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Citations de Félix Leclerc (169)


- La ville? C'est le peuple rassemblé autour des usines. C'est l'entassement des maisons collées comme un jeu de cartes. C'est la terre qui est cachée sous l'asphalte et qui se montre le bout du nez à la hâte dans les parcs et les avenues. Où les arbres ont des bras en écharpe, des estomacs de ciment, des poumons artificiels, c'est là. La ville... des gens qui vont à droite, d'autres à gauche. Ceux qui vont à droite ne connaissent pas ceux qui vont à gauche. Pourtant ce n'est pas à cause de l'obscurité que les gens ne se connaissent pas, parce que des soleils de toutes couleurs pleuvent dans les rues, c'est à cause de... je ne sais pas. La ville, c'est la bouche fermée, l'oeil aux aguets ; c'est "je te donne ceci pour cela, fais vite et sans rire". La ville, c'est l'attente, pour la cloche, la sonnerie, le sifflet qui te dit : "Lève-toi, viens là, puis fais ceci, va dîner ; c'est tout, bonsoir." Et ça recommence interminablement. La ville, c'est un immense cri que personne n'entend ; c'est un lourd silence roulant des bruits insupportables. La ville, c'est le royaume des grimaces et des masques. Roule! Des grands sourires cachent des enfers et les laideurs peuvent détrôner les rois. La ville, c'est... des milliers de mains tendues par en haut qui prient. Des milliers de muscles qui travaillent. Des bribes d'angélus perdues dan ile rire des cabarets. Des millions de mâchoires fermées qui souffrent. C'est un bruit de ferraille, la vapeur pourrie qui sort des caves et sent mauvais. Des yeux avec du sang et des hommes cachés qui ont du génie, s'enferment, digèrent les malheurs et font des chefs-d'oeuvre... C'est la vallée des larmes!
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Fidor avait pirouetté dans l'obscurité.
Penché au hublot de sa chambre, il buvait les restes apportés par la nuit. C'était un soir magnifique pour voler du bonheur.
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Lentement, discrètement, papa nous préparait un héritage : il nous glissait ce qui est mieux que l'argent : du courage, des provisions de courage pour l'avenir, car lui savait que dans le détour, après l'enfance, une bête nouvelle et compliquée, tapie hypocritement, fait le guet... Bien assez tôt, ce devait être notre tour d'entrer dans cette gueule!
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Souvent, le jour, avec Lédéenne et mon frère le deuxième, le discret, le "rangé" de la famille qui rêvait d'être musicien, tous trois main dans la main, nous allions en cachette sur la galerie de la maison chanteuse et, sans parler, nous contemplions par les carreaux les instruments de cuivre.
Mon frère le deuxième savait leur nom, leur origine et leur pouvoir de charmeur, qu'il avait appris dans un livre. Il nous racontait des fables au sujet du piccolo et de la flûte. "Pendus au mur, ils se font la cour, disait-il. Lui, c'est un berger ; elle, une chanson insaisissable comme une abeille. La clarinette est la seule, remarquez-la, qui beau temps mauvais temps rit toujours de toutes ses clefs ; c'est la coquette du village. Le xylophone nerveux et maigre, avec ses côtes à jour, se tient au fond ; il claque des dents ; c'est qui? c'est le pauvre." Une vieille harpe qui ne sortait jamais, en avant de tous les autres, comme une ancêtre, semblait tirer ses fils dans la vie, fendait les malheurs comme une proue de navire. Et le drapeau tricolore jetait ses plis vers nous, comme s'il eût voulu nous envelopper, nous enlever dans ses voiles.
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Les yeux de dix frères et soeurs à aimer, n'est-ce pas quelque chose? Pour jouer : de la santé et des jeux plein les bras ; en plus, comme les seigneurs, une montagne à nous pour glisser, des chiens avec de vrais attelages sur un vrai traineau, une vache, de vrais chevaux et cette vallée de noisettes, de glands, de framboisiers, sans clôtures, ni affiches, ni gardiens et la Saint-Maurice au milieu... Les fils de roi ne devaient pas en avoir tant que cela.
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[Le père Richard] aimait sa vie telle qu'elle avait été, virile et audacieuse. "Tant que les hommes auront muscles et volonté, répétait-il souvent, il feront de bien mauvais paresseux."
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Chaque pomme est une fleur qui a connu l'amour.
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Durant trente ans, avec une patience de fourmi, cet homme sans titres apprit aux enfants à faire des m avec trois pattes, des t avec une barre, des i avec un point e tune vie avec de l'idéal.
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Félix Leclerc
Le verbe AIMER pèse des tonnes. Des tonnes de chagrins, de joie, d'inquiétudes, de doutes, de cris, d'extase. Ne le fuis pas Ne pas aimer pèse encore plus lourd.
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Félix Leclerc
"Une fortune est plus à l'abri dans une tête que dans un sac."
