Citations de Francis Scott Fitzgerald (1001)
La lune, très haut dans le ciel, posait sur les eaux du détroit un triangle d'écailles argentées, qui tremblait doucement sous les cascades de notes métalliques des banjos sur le gazon.
Nous avons roulé jusqu'à la 5è avenue; il y avait de la douceur dans l'air en ce dimanche d'été presque pastoral, et je n'aurais pas été surpris de voir paraître un grand troupeau de moutons blancs au coin de la rue.
Les manifestations d'indépendance absolue suscitent le plus souvent chez moi un respect mêlé de stupéfaction.
(...)
" Est-ce que je leur manque? S'écria-t-elle, au comble du ravissement.
–La ville entière est plongée dans la désolation. Toutes les voitures ont peint en noir leur roue arrière gauche en signe de deuil, et la nuit, c'est une lamentation continue qui monte de la rive nord du lac.
–Merveilleux ! Retournons - y Tom. Demain !"
La Providence lui envoyait une jeune fille pour le distraire comme elle avait envoyé à Benvenuto Cellini des hommes à assassiner, et il se demandait si elle était folle, simplement parce qu'elle s'accordait exactement à son humeur.
e sa mère, Amory Blaine avait hérité tous ses traits, sauf ceux, d'une qualité rare et indéfinissable, qui faisaient sa valeur.
On ne sait jamais la place qu'on occupe dans la vie des gens. [...] Les relations les plus solides s'établissent toujours sur l'envie qu'on a de les faire durer, et la connaissance exacte de ce qui les menace.
Sa journée, habituellement gélatineuse, informe, invertébrée, venait d'acquérir une structure mésozoïque.
Un classique, suggéra Anthony, est un livre dont le succès a survécu aux réactions de la période ou de la génération suivantes. À ce moment-là, il est assuré de son avenir, comme un style d'architecture ou d'ameublement. Il échappe à la mode, il a acquis une sorte de dignité pittoresque.
... mais quand tu réfléchis tout seul, eh bien, tes idées se succèdent comme les images dans une lanterne magique, et chacune d'elles chasse la précédente.
Elle était belle, mais pas comme ces filles dans les magazines. Elle était belle, dans sa façon de penser. Elle était belle, pour l’étincelle dans ses yeux lorsqu’elle parlait de quelque chose qu’elle aimait. Elle était belle, pour sa capacité à faire sourire les personnes autour d’elle, même si elle était triste. Non, elle n’était pas belle pour quelque chose de si éphémère que son apparence. Elle était belle, profondément, dans son âme.
De nombreux appartements de cet hôtel abritaient des ruines opulentes, des individus qui fuyaient la justice de leur pays, des prétendants au trône de principautés annexées qui survivaient grâce à un régime de dérivés de l'opium et du barbital, écoutant interminablement, comme s'ils avaient l'oreille
collée à un implacable poste de radio, les grossières rengaines de leurs anciens crimes. Ce coin d'Europe n'attire pas tant ces gens qu'il ne les accepte sans poser de questions gênantes. Deux routes se croisent ici : celle des malades qui se rendent dans des sanatoriums privés ou des stations de montagne pour tuberculeux, et celle de l'individu qui a cessé d'être persona grata en France ou en Italie.
Elle aimait se trouver toujours occupée, bien qu'à certains moments elle donnât le sentiment d'une paix qui était absence de mouvement et cependant riche de suggestion. Cela venait du fait qu'elle savait peu de mots et ne croyait en aucun, et qu'en société elle était plutôt silencieuse, limitant sa participation à la bonne humeur générale avec une rigueur qui touchait à la parcimonie. Mais au moment où cette économie stricte commençait à mettre mal à l'aise les gens qui ne la connaissaient pas, elle s'emparait du sujet et l'emportait au loin, avec une fébrilité qui la surprenait elle-même, avant de le ramener et de l'abandonner brusquement, presque timidement comme un obéissant chien d'arrêt ayant exécuté sa mission, et même un peu plus.
