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Critiques de Francisco Coloane (174)
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Antartida

"En ce bout du monde, la nature est hostile et violente".

Cette nature paradisiaque,lorsque les criques émiettent la cordillère, lorsque les lichens fleuris de rouge percent la neige; poétique lorsque "le disque rouge de la lune s'élève dans un ciel limpide,alors que l'Agamaca fendait les eaux tel un couteau déchirant un voile de soie"; Alejandro Silva et son frère Manuel, partis pour un long voyage en mer du Chili jusqu'au pôle sud, la verront aussi déchainée ou glacée telle un piège à rats refermant ses crocs sur les chairs humaines pour les broyer, impitoyablement.

Dans ce roman d'aventure, Antartida, nous retrouvons Alejandro (radiotélégraphiste), qui, "gamin, s'était embarqué clandestinement sur le Baguenado" (voir Le dernier mousse). Avec son frère, moult péripéties les attendent, car le Cap Horn se passe souvent avec pertes et fracas.

Ce qui est intéressant, c'est que chaque chapitre est une courte nouvelle, comme l'étape d'un chemin de croix. Ici, c'est l'histoire du naufrage du "Flora"et du sacrifice de son capitaine, plus loin les difficiles manoeuvres pour éviter une collision, puis on rentre dans la caverne d'un ermite Cauquenes dont les bêtes ont été volées. On passe de la légende du monstre qui a dévoré les "araignées de mer" à celle du "manchot fantôme" jusqu'au "paradis des loutres" qui se fait parfois enfer.

Antartida est dépaysant (les tentes sont en peau de phoque, on déguste du "robalo salé", on croise des "Yaghans", on se faufile à travers des parois de mica ou de cuivre.

Ce roman d'aventure est une ode à la nature souveraine, avec ses "paysages féériques" et ses animaux en voie de disparition (baleines bleues,lions de mer,phoques,manchots....), à l'homme à la fois bon et mauvais et à la vie car "la vie appartient aux vivants".

Grâce à l'écriture imagée de Francisco Coloane, romancier et nouvelliste chilien, c'est un véritable film qui se déroule sous nos yeux digne des paysages enchantés et enchanteurs des plus beaux Ushuaia!
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Le sillage de la baleine

Avec Le sillage de la baleine, on voyage sur les îles, sur la mer et on y rencontre Pedro Nauto, jeune garçon qui doit très vite se débrouiller seul. Sur l’île de Chiloé, la vie est rude mais l’entraide est essentielle. Après la perte de sa mère, Pedro se retrouve seul face à son grand-père qu’il n’apprécie pas. Heureusement, il a des amis pour l’aider et l’accompagner dans sa découverte du monde : José, la belle Rosalia…

Un petit livre que j’ai beaucoup apprécié ! Moins de trois cent pages, de courts chapitres mais beaucoup d’émotions . La première partie, sur terre, on voit Pedro grandir : les premiers émois, les travaux des champs, les déceptions… La seconde partie, en mer, est aussi riche : on embarque aux côtés de Juan Albarran, capitaine du Leviatan, baleinier sur lequel Pedro va monter. Francisco Coloane montre crument les chasses à la baleine, sans omettre de détails. Ces passages sont assez difficiles à lire… Cependant, il nuance la cruauté de ces traques en rapprochant l’animal de l’homme ou d’autres animaux. Et puis la vie de ces marins est loin d’être facile…

Un beau roman d’aventure qui immerge dans la culture chilote, découvrant les coutumes et diverses croyances et légendes. Un auteur que j’ai eu plaisir à découvrir et je relirai.



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Cap Horn

Sur cette terre inhospitalière, dans les eaux qui la bordent, la furie des éléments balaye le paysage et fouette les hommes fous de solitude, de convoitise, de jalousie. Parfois, la sauvagerie des hommes dépasse celle de la nature, mais ils n'en sont jamais maîtres. Ceux qui sont nés dans cette contrée hostile et indomptable y sont pourtant indéfectiblement liés.

