Citations de François Médéline (195)
Caroline.C'était la fille .J'ai entendu je suis l'as de trèfle qui pique ton cœur.C'était ma voix ,pas la voix de MC Solar.C'était une chanson de merde du faux rap pour midinette. J'étais flic mais j'aimais IAM.
L'effet de masse d'eau est universel : les routes, les vieilles, les égouts, les gosses à vélo, les épaves, les amoureux, les cadavres, tout va au lac.
Ses yeux gris bleu ont brillé comme la pleine lune d'une nuit défoncée au Pernod.
Léa avait passé une matinée merdique. Comme le reste de sa semaine d’ailleurs. Léa passait ce genre de journées depuis une bonne quinzaine et elle avait cette drôle d’impression de s’éloigner de l’objectif qu’elle s’était fixé. Encore quelque temps et elle n’aurait plus d’objectif du tout. Tout ça à cause d’un rédacteur en chef qui dirigeait les conférences matinales du Progrès autant au nom du
célèbre et un brin crétin principe de l’objectivité que des possibilités d’ouverture de sa braguette.
Édouard Philippe était positionné à sa place habituelle, au milieu de l’immense table du Conseil des ministres. Il s’était assis ici par stratégie. Édouard Philippe calculait tout. Rien n’était gratis. Gérard Collomb lui faisait face, debout derrière la chaise du président, juste à côté de la sienne. Il s’était posé là par intuition. Gérard Collomb était un sanguin. Il vivait avec ses émotions.
Gégé gardait un mauvais souvenir du président Macron durant son hommage à Johnny Hallyday, avec son grand châle qui faisait à moitié pédé. La température était de 4°C, mais il s'en branlait : la vidéo de l'éloge funèbre serait visionnée sur YouTube plus de cinq millions de fois.
Bibi était belle comme un pétard qui n'attend plus qu'une allumette.
Djamila mordille sa lèvre inférieure.
À l’intérieur, vers le coin droit. C’est le coupe mulet qui amorce. Il lève la main. Corinne dit :
– Oui, Didier ?
Djamila enregistre le prénom. Le gars est véhément. Djamila écoute. Elle pourrait tout aussi bien entrer au gouvernement au prochain remaniement. Secrétaire d’Etat aux droits des femmes. Elle ferait dans la cosmétique. La balance des minorités ethniques et de la parité joue en sa faveur.
Chirac a eu ses femmes. Sarkozy a eu ses beurettes. Hollande n’échappe pas à la règle. Les portes du royaume s’entrouvrent avec les moyens du bord.
Le coupe mulet ne parle ni de formation professionnelle, ni de son parcours. Les muscles de sa mâchoire sont tendus. Il vitupère. Il parle du véritable-adversaire-qui-n’a-pas-de-nom-pas-de-visage-pas-de-parti-et-qui-ne-présentera-jamais-sa-candidature-à-une-élection : le monde de la finance.
Le coupe mulet veut surtout faire son original. Djamila en croise des pelletées chaque semaine. Hollande, Hollande, Hollande… Tout est de sa faute. Djamila n’est pas désarçonnée.
Djamila cherche pourtant Aurélien du regard. Aurélien n’est pas dans la pièce, pas dans la cour. Djamila préfère quand il est dans son champ de vision.
Mitterrand a dit que le pays se prend à cinq. Pour l’instant, ils sont deux. Ils pourraient être trois mais le mari de Djamila ne travaille pas pour elle. Il pense même qu’elle travaille pour lui.
Jean-Michel Garrand est le chef de cabinet de Serge Ruggieri. Il est à la solde d’un immigré italien naturalisé à dix-huit ans qui s’est donné comme mission de se sentir plus Français que les autres.
Jean-Michel Garrand la prend pour une idiote. Djamila ne l’aime plus maintenant. Sa malveillance est à la hauteur de ses anciennes espérances.
Djamila ne pourra plus jamais lui faire confiance. Elle a soutenu Ségolène en cachette et depuis le début, alors que son mari l’exècre et que Ruggieri l’a ralliée bon gré mal gré. Lors de la primaire, Djamila avait un penchant pour Martine Aubry. Elle a finalement soutenu Hollande. Pas pour son mari mais pour être des vainqueurs.
