Le libraire qui m'a vendu ce petit livre m'a dit simplement "il y a, comme ça, des êtres de lumière.." Cela résume bien l'impression que m'en a laissé la lecture, pas si différente d'ailleurs des autres ouvrages de François Cheng même si, là, ses pensées sont directement adressées à notre compréhension, sans être distillées dans l'ambiance d'un roman. Et c'est un vrai bonheur de s'imprégner de ces réflexions... Qui ne s'est pas un jour interrogé sur le sens profond et intrinsèque de la perception du Beau ? Sujet de tant de controverses argumentées par les notions des différentes civilisations, qui s'achèvent inévitablement par un apaisant "chacun ses goûts !". Eh bien non ! Merci à vos précieuses méditations Monsieur Cheng, enrichies des concepts de l'Occident autant que de l'Orient, de nous délivrer de cette commode (mais rageante) tempérance : la beauté n'est pas qu'une affaire de goût des hommes, mais se situe à un "niveau plus élevé, plus en amont, plus proche de la source même de la Création". Et la Beauté a sans nul doute éclairé le chemin de votre âme pour guider votre plume.
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Faisant appel aux cultures chinoise et occidentale, François Cheng essaie de définit ce qu'est la beauté. Que faut-il pour qu'elle existe ? Peut-elle exister si personne n'est là pour l'admirer ? A quoi tient-elle ? La seule beauté extérieure est-elle beauté ? Et la création ?
C'est parfois un peu compliqué, surtout les références chinoises que je ne connais pas. Néanmoins, il explique bien et c'est passionnant. Il faut le lire d'une traite, ou au moins le faire pour chaque méditation. C'est riche, ardu, et une fois terminé, comme c'est gratifiant ! , on se sent plus intelligent. Flottant comme la brume sur le mont Lu (allez chercher des photos, c'est vraiment... beau !) Et lisez François Cheng.
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Ce livre de méditations est aussi une analyse des différents sens que l’on peut attribuer au mot « beauté » et, fait important, François Cheng évoque explicitement la Beauté telle qu’elle est perçue par les Chinois.
« Si nous sommes chinois », ai-je dit. Parce que les Chinois sont des adorateurs de la Nature et qu’ils affectionnent les métaphores. La poésie chinoise, par une pratique ininterrompue durant trois millénaires, a littéralement transformé tous les beaux éléments de la nature en métaphores. Celles-ci cristallisent en elles tout le sensoriel, tout le charnel de l’univers vivant. Si, aux yeux des poètes chinois, la femme apparaît comme un miracle de la Nature, c’est parce qu’ils ont vu en elle une sorte de « concentré » des beaux éléments de la Nature, et que bien des métaphores peuvent être, tout naturellement, appliquées à son corps. Lune, étoile, brise, nuage, source, onde, colline, vallée, perle, jade, fleur, fruit, rossignol, colombe, gazelle, panthère, telle courbe, tel méandre, telle sinuosité, telle anfractuosité, autant de signes d’un mystère sans fond. p.49-50
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Un peu déçu. C'est très jolie dans le fond, moins dans la forme, c'est dommage.
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La beauté sauvera-t-elle le monde ?
Cette question est en exergue du livre de François Cheng, Cinq méditations sur la beauté.
On peut en effet sérieusement se poser la question et être épris d'un doute effroyable en ces moments où l'actualité nous montre une humanité malmenée chaque jour par la barbarie toujours présente, inlassablement, cette barbarie qui montre le visage le plus laid de l'humanité.
Le thème de la beauté pourrait aussi se révéler comme un sujet futile. Or il n'en est rien, car tout dépend de quoi on parle lorsqu'on convoque le thème de la beauté. Et c'est ce que je vais vous dire un peu plus loin.