Des textes de toute beauté, du grand art.
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Tierra del Fuego

Tierra del fuego est un recueil de nouvelles où il dépeint des personnages haut en couleurs, parfois héroïque et parfois capable des pires choses par appât du gain. Coloane est un écrivain dont je n'avais jamais entendu parler mais qui mériterait d'être plus connu. Son recueil est tellement bien écrit qu'il nous paraît beaucoup trop court, je suis restée sur ma faim. La bonne nouvelle c'est que je vais me jeter sur tous les autres livres qu'il a écrit.
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Cap Horn

CAP HORN est un recueil de quatorze nouvelles écrites par l'écrivain Chilien Francisco Coloane en 1941 alors qu'il n'avait que trente ans. Pourtant, à la lecture de ces récits, on a le sentiment que c'est un homme qui a déjà beaucoup vécu qui les a écrits. Et pour cause : Francisco Coloane, ayant perdu ses parents à 17 ans, est contraint de travailler pour subvenir à ses besoins. Il devient éleveur de moutons, dresseur de chevaux, ouvrier agricole, baleinier... Autant de métiers rudes et pénibles exercés en terres australes.



Ce sont ses expériences qu'il retranscrit dans ces récits d'aventures où il conte la vie austère et pénible des hommes vivant en Terre de Feu. Une terre balayée par les vents, aux sols arides et caillouteux où les hommes vivent entre eux, leurs chiens fidèles leur permettant de supporter la solitude.



Les histoires que nous raconte Francisco Coloane sont dures, tristes et pleine de magie. Les hommes qui peuplent ces récits sont aussi sauvages que la terre qui les abrite. La solitude, l'isolement, le difficile labeur et l'alcool font ressortir leur bestialité et leur font commettre des actes d'une rare cruauté. Pourtant l'écrivain semble aimer cette terre et ces hommes, on le ressent à chaque page.



Je ne suis habituellement pas amatrice de récits d'aventures mais Francisco Coloane a réussi à m'embarquer avec lui. J'ai ressenti la morsure du froid, la faim, le désespoir, la chaleur des chevaux et j'ai partagé la solitude de ces hommes courageux.

Toutes les nouvelles n'ont pas eu le même intérêt pour moi, certaines sont à mes yeux meilleures que les autres (La voix du vent, Flamenco, Cururo, La vengeance de la mer, La poule aux œufs de lumière et Cap Horn).



Les amateurs de livres d'aventures ne pourront qu'être comblés par le style percutant de l'auteur. Les autres pourraient bien tomber sous le charme !
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Le sillage de la baleine

1920.

De Chiloé – au Sud du Chili - à la Terre de Feu, Francisco Coloane nous fait voyager entre ciel et terre, entre ciel et mer.



-La terre : l’île de Chiloé.

Une île tellement battue par les fureurs des grandes dépressions atmosphériques que les tempêtes qui s’y déchaînent n’inquiètent plus ses habitants.

Pourtant, un matin, lorsque qu’un pêcheur découvre, à la Pointe de Pinkén, le cadavre d’une femme flottant parmi les algues, la stupeur bouleverse le village. Il s’agit de Rosa Nauto, fille du vieil hidalgo Santiago Nauto, riche propriétaire terrien, qui quinze années auparavant, a renié Rosa parce que, mère de Pedro - enfant naturel -, à qui elle n’a pas révélé le secret de sa naissance.

A partir de ce moment-là, Pedro n’aura de cesse que de s’embarquer à bord d’un navire pour prendre la mer.



-La mer : La Tierra de Fuego, archipel composé de plusieurs milliers d'îles envahies par des fjords, parcourues par le « Leviatan » - baleinier à bord duquel s’embarque Pedro. Une vie en vase clos l’attend ; vie à la fois rustique, rude, sans concession, mais solidaire et fraternelle.



Dans ce voyage initiatique, peuplé de croyances et d’aventure, Francisco Coloane nous fait bourlinguer - tantôt sur des mers déchaînées, par des vents hurlants, noyées dans le brouillard ; tantôt sur des mers d’huiles dans un silence de création de bout du monde ; le tout dans une lutte impitoyable et cruelle entre les matelots du Leviatan et les plus grands mammifères marins…



Une histoire de vie : violente, mais riche et belle car ouverte sur les autres, la nature, la vie, la mort, … le monde.



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Le dernier mousse

« Le dernier mousse » raconte l’histoire d’un gamin de quinze ans, embarqué clandestinement à bord de la goélette « La Baquedano », dernière expédition dans les Mers du Sud avant son désarmement définitive.



