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Critiques de Vidocq (15)
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Mémoires de Vidocq

Sacré légende que ce Vidocq. Sacré livre que son autobiographie. Qu'y a-t-il de vrai là dedans ? On est en droit de se le demander, et la limite ne sera pas facile à tracer... Vidocq est resté dans les mémoires comme le truand devenu policier implacable. De son vivant de multiples histoires courraient déjà sur son compte, impossibles à vérifier ; puis il a écrit – ou fait écrire - ses mémoires. Jusqu'où-t-il été sincère ? Ses plumes mercenaires ont-elles enrichi le texte d'anecdotes plus « vendeuses » ? Dur à dire...



On peut découper le livre en deux parties : l'époque où il était dans le camps des voleurs, et celui où il était dans le camp de la justice. Dans la première, il s'étend sans complexe sur ses friponneries de jeunesses. Larcins, polissonneries, vagabondage, aventures en tout genre, un jour les poches pleines, un autre mourant de faim... Quant au circonstances qui lui ont valu le bagne, il les présente comme le résultat d'une erreur judiciaire, évidemment. Mais c'est à partir de là que les choses s'accélèrent : rapidement, Vidocq se révèle un as de l'évasion. Si l'épisode où il utilise un déguisement de bonne-sœur est on ne peut plus suspect, son inventivité et son audace ne font guère de doutes... Même si le pot-de-vin au gardien semble de loin la technique la plus efficace.



Dans ses moments de liberté il tente de mener une vie honnête, mais tout comme Jean Valjean, reste poursuivi par les forces de polices qui ne lui laissent que peu de répit. La décision de se faire mouchard apparaît donc comme seule échappatoire. Elle ouvre la carrière policière de Vidocq où, encore une fois on peut s'interroger. Mais cette fois ses états de service sont connus et parlent d'eux-même, et tout comme sa connaissance du monde souterrain, de son langage et de ses habitudes .



Haletante, pleine de rebondissement, cette autobiographie est on ne peut plus agréable à lire, et une immersion totale dans les bas-fonds de Paris. On découvre les richesses de l'argot de l'époque, la vie quotidienne des gens du peuple, et on fait connaissance avec une extraordinaire galerie de personnages, de la pauvresse volant pour survivre au « chauffeur » torturant ses victimes, en passant par l'escroc à l'ingéniosité sans limite. Sur tous, Vidocq abat la main impitoyable de la justice. Et s'il déplore parfois son caractère aveugle, il la sert sans faillir – dit- il.
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Les mémoires authentiques de Vidocq

Dans la première partie des mémoires authentiques de Vidocq, il retrace son enfance pendant laquelle il se distingue très rapidement par son intelligence, sa science du déguisement et son à propos, il y décrit ses aventures, relatant ses nombreux forfaits, vols, escroqueries qui le mènent tout droit au bagne dont il s'évade systématiquement, l'occasion de se rendre compte qu'apparemment les évasions (avec déguisement en matelot, militaire ou autre grimage) semblent assez faciles et les complicités avec d'autres repris de justice assez rapides...Dans la deuxième partie, atteignant le sommet dans les vols et les larcins en tout genre, et surtout, souhaitant se ranger, il prend la décision de collaborer avec la police et, grâce à sa connaissance du milieu et son réseau, travaille pour le chef de la Sûreté, développant des tactiques particulièrement intelligentes et opportunistes allant de l'infiltration, à la provocation de forfaits pour coincer les malfrats. Tantôt connu sous le sobriquet de Jean-louis, mais plus souvent sous celui de Jules, il s'enorgueillit, au faîte de sa carrière dans la dernière partie, de la résolution de la totalité des cas dont il a la charge.



Les mémoires authentiques de Vidocq est le recueil de trois livres rédigés par Vidocq, cette édition est nettoyée de certains ajouts ou modifications effectués par son éditeur, des changements condamnés par Vidocq quand il en a eu connaissance à l'époque.

C'est un portrait éminemment subjectif où Vidocq, homme d'action s’exonère bien souvent de ses penchants criminels pour les attribuer à des mauvaises rencontres...