Enfin, et je ne pensais pas être rattrapé par l'effroi de l'actualité des jours qui précèdent l'écriture de ce billet, parler de beauté à l'heure où le monde continue de s'effondrer encore un peu plus chaque jour dans la barbarie humaine, parle de beauté alors que la misère est omniprésente autour de nous ici et là dans presque chaque rue que nous empruntons au quotidien, parler de beauté alors que la nature est de plus en plus violentée par les catastrophes naturelles ou écologiques. Parler de la beauté, la belle affaire !
Oui mais voilà, parler de la beauté, c'est dire autre chose aussi... Casser certaines représentations, entrer dans un chemin de lumière qui irrigue et irradie d'intelligence. François Cheng au travers de ces cinq méditations sur la beauté m'a pris la main pour m'entraîner dans ce chemin inspirant.
A quoi bon alors parler de la beauté si ce n'est pas pour rendre l'homme au meilleur de lui-même ; et surtout risquer une parole qui puisse le transformer.
Parler de la beauté, c'est aussi en contrepoint garder une conscience lucide et aigüe de la barbarie de l'humanité. Parler de la beauté, c'est garder la laideur de la haine à distance.
Mais quand on parle de beauté, de quoi parle-t-on au juste ? D'un visage ? D'un regard ? du reflet d'une âme dans l'intériorité d'une personne ? du reflet de la nature dans toute sa splendeur ? de l'art aussi bien sûr ? Un poème ? Une sculpture ? Une peinture ? Un oratorio ?
Parler de la beauté avec autant de hauteur en ces temps futiles et troublés était une véritable gageure. Je trouve que François Cheng réussit à merveille à relever le défi.
Si j'ai été impressionné par l'érudition de l'auteur dans cet essai très riche, je serai nuancé sur d'autres aspects.
D'une part François Cheng, une fois l'effet d'étonnement franchi, enfonce beaucoup de portes ouvertes se contentant d'énumérer un peu comme un inventaire à la Prévert toutes les preuves existantes de la beauté dans notre humanité, citant ce que d'autres avant lui ont produit comme preuves.
D'autre part, François Cheng, homme croyant si j'ai bien compris son parcours, justifie à de nombreux endroits l'existence salvatrice de cette beauté comme preuve d'une existence divine. Or, cela en tant même qu'agnostique, je ne peux bien sûr l'approuver. Selon moi, cette part de beauté qui réside dans l'humanité, à travers différents actes et traces, est bien la preuve d'un libre -arbitre fondé, celui de l'homme, s'emparant de son seul destin.
Pour autant il peut y avoir un sacré, qui élève, qui nous grandit, qui aide à accomplir ou révéler cette beauté, quelque chose de plus grand que nous, c'est bien n'est-ce pas la définition du sacré, mais dans cette définition j'y vois aussi quelque chose qui appartient à l'humanité, qui relie l'universel à l'intime...
Mais pour revenir au texte de François Cheng, ce dernier s'appuie sur Platon pour dire que le beau est indissociable du bon et du vrai. Exprimé comme cela, disant ainsi la possibilité de la beauté, je me suis senti en agréable compagnie.
Et puis, François Cheng citant dans les premières pages de son livre un certain Charles Baudelaire, un de mes poètes préférés, pour étayer son raisonnement, non pas à charge mais au contraire dans le sens de son propos, j'avoue avoir été séduit.
François Cheng ne révolutionne aucune pensée ici. Il demeure très conventionnel, rappelant à notre mémoire ce que nous savons peut-être déjà, c'est la vertu du pas de côté, mettre en lumière notre richesse intellectuelle, notre héritage. À d'autres endroits, il m'a donné envie de lire des philosophes comme Socrate, Plotin, Saint-Augustin, Kant, Merleau-Ponty... Se détachant de la pensée de Hegel, qui m'a fait souffrir durant mes études en école prépa.
« Chaque être est virtuellement habité par la capacité à la beauté, et surtout par le désir de beauté », nous dit François Cheng.
