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3.31/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Biographie :

François Euvé est scientifique de formation et jésuite.

Agrégé de physique (1976) et docteur en théologie (Centre Sèvres, 2000), il est doyen de la faculté de théologie du Centre Sèvres et titulaire de la chaire Teilhard de Chardin.

Après un troisième cycle en physique des plasmas (Paris XI) et quelques années d’enseignement de la physique en lycée, il entre dans la Compagnie de Jésus (jésuites) en 1983. Il est ordonné prêtre en 1989. Entre 1992 et 1995, il enseigne la théologie à l’Institut Saint-Thomas de Moscou.

Depuis 1997, il enseigne la théologie au Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris). Depuis 2009, il dirige le Troisième Cycle de Théologie.

Il écrit régulièrement dans la revue Études et a notamment publié Penser la création comme jeu (Ed. du Cerf, 2000), Science, foi, sagesse (Ed. de l'Atelier, 2004), Darwin et le christianisme ( Buchet-Chastel, 2009).
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Source : /sciences-foi-rbp.org
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✨ 3 questions à François Euvé ✨ A l'occasion de la parution aux Editions Salvator de son livre "La science l'épreuve de Dieu" avec la participation du physicien @Etienne Klein 🔎Pourquoi la question de #Dieu se pose à nouveau aux #scientifiques? 🔎Peut-on prouver #Dieu par la science ? 🔎Que signifie un dialogue science et #foi ? ✨Le résumé du livre: Qu’est-ce que le réel ? L’univers a-t-il commencé ? Quelle est la place de l’homme au sein du cosmos ? Ces questions philosophiques et métaphysiques nous montrent que les théories scientifiques les plus récentes ne sont pas parvenues à tout expliquer. C’est dans ce monde plus complexe voire plus mystérieux qu’on ne le pensait que réapparait « l’hypothèse » Dieu. Ce dernier serait-il la réponse à nos interrogations laissées sans réponses ? Selon François Euvé, il faut d’abord se demander de quel Dieu l’on parle. Plus largement, il faut s’interroger sur les principes qui fondent la science moderne, sur ses présupposés philosophiques et théologiques. Sans confondre les plans, sans céder à la tentation du concordisme, foi et science, peuvent dialoguer ensemble et nous faire accéder à une vérité qui ne prône ni le matérialisme scientiste, ni l’irrationnalité fidéiste. Si la science peut purifier la religion de la superstition, à l’inverse, la religion peut aider la science à se purifier des faux absolus.

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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
" Tout ce qui a commencé à exister a une cause d'existence ; l'univers a commencé à exister ; donc l'univers a une cause d'existence ." (William Craig, philosophe théologien américain, né en 1945)
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… En conséquence, nous n'avons pas la preuve que l’univers a eu une origine (entendue comme une transition entre l’absence de toute chose et le surgissement d’au moins une chose), et nous n’avons pas non plus la preuve qu’il n’en a pas eu... Inutile, donc, de mettre en la matière la charrue de la conclusion avant les bœufs de la recherche. (Etienne Klein)
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2. Darwin et la religion

L'un des principaux impacts du darwinisme porte sur la vision religieuse du monde. Il convient de s'arrêter plus longuement sur cette question. Avant d'examiner les différents points qui font difficulté sur un plan théorique, on reviendra sur l'itinéraire de Darwin lui-même. Il est significatif de celui que beaucoup d'intellectuels scientifiques de son temps accompliront pour des raisons semblables.