Une histoire simple, dans le genre classique « roman d’initiation », où le gamin quitte l’influence maternelle pour partir à la recherche d’un frère sans nouvelle à l’autre bout du pays. Classique dans la littérature mais éternelle et intemporelle. Car quand il s’agit d’émotion, le temps ne compte plus, et quand la plume est de Francisco Coloane, le voyage au large de la Terre de Feu, dans les méandres des Magellanes devient éblouissant. Qu’il s’agisse d’essuyer les tempêtes, de décimer les icebergs au canon, de croiser la route des indiens ou des chasseurs de baleines, ou tout simplement de regarder le souffle moqueur d’une baleine, les mots sur ces pages deviennent aussitôt images dans mon esprit.



Dès le début de l’aventure, je me suis revu faire le quart sur la passerelle (souvenirs de jeunesse d’un bison). De ma couchette ou sur ma moleskine rouge, j’ai ressenti le roulis (non, je n’ai pas envie de vomir… non, non, non) quand la goélette chevauchait les vagues. Je m’imaginais dans la soute, sur le pont, à veiller, à tirer les cordes sans m’arracher les mains, prêt à chavirer…



Un roman en deux parties : une première sur mer, une seconde sur terre. Mon âme étant plus marine, j’ai gardé au fond de moi une préférence pour les pérégrinations du gamin sur La Baquedano. L’aventure me semblait plus grande, les rapports humains plus profonds car la solidarité entre marins est forte et poignante, le souvenir aux anciens, disparus noyés en mission toujours émouvant ; La mer, une âme impitoyable. La rencontre avec les Indiens peut paraître une aventure tout aussi forte et tout aussi importante dans le cœur du gamin. Il y croisera le destin de son frère et deviendra un homme lui aussi en ayant réussi sa mission : partir et retrouver son frère…


Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Le dernier mousse

Ah que ça fait du bien de temps en temps un petit roman d’aventure. Plutôt classé littérature jeunesse mais pouvant se lire à tout âge. Alejandro a quinze ans et comme le Marius de Pagnol, rêve d’être marin. Alors lorsque l’occasion se présente, il va laisser sa veuve de mère bien seule et embarquer clandestinement sur le Baquedano, ce navire-école chilien en partance pour son dernier voyage. Sur le parcours, ça tombe bien, la ville de Punta Arenas, celle où son frère est parti il y a quelques années et dont on est sans nouvelles.

Nous allons découvrir avec lui la vie à bord, la manière dont les marins aguerris vont l’adopter et le former, vivre près de lui les tempêtes terribles des mers du sud, les dangers d’une collision avec des icebergs ou des baleines, les rencontres avec les peuples autochtones comme les indiens Alakaluf ou Yaghan. Nous allons naviguer dans ces régions mythiques et splendides que sont le détroit de Magellan, la Terre de Feu, le Cap Horn, Ushuaïa. Des noms qui font rêver.



Alejandro a promis à sa mère de retrouver son frère Manuel. Va-t-il y parvenir ? Eh bien c’est tout à fait extraordinaire mais…. Non, rien.



J’avais parcouru récemment ces mêmes contrées aussi belles qu’inhospitalières lors de ma lecture de Joshua Slocum et de son tour du monde à la voile mais cette fois-ci, s’y ajoute un doux parfum de romanesque.
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Cap Horn

Digne de figurer parmi mes 6 livres à emporter sur une île déserte…

Chaque nouvelle est un nouveau coup à l’estomac.

Et le silence qui s’impose entre chacune de ces histoires est plein et lourd.

Mais il est chaque fois délectable car l’auteur nous a si bien enivrés de sa patte et de sa verve que l’on ressent la neige, la glace, le vent, le froid ou la mer avec tant de certitudes que cela tient du génie.

Et comment s’imaginer vivre ce que ces hommes ont vécu ?

Leur courage et leur folie...

Sommes-nous devenus si faibles ?
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Tierra del Fuego

Plus de 25 ans après sa lecture, j’ai eu envie d’écrire un petit mot sur ce livre de Francisco Coloane. Je lisais Séquoias , très bon livre de Michel Moutot .Au fil du récit, il y parle des Alakalufes au fin fond de la Patagonie.La récit de Coloane m’est revenu en mémoire. Je me suis aperçu que je n’avais jamais oublié Coloane, le Jack London de l’Amerique du Sud

Depuis , j’ai eu la chance de parcourir cette région austère ,magique et belle. Pour tous les amoureux des grands espaces, un conseil: lisez ou relisez Coloane. C’est quelquefois dur comme la vie mais c’est beau.