Questionnant le sujet de la beauté naturelle que nous observons, résulte-t-elle d'un accident ? D'un hasard ? La naissance de notre humanité vient de très loin, elle est née d'une matière devenue vivante, façonnée par les temps.
C'est à partir de la troisième méditation que François Cheng aborde vraiment le sujet de la beauté s'entrelaçant avec l'être humain. Bien sûr on ne peut ni s'appesantir ni évacuer le sujet de la beauté physique. La beauté intérieure est présente, peut aussi revenir dans un regard, un visage, comme quelque chose de profond, caché, précieux, qui revient à la surface d'une eau. Malheureusement, j'aurais tant voulu croire ce que dit ici François Cheng : « Ayons la hardiesse d'affirmer que si tout visage de haine est laid, en revanche tout visage humain en sa bonté est beau. »
Dans cette déambulation, je fus ce petit oiseau venant me poser sur les pages de ce livre, passant d'une méditation à l'autre par quelques battements d'ailes, picorant de si belles inspirations. Un instant je me pose sur cette très belle citation d'un certain Jacques de Bourbon Busset qui dit que l'âme est la « basse continue » de chaque être, cette musique rythmique, presque à l'unisson du battement de coeur, et que chacun porte en soi depuis la naissance. Elle se situe à un niveau plus intime, plus profond que la conscience.
La quatrième méditation évoque la finalité du beau dans l'art, le beau produit dans l'art. C'est une déambulation très riche en érudition, mais au final le constat est relativement banal, déjà vu. Certes, citer Cézanne, Pissarro, Van Gogh, Renoir, Monet Sisley pour parler de la beauté en peinture paraît évident, mais à la fois presque conventionnel et dans une vision réduite si l'on considère comme l'auteur le précise, la beauté en art c'est quelque chose que l'on éprouve.
Plus tard, à la cinquième méditation, François Cheng m'a offert la possibilité de regarder la beauté dans le prisme de son héritage chinois, évoquant le qi, c'est-à-dire le souffle, à la fois matière et esprit, là où peut-être tout se relie et tout se tient. C'est sans doute l'endroit où je me suis le plus délecté de la pensée de François Cheng.
François Cheng est érudit, la richesse de cette érudition m'a ébloui, sa manière d'en témoigner, peut-être un peu moins, malgré une écriture incroyablement belle et pure...
Je referme ce livre, enthousiasmé par la lumière qui est venue se poser sur ces pages, j'ai été parfois déçu ou frustré à certains endroits. Il n'en demeure par moins un magnifique plaidoyer pour l'humanité que nous devons sauver coûte que coûte.
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Je n'ai pas lu ce livre, mais plutôt écouté le livre audio. D'un coté je le regrette car le livre m'aurait permis de revenir sur les passages plus complexes, et il y en a plusieurs! Par contre j'ai bien apprécié entendre la voix de l'auteur car non seulement cet accent chantant mais parfaitement compréhensible charme, mais l'enthousiasme, les convictions et les interrogations ressortent avec ferveur.
Quant au fond, les réflexions sont denses, des liens originaux sont créés et les références dénotent une culture immense, impressionnante. De la Joconde à la rose, de Platon à Confucius, de la création de l'univers à l'âme humaine, du bouddhisme à la voie du Chan, tout alimente, nourrit et illustre ces profonds propos. Les ponts qu'il construit entre l'Occident et la Chine sont lumineux. Ces méditations dépassent de loin l'esthétique et même l'étique , elles nous convient à une exploration tous azimuts à partir du concept de beauté. Et c'est un beau voyage.
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Un très beau livre sur un beau sujet, c'est le cas de le lire.
Pas forcément accessible, car le contenu est quand même très philosophique. Peut-être aussi est-ce dû à la culture chinoise dans laquelle s'insère cette réflexion.
Mais des passages magnifiques tout de même.
