Citations de Frans de Waal (128)
Le comportement de l’animal n’est pas seulement orienté vers un but, mais aussi vers l’avenir. (…) « Je ne comprends pas pourquoi on imagine souvent les animaux coincés dans le présent. le présent est éphémère. Un instant il existe, le suivant il a disparu. De la grive ramassant un ver pour ses petits qui l’attendent dans un nid lointain au chien qui part le matin patrouiller sur son territoire et arroser d’urine les endroits stratégiques, les animaux ont des tâches à accomplir, ce qui implique le futur
La propension à l'identification au groupe, à la xénophobie et au conflit meurtrier, tous présents dans la nature, alliée à nos capacités de planification hautement développées, a élevé la violence humaine au niveau inhumain qui la caractérise.
le meilleur moyenne se guérir de l'illusion selon laquelle nous pouvons maitriser ce que deviennent nos enfants, c'est d'en avoir un deuxième
Des colloques entiers ont été consacrés à l'essence humaine, à la question: «Qu' est-ce qui nous rend humains? » Mais est-ce vraiment la question fondamentale de notre discipline? Permettez-moi d'êre d'un avis différent. En soi, cette question a tout lair d'une impasse intellectuelle. Pourquoi serait-elle plus importante que le fait de prouver ce qui distingue les cacatoes ou les baleines blanches? [...] Chaque espèce peut apporter de puissants éclairages sur le fond des choses, puisque sa cognition a été modelée par les mêmes forces que la notre.
Si tout le monde avait l'esprit ouvert et ne s'intéressait qu'aux preuves, ce serait merveilleux, mais rien n'immunise la science contre les idées préconçues et les convictions fanatiques[...] Tout comme les collègues de Galilée, qui ont refusé de regarder dans son télescope, les humains sont très étranges. Nous avons le pouvoir d'analyser et d'explorer le monde, mais nous paniquons lorsque les données menacent de ne pas valider nos attentes.
... la plupart des animaux ne font pas de telles hypothèses... Les chimpanzés, en revanche, tentent de comprendre l'ordre des événements: ils cherchent une logique, ils remplissent les blancs.
...j'avais besoin d'un nouveau terme pour expliquer mon point de vue, et j'ai inventé anthropodéni: le rejet a priori de traits proches des humains chez d'autres animaux ou proches des animaux chez nous. Anthropomorphisme et anthropodéni ont une relation inverse: plus une espèce est proche de nous. plus l'anthropomorphisme nous aidera à la comprendre et plus l'anthropodéni sera dangereux, En revanche, plus une espèce est éloignée de nous, plus l'anthropomorphisme risque de suggérer des similitudes contestables pour des phénomènes qui sont apparus indépendamment.
Au même moment, le biologiste allemand Jakob von Uexküll attire l'attention sur le point de vue de l'animal qu'il appelle Umwelt ( Ce qui veux dire le "monde environnant" en allemand. Afin d'illustrer ce nouveau concept Uexküll nous ballade dans différents mondes.
"Ce que nous observons, ce n'est pas la nature en soit, mais la nature confrontée à notre méthode d'investigation."
Werner Heisenberg
Les politiciens se présentent comme des serviteurs de l’État qui sont là pour relancer l'économie et améliorer le système éducatif. Mais, qui croit que c'est pour notre bien qu'ils acceptent de participer au jeu de dénigrement caractéristique de nos démocraties ? Voilà pourquoi je trouve réjouissant de travailler avec des chimpanzés : ce sont eux, les politiciens honnêtes dont on rêverait. On a beau les regarder se bousculer pour grimper, inutile d'aller chercher des motivations cachées ou de fausses promesses. Ce qu'ils veulent est là, sous nos yeux.
Notre cerveau a la même structure de base que celui des autres mammifères : nous n'avons pas de zone supplémentaire et nous exploitons les mêmes vieux neurotransmetteurs. Les cerveaux des petits et gros mammifères sont si semblables que nous étudions la peur en examinant l'amygdale des rats afin de mieux soigner les phobies des hommes. (...)
Les neurosciences modernes interdisent de maintenir un strict dualisme humain - animal.