Son évolution personnelle

Dans l'autobiographie, qu'il écrivit pour ses enfants à la fin de sa vie, Darwin revient à plusieurs reprises sur son rapport à la religion, signe que cette question l'a longtemps préoccupé. Son désir de jeunesse d'embrasser une carrière ecclésiastique ne relevait pas au sens propre d'une "vocation" religieuse, mais plutôt de son attirance pour une situation stable, une cure de campagne où il pourrait tranquillement continuer son travail de naturaliste. La société anglaise de l'époque reste encore marquée par un fort encadrement ecclésiastique. Dans les grandes universités comme Oxford et Cambridge, la théologie reste une matière centrale, comme c'était le cas dans toutes les universités médiévales. Plusieurs amis de Darwin seront à la fois curés de campagne et naturalistes, sans que cela implique une spiritualité particulièrement profonde.
A l'époque de ses études à Cambridge, il apparaît comme un chrétien pas complètement orthodoxe. Il partage avec son épouse Emma un certain héritage "unitarien" (comme Newton), c'est-à-dire qui récuse l'idée d'un Dieu trinité. de ce fait, il avoue dans son Autobiographie des "scrupules" à l'idée d'affirmer sa foi en tous les dogmes de l'Eglise d'Angleterre. Par ailleurs, il dit ne pas douter de la "stricte et littérale vérité" de chaque mot de la Bible. (...)
Un troisième trait à relever pour cette première période est son intérêt pour la "théologie naturelle" de William Paley (1743-1805). cet ecclésiastique s'est efforcé de montrer la compatibilité entre la vision chrétienne et la vision scientifique (newtonienne) du monde. Darwin a lu quelques-unes de se ses oeuvres avec passion, fasciné par la logique de leur construction, en particulier son ouvrage le plus célèbre, Théologie naturelle ou preuves de l'existence et des attributs de la divinité, paru en 1802.
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Progressivement, la position de Darwin évolue jusqu'à l'agnosticisme de sa maturité. Son Autobiographie retrace un itinéraire marqué par un abandon progressif et sans crise de la foi de sa jeunesse. A son retour d'expédition, la question religieuse le préoccupe, au fur et à mesure que son modèle d'explication évolutive prend forme. On pourrait relever trois étapes : une croyance dans la véracité de la Bible (...); un déisme général, sous l'influence de Paly; un agnosticisme sceptique, reconnaissant que "le mystère du commencement de toutes choses est insoluble pour nous". ce parcours est très significatif d'un homme qui a tout investi dans la connaissance du fonctionnement du monde. Un certain rationalisme semble l'avoir envahi. Il reconnaît lui-même une perte de goût dans d'autres dimensions de l'existence ("Je suis comme un homme qui serait devenu aveugle aux couleurs"), ce que sa femme Emma, profondément religieuse, lui fait remarquer dans ses lettres.
Plusieurs facteurs interviennent, que l'on peut tenter de résumer ainsi. Il y a d'abord une perte de crédit dans le texte biblique, si central dans la confession protestante. Au fur et à mesure que sa connaissance s'accroît, il lui devient de plus en plus impossible de croire à la véracité des histoires qui y sont racontées. L'histoire du monde selon la Bible -création en sept jours, tour de Babel, etc. -est manifestement une construction de l'imagination humaine. La Bible diffère-t-elle fondamentalement des autres productions religieuses de l'humanité ? Un début de comparatisme lui montre que la religion est peut-être davantage un phénomène naturel que l'objet d'une "révélation". D'autant plus que le Dieu biblique lui paraît singulièrement anthropomorphe, un "tyran vindicatif", au comportement arbitraire. Quant aux miracles, censés fournir des arguments de crédibilité à la vraie religion, ils lui apparaissent comme choquants, car contrevenant aux lois immuables de la nature. C'est l'argument déiste habituel : si le monde a été crée par un être parfait, ce dernier n'a nul besoin d'intervenir périodiquement pour rectifier le fonctionnement de sa création.

