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Citations de François Taillandier (57)


C’est un vrai comédien, Coquelin, Il sent ce qu’il a en lui. Il a le sentiment de n’avoir pas trouvé le rôle où s’exprimeraient toutes ses potentialités. Il comprend vite que le jeune Rostand lui donnera ce dont il rêve : du burlesque, des mots d’esprit, des rimes sonnantes, des morceaux de bravoure, mais aussi de l’émotion, à travers le pathétique de l’homme que sa laideur condamne à la solitude… Il aime ce défi enfin : émouvoir le public avec un personnage au nez grotesque – attribut qui n’est pas loin de la vieille commedia dell’arte aux mille masques. Il se sent de taille.
Edmond se met au travail.
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François Taillandier
Le pire piège que la vie puisse nous tendre est l'illusion de la dominer.
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Tout abandonner, mais pour aller où ?
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Comment cesse t-on de faire le fier ? Pas compliqué. C'est arrivé à d'autres, à bien d'autres , que de se résigner un beau matin à aller voir un monsieur ou une dame qu'on paie pour qu'il ou elle écoute, et on se retrouve à poil, voilà, on dit "Monsieur, Madame, je viens vous voir parce que je suis en morceaux". Voilà. En morceaux. C'est une histoire banale.
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Pendant des décennies, Michelin fut partout à Clermont. Il y eut non seulement les usines, mais aussi, pour améliorer les conditions de vie des employés, les cités Michelin, la piscine Michelin, le stade Michelin, les écoles Michelin, la coopérative Michelin. Et même une église, le Jésus ouvrier. On a beaucoup dénoncé ce "paternalisme" très XIX° siècle, lié aux convictions catholiques de la famille, qui n'allait pas sans autoritarisme. Reste à savoir si les multinationales financiarisées d'aujourd'hui, qui licencient et délocalisent sans états d'âme, sont bien préférables.
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La logique interne de son propre empire le contraignait : les intérêts des nations sont plus puissants que la bonne volonté des hommes.
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Il y avait à l'inverse dans l'oeuvre des Francs quelque chose comme une vaine gloire. Ils se donnaient à eux-mêmes le spectacle de leur force, de leurs victoires, de leurs festoiements, parmi leurs parures, leurs tapis épais, le fumet des viandes, la robe du vin, les belles servantes, l'abondance goinfre, les puissants chevaux, les armes forgées. Et tout cela ne menait à rien. On avait pris. On avait pris la fatigue des laboureurs et l'habileté des artisans, on avait pris l'impôt et le ventre des filles. On avait conquis des pays, de beaux pays, des villes, des forêts, des troupeaux, des bateaux, des fleuves, des marchés et des foires, des domaines romains. On prenait tout ce qui était bon et on s'en gavait. On s'ébattait au milieu de tout ça sans en rien faire. Et si l'on guerroyait, c'était à la seule fin de préserver son butin.

p. 103
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Nostalgique encore ? Un peu. Je n'y peux rien si je trouve que le monde en un demi-siècle ne s'est pas spécialement amélioré. Je me demande d'ailleurs pourquoi, aujourd'hui, il faut toujours se défendre d'être passéiste. On dirait qu'il y a une ardente obligation à aimer le présent. Peut-être parce que nous savons bien que nous composons peu à peu un monde catastrophique; alors, la consigne est de ne pas s'en apercevoir; le déni de réalité devient presque un devoir civique.
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Cette expérience d'une lecture (ou d'un film, ou d'une musique) qui vous commotionne, qui va chercher en vous quelque chose que vous aviez toujours ignoré, et qui l'éveille, le produit, le profère, qui instaure un avant et un après - cette expérience que je souhaite à tous - je la connus avec Cyrano.
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Le nom de Balzac se mêlera à la trace lumineuse que notre époque laissera dans l'avenir.
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Ce film ( Gas-Oil de Gilles Grangier ) fonctionne comme un hymne aux paysages d'une France révolue, avec des peupliers et des pancartes Michelin, une France sans autoroutes, sans rails de sécurité, sans interminables zones commerciales criardes ou maisonnettes interchangeables salopant l'entrée des villes et la douceur des villages.
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Nous sommes revenus comme des voyageurs dans cette ville qui nous est pourtant familière – nous y avons tous deux grandi – mais sur laquelle nous voulions porter un regard disponible et neuf. Tout se mêle ici, l’histoire et le présent, les souvenirs et les rencontres, la permanence et le nouveau. Nous ne prétendons pas avoir tout vu ou tout compris. C’est simplement l’affection envers notre ville qui nous a inspiré ces pages.