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Quand François Cheng se penche sur la question de la beauté, il nous entraîne dans une réalité pluridimensionnelle. Partant de l'univers dans lequel « nous sommes la conscience éveillée, le coeur battant de la matière », il explore la Beauté en s'appuyant sur les trois Idées platoniciennes - le Vrai, le Bien, le Beau - . Loin d'une vision angélique, pour le philosophe, la beauté n'exclue pas le mal puisqu'elle en est le pendant extrême.
Beauté de la Nature, beauté de l'être humain, beauté de l'art, beauté que François Cheng définit comme « le désir de chaque être de tendre vers la plénitude de sa présence au monde », une « présence rayonnante et reliante ». Parce que chaque être est unique et irremplaçable et qu'il porte en son sein cette capacité à la beauté, s'impose à lui un rapport au temps et à l'espace où la notion d'éphémère le renvoie à sa condition de mortel.
Ainsi la beauté conduit chacun à s'élever, se dépasser, se transfigurer. Elle ne se réduit pas à une beauté apparente, superficielle, artificielle destinée à séduire, manipuler, dominer. La Beauté est régie par une force bien plus puissante qui est le principe de vie, jaillissant du plus profond de l'Etre. En cela elle est reliée au sacré. La vraie beauté se nourrit de bonté. Elle y puise sa noblesse et la force de son rayonnement. La beauté inclue naturellement l'amour, la compassion, le sens de la justice, la dignité.
Enfin sur le plan de la création artistique, fort de sa double culture occidentale et chinoise, François Cheng, s'appuie sur ces deux grandes traditions esthétiques afin de dégager des critères pour juger de la beauté d'une oeuvre, l'art étant le résultat d'une rencontre, « d'un entrecroisement entre une présence qui s'offre à la vue et un regard qui la capte ».
Ces cinq méditations se dégustent avec délectation. Elles imposent la lenteur de la lecture, le temps suspendu de la pause, permettant de mieux goûter, la saveur du texte, l'intelligence des idées. Le regard se porte alors sur ce qui s'offre à sa vue, et peut saisir la beauté éphémère de l'instant…
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Il y a un avant CHENG.
Et il y a un après CHENG. Et cet après est.... lumineux!!
Un livre qui demande relecture, un livre extrêmement dense.
"La beauté ne respire qu'en durée. Le Mal n'expire que dans le temps, Merci Mr CHENG de nous l'avoir rappelé"
Astrid SHRIQUI GARAIN
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méditation brillante mais n'ai pas réussi à méditer avec Monsieur Cheng
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Belles méditations sur la beauté à partir d'un regard croisé sur l'art occidental et chinois.
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le propos est plus philosophique plus que poétique.
c'est tentant pour sortir de la grisaille , mais je ne devais pas être disposé à recevoir ces réflexions car je me suis arrêté en route.... mais avec le sentiment d'une beauté cachée qui reste à découvrir...
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Un baume de sagesse bienfaisant pour un voyage intérieur.
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Toujours aussi subtil que l'esprit de Monsieur CHENG , quel plaisir de le lire, avec sa maestria épistolière habituelle sur un sujet intéressant : la beauté. Il nous livre sa digression avec tellement de clarté, cette promenade philosophique qui me fait regretter de ne pas l'avoir croisé sur les bancs de l'école.!
Quelle magistrale poésie dans son propos ! chers profs de philo, seriez vous jaloux pour ne pas nous le conseiller ou l'étudier ?
Pendant ma lecture j'ai repensé comme un écho à un roman amusant d'Eric Emmanuel Schmitt "et si j'étais une oeuvre d'art"..; dans notre société où le PARAÎTRE et tellement plus important que le "PAS ÊTRE"...et les "canons de beauté" tellement relatifs ! Différents de l'Orient et de l'Occident, du Nord au Sud..
"La beauté de l'âme l'emporte sur la beauté physique"
Georges SAND
Je vous recommande cette lecture.
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