2. Darwin et la religion
§ Son évolution personnelle
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Au premier regard, non scientifique, le vivant se caractérise par deux traits : la grande variété des organismes et leur caractère périssable. Qu'y -t-il de commun entre la rose, la souris, la mouche et l'homme, sinon justement le fait qu'ils apparaissent, puis disparaissent, naissent et meurent ?A la différence de l'inerte qui paraît subsister sur une très longue durée (le proton serait-il éternel?), le vivant est éphémère. C'est tel qu'il apparaît à notre expérience.
Parler d'évolution, au sens large, c'est parler de temporalité. Or la temporalité caractérise le monde vivant. Est-ce à dire que le vivant évolue ?
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Pourtant Darwin continue à croire au progrès. Il pense que le bonheur peut l'emporter sur le malheur. L'humanité n'est pas vouée à disparaître sans retour, comme tant d'autres espèces avant elle. c'est un autre aspect de la religion que Darwin rejette par là. Après tout, le christianisme est conscient que le monde est au pouvoir du mal. La vie humaine est la traversée d'une "vallée de larmes". cette situation ne doit pas être attribuée au Créateur, mais à la malice humaine (le péché originel). Le salut ne peut donc provenir de la seule action de l'humanité, irrémédiablement viviée par ce péché, mais de la grâce divine. Le salut passe par le renouvellement complet de la création, le monde ancien étant voué à la destruction. Si Darwin est frappé par la violence qui règne au sein du monde vivant, il croît plus volontiers à la bonté de la nature humaine. Comme pour son grand-père Erasmus, évolution rime avec progrès. Au moins, il veut y croire : "L'homme, dans un avenir lointain, sera une créature bien plus parfaite que ce qu'il est actuellement." Pour Darwin, le message chrétien, le Nouveau Testament, peut contenir de beaux textes, encore inspirants pour nous aujourd'hui, leur force vient davantage de l'interprétation qu'on leur donne et de la mise en oeuvre de leurs principes que d'une révélation divine.

2. Darwin et la religion
§ Son évolution personnelle
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La vie est un phénomène extraordinaire. Comment ne pas s'émerveiller devant la multiplicité et la variété quasiment infinies des formes du monde vivant, cette capacité à se renouveler, à subsister parfois dans les circonstances les plus diverses ou les plus extrêmes ? Mais l'homme de science - ou l'homme tout court - ne peut s'empêcher de s'interroger face à ce " mystère des mystères "(Charles Darwin, L'Origine des espèces, 1859) : d'où vient cette diversité, y a-t-il un "plan" caché derrière cette multiplicité ? D'autant que le monde vivant présente d'autres aspects : disparition massive d'espèces , destruction de certaines par d'autres, domination du plus fort. Il y a cent cinquante ans, Charles Darwin proposait un modèle simple pour rendre compte de cette histoire. Dès la première édition de son livre, L'Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, le 24 novembre 1859, ce modèle a rencontré un succès considérable, davantage peut-être chez le grand public que dans le monde savant. (...)
Petit à petit, grâce à l'oeuvre patiente de Darwin et malgré les oppositions, l'idée d'une évolution du vivant par sélection naturelle a fini par s'imposer.

Introduction
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L'impact de Darwin sur la vision religieuse

Beaucoup de lecteurs de L'Origine des espèces ne s'y sont pas trompés. Le modèle darwinien remet en cause sinon des "dogmes", au moins des représentations habituelles du christianisme. A la suite de John Haught, on peut distinguer six catégories de questions qu'il adresse à une vision religieuse du monde.