Mon ressenti après la lecture des mémoires authentiques de Vidocq est mitigé..j'ai apprécié la vivacité d'esprit de l'homme, la plongée dans le milieu interlope du milieu, le langage fleuri et l'argot des dialogues assez truculent, mais le récit reste anecdotique, très descriptif sur les types de méfaits, les auteurs, de sa façon de faire, et reste répétitif. Je me suis perdue également avec le grand nombre de personnages; le récit manque quelquefois de mise en perspective ou de contextualisation politique ou historique, qui est à peine abordé (Révolution, Directoire, Empire - tout juste évoqué de loin). Bien évidemment Vidocq n'est pas écrivain mais un homme d'action qui veut laisser son nom dans l'histoire de la police et sa personnalité romanesque ne pouvait que fasciner les grands écrivains comme le seront Alexandre Dumas et surtout Balzac qui s'en inspirera pour son Vautrin.

Je tiens à remercier les Éditions Archipoche et Babelio - Masse Critique pour la découverte de ce sacré personnage...
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L'argot des voleurs

Très instructif, et amusant, par moments.

mais assez pénible, c'est une sorte de dictionnaire, donc pas forcément agréable à lire (d'ailleurs j'ai mis des plombes à le finir).
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Premières enquêtes : Un siècle de romans policiers

J'aime bien les livres d'Omnibus; beaucoup de pages, thèmes intéressants, petit prix, souvent plusieurs livres en un (Jane Austen, Edith Wharton...) et surtout les préfaces intéressants, les notes, les bibliographies...J'aime aussi toucher leur papier cigarette (ha, ha, mais c'est comme ça !) et voir qu'à la page 300 j'ai à peine entamé le livre.

"Premières enquêtes" ne sont pas une exception. Il y a une rapide genèse et une chronologie du roman policier et ensuite on passe aux histoires - Voltaire, Beaumarchais, Poe, Dumas, Gaboriau.....pour finir chez Chesterton et Leon Groc. Attention, ce sont vraiment les PREMIERES enquêtes, donc il ne fat pas s'y attendre a des polars passionés, il y a encore une bonne dose de mystère à cotoyer les méthodes scientifiques. Quelques histoires sont plus connues (Poe, Doyle...), mais il reste beaucoup à découvrir.
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Les mémoires authentiques de Vidocq

Quel fieffé homme que ce Vidocq ! La préface très instructive de Roger Martin nous met d'ailleurs en garde : cet homme , outre d'être prétentieux, pas très fréquentable, était aussi mégalo et falsifiait les événements pour les tourner toujours à son avantage.

Nous voici donc plongés au 18ème siècle, dans le milieu des coquins, des bandes organisées, des trousseuses de montres, des criminels sans coeur, des escrocs, petits et grands, de tous genres. Délinquant malin, Vidocq, échappé du bagne, fait partie de ceux-là ; il connaît si parfaitement ce milieu dont il fait partie qu'il devient indic, balance à tout va ses camarades de mauvaise vie... tant et si bien qu'il intègre la police pour en devenir le chef. Avouons que ce parcours laisse tout de même admiratif !

Vidocq se raconte avec aucune once de modestie - fort, séduisant, intelligent, intègre (euh, là , on ne te croit plus Vidocq!) - et déroule avec satisfaction ses nombreux et formidables exploits non sans mentir et égratigner quelques camarades au passage.

La lecture est sympathique ( beaucoup plus que le personnage), l'argot imagé et jouissif. Son passage de balance à chef suprême de la Sûreté de Paris est peu explicité, ce qui est un peu frustrant. Reste à se pencher sur une bio sérieuse pour comprendre ce personnage controversé qui a inspiré au passage (excusez du peu !) Alexandre Dumas, Victor Hugo, Eugène Sue , etc.

Merci à la Masse Critique de Babelio et aux Éditions Archipoche qui a particulièrement soigné son envoi ( petit courrier, marque page, joli petit carnet!).

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Les mémoires de Vidocq, tome 1

Le personnage et la vie de François Vidocq ont inspiré de nombreux écrivains, mais comme l'on est jamais mieux servi que par soi-même, il s'est emparé, sur la fin de sa vie, d'une plume pour conter toutes les péripéties de sa vie.

Parues en 1859, ces mémoires sont toujours aussi vivantes et La collection "Marabout Géant" en sort un édition en 1966 qui se signale par sa qualité et par ses rajouts judicieux et intelligents.

La préface d' Hubert Juin, - un texte intitulé "Mille masques" - donne le ton de ce récit ; Vidocq met en scène Vidocq. Le récit montre, sauf à de rares exceptions, le personnage toujours à son avantage et se place pour ne pas écorner sa légende.