Des livres qu’on oublie pas.
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Tierra del Fuego

Après CAP HORN et LE DERNIER MOUSSE, je suis retournée en terres australes en compagnie de Francisco Coloane avec TIERRA DEL FUEGO, un recueil de nouvelles.

Une fois encore, j'ai été dépaysée et l'aventure a été aussi magique qu'éprouvante.



Francisco Coloane nous parle de la Terre de Feu, un espace aride et dur qui change le cœur des hommes. Cette terre inhospitalière accueille des êtres solitaires dont le corps, l'esprit et le sens moral sont mis à rude épreuve. On y croise des chercheurs d'or avides, des insurgés désespérés, des marins à l'âme desséchée par les vents du large, des chasseurs rêvant de fortune, des bandits de grands chemins et des femmes qui cachent leurs larmes.

La vie est âpre et souvent désespérée mais il suffit de la chaleur d'un petit animal abandonné pour qu'une «brise d'humanité» viennent adoucir la vie des hommes.



J'ai aimé toutes les nouvelles qui composent ce recueil. J'ai adoré chevaucher dans la pampa, me réchauffer aux feux de camps, boire de l'eau-de-vie à même la bouteille, affronter la mer déchaînée, voir le soleil rosir le ciel, partager le repas des péons...

À n'en pas douter, le retour à la vie normale va être difficile mais je repartirai bientôt pour d'autres aventures avec Francisco Coloane car il a encore beaucoup à me dire sur sa Terre de Feu.
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Le Passant du bout du monde

J'avais découvert Francisco Coloane grâce Luis Sepulveda dans "Une sale histoire : (Notes d'un carnet de moleskine)". Coloane est pour lui "Le plus grand écrivain du Chili"...J'avais beaucoup aimé "Le Dernier mousse". Dans "Le passant du bout du monde", Coloane nous raconte son enfance, sa vie, son amour pour les îles Chiloé qui l'ont vu naître et grandir, pour la Province des Magellanes...un coin du monde dont personne ne parle, battu par le vent austral, pays de landes, de moutons...Il nous conte les légendes qui façonnent les gamins.

Un auteur né au début du XXème siècle, qui eut mille vies, ouvrier agricole dans une estancia, marin, vendeur de charbon, charpentier, journaliste, acteur de théâtre, journaliste, grand voyageur..ambassadeur de son pays... sympathisant communiste il s'opposa à Pinochet et à son régime..

Un ouvrage assez inégal dans lequel quelques (rares) passages ennuyeux, déjà lus, côtoient la petite histoire du Chili, la grand Histoire du monde. A la fois chronologique et thématique, "Le Passant du bout du monde", nous en apprend beaucoup sur la vie dans ces terres lointaines et froides, la chasse à la baleine, la castration des agneaux...avec les dents...quel passage !, les superstitions, la dure vie des marins, l'extermination ancienne et horrible des indiens, afin de gagner leurs terres pour l'élevage des moutons, les voyages, les rencontres multiples de l'auteur...et ainsi sur sa personnalité d'homme, son travail d'auteur et ses sources d'inspiration, ses écrits et aussi sur ses engagements politiques et humains, son côté "touche-à-tout":



* "Il ne fait aucun doute que le monde que j'ai connu à fait de moi ce que je suis : un travailleur de la plume ou de la machine à écrire qui a transcrit sur le papier le récit très proche de la vérité, d'expériences vécues. Je n'ai jamais éprouvé le besoin de créer artificiellement des atmosphères qui m'étaient étrangères. L'art a toujours été motivé chez moi par des élans émotionnels, je crois que c'est cela ma littérature."



Un auteur discret, engagé et courageux, protecteur de l'environnement....un beau dépaysement!


Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Tierra del Fuego

Un bon recueil de nouvelles qui nous entrainent en Terre de Feu, sur les traces des chercheurs d'or, d'hommes de la mer, de constructeurs de phare...Un beau livre.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Le dernier mousse

Un tout jeune adolescent, Alejandro Silva, décide de s'embarquer comme passager clandestin sur la corvette "le Baquedano", qui est un bateau école pour les mousses, et effectue son dernier voyage avant d'être démontée, vers le mythique Cap Horn et la Terre de Feu.