Djamila pourrait encore l’aimer. Sauf que Mila est fière, qu’il n’a pas d’empathie et qu’elle finira par en avoir moins que lui. Djamila ne l’a pas revu depuis dix jours. Il était en déplacement à l’étranger puis en reconnaissance terrain.
Djamila a un mauvais goût dans la bouche, comme une saveur de bidoche. Son mari vit derrière le ministère. Il se prend pour une machine sexuelle. Il la trompe avec des conseillères ministérielles et des députées baisables.
Djamila sera toujours seule. C’est la loi. Elle jurerait que Jean-Michel Garrand l’a aimée. Cependant, elle est cocue, la putain de sa race.
Djamila passe l’ongle de son index sur une incisive inférieure. Elle roule des poussières de crasse sur sa langue. Elle déglutit.
Le coupe mulet verse sa bile sur le Parti socialiste. Djamila tripote son alliance. Comment Hollande peut faire confiance à Ruggieri ? Certes, Ruggieri est le seul à incarner l’autorité aux yeux de l’opinion mais l’opinion se fabrique. De plus, tous ceux qui règnent place Beauvau savent avec qui couche le président de la République.
Le coupe mulet accélère : Hollande, Hollande, Hollande, Hollande. Évidemment, il ne nomme pas toujours. En gros : « Pépère » n’est pas seulement un traître, c’est le fossoyeur du socialisme. Grand ennemi de classe, gros enfoiré.
Le coupe mulet cogne. Il est le roi de la petite assemblée. Il balance sa bombe : social-libéral. A priori, c’est une insulte.
Djamila patiente. Dans le fond, elle ne comprend pas plus que lui. Personne ne comprend Hollande. Il n’avait qu’à nommer Martine Aubry à Matignon et la larguer lessivée au bout de trois ans. Au lieu, il a choisi Jean-Marc Ayrault.
Ayrault a une tête d’endive, il est de Nantes. Psychologie papier alu et combi VW. Un prof d’allemand. Son patronyme n’entrera dans aucun livre d’histoire.
Je ne pèserai pas grand-chose quand ça finira. Les vautours rôdent. Ils pourront se débarrasser sans frais de la petite Arabe. Une femme, en plus, j'étais une menace. Tu les verrais tous ces vieux mecs dans l'hémicycle...
Vourles. Lotissement Les Oliviers. Au milieu des champs de pêchers. De la camelote pour cadres sup'.
Belle-maman a tartiné les canapés. Beau-papa a fourré une dinde aux marrons. Sa belle-sœur s'appelle Sandrine.
Dubak n'a jamais eu de charisme. Le charisme n'est que de l'ambition projetée sur le front et reconnue par des interlocuteurs serviles.
Il avance parmi les ruines concassées, ratissées, aplanies. Il passe des bassins, mais ce n’est pas encore la vraie mer.
Djamila croyait que les règles étaient différentes chez les riches et les blancs. Elle est subrepticement tombée dans le piège des sentiments. Elle sait désormais que les règles sont les mêmes partout : la réussite sourit spécialement aux voleurs, aux vicieux et aux fils de putes.
- Dans ton métier, on protège ses sources, dans le mien, on protège ses employeurs.
Djamila est vice-présidente de la Région et députée. Elle a un petit nom: la beurette qui les inquiète.
De mon convoi, on est que vingt à avoir survécu. La vie a plus à voir avec les statistiques qu'avec la volonté. C’est ça qu'on sait là-bas, intrinsèquement. Toute leur bêtise de philosophie, c’est de la bouillie de gens repus.
Les héros ont tué des innocents. Ils ont tondu des femmes, tué, pour des raisons vraies et d'autres plus viles, des fois pour la rancœur, des fois pour un lopin de terre, des fois pour rien, pour prouver qu'ils étaient des braves.
L'inspecteur n'a jamais compris ce peuple, le seul à brûler sa terre et les maisons. Les Russes ne respectent pas les règles de la guerre et préfèreront l'enfer à la défaite. Ils ont fait pareil avec Napoléon. P53
Avec des parfums de vanille,
De terre mouillée et de sang.
Robert Desnos
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri.
Louis Aragon