La vérité en souffre, peut-être, mais le récit, d'ailleurs assez fort bien écrit, en prend une dimension épique ; Vidocq auteur nous offre là un roman passionnant aux mille rebondissements et pourquoi bouder notre plaisir de lecteur.

A la fin du deuxième tome se trouve un dictionnaire argotique repris d'un autre ouvrage de François Vidocq "Les voleurs".
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Les mémoires authentiques de Vidocq

Le nom Vidocq nourrit depuis longtemps l’imaginaire collectif et populaire, rappelant à chacun les nombreux films et livres qui lui ont été consacrés. C’est l’image de l’horrible forçat devenu indic et chef de la sûreté qui vient tout de suite à l’esprit. A la question de savoir qui était François-Eugène Vidocq, l’historien Xavier Mauduit (qui lui a consacré une biographie récemment) apporte une réponse nuancée : « Il n’est ni l’horrible malfrat, ni le respectable représentant de la force publique. Il est un peu des deux. Il est Vidocq ». Il convient donc de se départir de tout manichéisme pour entreprendre la lecture de ses mémoires parue aux Editions de l’Archipel, fin 2018.

Ces mémoires – hagiographiques – le représentent comme un individu qui a su revenir dans le droit chemin, quitter un passé de brigand pour devenir un digne représentant de la loi luttant sans relâche contre ceux auxquels il appartenait dans un proche passé. Pourtant à la lecture, l’on ne saurait être dupe et la moindre prise de recul met en exergue l’ambivalence du personnage. Prêt à tromper ceux qui étaient ses amis pour obtenir les faveurs de la justice, recourant à des méthodes controversées afin d’arrêter les fuyards, il est en fait prêt à tout pour remplir ce qui semble être à ses yeux son devoir ; pour poursuivre ce qu’il désigne lui-même comme « sa destinée ».

La lecture des mémoires de Vidocq s’avère très instructive pour toute personne qui désirerait comprendre davantage les vicissitudes du personnage. Parsemée d’un argot que l’on a plaisir à (re-)découvrir, la lecture s’effectue sans accrocs dans cette France du XVIII-XIXè siècle et, notamment, dans ce Paris aux airs de Gavroche. La répétition de manœuvres similaires peut parfois avoir tendance à lasser mais la manière dont elles sont narrées fait vite oublier leur similitude.

Bref, à ceux qui aime les histoires de personnages complexes, celles de la police et de la justice françaises, voire les polars, je recommande vivement Les Mémoires authentiques de Vidocq !

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Mémoires - Les Voleurs

Qui était Vidocq ? Apprenti boulanger, employé de cirque, commerçant, pantomime, gardien de vache, sacristain, instituteur, commis d’apothicaire, sage-femme à l’occasion, cuistot s’il le faut, grand séducteur, marié, presque bigame, cocufié, adultère, divorcé, gigolo, escrimeur de talent, duelliste infatigable, blessé à plusieurs reprises, soldat dans l’armée française puis autrichienne, hussard, marin au service de la Hollande, mutin, corsaire, déserteur, voleur, receleur, contrebandier, accusé de meurtre, de falsification, bagnard, emprisonné un nombre incalculable de fois, évadé tout autant, agent double, détective, chef de la brigade de sûreté, gloire de la police française, écrivain à succès. Telle fut la vie simple et paisible de Vidocq ! Un peu mythomane, aussi ? En tout cas très doué pour forger et alimenter naïvement sa propre légende, sans le moindre soupçon de vraie ou fausse modestie.

La première moitié de ces Mémoires, celle où il conte sa vie d’aventurier avant son enrôlement dans la police, est captivante. Il sait parfaitement raconter ses mésaventures plus rocambolesques les unes que les autres et … vraiment incroyables, tant elles sont nombreuses et faites de coïncidences improbables. Tout ça dans une ambiance historique toujours passionnante à redécouvrir : la révolution française, la terreur, la chouannerie, les guerres impériales, l’institution du code civil, etc. Il a une écriture pleine de panache et avec un sens de la formule indéniable. Une première partie placée sous le signe de la liberté, car c’est son horreur de la prison qui l’oblige à vivre dans la clandestinité et parmi les malfrats. Pourtant il réprouve tous les agissements de ce peuple de voleurs et n’aspire qu’à vivre une vie honnête.