Bien sûr, Alejandro Silva est repéré, et le commandant de la corvette décide de le garder à bord. Il devient mousse, revêt l'uniforme de marin et fait ses classes. Les hommes de l'équipage sont rudes, parfois moqueurs (on le surnomme "trois formes" parce qu'il n'a pas reconnu des baleines lors de son premier quart à la vigie), mais il est bien encadré, et le métier lui plaît.



Il s'est donné pour but de retrouver son frère aîné qui est parti vers le Sud, et dont on n'a plus eu de nouvelles. Comment faire ? Avant de résoudre cette épineuse question, il connaîtra des histoires de fantômes en mer, grâce au vieil Escobedo, qui enchante les soirées ou travaux de couture des mousses de ses mystérieuses et frissonnantes histoires, une tempête terrifiante, une navigation au milieu des icebergs, une rencontre avec les Indiens Yaghans... Avant, qui sait ? De trouver sa voie comme marin, de même que l'était son défunt père.



C'est un court roman, et je reste bluffée par la réussite, par tout ce que l'auteur est parvenu à concentrer dans cette intrigue simple de roman d'aventure maritime, pourtant dense et ramassée. Tout y est : les passages obligés comme la tempête, l'arrivée au port sont là, ciselés à merveille, pas un mot de trop, et le souffle d'une épopée maritime, le chant de la nature, des vastes espaces, la nostalgie d'une époque sur le point de se terminer - le Baquedano n'est-il pas lui-même à voile comme à machines ?



On y tire le canon, on y salue un homme disparu en mer, on défile dans les rues des ports, on s'exerce au tir sur des icebergs, on chasse la baleine ; c'est aussi le roman d'une initiation, d'un passage à l'âge d'homme, aux choix responsables. Je n'arrive pas encore à comprendre avec quelle maîtrise Coloane a pu faire tenir tant de substance en une petite centaine de pages.



Et pas seulement ! Il trouve le moyen de défendre la nature, de présenter les Indiens comme bien plus civilisés qu'on ne croirait, il fait l'éloge d'un commandant qui est un vrai marin, et qui affronte la tempête sur le pont avec ses hommes, en ciré et en bottes. Le récit n'est pas dénué d'humour, et la langue est élégante, simple comme seuls les très grands écrivains parviennent à l'écrire, épurée, stylisée, juste parfaite. Je ne m'y connais d'ailleurs pas en traduction espagnole, mais je tire mon chapeau à François Gaudry, car à aucun moment je n'ai eu l'impression de lire une traduction.



Je me suis contentée de dériver dans un état second sur les flots déchaînés du Pacifique, ou de glisser lentement sur les eaux du détroit des Magellanes, et c'était beau - j'ai encore la mémoire des embruns et des ciels infinis des côtes chiliennes... Ce roman est inépuisable, il restera sur mes étagères à une place de choix.
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Le dernier mousse

Cap au sud, le Baquedano, voilier-école de la Marine chilienne, appareille pour son dernier voyage, avec 300 hommes à bord. Les provisions sont chargées dans les écoutilles, les voiles sont déployées et on hisse le grand mât. Départ du Chili, Caltahuano, direction le Cap Horn, ce bout du monde situé à l’extrémité sud de l’archipel chilien. Je n’ai pu m’empêcher d’être du voyage, de vivre ce grand rêve. Alors je suis montée à bord avec Alejandro, clandestinement, et je me suis cachée dans une soute de proue. Ce jeune garçon de 15 ans avait rêvé de devenir marin, de suivre les traces de son père, mort dans le naufrage de l’Angamos. Moi, j’avais envie de découvrir les beautés époustouflantes du Cap Horn. De connaître un peu plus la mer, d’en être imprégnée, ébranlée, chavirée ... Mais lui, il rêvait avant tout de devenir un homme et de retrouver son frère parti aux Magellanes sans laisser de nouvelles. Il sera le dernier mousse. Et je l’accompagnerai…



