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Citations de François Villon (135)


[Epitaphe et rondeau]

Cy gist et dors en ce sollier,
Qu’Amour occist de son raillon [sa flèche],
Ung pouvre petit escollier,
Qui fut nommé François Villon.
Oncques de terre n’eut sillon.
Il donna tout, chascun le scet :
Table, tretteaulx, pain, corbillon.
Pour Dieu, dictes-en ce verset.

RONDEAU

Repos eternel donne à cil,
Lumière, clarté perpétuelle,
Qui vaillant plat ny escuelle
N’eut oncques, n’ung brin de percil.
Il fut rez, chef, barbe, sourcil,
Comme ung navet qu’on ree et pelle.
Repos eternel donne à cil.

Rigueur le transmit en exil,
Et luy frappa au cul la pelle,
Nonobstant qu’il dist : J’en appelle !
Qui n’est pas terme trop subtil.
Repos eternel donne à cil.
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Or sont-ilz mortz, Dieu ayt leurs ames !
Quant est des corps, ils sont pourriz.
Ayent esté seigneurs ou dames,
Souef et tendrement nourriz
De cresme, fromentée ou riz,
Leurs os sont declinez en pouldre,
Auxquelz ne chault d’esbat, ne riz…
Plaise au doulx Jesus les absouldre !
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[Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie]

Ryme, raille, cymballe, luttes,
Comme folz, faintis, eshontez ;
Farce, broille, joue des flustes ;
Fais, ès villes et ès cités,
Fainctes, jeux et moralitez ;
Gaigne au berlan, au glic, aux quilles :
Où s’en va tout ? Or escoutez :
Tout aux tavernes et aux filles.
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Quand sans argent s’en vient coucher Margot ;
Veoir ne la puis ; mon cueur à mort la hait.
Sa robe prens, demy-ceinct et surcot :
Si luy prometz qu’ilz tiendront pour l’escot.
Par les costez si se prend, l’Antechrist
Crie, et jure par la mort Jesuchrist,
Que non fera. Lors j’enpongne ung esclat,
Dessus le nez luy en fais ung escript,
En ce bourdel où tenons nostre estat.

Puis paix se faict, et me lasche ung gros pet
Plus enflée qu’ung venimeux scarbot.
Riant, m’assiet le poing sur mon sommet,
Gogo me dit, et me fiert le jambot.
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Sur mol duvet assis, ung gras chanoine,
Lez ung brasier, en chambre bien nattée [tapissée],
A son costé gisant dame Sydoine,
Blanche, tendre, pollie et attaintée :
Boire ypocras, à jour et à nuyctée,
Rire, jouer, mignonner et baiser,
Et nud à nud, pour mieulx des corps s’ayser,
Les vy tous deux, par un trou de mortaise :
Lors je congneuz que, pour dueil appaiser,
Il n’est tresor que de vivre à son aise.
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Item, aux Frères mendians,
Aux Devotes et aux Beguines,
Tant de Paris que d’Orléans,
Tant Turlupins que Turlupines,
De grasses souppes jacobines
Et flans leurs fais oblation ;
Et puis après, soubz les courtines,
Parler de contemplation.
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Patrem insequitur proles
(L'enfant marche sur les pas de son père)
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Inicum putes qui te presentem laudabit
(Estime comme ton ennemi celui qui te louera en ta présence)
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En l’an trentiesme de mon eage,
Que toutes mes hontes j’eu beues,
Ne du tout fol, ne du tout sage.
Nonobstant maintes peines eues,
Lesquelles j’ay toutes receues
Soubz la main Thibault d’Aussigny.
S’evesque il est, seignant les rues,
Qu’il soit le mien je le regny !

II.

Mon seigneur n’est, ne mon evesque ;
Soubz luy ne tiens, s’il n’est en friche ;
Foy ne luy doy, ne hommage avecque ;
Je ne suis son serf ne sa biche.
Peu m’a d’une petite miche
Et de froide eau, tout ung esté.
Large ou estroit, moult me fut chiche.
Tel luy soit Dieu qu’il m’a esté.

III.

Et, s’aucun me vouloit reprendre
Et dire que je le mauldys,
Non fais, si bien me sçait comprendre,
Et rien de luy je ne mesdys.
Voycy tout le mal que j’en dys :
S’il m’a esté misericors,
Jésus, le roy de paradis,
Tel luy soit à l’ame et au corps !

IV.

S’il m’a esté dur et cruel
Trop plus que cy ne le racompte,
Je vueil que le Dieu eternel
Luy soit doncq semblable, à ce compte !…
Mais l’Eglise nous dit et compte
Que prions pour nos ennemis ;
Je vous dis que j’ay tort et honte :
Tous ses faictz soient à Dieu remis !

V.

Si prieray Dieu de bon cueur,
Pour l’ame du bon feu Cotard.
Mais quoy ! ce sera doncq par cueur,
Car de lire je suys faitard.
Priere en feray de Picard ;
S’il ne le sçait, voise l’apprandre,
S’il m’en croyt, ains qu’il soit plus tard
A Douay, ou à Lysle en Flandre !

VI.