Pourquoi tous les politiciens convoitent-ils un poste élevé, si ce n'est en vertu de la soif de pouvoir propre à tous les primates ? (...) Nous sommes des animaux. Je ne pense pas que notre espèce soit très différente des autres mammifères sur le plan des émotions. J'aurais même du mal à isoler des émotions exclusivement humaines.
Le genre demeure un des sujets les plus sensibles et les plus controversés qui soient. C'est un champ de mines idéologiques : tout propos peut heurter ou être mal compris. Il n'est pas étonnant que la plupart des gens hésitent à aborder ce thème. Je me demande même si ma décision d'y consacrer un livre entier n'était pas idiote.
L’homme n’est-il qu’une bourde de Dieu ? Ou Dieu qu’une bourde de l’homme ? Friedrich N ietzsche
la religion et la philosophie occidentales ont toujours envisagé l'homme en opposition à la nature plutôt qu'au sein de celle-ci. Nous préférons nous situer eu dessus des bêtes et pres de anges, comme si nous en voulions à notre corps de nous rappeler sans cesse à nos origines inférieures à travers des désirs, besoins, maux et sentiments incontrôlables auxquels il nous confronte chaque jour. Comment le si noble esprit humain a t il pu se retrouver piégé dans un vaisseau matériel aussi défectueux? ....... L'esprit a quelque chose de divin; le corps beaucoup moins. Ce dualisme est en fait essentiellement masculin. Il se préoccupe moins de l'esprit humain en général que de l'esprit masculin en particulier. Ce sont toujours les hommes qui ont essayé de se persuader que leur intellect planait bien au-dessus de la biologie. Il faut dire que c'est une position plus facile à tenir quand on corps n'est pas assujetti à des cycles hormonaux.... Depuis la nuit des temps, ils cherchent à prendre leurs distances avec la chair (faible) les émotions (irrationnelles), les femmes (infantiles) et les animaux (stupides). Comme les hommes sont tout aussi étroitement liés à leur corps que le sont les femmes et les animaux, ces antithèses sont complètement illusoires. Elles sont un pur produit de l'imagination masculine. L'esprit, le cerveau et le corps ne font qu'un. L'esprit non matériel, cela n'existe pas.
Par conséqent, cessons de dire que la passion des filles pour les nourrissons et les poupées est un stéréotype. C'est un comportement humain que l'on retrouve dans le monde entier et que nous partageons avec de nombreux mammifères; il ne s'explique ni par les préjugés ni par les attentes genrées, meme si ces deux éléments entrent en ligne de compte. Il est plus profond que cela.C'est avant tout une question de biologie, et ce pour une raison très simple : les compétences maternelles étant trop élaborées pour être laissées à l'instinct, l'évolution a fait en sorte que le genre pour lequel elles sont le plus cruciales puisse suivre une formation au maternage et à la maternité. Une tendance fonctionnellement liée à un mode de reproduction ancestral n'est pas un stéréotype, mais un archétype.
Paradoxalement, ce que nous admirons dans la nature a souvent un prix. Nous sommes séduits par le spectacle des grands prédateurs, mais nous oublions ce qu'ils font payer à leurs congénères. Nous écoutons l'agréable appel du coucou au crépuscule, Maus nous fermons les yeux sur le cruel parasitisme de couvée qu'il pratique. La face sombre de la nature a tendance à nous échapper.
Nous ne sommes pas en dehors de la nature. La crise du changement climatique ou la crise du covid viennent en partie du fait nous pensons l'être, que nous pensons que nous pouvons traiter la planète et la nature comme nous le voulons, que l'extinction des certaines espèces n'est pas un problème, etc. Nous avons cette attitude de "maitres du monde", mais maintenant la planète se rappelle à nous... Je pense que la philosophie occidentale est à blâmer pour avoir créer une division qui n'existe pas.
Dans le journal "Le Soir" du 05 octobre 2022.
Homo homini lupus ("L'homme est un loup pour l'homme"), une déclaration discutable sur notre espèce qui se fonde sur de fausses hypothèses à propos d'autres espèces.
LEs grands singes qui arrivent à cette position ne sont pas forcément les plus gros, les plus forts, ni les plus malveillants, puisqu'ils y parviennent grâce au concours des autres. Le mâle les plus petit peut devenir dominant s'il choisit les bons alliés. LA plupart des mâles alpha protègent les opprimés, maintiennent la paix et rassurent ceux qui sont dans la détresse.