La première et la plus simple. Elle concerne le conflit avec la chronologie biblique. La longue durée du processus évolutif s'oppose à la brièveté de celle-là. Alors que la Bible semble fixer le commencement du monde environ quatre mille ans avant la naissance du Christ (quatre mille quatre cent selon le décompte de l'évêque James Usher au début du XVIIe siècle), le schème darwinien suppose un temps beaucoup plus considérable pour laisser à la sélection naturelle le temps d'exercer son effet.
Cet argument est tellement simple qu'il est trompeur. c'est vrai qu'on le retrouve encore aujourd'hui parmi les créationnistes partisans de la "terre jeune" (young-earth creationisme). Maisn, avant Darwin déjà, la question avait été soulevée en lien avec les études géologiques qui postulaient pour la formation du relief terrestre, des durées beaucoup plus longues que la chronologie biblique. dès le XVIIIe siècle, des théologiens avaient admis que cette dernière ne devait pas être prise au pied de la lettre, soit que les "jours" du récit de la création correspondent à des périodes beaucoup plus longues, soit que les durées de l'histoire biblique aient une valeur plus symbolique qu'historique au sens moderne. C'est plutôt -paradoxalement- au XXe siècle que l'argument biblique reviendra au premier plan dans certains groupes religieux américains, à l'époque d'un retour du fondamentalisme. (...)
Au-delà de la seule chronologie, c'est aussi le conflit avec une certaine lecture de la Bible. On sait l'importance de cet élément dans les controverses postérieures autour du créationnisme, à tel point qu'on pourrait penser que le débat se ramène à une opposition entre "science" et "Bible". Pour certains croyants, le darwinisme est critiquable simplement parce qu'il est incompatible avec une lecture littérale des trois premiers chapitres de la Genèse. A l'époque de Darwin, cet élément ne doit pas être surestimé. L'argument se rencontre, mais moins qu'on pourrait le croire. L'une des raisons est que cela fait déjà plusieurs décennies que le littéralisme biblique avait été mis en question. Les premiers éléments d'une lecture critique de la Bible, datant du XVIIe siècle, commençaient ) pénétrer les esprit, même s'il faut attendre les travaux de l'école allemande de la moitié du XIXe siècle pour que cette lecture s'impose largement (malgré, là encore, des résistances, en particulier du côté catholique, jusqu'au milieu du XXe siècle). Il faut se rappeler les arguments que Galilée avait repris de saint Augustin : les textes de l'Ecriture sont "accommodés" aux lecteurs du temps. s'ils parlent, par exemple, de fixité de la terre, c'est que cela correspondait à la cosmologie de l'époque. Les références apparemment "scientifiques" de la Bible ne sont pas "parole d'Evangile".
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Schématiquement, on peut distinguer trois sortes d'attitudes. Il y a d'abord ceux qui considèrent que darwinisme et christianisme s'opposent absolument : il faut choisir l'un ou l'autre. C'est le cas des "matérialistes" et aussi de ceux que l'on appellera plus tard "créationnistes". Le deuxième groupe est constitué de ceux qui tentent une forme de synthèse, quitte à modifier la vision darwinienne, ou à modifier la vision chrétienne (on parlera alors de "modernisme"). Un troisième groupe est composé de ceux qui tendent à distinguer, voire à séparer, les deux domaines, sans vouloir les regrouper prématurément dans un même ensemble.
Cette troisième catégorie est à l'époque peu nombreuse, car prévaut encore largement l'idée d'harmonie. Surtout dans le monde anglo-saxon, marqué par la "théologie naturelle", on a du mal à imaginer que "science" et "religion" puissent être séparées. A l'époque de Darwin, la plupart des hommes de science anglais était religieux, non seulement par conviction, mais parfois aussi par profession. Pour eux, la connaissance de la nature glorifie l'intelligence divine.

Chapitre 3. Difficile réception de Darwin
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Une cinquième série de difficultés porte sur la lecture de l'histoire humaine. La vision chrétienne traditionnelle la voyait comme un drame, du fait du péché originel. Au commencement du temps, l'harmonie initiale, représentée dans le jardin de l'Eden, est rompue par la faute de l'homme qui, voulant se séparer de Dieu, se sépare par le fait même des autres créatures qui étaient auparavant à son service. L'orgueil humain a précipité l'ensemble de la création dans la souffrance et dans la mort, tant que Dieu n'intervient pas pour rétablir l'harmonie première en envoyant dans le monde son propre Fils comme Rédempteur.
La vision évolutive n'ignore pas le caractère dramatique de l'histoire. On a vu à quel point Darwin était sensible à la masse de souffrance et de gaspillage qui règne dans la nature. Mais la différence est que ce désordre ne résulte pas de la malveillance humaine, comme dans le récit biblique. La mort existe avant le "péché originel", avant même l'apparition de l'humanité. Elle est un fait de nature, sans connotation morale.

2. Darwin et la religion
§ L'impact de Darwin sur la vision religieuse
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