Citations de Franck Pavloff (131)
Résister davantage, mais comment ? Ca va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non ?
Les amours perdues ne se renouent pas sur le parquet d'une piste de danse et les dernières heures passées aux creux d'un même lit ne changent pas la donne. L'homme qu'elle a tant aimé n'est plus.
– La patience, tout simplement la patience. Rien ne se fait en une génération. Ils se fracasseront une fois, deux, trois fois contre les barbelés des frontières, mais ils finiront par les traverser, et leurs descendants les remercieront d’avoir risqué leur vie pour que la leur soit meilleure. Dans les dangers qu’ils affrontent, ils puisent un surplus d’humanité qui vaut tous les dollars du monde. [...]
Comme si de faire tout simplement ce qui allait dans le bon sens dans la cité nous rassurait et nous simplifiait la vie. La sécurité brune.
P.8
Mon cœur s'était serré, puis on oublie vite.
Lorsqu'il m'a dit qu'il avait dû piquer son chien, ça m'a surpris, mais sans plus.
On aurait pu dire non. Résister davantage mais comment ? Ça va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non ?
« Musée des Occupations de l’Estonie au siècle passé : quatre ans sous l’emprise des troupes du REICH suivies de QUARANTE- SEPT années sous le joug soviétique .
Ne vaudrait - il pas mieux , jeter l’histoire dépecée de ce pays dans un puits noir comme on pousse les secrets de famille sous le tapis du salon? » …
« L’Histoire n’est pas un fil rouge tendu entre le passé et le présent mais un élastique.
Si vous l’étirez vers une seule vérité , il vous revient à la figure » ….
Après ça avait été au tour des livres de la bibliothèque, une histoire pas très claire, encore. Les maisons d'édition qui faisaient partie du même groupe financier que le Quotidien de la ville, étaient poursuivies en justice et leurs livres interdits de séjour sur les rayons des bibliothèques. Il est vrai que si on lisait bien ce que ces maisons d'édition continuaient de publier, on relevait le mot chien ou chat au moins une fois par volume, et sûrement pas toujours assorti du mot brun. Elles devaient bien le savoir tout de même.
- Faut pas pousser, disait Charlie, tu comprends, la nation n'a rien à y gagner à accepter qu'on détourne la loi, et à jouer au chat et à la souris. Brune, il avait rajouté en regardant autour de lui, souris brune, au cas où on aurait surpris notre conversation. Par mesure de précaution, on avait pris l'habitude de rajouter brun ou brune à la fin des phrases ou après les mots. Au début, demander un pastis brun, ça nous avait fait drôle, puis après tout, le langage c'est fait pour évoluer et ce n'était pas plus étrange de donner dans le brun, que de rajouter " putain con ", à tout bout de champ, comme on le fait par chez nous.
Les jambes allongées au soleil, on ne parlait pas vraiment avec Charlie, on échangeait des pensées qui nous couraient dans la tête, sans bien faire attention à ce que l'autre racontait de son côté. Des moments agréables où on laissait filer le temps en sirotant un café. Lorsqu'il m'a dit qu'il avait dû faire piquer son chien, ça m'a surpris, mais sans plus. C'est toujours triste un clebs qui vieillit mal, mais passé quinze ans, il faut se faire à l'idée qu'un jour ou l'autre il va mourir.
Tu vois, finalement il est plus affectueux que l'autre, et il m’obéit au doigt et à l'oeil. Fallait pas que j'en fasse un drame du labrador noir.
[...] on aurait dû dire non. Résister davantage, mais comment ? Ça va si vite, il y a le
boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu
tranquilles, non ?
Après ça avait été au tour des livres de la bibliothèque, une histoire pas très claire, encore.
Les maisons d'édition qui faisaient partie du même groupe financier que le Quotidien de la ville,
étaient poursuivies en justice et leurs livres interdits de séjour sur les rayons des bibliothèques.
Il est vrai que si on lisait bien ce que ces maisons d'édition continuaient de publier, on relevait
le mot chien ou chat au moins une fois par volume, et sûrement pas toujours assorti du mot
brun. Elles devaient bien le savoir tout de même.
Quelque temps après, c’est moi qui avais appris à Charlie que Le Quotidien de la ville ne paraîtrait plus.
On frappe à la porte. Si tôt le matin, ça n'arrive jamais. J'ai peur. Le jour n'est pas levé, il fais encore brun dehors. Mais arrêter de taper si fort, j'arrive.
Puis on avait allumé la télé, pendant que nos animaux bruns se guettaient du coin de l’œil.
Je ne sais plus qui avait gagné, mais je sais qu’on avait passé un sacré bon moment, et qu’on se sentait en sécurité. Comme si de faire tout simplement ce qui allait dans le bon sens dans la cité, nous rassurait et nous simplifiait la vie. La sécurité brune, ça pouvait avoir
du bon.
Les guerres étaient une façon un peu rude d'aider les peuples à purger leurs souvenirs.