Combien souvent je veuil qu’on prie
Pour luy, foy que doy mon baptesme,
Obstant qu’à chascun ne le crye,
Il ne fauldra pas à son esme.
Au Psaultier prens, quand suys à mesme,
Qui n’est de beuf ne cordoen,
Le verset escript le septiesme
Du psaulme de Deus laudem.
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XXXIV.

Item, je laisse à Mairebeuf
Et à Nicolas de Louvieulx,
A chascun l’escaille d’un œuf,
Plaine de frans et d’escus vieulx.
Quant au concierge de Gouvieulx,
Pierre Ronseville, je ordonne,
Pour luy donner encore mieulx,
Escus telz que prince les donne.

XXXV.

Finalement, en escrivant,
Ce soir, seullet, estant en bonne,
Dictant ces laiz et descripvant,
Je ouyz la cloche de Sorbonne,
Qui tousjours à neuf heures sonne
Le Salut que l’Ange predit ;
Cy suspendy et cy mis bonne,
Pour pryer comme le cueur dit.

XXXVI.

Cela fait, je me entre-oubliai,
Non pas par force de vin boire,
Mon esperit comme lié ;
Lors je senty dame Memoire
Rescondre et mectre en son aulmoire
Ses espèces collaterales,
Oppinative faulce et voire,
Et autres intellectualles.

XXXVII.

Et mesmement l’extimative,
Par quoy prosperité nous vient ;
Similative, formative,
Desquelz souvent il advient
Que, par l'art trouvé, hom devient
Fol et lunatique par moys :
Je l’ay leu, et bien m’en souvient,
En Aristote aucunes fois.

XXXVIII.

Doncques le sensif s’esveilla
Et esvertua fantaisie,
Qui tous argeutis resveilla,
Et tint souveraine partie,
En souppirant, comme amortie,
Par oppression d’oubliance,
Qui en moy s’estoit espartie
Pour montrer des sens l'alliance.

XXXIX.

Puis, mon sens qui fut à repos
Et l’entendement desveillé,
Je cuide finer mon propos ;
Mais mon encre estoit gelé,
Et mon cierge estoit soufflé.
De feu je n’eusse pu finer.
Si m’endormy, tout enmouflé,
Et ne peuz autrement finer.

XL.

Fait au temps de ladicte date,
Par le bon renommé Villon,
Qui ne mange figue ne date ;
Sec et noir comme escouvillon,
Il n’a tente ne pavillon
Qu’il n’ayt laissé à ses amys,
Et n’a mais q’un peu de billon,
Qui sera tantost à fin mys.

cy fine le testament Villon
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BALLADE

DE VILLON A S’AMYE.


Faulse beaulté, qui tant me couste cher,
Rude en effect, hypocrite doulceur ;
Amour dure, plus que fer, à mascher ;
Nommer que puis de ma deffaçon sœur,
Cherme felon, la mort d’ung povre cueur,
Orgueil mussé, qui gens met au mourir ;
Yeulx sans pitié ! ne veult droicte rigueur,
Sans empirer, ung pauvre secourir ?

Mieulx m’eust valu avoir esté crier
Ailleurs secours, c’eust esté mon bonheur :
Rien ne m’eust sceu hors de ce fait chasser ;
Trotter m’en fault en fuyte à deshonneur.
Haro, haro, le grand et le mineur !
Et qu’est cecy ? mourray, sans coup ferir,
Ou pitié veult, selon ceste teneur,
Sans empirer, ung povre secourir.

Ung temps viendra, qui fera desseicher,
Jaulnir, flestrir, vostre espanie fleur :
Je m’en risse, se tant peusse marcher,
Mais nenny : lors (ce seroit donc foleur)
Vieil je seray ; vous, laide, et sans couleur.
Or, beuvez fort, tant que ru peult courir.
Ne donnez pas à tous ceste douleur,
Sans empirer, ung povre secourir.

ENVOI.

Prince amoureux, des amans le greigneur,
Vostre mal gré ne vouldroye encourir ;
Mais tout franc cueur doit, par Nostre Seigneur,
Sans empirer, ung povre secourir.
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BALLADE

DES DAMES DU TEMPS JADIS.

Dictes-moy où, n’en quel pays,
Est Flora, la belle Romaine ;
Archipiada, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ;
Echo, parlant quand bruyt on maine
Dessus rivière ou sus estan,
Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Mais où sont les neiges d’antan !

Où est la très sage Heloïs,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Sainct-Denys ?
Pour son amour eut cest essoyne.
Semblablement, où est la royne
Qui commanda que Buridan
Fust jetté en ung sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d’antan !

La royne Blanche comme ung lys,
Qui chantoit à voix de sereine ;
Berthe au grand pied, Bietris, Allys ;
Harembourges, qui tint le Mayne,
Et Jehanne, la bonne Lorraine,
Qu’Anglois bruslèrent à Rouen ;
Où sont-ilz, Vierge souveraine ?…
Mais où sont les neiges d’antan !