Il y arrivera finalement en jouant les agents doubles pour la police avec un succès inespéré puisque sa petite brigade arrêtera plus de voleurs que toute la police parisienne, qu’il juge incapable quand elle n’est pas corrompue. Outre sa capacité à se grimer, c’est surtout sa connaissance intime du milieu qui lui vaudra ses succès. Il se sert d'un argot qui a certainement beaucoup évolué mais dont le vocabulaire est parfois resté dans le langage courant. Même s’il tient toujours des discours moraux sur les hors-la-loi, on sent également une sorte de fascination pour les voleurs, pour leur mode de vie, leurs attitudes, leurs mœurs. Aussi, sans se faire d’illusions sur la nature humaine, il est plutôt libéral sur ses conceptions du crime, sur l’injustice sociale, sur la difficulté de réinsertion ou contre la peine de mort.

La deuxième moitié des Mémoires, dans laquelle il raconte l’organisation de la brigade de sûreté et où il tente une classification des différents voleurs, est plus monotone ; même s’il use toujours de la même verve dans les parties romancées. Un peu long sur la fin, on sent qu’il a tiré à la ligne. Ça n’enlève rien à l’ensemble, une grande source d’inspiration pour les futurs auteurs de romans policiers (des situations ou des personnages) et une véritable mine d’informations.
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Mémoires

Bien loin de la série française. Passionnant.
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Les mémoires authentiques de Vidocq

Le public des années 1820, avide de sensationnel, se passionne pour les crimes. Les vies de criminels font l'objet de romans, de pièces de théâtre. Dans cet ordre d'idée, les Mémoires de Joseph Fouché, célèbre ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, décédé en 1820, paraissent en 1824.

L'année suivante, les journaux parisiens reprennent la suggestion faite par Balzac lui-même dans son Code des gens honnêtes. La mode des mémoires est lancée.

Vidocq, qui vient de démissionner, ou plutôt qui vient d'être démissionné, pense qu'écrire ses mémoires va lui permettre de rebondir. Et l'affaire s'avère juteuse : il signe avec le libraire-éditeur Tenon un contrat pour trois volumes pour la somme de 24000 francs-or.

La rédaction des mémoires se déroule bien jusqu'à ce mois de janvier 1828 au cours duquel l'ancien chef de la Sûreté se fracture le bras et se retrouve donc dans l'incapacité de corriger les épreuves et d'écrire le second volume.

Tenon, qui ne veut pas prendre de retard, engage Emile Morice, littérateur et journaliste recommandé par Charles Nodier lui-même.

En juillet 1828, le premier volume est achevé et le second en route, sans demander l'avis de Vidocq qui s'insurge, mais il est impossible de revenir en arrière.

Les mois passent. Face au succès retentissant du premier volume, il faut absolument boucler le second et écrire le troisième. C'est alors que l'éditeur engage un autre « teinturier » ou « nègre » en la personne de Louis-François L'Héritier, connu sous le nom de L'Héritier de l'Ain, auteur dramatique, essayiste et journaliste. L'Héritier rédige le troisième à la hâte, puis le quatrième dans la foulée, les deux premiers se vendant comme des petits pains.



Qui était réellement Eugène-François Vidocq ?

Il naît à Arras le 24 juillet 1775 dans une famille de la petite bourgeoisie. Enfant, il est intrépide, rusé et bagarreur, traits de caractère qu'il conservera toute sa vie. Il mène une vie aventureuse d'escroc et de voleur jusqu'en 1796, date à laquelle il est condamné à huit ans de travaux forcés par le tribunal de Douai pour faux en écritures publiques et authentiques. Dans un premier temps, il est incarcéré au bagne de Brest dont il s'évade. Arrêté en 1799, il est cette fois-ci enfermé au bagne de Toulon d'où il s'évade le 6 mars 1800, ce qui lui vaut respect et notoriété sans conteste auprès du Milieu.

En 1809, il est à nouveau arrêté. Comme il ne veut pas retourner au bagne, il propose alors à la police de servir de mouchard à la Préfecture. Il « exercera » d'abord à la prison de Bicêtre, puis à La Force, ancien hôtel particulier du quartier du Marais transformé en maison de détention.

Deux ans plus tard, il est placé officieusement, par le préfet de police Pasquier, à la tête de la brigade de Sûreté, service de police dont les membres sont d'anciens condamnés dont le rôle est d'infiltrer le Milieu.

Excellent physionomiste, Vidocq est capable d'identifier n'importe quel individu vu une seul fois, même grimé. Il excelle d'ailleurs dans l'art du déguisement.