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Félix Leclerc
Le mot " aimer" pèse des tonnes.Des tonnes de chagrin, de joie , d'inquiétude, de doute, de cris, d'extase. Ne le fuis pas.Ne pas aimer pèse encore plus lourd.
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Valait vraiment la peine pour un écolier de souffrir un peu pendant les mois de septembre, octobre et novembre pour aboutir au merveilleux mois de décembre ; car c'était une merveille, une récompense, une joie que cette époque, au bout de laquelle nous attendaient Noël, les étrennes, les réunions de famille enveloppées dans quinze jours de vacances. (Page 165)
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Fidor m'avait fait connaître le mot amitié, c'était merveilleux ; maman et les gardes-malades, le mot courage ; papa et mon frère le premier, celui d'audace ; Anne-Marie et mon frère le second celui de musique ; Gaspard Lavoie, celui du théâtre ;Ledeenne, tout cela ensemble;Ludger, terre. Dans mon vocabulaire du temps figuraient aussi les mots larmes, tempêtes, punitions ; ...Mais je me serais passé des mots :séparation, feu, haine, vol, guerre, mort.
Mots atroces!
On se demande plus tard quand on est homme, ...on se demande d'où viennent les cheveux blancs, les rides dans le visage, les tics nerveux, les dos courbés, les myopies, les tremblements de genoux, les syncopes, les yeux hagards, les lèvres ruinés et les crevasses sur la peau... Tout cela vient des mots atroces. Ce sont eux qui font vieillir. (Page 131-132)
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Nous sommes tous nés, frères et sœurs, dans une longue maison de bois à trois étages, une maison bossue et cuite comme un pain de ménage, chaude en dedans et propre comme la mie. (Page 15 première phrase)
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Le village où il n'y a ni principes, ni coutumes, ni vie intérieure, le village qui essaie maladroitement d'être une réplique de la ville, qui veut ses petites boîtes à vice, son petit courrier de laideur imprimé, qui tolère les paresseux professionnels, qui commence à montrer son dédain des coutumes, qui fait un détour devant le travail, qui soupire à propos de rien comme un dévirilisé, qui s'ennuie le dimanche à cause de la vanité de ses buts, qui grince des dents un petit peu à la vue de la soutane; un village comme ça, engourdi moralement, c'est mauvais signe.
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Plus on dit, dans les écoles, que la province de Québec, c'est la plus belle place au monde, plus le feu est haut. Plus les petites filles sont fières de parler le français, plus le feu est clair. Plus il y a de monde dans les églises, plus le feu chante sur la grève. Un feu, tout dépend de ce qu'on met dessus; du sable, ça l'éteint; il ne faut pas dire qu'on est bon à rien. Jamais. Ça éteindrait le feu. Faut rire, chanter, danser, écrire, peindre, s'amuser dans notre langue; ça, c'est de belles brassées de bouleau dans le feu.
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C'était une rivière bohème, buveuse de ruisseaux, où s'abreuvaient les arbres, les mouches et les loups. Elle venait de loin, où commence l'écume, et charroyait des écorces gommeuses, promenait des canards et des joncs sous-marins; les libellules s'y miraient en passant et des bancs de poissons verts, entre deux ombres d'arbres, y dormaient au soleil.
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"A la puissance qui reste assise, Ti-Jean préférait donc la pauvreté qui marche, continuait maman en nous laissant le temps de comprendre. Aux routes battues, il préférait les sentiers de ronces; il ne connaissait pas les bals dans les manoirs, les débats sous les lustres et les passe-temps en fauteuils. Il détestait l'eau croupissante; les torrents l'enchantaient. Aux beaux habits des villes, il opposait sa parka sentant l'écorce; aux phrases vides, il préférait les actes remplis comme des rivières. Il faisait pouah ! à ceux qui couvent leurs malheurs comme des oeufs d'or. Peut-être, sous ses habits, cachait-il d'horribles cicatrices; mais ceux qui l'ont connu ne se souviennent que de son rire." (page 25)
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"Et comme l'équipage d'un navire heureux ne pense ni aux arrivées ni aux départs, mais à la mer qui le porte, nous voguions dans l'enfance, voiles ouvertes, émus des matins et des soirs, n'enviant ni les ports ni les villes lointaines, convaincus que notre navire battait bon pavillon et renfermait les philtres capables de fléchir pirates et malchances." (page 19)
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Ce sont les journaliers du village, qui, un beau samedi de mars, travestis en vendeurs d'illusions, nous ont naïvement révélé la poésie, nous ont publiquement donné la permission de rêver, nous ont prouvé avec leurs gambades et à leurs cabrioles que laisser la rue n'était pas insensé, qu'au contraire, il est normal et utile à l'homme d'aller dans le merveilleux de temps en temps, de se réfugier au creux des chimères pour se désaltérer ou pour oublier.
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