ENVOI

Prince, n’enquerez de sepmaine
Où elles sont, ne de cest an,
Qu’à ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan !
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I

L'AN quatre cent cinquante six,
Je, François Villon, écolier,
Considerant, de sens rassis,
Le frein aux dents, franc au collier,
Qu'on doit ses œuvres conseillier
Comme Vegece le raconte,
Sage romain, grand conseillier,
Ou autrement on se mécompte. . .

II

En ce temps que j'ai dit devant,
Sur le Noel, morte saison,
Que les loups se vivent de vent
Et qu'on se tient en sa maison,
Pour le frimas, près du tison,
Me vint un vouloir de briser
La tres amoureuse prison
Qui souloit mon cœur debriser.

III

Je le fis en telle façon,
Voyant celle devant mes yeux
Consentant a ma défaçon,
Sans ce que ja lui en fût mieux;
Dont je me deuil et plains aux cieux,
En requerant d'elle vengeance
A tous les dieux venerieux,
Et du grief d'amour allegeance.

IV

Et se j'ai prins en ma faveur.
Ces doux regards et beaux semblants
De tres decevante saveur,
Me tréperçants jusqu'aux flancs,
Bien ils ont vers moi les pieds blancs
Et me faillent au grand besoin.
Planter me faut autres complants
Et frapper en un autre coin.

V

Le regard de celle m'a prins
Qui m'a eté felonne et dure:
Sans ce qu'en rien aie méprins,
Veut et ordonne que j'endure
La mort, et que plus je ne dure;
Si n'y voi secours que fouïr.
Rompre veut la vive soudure,
Sans mes ipteux regrets ouïr!

VI

Pour obvier a ces dangers,
Mon mieux est, ce croi, de partir.
Adieu! Je m'en vais a Angers:
Puis qu'el ne me veut impartir
Sa grace, ne me departir,
Par elle meurs, les membres sains;
Au fort, je suis amant martyr
Du nombre des amoureux saints.

VII

Combien que le depart me soit
Dur, si faut il que je l'élogne:
Comme mon pauvre sens conçoit,
Autre que moi est en quelogne,
Dont oncque soret de Boulogne
Ne fut plus alteré d'humeur.
C'est pour moi piteuse besogne:
Dieu en veuille ouïr ma clameur!

VIII

Et puis que departir me faut,
Et du retour ne suis certain,
(Je ne suis homme sans défaut
Ne qu'autre d'acier ne d'étain;
Vivre aux humains est incertain,
Et après mort n'y a relais;
Je m'en vais en pays lointain,)
Si établis ce present lais.

IX

Premierement, ou nom du Pere,
Du Fils et du Saint Esprit,
Et de sa glorieuse Mere
Par qui grace rien ne perit,
Je laisse, de par Dieu, mon bruit
A maître Guillaume Villon
Qui en l'honneur de son nom bruit,
Mes tentes et mon pavillon.

X

Item, a celle que j'ai dit,
Qui m'a si durement chassé
Que je suis de joie interdit
Et de tout plaisir dechassé,
Je laisse mon cœur enchassé,
Pale, piteux, mort et transi:
Elle m'a ce mal pourchassé,
Mais Dieu lui en fasse merci!
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Ballade des Dames du temps jadis

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
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Le Lais
Sy me souvient, ad mon advis,
Que je feiz à mon partement
Certains laiz, l'an cinquante six,
Qu'aucuns, sans mon consentement,
Voulurent nommer « testament » ;
Leur plaisir fut, non pas le myen.
Mais quoy! on dit communément :
« Ung chascun n'est maistre du scien. »
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Item, à l’orfèvre Du Boys,
Donne cent clouz, queues et testes,
De gingembre sarazinoys,
Non pas pour accoupler ses boytes,
Mais pour conjoindre culz et coettes,
Et couldre jambons et andoilles,
Tant que le laict en monte aux tettes,
Et le sang en devalle aux coilles.
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Ung temps viendra, qui fera desseicher,
Jaulnir, flestrir, vostre espanie fleur :
Je m’en risse, se tant peusse marcher,
Mais nenny : lors (ce seroit donc foleur)
Vieil je seray ; vous, laide, et sans couleur.
Or, beuvez fort, tant que ru peult courir.
Ne donnez pas à tous ceste douleur,
Sans empirer, ung povre secourir.
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Et se j'ai prins en ma faveur
Ces doux regards et beaux semblants
De tres decevante saveur,
Me tréperçants jusques aux flancs,
Bien ils ont vers moi les pieds blancs
Et me faillent au grand besoin.

LE LAIS, IV.
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Je renye Amours et despite [méprise] ;
Je deffie à feu et à sang.
Mort par elles me precipite,
Et si ne leur vault pas d’ung blanc.
Ma vielle ay mys soubz le banc ;
Amans je ne suyvray jamais ;
Se jadis je fuz de leur ranc,
Je declaire que n’en suys mais.
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Folles amours font les gens bestes :
Salmon en idolatrya ;
Samson en perdit ses lunettes…
Bien heureux est qui rien n’y a !
[…]
David ly roy, saige prophètes,
Craincte de Dieu en oublya,
Voyant laver cuisses bien faictes…
Bien heureux est qui rien n’y a !
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