En 1818, gracié par Louis XVIII, il récupère ses droits de citoyen.

De 1811 à 1827, date de sa démission, ses hommes réalisent trois fois plus de captures que les policiers ordinaires. Ses méthodes brutales, bien souvent en marge de la légalité, ainsi que ses excellents résultats lui attirent bien plus d'ennemis que d'amis, aussi bien parmi ses anciens camarades que dans les hautes sphères.

En 1827, le préfet de police, désireux de purger sa police de ses éléments louches, l'oblige à démissionner...Commence alors l'aventure des Mémoires.

Aujourd'hui, les Mémoires de Vidocq présentent un intérêt indéniable pour deux raisons : elles permettent une incursion dans le monde interlope du crime et dans celui, bien souvent pas mieux loti, de la police des premières décennies du 19e siècle. Elles offrent également, même si toutes les péripéties racontées ne sont pas toujours crédibles, un remarquable témoignage sur une période trouble de notre histoire, allant du Consulat à la Restauration des Bourbons. Une lecture autant instructive que divertissante.
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Mémoires - Les Voleurs

Attention, ce billet ne parle ni du film de Pitof où Depardieu fait de la capoeira contre un alchimiste ni des séries télévisées avec ou sans Pierre Brasseur.



Vidocq, le bagnard devenu chef de la Brigade de Sûreté. Un mythe. Il a été aussi le précurseur des Pinkerton américains en montant une organisation d'agents privés plus efficace que la police française. Et à l'époque de Vidocq, on raconte tellement d'énormités sur ce personnage qu'il s'attèle à ses mémoires à la fin de sa carrière pour dire ses quatre vérités à l'opinion publique. Sauf que plusieurs teinturiers (le mot de l'époque pour notre "nègre" si détestable) vont mousser la biographie du monsieur pour la rendre plus vendable.



Qu'on se le dise, Vidocq est un bagnard, certes, mais c'est un homme épris de liberté. Jeune homme un peu impulsif ayant le duel un peu facile, il fait une brève carrière dans l'armée puis tombe entre les mains de la justice pour des petits délits qui vont entacher durablement sa réputation. Et quand en plus on l'accuse d'un crime imaginaire, il voit rouge et n'a plus qu'une idée en tête : s'évader coûte que coûte. Aussi durant les 300 premières pages de ces mémoires, le lecteur va-t-il enchaîner les évasions rocambolesques de Vidocq. Cent fois il prend la clef des champs mais cent fois les gendarmes lui remettent le grappin dessus. Il a beau multiplier les astuces, reprendre une vie honnête sous un faux-nom, se tenir éloigner des escarpes, rien n'y fait : on finit toujours par le rattraper et le remettre au violon pour purger une peine qu'il ne mérite pas.



La description des évasions est par moment très aventureuse tant Vidocq a de la suite dans les idées quand il s'agit de prendre la poudre d'escampette, mais le lecteur se fatigue de 300 pages où l'homme fait le va-et-vient entre la prison et l'errance. Car à part raconter ses échappées (parfois très audacieuses), l'homme passe le reste du texte à expliquer au lecteur à quel point il est un honnête homme obligé de côtoyer des crapules par la force des choses. Ça en devient même risible de lire Vidocq se justifier à longueur de pages sur sa vie de banditisme forcé. Pour un peu, on plaindrait cet homme obligé de vivre de larcins et d'entourloupes.



Et puis au bout de 300 pages, il trahit son monde et devient une balance pour la police. Il faut lui reconnaître un certain doigté dans l'arrivisme et le retournage de veste. À partir de là, sa connaissance du milieu et de méthodes de travail des turbineurs de l'arnaque et du crime vont lui permettre une ascension fulgurante dans les rangs des condés. Puis il fondera une compagnie de renseignements commerciaux (qui a dit espionnage industriel ?). Mais ça, le lecteur que je suis n'a pas eu le courage de le lire jusqu'au bout tant la moralité du personnage m'a débecté.



Qu'on s'entende bien, je me méfie autant des argousins que des coupe-jarrets. Aucun des deux camps ne peut prétendre pour moi avoir plus d'honneur que l'autre. Mais lire les justifications morales de Vidocq à la lourdeur pataude est assez agaçant pour l'intelligence. Car on ne me fera pas croire qu'il est aussi innocent qu'il le prétend. J'ai eu l'impression (peut être erronée) qu'il réécrivait sans cesse sa biographie pour justifier son parcours cahoteux. Vidocq a tellement été un précurseur à son époque que j'ai eu l'impression de lire le travail d'un relationniste. Et disons que je ne porte pas ce genre d'artifice dans mon coeur.



