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Citations de Franck Bouysse (2472)


Etre lâche c'est pas forcément reculer, ça peut simplement consister à faire un pas de côté pour plus rien voir de ce qui dérange.
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On embrasse, on acclimate, on déraisonne,on raccommode, on s'accommode, on marchande,on saisit, on repousse, on ment, on fait ce que l'on peut, et on finit par croire que l'on peut. On veut faire croire aux hommes que le temps s'écoule d'un point à un autre, de la naissance à la mort. Ce n'est pas vrai. Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans jamais vraiment s'eloigner du coeur qu'est l'enfance, et quand les illusions disparaissent, que les muscles viennent à faiblir, que les os se fragilisent, il n'y a plus de raison de ne pas se laisser emporter en ce lieu où les souvenirs apparaissent comme les ombres portées d'une réalité évanouie,car seules ces ombres nous guident sur cette terre.
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Du haut de ses douze ans, Rachel connaissait suffisamment la vie pour imaginer l'absence, mais pas encore la perte. (p. 65)
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La chair est partout, englobe tout. Le cœur est un trompe-l'œil, une approximation, rien de plus qu'une pompe vitale, un mécanisme plus ou moins bien réglé, parfois défaillant. On ne sait d'ailleurs pas bien le situer, un peu plus à droite, un peu plus à gauche. Les chairs, elles, se mélangent. Les cœurs restent à distance. Ne peuvent se toucher. Des arpents de sable séparés d'une frontière gardée par un chien de l'enfer. Le cœur est enfermé, pas la chair. La chair est libre, volatile, volage. Les chairs se nourrissent, s'epaississent au contact d'autres chairs. Elles se rêvent à nu, à vif, et ainsi déchirées rendent le monde plus acceptable, comme une blessure exsangue échappant à la suture, une plaie sans cesse ravivée par l'air vif et piquant des désirs, la nuit comme le jour. Les chairs implorent le tranchant des caresses. Il n'existe pas de mot pour définir l'espace où elles se déploient, la vaste plaine que chacun peut fouler sans souci de la morale. Le cœur est un vieux sage ennuyeux. La chair est un dieu endiablé.
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On embrasse, on acclimate, on déraisonne, on raccommode, on s’accommode, on marchande, on saisit, on repousse, on ment, on fait ce que l’on peut, et on finit par croire que l’on peut. On veut faire croire aux hommes que le temps s’écoule d’un point à un autre, de la naissance à la mort. Ce n’est pas vrai. Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans jamais vraiment s’éloigner du cœur qu’est l’enfance, et quand les illusions disparaissent, que les muscles viennent à faiblir, que les os se fragilisent, il n’y a plus de raison de ne pas se laisser emporter en ce lieu où les souvenirs apparaissent comme les ombres portées d’une réalité évanouie, car seules ces ombres nous guident sur cette terre.
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Mis à part nous, il n'y avait personne pour accompagner la défunte. Nul ne la pleurait, comme me l'avait affirmé le docteur. Un sentiment d'abattement m'envahit. Quoi qu'elle eut fait par le passé, quelles que fussent les circonstances qui l'avaient poussée à commettre l'acte terrible dont elle s'était rendue coupable, quelqu'un avait pourtant bien dû la chérir un moment de sa vie. Quelqu'un devait posséder au moins une larme sincère à verser, me disais-je, sinon cela n'avait pas de sens. Et pourtant, dans ce cimetière où l'immobilité des pierres contrastait avec la volubilité des âmes, nul ne l'avait connue et encore moins aimée pour en concevoir une légitime peine. Quelques présences comparses n'étaient pas suffisantes. p.33 et 34
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A quoi bon faire des comptes sur un cahier si c'est pour faire des soustractions toute sa vie.
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A quoi bon continuer de vivre quand il y a plus d'espoir dans rien, quand on est devenu un fantôme qui sait qu'il en est un.
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Ces mots, je voudrais les emmener jusqu'au bout, gravés dans les feuilles de mon cahier, bien mieux que des initiales sur un rocher.
J'ai la mémoire de ces mots qui fabriquent un monde rien qu'à moi, et qui d'habitude suffisent à me transporter loin d'ici, loin de mes souvenirs aux landes, loin de mon petit perdu. D'habitude.
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Elle est toujours là, à s'occuper de moi. Elle s'appelle Eugénie, mais elle préfère Génie.
