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Citations de Françoise Xenakis (111)


Une cellule deux escabeaux Elle avança la main pour le toucher Mais dans ses yeux à lui elle vit tant de peur non pas du gardien mais d'elle qu'elle retira sa main et que de sa main droite elle recouvrit sa gauche Vieille habitude Et entrailles déchirées essaya de lui sourire pour le rassurer Et soudain la pluie D'abord les gouttes une à une les gouttes sur les toits des tentes Elle les voit par la lucarne comme des larmes Et le rythme se précipite dense c'est une averse un déluge et aussi brutalement le silence de nouveau Et l'oiseau qui recommence inlassable son appel Et le soleil qui lape les flaques sur les bâches tendues De ses mains il plaque son treillis sur son corps Être dehors sentir cette eau douce sur lui De ses mains elle aussi presse alors ses vêtements secs le long d'elle Elle respire essaie de boire des gouttes qui n'en sont pas
Un long coup au tambour Et tous ces paquets de mots qu'elle avait triés rangés dans l'ordre et qui n'avaient servi à rien La porte s'ouvre Un autre gardien s'avance vers elle Alors elle arrache le gilet qui lui couvrait les bras tandis qu'on la fait reculer Elle se tend et un bref instant son bras reste contre le sien qu'il a tendu lui aussi Elle a senti contre elle ses veines battre sa chaleur puis la pression s'est faite trop forte sur le bras que tirait le gardien et leurs deux bras libres ne se sont plus touchés
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La vie n'est-elle pas une vallée de larmes qu'il faut boire goutte à goutte?
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J'ai su très tôt qu'il fallait que j'écrive pour extirper de moi la douleur. Tant que je n'y arriverai pas, je serai incapable d'écraser une bonne fois pour toute ce bubon incrusté, qui me distille en goutte-à-goutte la mélancolie gluante qui m'habite depuis toujours et ces goulées de détresse qui m'épuisent.
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J'étais donc là quand la mariée est sortie, tout endimanchée - moi, je la trouvais mieux en tenue de cheval -, mais j'ai été pétrifiée d'admiration devant les deux belles-mères. Je les connaissais, je les avais vues avec leur tête de tous les jours, elles avaient chacune le lot de rides et de cernes gonflés que l'on a à cet âge, mais ce jour-là, leurs visages irradiaient de pureté, ils étaient lissés, calmes comme celui de la Vierge sur une icône byzantine.
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(...) Nos corps se sont brûlés l'un contre l'autre, ça n'a rien de tragique. Ne transforme pas notre amour en drame. Ris. Essaie toi aussi, j'ai plein de copains : la femme d'un ami c'est un lien de plus, et après tu m'en aimeras que davantage! Comprends-moi, moumoune, - il en rajoutait et s'en voulait et lui donnait alors un de ses plus beaux sourires -, tu vois, ça m'a flatté d'être ton seul homme et maintenant ça m'emmerde. Comment savoir que tu m'aimes plus qu'un autre puisque tu n'as jamais voulu aimer que moi? Je serais bien plus fidèle si tu me trompais, mais ta rigidité de couventine t'en empêche... et nous loupons quelque chose tous les deux. Crois-moi.