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Là [ à Angers ], j'étais dans une zone intermédiaire, au cœur d'une certaine France dont je n'avais jamais pris en compte l'existence. Pas un peuple, en définitive : une population, ni citadine ni rurale, ni nantie ni démunie. Le marais. Ces gens n'étaient pas inintéressants par nature, ils l'étaient par défaut. Déchristianisés, dépolitisés, déculturés, déshistoricisés. Il n'y avait rien là-bas. Le canapé, la télé, le centre commercial. La France pavillonnaire, la France d'Auchan et de la voiture de l'année, la France qui regardait à la télévision "Dimanche Martin", "L'Île aux enfants", l'inspecteur Columbo et les matchs de foot. La France à statistiques, celle qui fournit les panels de consommateurs pour tester les nouveaux yaourts, et met le remboursement des verres de contact au premier plan de ses préoccupations politiques.
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Il n’avait guère le temps de réfléchir. Il écrivait, pressé par le besoin d’argent, les délais des journaux, l’impatience des imprimeurs. Une centaine de romans, deux mille cinq cents personnages. Encore n’est-ce là que La Comédie humaine. Ajoutons la correspondance et ce qu’on appelle « œuvres diverses », articles, pamphlets, œuvres de jeunesse, et l’on a presque doublé la quantité. Et il trouvait le temps de voyager, de déménager pour fuir ses créanciers, de collectionner les aventures : Mme Hanska fut assurément la femme de sa vie, mais elle était à l’autre bout de l’Europe… Il lui écrivait des lettres de collégien amoureux, avant d’emmener dans son lit une nommée Breugniot qui était sa servante-maîtresse. Il mourut à cinquante et un ans, et l’on peut dire que ce fut d’épuisement.
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Comme je lui présentais, piteux, le carnet scolaire à signer, il le considéra longuement puis me dit, pensif, sans colère : "Dommage qu'il n'y en ait pas eu un plus con." Et l'on s'en tint là.
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C'est alors que, souvent, le passé le visitait. Dans la même maison, des décennies plus tôt, quand on venait pour les vacances, l'enfant qu'il était avait à l'heure de la sieste vu filtrer la même lumière aux fentes des mêmes persiennes, et entendu, songeur, les mêmes chants d'oiseaux, les mêmes remuements de branches dans le jardin. Si bien que par la superposition de deux moments identiques, ces siestes dans le reposoir étaient une sorte de vestibule entre le présent et le passé. Un moment indéfini il s'installait à volonté dans cet autre temps, obtenant avec l'extraordinaire précision des images du demi-sommeil, qui sont déjà du rêve mais que l'on contrôle encore, tous les détails, toutes les subtilités de climat qu'il fallait pour que l'illusion fût parfaite. Il retrouvait tout, l'ambiance, le parfum, la sonorité de ces siestes d'autrefois. D'autres printemps, des jours lumineux, loin dans les années, séparés d'aujourd'hui par un chaos de sombres décennies, d'hivers, de batailles, d'affaires, d'avions, d'appartements habités, de paroles et de gens, se rouvraient à lui de plain-pied. Les yeux fermés, absent de son corps, il pouvait se croire encore enfant, rappeler la voix de sa mère dans une pièce voisine, le trottinement du chien dans le jardin, le rire lent de son grand-père bavardant avec le jardinier.
En général, cela s'interrompait d'un coup, dans la sensation d'un ébranlement sourd au niveau du plexus; la poitrine étreinte, il revenait d'un pas vers la conscience et voyait refluer sur lui toute l'horreur de la vie et du temps. Tout était loin, tout était mort, ce monde ancien de son enfance, le chien, les fleurs du jardin, la voix du grand-père, les baisers maternels, et il était seul dans le présent, jeté au fond de la vieillesse comme Joseph au fond de sa citerne. Au désespoir qui l'envahissait alors, il n' y avait qu'une issue: se réveiller tout à fait, ouvrir les yeux -- le souffle court, comme après avoir suffoqué, et s'asseoir sur le lit en se frottant le visage.
Mille choses alors l'appelaient hors de ce reposoir, à l'écart de cette porte-fenêtre ouverte sur la blondeur du jour par où l'enfance entrait à la dérobée depuis le jardin; ou plutôt c'est lui qui appelait les affaires présentes, la correspondance, les coups de téléphone, l'activité méthodique, ordonnée, minutieuse et patiente, comme si, en administrant le présent, c'était la mémoire qu'il classait, car la mémoire, pour nous laisser en paix, doit être l'objet d'un gouvernement régulier et attentif.
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En dépit des erreurs et des brutalités de ses dernières années, Théodoric avait assuré trente années de paix à la péninsule. Les Italiens lui en savaient gré, ils s'étaient accoutumés à ce régime ; il était prévisible qu'ils accueilleraient fort mal une intervention de Constantinople. Les grands principes ne comptent pas pour la masse : n'importe quel régime politique s'impose, du moment qu'il assure une vie quotidienne à peu près tranquille à des gens moyens.
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Se déserter soi-même, est-ce une clef pour la liberté ? J’étais passé tout doucement de l’abattement extrême, de la défaite, de la déroute, à cette indifférence, à cette renonciation, à ce refus d’attendre ou d’espérer quoi que ce soit, qui n’est pas le bonheur, mais supprime heureusement la question du bonheur, annihile l’épuisante impatience de triompher et de marquer des points.
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Il approfondit vers ce temps-là une intuition ancienne, au point qu'elle prit en lui les caractères d'une conviction, et même d'une évidence: il est des intérêts humains trop décisifs pour être subordonnés à l'idiotie politique. Le mot intérêt était faible: c'est de l'homme qu'il s'agissait. Le devenir moral d'une société, le sens qu'elle fournit au simple fait de vivre, la place qu'elle attribue aux actes de chacun, les notions qu'elle implante en chaque conscience, les lois par lesquelles elle s'oriente et cherche le salut commun, tout cela requérait d'autres soins que ceux de l'administration et de la guerre, et le cheptel humain avait besoin d'autres bergers que des monarques, des sénateurs, des généraux et des logothètes.
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Et cette autre, selon eux était une princesse.
C'était de cela qu'on parlait, lorsque son père la faisait amener devant sa cour, c'était cela qu'on saluait en elle. Elle était princesse, fille de Garibaldi, roi des Bavarii. Elle avait admis ce privilège (car on lui donnait fièrement à comprendre que c'en était un) avec la placidité des enfants ; un enfant à qui l'on dirait qu'il est Dieu ou Satan lui-même, il n'en douterait pas.
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