Un soir, avant qu'elle s'en aille, je lui ai demandé si elle pouvait me procurer du papier, de l'encre et une plume pour que je prenne le temps d'écrire tout ce que j'ai vécu. Je sais pas pourquoi j'ai eu cette idée. En vrai, ça me travaillait depuis longtemps. Tout ce que savais, c'était que, si je le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais , et alors il ne resterait rien de moi, que même si c 'était pas grand-chose personne d'autre que moi le raconterait.
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Elle a décollé ses fesses, juste de quoi tirer sa chaise pour se rapprocher encore de moi. Elle me regardait par en dessous . J'avais l'impression qu'elle voulait déchausser mes yeux pour les amener dans les siens. Voyant que je résistais, elle a posé une main sur mon genou. Le contact m'a fait l'effet d'une grosse pierre qui appuyait dessus pour l'écraser.
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C'est à ce moment là que ça m'est tombé dessus, sans prévenir, un grand chamboulement dans moi, des frissons qui froissaient ma peau, comme si cet endroit m'enveloppait, me protégeait. La coulée de l'eau, le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes, et le soleil aussi, pas celui qui m'avait coursé quelques jours avant dans la forêt, mais immobile celui-là, qui creusait des petits tunnels entre les branches des arbres pour me désigner des points secrets où trouver des trésors (...) Je crevais d'envie de me déshabiller et d'aller me baigner, pour que le reste de mon corps rejoigne le drap et la main qui le tenait.
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On voyait rarement une automobile sillonner les environs. Un "de quelque chose" en possédait bien une, celui qui habitait seul le manoir en bordure de la route du Fau. Une fois par mois, en temps de paix, il parcourait la campagne, sans but apparent, histoire de vider son réservoir, puis rentrait. Tout le monde se demandait ce qu'il cherchait, étant donné qu'il ne parlait à personne, ne possédait presque plus rien, à part une automobile achetée avec on ne savait trop quel argent, un château délabré, et un nom avec une particule au milieu, comme une vieille charnière grippée. Les gens du coin ne craignaient plus la famille depuis deux générations déjà, et encore moins le dernier membre en date. Ils s'amusaient de lui, se prosternaient ridiculeusement à son passage pour le saluer bas, comme le faisaient les mėtayers le temps où les "de quelque chose" possédaient la majeure partie des terres de la région et toutes sortes de biens.
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Les retours ne sont jamais sereins, toujours nourris des causes du départ. Que l'on s'en aille ou que l'on revienne, de gré ou bien de force, on est lourd des deux.
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C'est bien le problème. Vous savez ce que je pense, moi, c'est que votre Dieu à vous, il montre le bout de son nez quand tout va bien, jamais quand ça va mal, et je vais même vous faire une confidence, et ça sera la seule. Je suis allé le voir quelques fois au temple, vu qu'il paraît que c'est là-bas qu'on a le plus de chances de se faire entendre de lui. On a des affaires en souffrance lui et moi... Eh bien, vous me croirez ou pas, mais il m'a jamais donné la moindre réponse, alors j'ai abandonné parce que, pour ça non plus, j'ai pas de temps à perdre.
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- La Loi, on se la fabrique avec les circonstances qui se présentent à nous.
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Il n'y eut pas d'autre descendance, trop de chair déchirée, à croire que les femmes des montagnes n'étaient capables de couver qu'un seul œuf viable, et qu'on tentait le diable à ses dépens en demandant plus.
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Une chose était certaine, le poids d'une balle ne différait pas d'un camp à l'autre, et la cohésion se fondait sur la peur et la soumission.
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- Regarde comme elles sont toutes piquées, ces pommes, pleines de défauts, mais c'est pourtant pas à toi que je vais apprendre le goût qu'elles ont ... bien meilleures que celles qui n'en ont pas ... des défauts.
- ça doit être pour faire fuir les cons, dit spontanément Georges en esquissant un sourire.
- c'est bien possible, ou peut-être qu'elles peuvent pas être autre chose que ce qu'elles sont, dit pensivement Virgile.
- j'ai déjà entendu ça à propos d'autres sujets qu'une pomme.
- C'est peut-être que ça va à pas mal de sujets.
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« Il n’existe pas de beauté sur le Plateau, au sens où il entend ce mot. Pas d’émotion palpable, rien que le froid déroulement du temps. » (p. 105)
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