Elle avait fini par accepter ses aventures puisqu'il était toujours son ami, son tendre ami et c'était doux de s'endormir parfois, l'un contre l'autre ni affamés, ni assoiffés de l'autre, après qu'il fut revenu, apaisé, d'une de ses aventures qui, il est vrai, semblait ne lui laisser aucune trace.
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Tu n'as pas le choix. Tu dois être empereur, et tu le seras. Je ne vis que pour cela.
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- Tu sais, le désir, aussi fort soit-il, ne dure pas toujours. Après, après il faudra que je t'admire, que tu existes, que je sois fier de toi autrement et alors je t'aimerai mieux, plus fort, bientôt ce ne sera plus assez que ta peau me bouleverse.
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Mary faisait partie des gens qui ne sont attirés et ne respectent que ceux qui les terrorisent. Elle tenait cela de sa mère. Les autres, les gentils, les doux, elle avait une immense propension à les mépriser, à ne pas même les voir.
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Le fiancé avait été conçu par une nuit de grand froid et forte pluie. Le whiskey ce soir-là devait manquer à la maison et le feu de tourbe être étouffé car, pour se réchauffer, l'homme et la femme O'Connor, transis de froid et d'humidité, avaient pourtant réussi à s'emboîter l'un dans l'autre, découvrant juste l'infime partie du corps nécessaire à chacun, et, glacé, le spermatozoïde avait bien peiné à forcer l'ovule. Sept mois plus tard était arrivé Patrick O'Connor, le seul enfant de ce couple déjà usé, mais il était né chétif et de cette couleur blanc-bleu qui n'annonce rien de bon.
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Lorsqu'elle entendit la gardienne tourner le clé de la porte de sa cellule, elle se sentit envahie, immergée dans un immense et profond calme, et s'entendit dire : "Je suis rentrée à la maison." Et c'est avec plaisir, oui plaisir qu'elle retrouva cette atroce odeur de prison. Au couvent, déjà, l'odeur était la même... l'enfermement le même. Le couvent et la prison : deux intérieurs de ventre immondes. Elle s'y sentait chez elle... Là, il ne pouvait plus rien lui arriver.
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" Une épicière en gros, une matrone enrichie. J'ai cru que l'argent pouvait tout, que l'argent achetait tout. L'argent suprême... J'ai cessé de penser, cessé de comprendre, obnubilée : acheter, acheter... Une fois déjà, d'un grand homme usé par l'âge, j'ai voulu le pousser, le faire roi. Et à nouveau, d'un grand enfant à vie, j'ai voulu faire un grand stratège."
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Ce que j’admire le plus chez Néron, c’est sa lucidité et sa sincérité. Ce qui me dérange le plus chez lui ? Ce sont ses crises de larmes, son apitoiement sur lui-même.”
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Je fais partie de ces gens qui ne sont rien, mais qui sont fiers et ne veulent pas qu'on les change trop.
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- J'ai fait un rêve, César... Nous remontions, toi et moi, le Nil, et mon peuple unifié (...) venait vers nous les bras chargés d'or et de blé. Les temples et les pyramides s'ouvraient, et des oiseaux-dieux déposaient à l'avant de nos bateaux des trésors inouïs... (Elle sourit alors et eut comme un peu de rouge aux joues ; elle ne rougissait pourtant pas facilement.) Et j'étais enceinte de toi, d'un fils quasiment prêt à naître. Et alors il y eut (elle hésita entre un grand nuage noir et un grand nuage d'or... et opta finalement pour l'or, elle avait compris le goût de César pour le brillant), oui, il y eut comme un nuage d'or qui nous recouvrit, toi, César, et moi, Cléopâtre. Et le petit César à cet instant se mit à bouger en mon ventre. Une voix s'éleva alors... "A vous deux, vous unirez l'Orient et l'Occident, et votre fils sera le maître du monde."
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Avec ma mère je ne sais jamais si ce qu’elle dit est vrai ou si cela est inventé dans l’instant pour ornementer la légende dorée de sa famille qu’elle ne cesse d’enjoliver. […] D’évidence l’histoire qu’elle me raconte est une histoire et non l’Histoire.

Mais n’est-il pas ainsi depuis la nuit des temps? Pourquoi croirais-je plus les historiens besogneux que me faire lire Sénèque?

(Albin Michel, p. 86)
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Bien sûr qu'il l'a vu, le petit bedon gonflé de Grace, mais, terrorisé, englué dans les convenances, il n'a rien dit. Lui aussi fait partie de ceux qui croient qu'en taisant les faits, ils n'existent pas.
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“Bonheur total. Bonheur pur … C’était quand ? Tu me demandais, je le vois dans tes yeux : que fais-tu de tes jours… tu t’agaçais de mes journées que j’usais, disais-tu, à rien.Je t’aimais et ça me mangeait tout mon temps. Je t’aimais et ça mobilisait tout en moi, même si tu ne le savais pas, même si ça ne te donnait rien dans l’immédiat, même si j’avais l’air absente, je t’aimais durant tous ces jours que je jetais, je t’aimais pour moi, en femme, tandis que toi tu m’aimais pour moi…”

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Avant quand j'étais vivante je n'étais occupée qu'à l'aimer et puis après quand ils me l'ont pris à attendre Le facteur un reçu une lettre de lui tout en sachant que c'était impossible Comment lui dire à cet homme qui aime les cigarettes de la Croix Rouge qu'il me fallait toute ma journée pour me guérir du matin et toute la nuit pour me préparer à la nouvelle attente Et que les jours où j'étais plus forte je marchais d'une pièce à l'autre rêvant chantant ce que je lui dirais
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S'il-te-plaît, une trêve dans cette vie entièrement axée sur tes œuvres à faire. Je sais, moi aussi je bats des mains et suis si fière quand je vois une œuvre aboutie et jouée, même mal reçue, je sais le chemin qu'elle va prendre et quel travail de sape elle va faire sur la musique traditionnelle. Je sais ton génie, je ne l'ai pas su tout de suite, mais rends-moi grâce que je ne bêlais pas comme les autres de soi-disant admiration, je disais "je n'ai pas compris", et puis peu à peu j'ai compris , mais je me demande le temps venant, le temps pressant, le créateur ne préfère pas le langage du flatteur, il est mieux codé, mieux fléché, entre plus vite et finalement tient plus chaud, donne une bouffée de bonheur plus immédiate.
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Ce gamin rapportait chez nous tous les livres appartenant à l'instituteur, et quand je demandais à son maître s'il n'était pas un peu jeune pour lire tout cela, il souriait et me répondait : "Mauricette, quand un livre est bon et celui qui le lit intelligent, il peut le lire au berceau !"
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