Reste un livre qui parle de la dure vie du mitard, de l'incertitude de la vie du malandrin. Vidocq et les plumes qui améliorent sa biographie racontent des choses épatantes sur des méfaits et des arnaques que ne renierait pas un Locke Lamora. D'ailleurs, le livre se termine sur un très intéressant dictionnaire du monde des malfrats. Mais de là à glorifier un Judas et à en faire le parangon d'une justice aussi crapoteuse que la lie de la rue qu'elle combat, c'est quelque chose que je me refuse à faire.



Au final, ce Vidocq par Vidocq ne me convainc pas. La France a tendance à faire de ses crapules des héros à révérer comme quand elle glorifie Mesrine. Et je n'aime pas quand on cherche à me faire poser un genou en terre devant un salaud lumineux (pour reprendre l'expression de Vergès).
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Les mémoires de Vidocq, tome 3

Après des tomes 1 et 2 particulièrement truculents, celui-ci est nettement moins bon.

Vidocq étale ses considérations sur la société, se lance dans de longues explications pour prouver sa bonne foi et son honnêteté, et délaye ses anecdotes avec d'interminables dialogues truffés d'argot pour faire pittoresque. On s'ennuie.

Est-ce parce qu’il est maintenant policier et non plus éternel fugitif ? Est-ce parce qu'il veut trop se donner le beau rôle ? Ou est-ce parce qu'il écrit maintenant lui même (le tome 1 et partiellement le 2 ont été remaniés par un "soit-disant homme de lettres") ?

Quoiqu'il en soit, et malgré quelques bons passages, ce livre n'est pas indispensable.
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Mémoires de Vidocq

C'est une autobiographie d'un homme à la vie hors du commun et pleine d'aventure.

Malheureusement, la présentation du livre, un gros pavé de 900 pages très denses avec un vocabulaire de l'époque parfois obscur, un style littéraire lourd qui n'énonce qu'une suite de faits, tout cela avec une petite dose de vanité, m'a laissé un souvenir de peine de prison.

Certes sa vie est trépidante, mais le livre ne l'est pas du tout.
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Mémoires

VIDOCQ, EUGèNE-FRANçOIS : Mémoires de Vidocq - Tome I - Documents - Essais Historique



Aventurier, voleur, bagnard, puis indicateur de police, Vicoq devient chef de la brigade de la Sûreté parisienne en 1811. En 1827, Vidocq démissionne de ses fonctions de chef de la Sûreté. Il s'installe à Saint-Mandé, près de Paris, et crée une petite usine de papier. Il invente le papier infalsifiable. En 1828, il publie les présents Mémoires qui connaissent un grand succès, et qui inspirent notamment à Honoré de Balzac son personnage de Vautrin. Ruiné par son affaire d'usine de papier, il occupe à nouveau durant sept mois le poste de chef de la sûreté en 1832, puis quitte définitivement le service public et fonde en 1833 le Bureau de renseignements pour le commerce, la première agence de détective privée, qui fournit aux commerçants, moyennant finance, des services de renseignement et de surveillance économique, ainsi que des informations sur les conjoints volages.



Édition Ebooks libres et gratuits. Édition Feedbooks pour le format ePub.



Mobipocket : 349 Ko | eReader : 301 Ko | PDF : 1 Mo | Source Word : 647 Ko | HTML : 620 Ko | Sony Reader : 301 Ko | ePub : 303 Ko Parution le 07/10/2009


Lien : http://www.ebooksgratuits.co..
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Les mémoires authentiques de Vidocq

Un grand Oui ! Le sel de ce récit se trouve dans le doute qui parsème cette « confession ».

Vidocq nous fait-il tourner en bourrique ou est-ce qu’il se livre sincèrement ? Ni l’un, ni l’autre de toute évidence.

Malgré tout, on se surprend à admirer l’audace de cet homme qui a su naviguer parmi les différents régimes de la France du début du XIXème siècle.

Qu’importe si la vérité est enjolivée, le principal n’est pas là, c’est une ode au culot, l’illustration parfaite du « plus c’est gros, plus ça passe » !

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