On harcelait l’armée des colons. Ils avaient les moyens, et nous, nous avions le temps. Ils redoutaient la mort ; nous, nous y allions sans nous poser de questions."

Le vieil homme du Pays des Crevettes se confie à son fils.....il lui parle des différentes armées d'occupation qui les ont privés de leur liberté, l'armée allemande, puis les Français et les Anglais.

Il sait que la mort va venir et souhaite, dans ses derniers moments, que son fils s'acquitte d'une veille dette ...il n'a jamais payé la dot de et qu'il paye donc pour lui la dot de sa femme. Le fils accepte, afin que cette honte ne retombe pas sur ses épaules...Ah! la tradition !

Son père était Karl Kiribanga Ébodé, il était infirmier et appartenait au maquis de New-Bell lié au mouvement d'insurrection nationale 

Le père lui parle de son passé,  notamment dans les rangs du maquis de New-Bell lié au mouvement d'insurrection nationale. Là, il était Docta...un surnom qui lui avait donné parce qu'il était infirmier. D'autres l'avaient surnommé le Patrouillard, parce qu'il prenait souvent beaucoup de risques. 

Il va même jusqu'à lui faire des confidences peu glorieuses..

Le règlement de cette dot le met face au passé de son père, de ses luttes pour l'indépendance....toute cette part d'histoire du Cameroun constitue la partie  intéressante du roman.

Cependant je l'ai trouvé brouillon et peu clair, bien moins passionnant que les autres titres de l'auteur que j'ai eu l'occasion de lire. 

Du fait de problèmes personnels, je n'étais peut-être pas dans les meilleurs dispositions possibles pour lire ce titre.....il faudrait peu-être que je le relise.

La lecture présente bien des intérêts, un dépaysement d'une part et d'autre part la possibilité de découvrir d'autres cultures, et d'appendre une partie du passé du Cameroun ...de connaître une partie des racines de l'auteur.

Alors pourquoi Cameroun....pays des crevettes...Parce que Cameroun vient du portugais Camerões qui signifie crevette. Fernando Po marin portugais accosta en 1472 sur les rives du Wouri , et s'étonna de la présence de nombreuses crevettes qui s'y trouvaient. Il baptisa l'endroit Rio dos Camerões.....fleuve de crevettes.

Ce qui avec le temps deviendra Cameroun....
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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La Rose dans le bus jaune

Eugène Ebodé était à la GL du 17/02/2021; j'ai eux de ses livres dans ma pal depuis...2015. C'était à Béthune, grâce aux Escales des Lettres. Cet auteur, qui m'était inconnu, m'a "exploitée" toute la journée; le conduire à la gare, l'attendre 20 minutes; ramener sa fille aînée à Lille où elle était étudiante (elle m'avait promis d'adopter un chaton qu'une petite fille du CADA craignait de voir enlevé par la SPA). Aucune nouvelle de la fille comme de son père qui venait d'être papa à nouveau. Sans doute est-ce la raison pour laquelle ses livres ont trainés dans ma pal; ils parlent pourtant de Rosa Parks d'où le titre et l'autre du génocide du Rwanda.
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