Il faut comprendre une chose quand on prend le large, c’est qu’on ne supporte plus de s’en éloigner. On s’y attache, s’y amarre, tangue, ballotté par la houle redoutable, les vagues qui ondulent, irrégulières et sauvages. Le baromètre descend, point de rupture avec la mer, la tempête approche comme nous approchons du Cap Tres Montes. Il faut se munir d’une bonne dose de sang-froid, car on louvoie, voyageant à tombeau ouvert. Le spectacle est terrifiant. De violentes nausées me rappellent la mer des Caraïbes, déchaînée, indomptable. Le vent rugit dans les cordages. Pourtant, j’y suis revenue, avec Alejandro, comme on revient vers de vieux souvenirs ineffables. Parce qu’avant tout, il y a ce vent salé du large. L’infinitude de cette plaine liquide, la lune et ses marées, autant de beautés que les tempêtes n’arriveront jamais à affaiblir. Dans ce tumulte, un vieux loup de mer nous raconte ses périples en mer, la nostalgie au creux des yeux. Ainsi, nous voyageons encore un peu plus loin…



« En mer, quand la mort s’approche, il faut ouvrir grands les yeux et la regarder en face ; alors, elle fait moins peur, c’est comme si tu allais descendre à quai. C’est pour ça qu’un naufrage est moins dur sur une barque que sur un navire. Sur une barque on regarde la mort dans les yeux, on a envie de se lever et de marcher à son bras au milieu des vagues, mais sur un navire, tout est trop grand, il y a trop de bruit, d’appels, la mort s’annonce de façon si terrifiante que lorsqu’elle arrive on est comme fou. Plus grand est le bateau, plus dur est le naufrage. »



Punta Arenas, au bord du détroit de Magellan, face à la Terre de Feu. C’est le spectacle qui s’offre à nos yeux, inouï, grandiose, alors que nous approchons de notre but. Sa beauté dépasse tout ce que vous ne pourrez jamais imaginer. Les grandes estancias avec leurs millions de moutons. Des icebergs, redoutables géants de glace, dans toute leur immensité. Et chaque dimanche, un hommage à cette grandeur sans nom, le salut aux couleurs. Le nom en soi est d’une poésie incroyable. Je réalise néanmoins que j’ai oublié de vous parler du « Paradis des loutres », ce lieu secret protégé des Alakaluf, groupe indigène de la zone australe du Chili. Nous avons croisé leur route. Ces nomades se déplacent en canot et vivent dans des huttes. Ils nous ont accueillis, un peu sauvagement au départ, mais comme nous connaissions leur chef, Manuel, ils nous ont ouvert les bras et offert le couvert, de la chair crue de phoque. Ce n’est surtout pas le temps ni le moment de faire la fine bouche, car ils ne sont pas peu fiers de leur offrande. Après quelques jours en leur compagnie, nous reprenons la mer...



…et accostons, au terme de ce long périple, dans la partie la plus australe de l’Amérique du Sud, le Cap Horn. Nous avons eu du mal à le franchir, à cause de ses tempêtes mortelles, mais ce qui s’offre à nos yeux n’a pas de nom. C’est grâce à Francisco Coloane, cet écrivain touchant et profondément humain, que nous y sommes parvenus. Mais je dois avant tout la découverte de cet auteur au Bison des grandes plaines...


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Le Passant du bout du monde

Francisco Coloane est un journaliste écrivain chilien.

Dans Le Passant du bout du monde, il raconte sa vie depuis son enfance dans l'île de Chiloé, son père marin et sa mère cultivant la terre, son arrivée au collège de Mallaganes, sa jeunesse dans les haciendas , sa vie de journaliste dans la capitale, son exil à Buenos-Aires, ses voyages dans le monde ( A Saint-Malo, pour le festival "Etonnants voyageurs")...

Francisco Coloane partage son amour pour sa terre natale et pour les hommes qui y vivaient!
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Tierra del Fuego

Le Chili Brûle ! Déjà, en 2017, le pays s'était trouvé dévasté par des incendies ravageurs. Aujourd'hui, ça recommence, l'ampleur est sans commune mesure avec les événements passés.

Quand je pense Chili, un conteur me vient immédiatement à l'esprit, Francisco Coloane. Je viens de ressortir "Tierra del Fuego", magnifiquement préfacé par Luis Sepulveda chez Phébus libretto.

Terre de Feu, sud du pays, au nom malheureusement prédestiné, voilà que l'ensemble de cette interminable bande de terre est contaminée. le Chili brûle ! le feu se propage à vitesse grand V. V comme Valpareiso, la perle du Pacifique. Oui, mais plus à l'Est, il n'y a plus rien de pacifique, c'est l'enfer.

Je vous emmène à la découverte de trois nouvelles du recueil "Tierra del Fuego", elles parlent du feu, et racontées par Coloane, ça prend une dimension épique.