Au temps lointain de l'année 1860, il était de bon ton de naître chez soi. Je me suis laissé dire que les divinités toutes-puissantes de la médecine avaient désormais décrété que les premiers cris des enfants devaient résonner dans l'air aseptisé d'un hôpital, en vue si possible. Les jeunes Mr. et Mrs. Roger Button avaient donc cinquante ans d'avance sur la mode lorsqu'ils décidèrent, un jour de l'été de 1860, que leur premier enfant naîtrait dans un hôpital. On ne saura jamais si cet anachronisme a eu une quelconque incidence sur l'histoire ahurissante que je m'apprête à relater.
Je vais vous rapporter les faits et vous laisser juger par vous-même.
Les Roger Button jouissaient d'une situation enviable, tant du point de vue social que financier, dans le Baltimore d'avant la guerre de Sécession.
Ils étaient parents de Telle famille et de Telle autre, ce qui les qualifiait, comme le savait tout Sudiste, pour appartenir à cette vaste noblesse dont la Confédération était largement peuplée.
C'était la première fois qu'ils se prêtaient à cette vieille coutume charmante consistant à avoir un bébé. Mr. Button était naturellement nerveux.
Il espérait que ce serait un garçon, pour pouvoir l'envoyer à l'université de Yale dans le Connecticut, établissement où Mr. Button lui-même avait été connu quatre années durant sous le surnom assez facile de « Manchette ».
Le matin de septembre où devait avoir lieu le grand événement, il se leva, nerveux, à 6 heures, s'habilla, régla impeccablement son nœud de cravate et traversa à la hâte les rues de Baltimore pour rejoindre l'hôpital, afin de savoir si la nuit profonde avait fait éclore une nouvelle vie sur son sein.
Arrivé à une centaine de mètres du Maryland Private Hospital for Ladies and Gentlemen, il vit le docteur Keene, le médecin de famille, en descendre le perron en se frottant les mains comme pour se les laver - geste recommandé aux docteurs par l'éthique tacite de leur profession.
Il a dû sentir qu'il venait de perdre à jamais son ancien monde de lumière, que c'était le prix à payer pour avoir trop longtemps vécu prisonnier d'un seul rêve
Tout un chacun croit deviner en lui une qualité fondamentale, et voici la mienne : je suis une des rares personnes honnêtes qu'il m'a été donné de connaître.
Alors que nous passions le pont dans la pénombre, son visage blême vint non- chalamment s'appuyer contre mon épaule et le poids formidable de mes trente ans s'envola avec la pression rassurante de sa main.
C'est ainsi que nous roulions vers la mort dans le crépuscule fraîchissant.
Hé smiled understandingly - much more than understandingly. It was one of those rare smiles with a quality off eternal reassurance in it, that you may come across four or five times in life. It faced - or seemed to face - the whole external world for an instant, and then concentrated on you with an irrésistible prejudice in your favor. It understood you just so far as you wanted to be understood, believed in you as you would like to believe in yourself and assured you that id had precisely the impression of you that, at your veste, you hoped to convey.
(traduction de Philippe Jaworski) Il eut un sourire de compréhension, où il y avait bien plus que de la compréhension. C'était un de ces sourires rares qui ont le don de vous rassurer à jamais, et qu'il arrive que l'on rencontre quatre ou cinq fois dans une vie. Il se portait - ou semblait se porter - un instant sur le monde extérieur tout entier, puis se concentrait sur vous, sur vous seul, avec un irrésistible préjugé en votre faveur. Il vous comprenait dans la mesure exactement où vous vouliez être compris, croyait en vous comme vous auriez aimé croire en vous-même, et vous assurait qu'il avait exactement de vous le sentiment que vous souhaitiez, au meilleur de vous-même, donner à autrui.
Mais ce qui arrive souvent arriva : chacun, en discutant, avait convaincu l'autre, et leurs points de vue s'inversèrent.
La plupart des étudiants croient dur comme fer qu'il est anglais. Ils ne peuvent pas imaginer qu'une telle intelligence ait pu maître aux États-Unis.
Maintenant qu'il était certain de ne jouer aucun rôle dans sa vie, elle était devenue la femme inconnue, mystérieuse. N'est-ce pas ce qu'entendent la plupart des hommes. lorsqu'ils disent qu'ils sont amoureux ?