La première s'appelle "Sur le cheval de l'aurore". En voici quelques extraits : "Une flamme s'éleva du foyer, repoussant l'obscurité dans les niches ménagées entre les stalactites qui semblèrent soudain se désagréger au-dessus de nos têtes en un tournoiement de lambeaux qui émettaient de petits cris gutturaux, comme si un étrange conciliabule surgissait soudain de la roche". C'est beau, non ? Merci à François Gaudry pour la traduction. "Du feu, nous ne connaissions que la vomissure incandescente des volcans et l'éclair destructeur qui déchirait parfois le ciel". Une époque où les humains ne savaient pas le déclencher, encore moins le maîtriser. Mais est-ce mieux maintenant ? le Chili brûle !

Dans "Terres d'oubli", le dérèglement climatique était déjà décrit admirablement. "Une année, le soleil fut tellement violent, comme cela se produit rarement dans la région, que les neiges se mirent à fondre jusqu'aux couches éternelles de l'ère glaciaire". Quand la chaleur peut entraîner des inondations meurtrières, le personnage Vidal a son pas qui s'tend. "Lorsqu'il arriva au bord de la vallée, le spectacle qui s'offrit à ses yeux était atroce... Tout avait été dévasté ! L'herbe était aplatie et sur le sol gisaient les cadavres de sa femme, de ses enfants et de ses employés, en état de décomposition avancée et à moitié dévorés par une bande de condors qui avaient pris possession de la vallée. Les maisons, arrachées de leurs fondations, avaient été broyées comme de simples boîtes d'allumettes. La plupart des moutons avaient disparu et ceux qui restaient encore étaient, comme les chiens et les chevaux, étendus au sol. le désastre était terrifiant".

Dans "La bouteille d'eau-de-vie", l'effet de l'alcool rend le paysage apocalyptique. "Lorsqu'il rouvrit les yeux, l'herbe de la pampa brillait, rouge, drue, comme en feu, blessant la vue. La tourbière se mit à trembler sous ses pieds, les broussailles, poussées par le vent, semblaient fuir, épouvantées, comme des êtres vivants; la pampa grésillait et l'éraflure bleue et blanche s'agrandissait dans le ciel."



Ainsi va le monde de Francisco Coloane, c'était un demi-siècle en arrière, mais ses descriptions sont toujours d'actualité. Je désirais vous faire partager ces extraits de "Tierra del Fuego" et vous donner l'envie de plonger dans ces nouvelles où les histoires imaginaires de folie et de mort transpercent notre présent. le Chili brûle !



Aujourd'hui, 4 février 2024, un an après, c'est encore pire !

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Le dernier mousse

J'aime le ton simple et imagé du récit entre conte et roman initiatique. Un roman marin à l'image du Chili bordé par 5000km de côtes. Dans ce pays, comment ne pas être attiré par la mer? Le déchainement des flots en Patagonie et dans les méandres de la Terre de Feu est captivant. Les 14 chapitres sont autant de tableaux de la rude vie des marins naviguant dans ces contrées hostiles. Coloane nous fait aussi découvrir les Yaghan et les Alakaluf, qui se sont établis au bout du monde à la pointe glacée de la Terre de Feu battue par des vents violents. Un récit raconté de manière très douce malgré la rudesse de son ambiance.



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Cap Horn

Ce petit recueil rassemble des nouvelles publiées dans leur version initiale en 1941 et qui sont autant de pépites. Le style est clair, dépouillé. Le texte ramassé parvient à nous emporter tout au bout du monde. L'auteur décrit un cadre chaque fois différent, mais toujours grandiose, et y déroule une histoire en très peu de pages. Francisco Coloane est l'un des plus grands écrivains chiliens, décédé en 2002. Que l'on soit amateur de récits de mer et d'aventures ou non, il mérite vraiment que vous preniez le temps de le lire et de découvrir derrière ses mots ces contrées battues par les vents.
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Antartida

Antartida est un récit initiatique qui se déroule dans les méandres du Détroit de Magellan au bout du monde mais qui est d’une beauté sans égal. La description de la station radiotélégraphique de Walaia est très fidèle à la réalité. Le récit est rude et cruel comme l’est cette région isolée mais tellement belle qu’elle exerce un effet magique. J’ai été très heureuse de découvrir ce lieu hors du temps.
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